Saint-Domingue (colonie française) — Wikipédia

Colonie de Saint-Domingue

1626–1809

Drapeau
Drapeau après 1794
Description de l'image SaintDomingue.360.jpg.
Informations générales
Statut France administration coloniale
Capitale Cap Français (1711–1770)
Port-au-Prince (1770–1804)
Langue(s) Français et créole
Religion Catholique, protestante et vaudou
Monnaie Piastre-Gourde (livre coloniale) égale à 0,66 livre tournois de métropole
Démographie
Population 465 000 (1789) dont 405 000 esclaves libérés en 1793
Superficie
Superficie 21 550 km²
Histoire et événements
6 mai 1687 Promulgation du Code Noir de 1685 à Saint-Domingue
21 septembre 1697 Traité de Ryswick : reconnaissance par l'Espagne de la colonie de Saint-Domingue
14 août 1791 Cérémonie du Bois-Caïman : acte fondateur de la révolution haïtienne
22 août 1791 - Révolution haïtienne
4 février 1794 Décret d'abolition de l'esclavage dans les colonies
1er janvier 1804 Acte de l'Indépendance de la République d'Haïti
9 juillet 1809 Capitulation de la ville de Saint-Domingue

Entités suivantes :

La colonie française de Saint-Domingue[1], située sur la partie occidentale de l'île d'Hispaniola (aussi appelée Haïti, au sens large du mot[2]), est officiellement une possession française à partir du traité de Ryswick, par lequel l'Espagne cède ce territoire à la France () et jusqu'à sa prise d'indépendance sous le nom d’Haïti (), son premier chef de l'État étant Jean-Jacques Dessalines, proclamé empereur d'Haïti sous le nom de Jacques Ier.

Dès la fin des années 1620 (époque du ministère de Richelieu), des Français sont présents dans la partie ouest d'Hispaniola, particulièrement dans l'île de la Tortue et principalement sous la forme de la piraterie (François l'Olonnois). Jusqu'au début des années 1680, l'ouest d'Hispaniola, déserté par les colons espagnols, est en effet un repaire de flibustiers, avec deux bases principales : l'île de la Tortue sur la côte nord et l'Île-à-Vache sur la côte sud.

Vers 1680, la France impose sa présence militaire dans l'ouest d'Hispaniola, au détriment des Espagnols, mais aussi des Anglais. De 1680 à 1700, les gouverneurs désarment progressivement les flibustiers afin de développer une économie de plantation, orientée notamment vers le sucre.

Après le traité de Ryswick et la reconnaissance officielle de l'Espagne, la colonie de Saint-Domingue prend une place de premier plan dans la production sucrière française et même mondiale, employant en 1788 plus de 400 000 esclaves et 22 000 affranchis.

De nombreux négociants rochelais établissent des relations commerciales avec Saint-Domingue, donnant une importance singulière au port de La Rochelle sur la façade atlantique.

Hispaniola avant l'arrivée des Français (1492-1630)[modifier | modifier le code]

Débuts de la colonisation par les Espagnols (1492-1530)[modifier | modifier le code]

Organisation politique de l'île en 1491 avec les royaumes taïnos (Caciquats d'Hispaniola) et les villes principales.

Après la découverte de l'île par Christophe Colomb en octobre 1492, Hispaniola est, jusqu'à la conquête de Cuba en 1511, le centre de la colonisation espagnole, d'abord sous la direction de Colomb lui-même (« vice-roi des Indes » jusqu'en 1500), puis d'autres vice-rois. Après la conquête du Mexique (1521) et la constitution de la vice-royauté de Nouvelle-Espagne (capitale : Mexico), Hispaniola devient une simple colonie, pourvue d'un gouverneur, au sein de cette vice-royauté.

Conquistadors espagnols marquant au fer les Amérindiens réduits en esclavage.

Les Espagnols s'intéressent principalement aux (faibles) gisements d'or qui s'y trouvent, mais développent tout de même une colonisation agricole (encomiendas). La population indigène, des Arawaks et des Taïnos, diminue considérablement du fait de l'arrivée des Européens (épidémies, réduction en esclavage) et finit par disparaître.

Pirates et corsaires dans la partie ouest de l'île (à partir de 1530)[modifier | modifier le code]

À partir de 1530, la production d'or faiblit fortement : les colons concentrant alors leurs efforts sur la partie orientale de l'île, abandonnent la partie occidentale qui devient la proie facile des pirates français ou anglais[3].

Boucanier en 1698.

Les animaux domestiques abandonnés par les premiers colonisateurs (chevaux, vaches et chiens), vivent en liberté dans l'île et constituent une réserve de chasse facile pour les boucaniers[4].

Les boucaniers s'installent notamment à la base du Cap-Monte-Cristo, au nord, qui est la frontière actuelle entre Haïti et la République dominicaine[5]. Ils s'installent aussi à Port-de-Paix et Petit-Goâve et sur l'îlot de Port-Margot[6].

Malgré une politique de la terre brûlée menée par le roi Philippe III d'Espagne (roi de 1598 à 1621), destinée à lutter contre leurs raids de pillages, les boucaniers renforcent leur présence.

Entre 1600 et 1630, apparaissent les corsaires (officiellement : marins au service d'un pays en guerre attaquant les navires et territoires ennemis), qui commencent à installer des bases permanentes dans la mer des Caraïbes, dans les secteurs abandonnés par les Espagnols, comme l'île à Vache, l'île de la Tortue ou la côte nord-ouest d'Hispaniola.

La politique coloniale française sous Louis XIII et Louis XIV[modifier | modifier le code]

Espace caraïbe
Carte de l'île d'Hispaniola.

Le cardinal de Richelieu, qui devient principal ministre de Louis XIII en 1623, dote la France d'une politique coloniale. Jean Cavelet, seigneur de Herteley, homme de confiance de Richelieu et un des futurs directeurs de la Compagnie de Saint-Christophe, s’engage dans le financement des activités de flibuste de Pierre Belain d'Esnambuc avec Urbain de Roissey, sieur de Chardonville.

Durant cette période, la présence française est attestée surtout par des documents écrits à l'île de la Tortue, en raison de son importance militaire, mais on en trouve des traces sur les côtes de Saint-Domingue. Les liens entre les deux zones sont attestés : chacune des deux sert de refuge en cas de problèmes dans l'autre.[réf. nécessaire]

L'île de la Tortue (1629-1665)[modifier | modifier le code]

Vue d'ensemble[modifier | modifier le code]

L'Île de la Tortue au XVIIe siècle.

D'abord installés sur l'île de Saint-Christophe, les Français se concentrent ensuite sur la Martinique et la Guadeloupe, mais certains s'installent plus à l'ouest, sur l'île de la Tortue, de façon non officielle car l'Espagne se considère encore comme possesseur de toutes les îles des Caraïbes (en vertu du traité de Tordesillas de 1493). La Tortue va devenir le point de ralliement des flibustiers anglais, français et hollandais, aux côtés des boucaniers (Frères de la côte) qui assurent l'approvisionnement en viande.

Durant cette période, l'île de la Tortue est l'objet d'un conflit opposant Espagnols, Français et Anglais, mais les Français l'emportent en fin de compte et consolident leur implantation sur Hispaniola.

Les tentatives de pratiquer l'esclavage échouent : les esclaves introduits à la Tortue deviennent libres de facto[réf. nécessaire]. En 1642, Louis XIII autorise la traite des esclaves[réf. nécessaire].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Période anglaise (1632-1640)

  • Les Espagnols cèdent ensuite l'île aux Anglais[pourquoi ?], qui la renomment « Isle of Association[7] ».
  • En 1632, Anthony Hilton est nommé gouverneur de l'île.
  • En 1635, il est remplacé par Nicholas Riskinner, qui meurt peu après.
  • Des affrontements éclatent entre colons anglais et français, qui sont revenus.
  • En 1638, sous la direction de Don Íñigo de la Mota, les Espagnols attaquent de nouveau les colonies mixtes de pirates français et hollandais sur la Tortue.
  • En 1639, de nouveaux colons anglais venus de la Barbade sous la direction de Robert Flood s'installent dans le but de cultiver le tabac.

Période française : François Levasseur (1640-1652) et l'ordre de Saint-Jean (1651-1654)

  • En 1640, le huguenot François Levasseur et ses coreligionnaires sont envoyés par Longvilliers de Poincy, gouverneur de Saint-Christophe, prendre le contrôle de l'île de la Tortue[8]. Ils font édifier le fort de La Roche sur le piton rocheux qui domine le port au sud (Basse-terre) et font construire des casernes capables d'accueillir trois cents hommes, avec des magasins à poudre et des canons. L'année suivante, ils expulsent les colons anglais, mais permettent aux pirates anglais ou hollandais de rester.
  • En 1648, les Anglais tentent de reprendre le contrôle de l'ile, mais sont repoussés par Levasseur.
  • En 1650, Levasseur fait venir plusieurs centaines de prostituées européennes pour mettre fin au « matelotage » (relations homosexuelles dans le milieu des pirates et boucaniers).
  • En 1651, Louis XIV concède plusieurs îles[Lesquelles ?] (dont l'île de la Tortue), à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Louis d'Ache, chevalier de Fontenay, est nommé gouverneur.
  • En 1652, Levasseur est assassiné, probablement à cause de sa religion ; ses deux lieutenants, Thibault et Martin Poincy et le chevalier de Fontenay se partagent son héritage.

Retour des Espagnols (1654)

  • En 1654, de Fontenay doit se rendre à l'Espagnol Don Gabriel Rozas de Valle Figueroa après avoir défendu l'île avec honneur[réf. nécessaire]. Les flibustiers quittent l'île et se réfugient au Petit-Goâve, sur la côte ouest de Saint-Domingue où ils recréent leur « république flibustière » avec tripots, entrepôts et chantiers de réparation.

Reprise en main par la France (1656)

Il contribue au peuplement de Saint-Domingue en assurant le transport de centaines d'engagés, qui en échange de la gratuité du voyage doivent travailler pendant trois ans et sont de ce fait surnommés « les trente-six mois ». Ces engagés, partis de La Rochelle, sont d'abord dirigés sur Léogâne, puis sur la Tortue.[réf. nécessaire]

Guerre de Dévolution (1666-1670)[modifier | modifier le code]

Cette période voit les premières fissures dans la traditionnelle alliance contre l'Espagne des flottes française, anglaise et hollandaise[9].

C'est le début de la guerre de Dévolution, Français contre Espagnols et Hollandais. Néanmoins les Hollandais furent flibustiers aux côtés des Anglais et des Français et réciproquement. Les flibustiers François l'Olonnais et Michel le Basque, organisent la première grande expédition de flibuste avec la prise et le pillage de Maracaibo. Bertrand d'Ogeron de La Bouëre (et plus tard son neveu Pouancey) vend aux flibustiers et aux boucaniers des femmes blanches à marier qu’il fait venir d'orphelinats d’Europe[11] ou d'autres déportées comme Anne Dieu-le-veut[12]. Début de la colonisation de Port-de-Paix.
Le flibustier Delile prend et pille la ville de Saint-Yague dans la partie espagnole de Saint-Domingue.

  • , François Trébutor commandant la frégate La Sainte-Catherine armée par le gouverneur reçoit une commission (lettres de course) d'Ogeron permettant la flibuste.
  • La population est estimée à 1 500 personnes en 1669 (Tortue et côte nord-ouest réunies). C'est trois fois plus en 1677[13], mais les plantations ne commencent que plus tard, preuve que le secteur est alors une base de repli pour les petits planteurs de tabac et flibustiers de toute la Caraïbe.

Première expansion sucrière (1670-1684)[modifier | modifier le code]

C'est la première grande époque de l'expansion sucrière aux Antilles française, virage important de l'histoire de la Martinique et la Guadeloupe. Louis XIV tente aussi de l'implanter à Saint-Domingue, mais il ne parvient pas à mettre au pas les boucaniers qui peuplent la côte nord-ouest de l'île, même si une bonne partie fuient vers le Rendez-vous de l'île d'Or au Panama. La culture du tabac qui fait vivre des milliers de flibustiers est régie par une ferme du tabac, concédée en 1674 à la Marquise de Maintenon avec un prix d'achat très bas et un prix de revente élevé, ce qui favorise l'expansion du tabac de Virginie.

La compagnie des Indes occidentales perd son monopole en 1670 et tombe en faillite en 1674. Les grands ports ont le droit de commercer du sucre et des esclaves. C'est l'époque où de grandes familles d'armateurs développent le négoce du sucre[14].

Regain corsaire (1685–1696)[modifier | modifier le code]

La fin des années 1685 à 1696 sont l'occasion d'un regain d'activité pour les corsaires de Saint-Domingue à la suite d'une inversion générale des alliances en Europe. À partir de 1688 la Glorieuse Révolution britannique casse l'alliance entre Louis XIV et la couronne d'Angleterre. Celle-ci désormais protestante est alliée aux Hollandais. En 1692, la France se retrouve même isolée contre la Ligue d'Augsbourg, que vient de rejoindre l'Espagne.

  • En 1697, M. de Pointis réunit une flotte de flibustiers pour une expédition contre Carthagène qui est pillée avec un butin de plusieurs millions de piastres.
    En mai, 300 esclaves se soulèvent au quartier Morin de la Petite Anse.

Le traité de Ryswick (1697) et l'officialisation de la colonie française de Saint-Domingue[modifier | modifier le code]

Le traité de Ryswick () entre l'Espagne et la France sécurise la situation dans la colonie. L'Espagne reconnaît la domination française sur la partie ouest de Saint-Domingue en échange de l'arrêt des raids de corsaires contre ses possessions coloniales. Louis XIV accepte en échange de rendre la plus grande partie des Pays-Bas espagnols.

La Rochelle et Saint-Domingue[modifier | modifier le code]

Le développement de La Rochelle[modifier | modifier le code]

De la Régence à la Guerre d’Amérique, La Rochelle figure en bonne place des ports bénéficiant de la croissance de Saint-Domingue. Elle est cinquième après Bordeaux, Nantes, Le Havre et Marseille.

La Rochelle s’impose sur un plan international, au XVIIIe siècle, en étant en relation dès 1630 avec les Antilles, privilégiant des relations annuelles régulières.

La traite des Noirs et les importations de sucre des Isles assureront sa prospérité jusqu’à la Révolution française.

En 1664, la Compagnie des Indes occidentales, compagnie commerciale française est créée par Colbert à Saint-Domingue. À la suite de cette création, dès 1682, la flotte rochelaise triple de volume et la ville devient le premier port français pour le commerce des Isles d’Amériques.

Les activités et le trafic de raffinage avec Saint-Domingue augmentent considérablement, vers 1660. En moins de 40 ans, le nombre des navires pour les Antilles est multiplié par deux, passant de 20 à 30 navires en 1660 et de 40 à 55 navires en 1680.

Ainsi, en 1710, on peut compter 16 raffineries à La Rochelle produisant 3 millions de livres de sucre blanc.

A cette époque, les voyages aux Antilles (Saint-Domingue) durent en moyenne quarante jours. Le sucre a remplacé le tabac, et les activités de pêche.

Les voyages « triangulaires » pouvaient durer parfois un an. Le navire allait dans un premier temps sur la côte d’Afrique pour échanger divers produits, tels que des coquillages, eau de vie, tabac, fusils contre des esclaves, que l’on débarquait à Saint-Domingue. Les esclaves africains étaient majoritairement transportés et vendus dans les îles françaises, comme à Saint-Domingue. On chargeait alors des produits coloniaux pour le retour, comme le sucre, le café, le coton, l'indigo.

En 1791, le trafic total avec Saint-Domingue représente 50% des entrées de navires et des armements du port de La Rochelle. Cette ville était le cinquième port de France.

Les armateurs rochelais à Saint-Domingue : la famille Fleuriau[modifier | modifier le code]

Beaucoup d’armateurs et de négociants se sont installés à Saint-Domingue pour un meilleur contrôle, pour certains, ils ont installé des représentants sur l’île, comme planteurs ou intermédiaires. L'historien Jacques de Cauna a été le premier à étudier leur présence, dans la plaine du Cul-de-Sac notamment, aux portes de Port-au-Prince, à travers sa thèse sur la sucrerie Fleuriau de Bellevue publiée sous le titre Au Temps des Isles à Sucre. Histoire d'une plantation de Saint-Domingue au XVIIIe siècle (Paris, Edit. Karthala 1987, réédition 2003).

La famille Fleuriau, protestante, n’était pas rochelaise de souche, elle était originaire de Châtellerault. Elle apparaît dans la bourgeoisie marchande rochelaise à la fin du XVe siècle.

Aimé Benjamin Fleuriau, est un des grands armateurs qui s’est enrichi à Saint-Domingue. Arrivé à l’âge de 20 ans sur l’île de Saint-Domingue, il y est resté plus de 27 ans. Il n’est plus un étranger sur l’île. Il est devenu un créole par le cœur. La famille possédait une plantation sucrière à Bellevue à Saint-Domingue, on peut retrouver une belle maquette de cette plantation au Musée du Nouveau Monde à La Rochelle. Il y a une sculpture de Toussaint Louverture, de Oussman SOW, érigée en au musée du Nouveau Monde de La Rochelle, figure emblématique de la révolution des esclaves à Haïti en 1791.

L’époque florissante du commerce du sucre de Saint-Domingue a permis de mettre en lumière de grandes fortunes du monde du négoce rochelais, comme la famille Fleuriau. La majorité d’entre elles sont propriétaires de plantations et de maisons de commerce essentiellement à Saint-Domingue. Garesché, Rasteau, Belin, Van Hoogwerff sont d’autres négociants Rochelais qui ont contribué à la traite négrière aux côtés de Fleuriau.

L'empreinte de La Rochelle sur Saint-Domingue[modifier | modifier le code]

Il existe une trace indélébile de La Rochelle à Saint-Domingue. On trouve encore aujourd’hui sur la côte Sud de l’actuelle république d’Haïti, dans la région de Nippes, un plateau, un récif et une rivière des Rochelois, ou encore certains dictons faisant référence aux fameuses filles de La Rochelle, à cette époque. De plus, les noms des colons rochelais se sont conservés sur leurs anciennes habitations. On peut donc voir des lieux-dits avec des noms comme Damiens, Boissonière, Raboteau et évidemment Fleuriau.

Enfin, certaines familles portent encore des noms d’anciens colons rochelais. L’empreinte de la Rochelle sur Saint-Domingue est donc encore réellement perceptible et vivace.

Saint-Domingue au XVIIIe siècle : l'apogée économique[modifier | modifier le code]

La paix de Ryswick permet un développement rapide des plantations de sucre, des terres étant données aux corsaires qui acceptent de cesser leurs attaques contre l'Espagne. Des cultures d'exportations sont introduites. Avec elles la traite négrière, suite de l'échec relatif de la politique dite des « 36 mois » pour les engagés volontaires. La rentabilité des plantations résulte de la surexploitation de la main-d'œuvre[19] apportée par la traite des esclaves. L'aventure coloniale intéresse les cadets de familles nobles qui y trouvent le moyen de faire fortune dans la "terre" aux côtés des commerçants. La question raciale émerge formellement avec la question des titres de noblesse des "sangs-mêlés".

Une île sucrière[modifier | modifier le code]

À partir de 1720, Saint-Domingue est le premier producteur mondial de canne à sucre. Au milieu du XVIIIe siècle, l'île exporte à elle seule autant de sucre que toutes les îles anglaises réunies et devient la principale destination des traites négrières via le commerce triangulaire. Ainsi, jusqu'en 1791, plus de 860 000 esclaves y furent importés, soit près de 45 % de la totalité des esclaves importés par la France dans ses colonies (environ 2 millions)[20].

Avant la Révolution, les produits coloniaux de Saint-Domingue représentent un tiers des exportations françaises.

Une île intégrée aux conflits militaires régionaux[modifier | modifier le code]

Au moment du siège de Savannah, dans la colonie de Géorgie américaine toute proche, qui est un des temps forts de la guerre d'indépendance américaine, environ 1500 soldats venus de la colonie française la plus importante, les Chasseurs volontaires de Saint-Domingue, voient leur action saluée dans le Journal |Siège de Savannah siège rédigé par le chef de l'expédition française[21] qui a joué un grand rôle dans l'avancée et le succès, côté américain, de la guerre d'indépendance américaine. Sur les 3500 hommes qui ont participé à l'expédition, environ les quatre-cinquièmes venaient des différentes îles des Antilles françaises. Le corps des Chasseurs volontaires de Saint-Domingue a permis, par un assaut contre le feu ennemi nourri, d'éviter à l'armée franco-américaine des pertes très lourdes, car il a couvert efficacement sa retraite[22],[23].

Débuts de la colonie (1698-1703)[modifier | modifier le code]

  • En 1698, la France concède l’administration du sud d’Hispaniola à la compagnie de Saint-Louis en contrepartie d’un engagement de colonisation.
La « Compagnie de Saint-Domingue » ou « Compagnie Royale des Indes » est créée. Elle établit ses bâtiments et entrepôts à Saint-Louis-du-Sud. Entre 1700 et 1714, le nombre d'esclaves passe de 9 000 à 24 000[réf. nécessaire]. La compagnie construit aussi des magasins et entrepôts dans le petit bourg de Jacmel, qui connaîtra un essor considérable grâce à son port ouvert au commerce extérieur.
D'après des plans revus par Vauban, le Fort Saint-Louis est édifié sur l'îlet commandant l'accès à la baie.
  • En 1700, les flibustiers français se joignent à leurs « frères » anglais de la Jamaïque. L'île de la Tortue est désertée.
La population est de 8 000 habitants dont 60 % de Blancs.
  • En 1701, la partie française compte déjà 52 sucreries[24].
  • En , Louis XIV crée un second conseil supérieur, dont la résidence est au Cap et qui a dans son ressort les sièges royaux du Cap et du Port-au-Prince, détachés de celui du Petit-Goave.
  • En 1701, le roi relance la Compagnie de Guinée, avec de nouveaux actionnaires, dont il fait partie. L'un d'entre eux est le financier Antoine Crozat. Elle a pour mission de livrer au moins 1 000 esclaves par an aux colonies, chiffre qui est bientôt porté à 3 000. Elle obtient même le monopole de livraison d'esclaves aux Espagnols et devient Compagnie de l'Asiento.

Introduction du coton et du café (1703-1736)[modifier | modifier le code]

L'esclavage monte rapidement, et se structure juridiquement et économiquement, les cultures se diversifient, même si la canne à sucre reste largement dominante.

1743 - 1765[modifier | modifier le code]

Les deux décennies qui précèdent la guerre de Sept Ans contre les Anglais sont celles d'une forte croissance des cultures esclavagistes, sucre et café, la traite négrière s'industrialisant, avec des bateaux plus grands, financés par des sociétés par action.

La Révolution du café de Saint-Domingue, dans la deuxième partie du siècle, voit l'île devenir le premier producteur mondial, avec le défrichage des hautes terres de l'est de la colonie et l'importation à un rythme encore plus rapide d'esclaves dans la dernière décennie avant la Révolution.

Séparatisme commercial et annexions espagnoles (1766-1776)[modifier | modifier le code]

L'assistance militaire aux États-Unis et l'apparition d’officiers de couleur[modifier | modifier le code]

1779[modifier | modifier le code]

Saint-Domingue en 1780, vue du mole Saint-Nicolas. (Pierre Ozanne)

Saint-Domingue est une importante colonie où se trouve une infrastructure militaire. Elle est utilisée dans le cadre du soutien français à la guerre d'indépendance américaine (1775-1783). Il existe par ailleurs des liens avec les planteurs des colonies du sud des futurs États-Unis, et notamment ceux de Louisiane (vendue en 1803 aux États-Unis par la France). Ces liens essayent de limiter l'influence de la Nouvelle-Angleterre, anti-esclavagiste et indépendantiste.

André Rigaud, Henri Christophe s'engagent dans le régiment des chasseurs-volontaires de Saint-Domingue pour aller aider les insurgés américains (guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique (1775-1783)), ils s'illustreront dans le siège de Savannah.

  • 15 août, un contingent expéditionnaire part du Cap-Français sous les ordres du comte Charles-Henri Théodat d'Estaing, vice-amiral de France, lieutenant général des Armées navales, ancien gouverneur de l'île, avec comme major général le vicomte François de Fontanges, propriétaire aux Gonaïves.
  • 12 septembre, débarquement du corps expéditionnaire avec des grenadiers-volontaires de Saint-Domingue (Port au Prince) et des chasseurs-volontaires de Saint-Domingue (Saint-Marc) en Géorgie près de Savannah (États-Unis)
  • 24 septembre, début du siège de Savannah
  • 9 octobre, assaut de Savannah et défaite

1780 - 1789[modifier | modifier le code]

L'île participe à la Révolution française de 1789. La décennie la précédant est marquée par le débat d'idée sur l'esclavage : des révoltes se multiplient, des lobbys se forment, les écrits se multiplient. Plusieurs généraux blancs, noirs et métis en sont issus : Étienne Eustache Bruix (amiral), Alexandre Dumas, André Rigaud, Toussaint Louverture.

  • , formation des chasseurs royaux de Saint-Domingue du chevalier Renaud de Villever, gouverneur itinérant de l'île
  •  : l'intendant Jean-Baptiste Guillemin de Vaivre quitte Saint-Domingue.
  • En 1785, le gouverneur de Belle-Combe reconnaît l’indépendance d’une bande d’ex-esclaves dit marrons dans les montagnes de Bahoruco
  • En , Brissot de Warville fonde la Société des amis des Noirs, pour l'abolition de l'esclavage.
    Le recensement fait état de 455 000 habitants dont 27 717 blancs, 21 808 gens de couleur libres, et 405 464 esclaves. En 20 ans, la population d'esclaves a diminué d'un tiers.
  • En 1788, le planteur et député Pierre-Victor Malouet rend un mémoire défendant l'esclavage.
  • En 1789, la production de café atteint 43 000 tonnes. Les exportations vers la métropole représentent 161 373 788 livres tournois.
  • En 1789 aussi, la croissance urbaine permet à deux villes d'émerger. Le Cap Français compte 20 000 habitants et Port-au-Prince 10 000 habitants[29].
  • Le lobby du Club de l'hôtel de Massiac est fondé le pour défendre l'esclavage à l'hôtel particulier du Créole Massiac. Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry, de la Martinique, y prend une part importante aux côtés de deux élus de la noblesse de Saint-Domingue aux États généraux, Louis-Marthe de Gouy d'Arsy et Denis Nicolas Cottineau de Kerloguen.
  • 20 août, le député Étienne Louis Hector Dejoly, député de Paris soumet à la convention le « cahier de doléance des gens de couleurs libre », préparé par Julien Raimond. Ce cahier est appelé « sortie des mulâtres », par les colons ségrégationnistes. Cette demande n'est pas conforme à l'approche sans discrimination raciale de la déclaration des droits de l'homme.
  • 26 août, adoption par l'assemblée constituante de « la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ».
    La Fayette fait enrôler de nombreux « libres de couleur » dans la garde nationale.
  • Avant la Révolution française, dans la partie orientale de l'île, espagnole, les esclaves ne sont que 15.000, pour 25.000 blancs et 65.000 métis[30].

Période de la Révolution française (1790-1794)[modifier | modifier le code]

1790[modifier | modifier le code]

La contestation de la Révolution française par les riches planteurs passe du terrain des idées à ceux de la politique et de l'opposition militaire.

  • 27 février, élection d'une assemblée coloniale de Saint-Domingue exclusivement composée de blancs.
  • En mars, Un décret de l’Assemblée Nationale proclame l’égalité des mulâtres libres ; les assemblées coloniales s’opposent à sa diffusion et revendiquent l’autonomie.
  • 28 mars, un décret ouvre la représentation à tout propriétaire de plus de 25 ans, sans discrimination de couleur ; l’assemblée coloniale s’oppose à sa diffusion et revendique l’autonomie.
  • 14 avril, à Saint-Marc se réunit, d’après les ordres du Roi, une « Assemblée générale de la partie française de Saint-Domingue » qui remplace « l’assemblée coloniale ».
  • 23 octobre, Jacques-Vincent Ogé débarque au Cap d’un navire américain, avec des munitions de guerre, il équipe 250 à 300 hommes pour exiger l’application du décret. Son arrivée de Paris a été dénoncée par le «club de l'hôtel Massiac».
  • 29 octobre, Jacques-Vincent Ogé, Jean-Baptiste Chavannes et leurs amis dont Joseph Rivière, battent d’abord M. de Vincens avec 500 hommes, puis sont battus par le colonel Cambefort avec 1 500 hommes, ils se réfugient dans la partie espagnole, mais sont livrés au gouverneur Blanchelande.

1791[modifier | modifier le code]

Vue des habitations de Cap-Français, incendiées par les esclaves révoltés en août 1791.

Les colons font reculer militairement la Révolution française, ce qui déclenche le soulèvement général des esclaves.

  • 25 février, les mulâtres Ogé et Chavannes sont suppliciés jusqu’à ce que mort s’ensuive. L'affaire fait grand bruit et amène la Constituante à réexaminer la situation en mai.
  • En avril, les colons de Jérémie (Sud) se rassemblent en une Fédération de la grande Anse. Ils achètent la tête d'insurgés noirs. Les blancs sont dirigés par La Chaise, les autres par Noël Bras. André Rigaud ramène l'ordre sur instruction des commissaires civils.
    Copie d'une lettre d'un capitaine relatant les événements insurrectionnels survenus au Cap François, 1791
  • 15 mai, par décret de l’Assemblée constituante, l’esclavage est confirmé, l’égalité des droits politiques est accordée aux mulâtres libres de deuxième génération.
  • 22 août, soulèvement des esclaves de Saint-Domingue, environ 1 000 blancs tués. 24 septembre, l’Assemblée constituante, une semaine avant la fin de son mandat, révoque le décret du et remet le sort des Noirs à l'assemblée coloniale, l'insurrection se rallume.
  • 23 octobre, concordat de la Croix-des-Bouquets entre insurgés libres et colons esclavagistes. Il est convenu de l’application du décret du et l’infamie pour les juges d’Ogé et Chavanne.
  • En novembre, Toussaint Louverture rejoint les esclaves insurgés dirigés par Jean-François et Biassou, ils vont passer dans la partie espagnole. Louverture y devient « général d’armée du Roi ».

1792[modifier | modifier le code]

Le chaos s'installe, profitant au voisin espagnol.

  • En janvier, Paris apprend la révolte de Saint-Domingue, la spéculation sur le sucre commence, les prix flambent, et des émeutes populaires éclatent contre la cherté du sucre
  • 24 mars, décret de l'Assemblée législative sur des mesures en faveur de l’égalité politique de tous les libres.
  • 4 avril, le décret égalitaire est sanctionné par le roi Louis XVI, sur demande des ministres brissotins Clavière et Roland ; il devient ainsi "loi du ".
  • Mai, les Espagnols franchissent la frontière, envahissant la colonie par l’Est avec l’appui d’esclaves rebelles dont Toussaint Louverture et Biassou.
  • 16 novembre, Ferrand de Baudières, officier des grenadiers volontaires de Saint-Domingue, juge de la Sénéchaussée et Amirauté du Petit-Goâve, a la tête tranchée par des royalistes esclavagistes pour avoir rédigé une pétition à l'Assemblée provinciale de l'Ouest en faveur des droits civils et politiques des affranchis dont nombreux avaient été ses compagnons d'armes à Savannah, en Géorgie.

1793[modifier | modifier le code]

La guerre civile s'intensifie, les révolutionnaires affichent des succès militaires, mais les colons obtiennent le soutien des Anglais, à qui ils promettent de livrer la colonie en échange du maintien de l'esclavage

  • Toussaint Louverture, Jean-François et Biassou passent dans la partie espagnole. Ceux-ci promettent la liberté en échange de l'aide contre les Français. Louverture y devient « général d'armée du Roi ».
  • 25 janvier, des colons royalistes dirigés par Borel s'emparent de Port au Prince avec l'aide de soldats d'Artois. Ils envoient un député de l'assemblée coloniale à Londres pour proposer au gouvernement britannique de lui livrer l'île sous condition qu'il y maintienne l'esclavage.
  • 19 février[31],[32], traité de Whitehall entre les Anglais et les colons de Saint-Domingue, qui permet à ces derniers de combattre les troupes révolutionnaires et l'émancipation des Noirs, et aux Anglais de récupérer la lucrative fiscalité sur les plantations de sucre françaises.
  • 14 avril, les républicains reprennent Port-au-Prince avec les généraux Lassale et Beauvais. Borel s'échappe à la Jamaïque.
  • 11 mai, début de la guerre navale aux Caraïbes de l'alliance hispano-britannique contre la France.
  • 20 juin, le général royaliste Galbaud débarque au Cap Français pour prendre la ville. Le 21 il est battu par les républicains, il y a 500 morts et un incendie s'est déclaré qui ravage la plus belle ville des Antilles du moment.
  • 29 août et 21 septembre, Léger-Félicité Sonthonax et Étienne Polverel, commissaires civils à Saint-Domingue, proclament l'égalité et la liberté générale des esclaves.
  • Formation des « légions de l'égalité », celle du Nord fut commandée par Jean-Louis Villatte, celle du sud par André Rigaud, Leveillé fait partie de celle de l'Ouest.
  • 3 septembre, les royalistes insurgés de Saint-Domingue, représentés par Pierre Venant de Charmilly signent avec l'ennemi britannique, représenté par Adam Williamson, le « traité de la Jamaïque » ou « capitulation de la grande Anse ». Les Britanniques s'engagent au maintien de l'esclavage en échange de la soumission.
  • 19 septembre, 500 soldats britanniques sont accueillis à Jérémie et au môle Saint-Nicolas le . Les royalistes livrent dans la foulée Saint-Marc, L'Arcahaie, Le Grand Goave, Tiburon et Léogane.

1794[modifier | modifier le code]

Les révolutionnaires, après l'abolition de l'esclavage en février, doivent combattre toute l'aristocratie sucrière, alliée aux Espagnols et aux Anglais.

Jean-Baptiste Belley député à la convention (par Anne-Louis Girodet de Roussy-Trioson)
  • Labatut, commandant de la Tortue, envoie des vivres au Port-de-Paix. Laveaux dirige une attaque générale contre les Espagnols, Danty attaque Poste la Chapelle, Villatte Port-Margot, Louverture Petite Rivière. Laveaux accuse Villatte d’une politique raciale en faveur des mulâtres et promeut Louverture dont il fait venir des troupes près du Cap.
  • 2 février, l'escadre britannique du commodore J. Ford se présente devant le Port-au-Prince. Face à la résistance elle ne peut débarquer.
  • 3 février, trois députés de Saint-Domingue siègent à la convention : le mulâtre Jean-Baptiste Mills, le blanc Louis-Pierre Dufay et le noir Jean-Baptiste Belley. Leur arrivée est acclamée. Le président de l’assemblée leur donne l’accolade fraternelle.
  • 4 février, décret d'abolition de l'esclavage voté à l’unanimité par la Convention, qui confirme la déclaration des droits de l'homme de 1789 dans les colonies.
  • 18 mai, Toussaint Louverture se rallie au camp républicain français en se plaçant sous l'autorité du gouverneur général Laveaux ; il devient chef militaire aux côtés de Rigaud, Pétion, Martial, Besse, Villatte ; une armée de 40 000 hommes est levée.
  • 30 mai, nouvelle escadre britannique devant le Port au Prince (6 frégates, 12 bâtiments de transports et de nombreuses goélettes)
  • 25 juin, Louverture élimine les garnisons espagnoles de Petite Rivière, Dondon, Gros Morne et des Gonaïves avec 5 000 hommes et se rend au Port-de-Paix où se trouve Laveaux
  • Louverture bat les Espagnols à camp Bertin et au Limbé, reprend Dondon. De nombreux noirs enrôlés par l’Espagne rallient la France.
  • 6 juillet, Jean François négocie son soutien à l’Espagne en échange du pillage de Fort-Dauphin où il était censé protéger des blancs royalistes : il en massacre un millier.
  • Fin de l'année : Rigaud, Pétion et Beauvais reprennent Leogane et Tiburon, assiègent les Britanniques à la Grand'Anse. Villatte défend le Cap-Français. Les Britanniques bloquent le port, les Espagnols assiègent la ville. Jean François et les Espagnols, battus, se retirent à Fort-Dauphin. Louverture et 4 500 hommes prennent aux Espagnols Saint-Michel et Saint-Raphaël.

Toussaint Louverture et les généraux mulâtres (1795-1825)[modifier | modifier le code]

1795[modifier | modifier le code]

  • , Louverture enlève camp Flamin, camp Roque et Saint-Malo aux Espagnols.
  • , Louverture bat le général britannique Brisbane aux environs de la Petite Rivière.
  • , Louverture est battu par Jean François au fort Charles Sec.
  • En 1795, Rochambeau est envoyé avec Philippe Roume à Saint-Domingue.
  • mi-, Rigaud, Pétion et Beauvais battent le lieutenant-colonel britannique Markham près de Port Républicain.
  • , Étienne Lavaux décerne un brevet de colonel à Toussaint Louverture.
  • , le général britannique Williamson remplace Horneck, il amène 2500 hommes à Port Républicain. Il renforce les légions coloniales royalistes avec des esclaves rachetés.
  • mi 1795, Louverture, sur ordre de Lavaux, forme plusieurs régiments avec des officiers noirs.
  • , Le Traité de Bâle cède la partie espagnole de l'île à la France. La France laisse néanmoins aux Espagnols le rôle d'administrateurs. Fin de la guerre avec les Espagnols.
  • , Par décret, la convention nationale nomme au grade de général de brigade Louverture, premier général noir de l'Armée française, et les mulâtres André Rigaud, Villatte, Louis-Jacques Beauvais, les autres grades donnés par le général Lavaux étant maintenus.
  • , la fièvre jaune fait des ravages dans les troupes britanniques d'origine européenne à Port Républicain. Les offensives sont empêchées.
  • Fin 1795, le major général Forbes remplace Williamson. Il fixe les positions en améliorant les fortifications.
  • , Toussaint Louverture se plaint dans une lettre à Lavaux de la connivence entre les administrateurs espagnols de la partie de l'Est et les Britanniques.
  • , une escadre britannique attaque Léogane mais échoue.

1796[modifier | modifier le code]

  • , sur demande de Rigaud et Beauvais, Laveaux par ordonnance convoque des « assemblées primaires » à Léogane (l’Ouest) et aux Cayes (Sud). Sur intervention de Louverture demandant le siège de l’Ouest aux Gonaïves, Laveaux annule la désignation de Léogane, ce qui provoque un début d’insurrection de Villate, Pinchinat, Sala et Fontaine.
  • , les Britanniques attaquent Fort Dauphin avec l'aide du noir Titus, il est battu par le général républicain Villatte.
  • , Laveaux suspend la convocation des assemblées primaires.
  • , Rigaud accuse Laveaux de favoriser les noirs, il est arrêté au Cap par Villatte. Louverture se présente avec 10 000 hommes pour libérer Laveaux et le sauve.
  • , Laveaux, gouverneur de Saint-Domingue, nomme Louverture lieutenant au gouvernement de Saint-Domingue et son adjoint direct.
  • , arrivée de France du général Desfourneaux.
  • , Roume, commissaire de la République dans la ville de Santo Domingo, demande aux généraux noirs et mulâtres de se réconcilier.
  • arrive une escadre de la République avec les commissaires désignés par le Directoire (Sonthonax, Giraud, Raymond, Leblanc) et des généraux (Kerversau, Rochambeau, Martial Besse, Chanlatte et l’adjudant général Mentor, noir de la Martinique). Leur mission est notamment de mettre fin au « préjugé de couleur ».
  • , décision des commissaires d’arrêter Vilatte et de l'envoyer en France.
  • mi 1796, Louverture équipe 16 000 hommes avec les armes arrivées de France.
  • Fin 1796, ouverture d’écoles libres au Cap par le commissaire Raymond.
  • , Le brigadier général britannique Howe avec 7000 hommes de troupes de renfort attaque et prend Bombarde.
  • , la commission civile fait arrêter le général Rochambeau qui refuse d’occuper Santo Domingo et d’y étendre les lois de la République, en outre il se plaint de la position des noirs et hommes de couleur. Il est renvoyé en France.
  • , défaite de Rigaud devant les Britanniques de fort Irois.
  • , événements des Cayes avec le frère de Rigaud et Pinchinat à la suite de la tenue d’une assemblée primaire. Il s’ensuit un rapport défavorable sur le général Rigaud envoyé au directoire par Sonthonax.

1797[modifier | modifier le code]

  • Février, le Conseil des Cinq-Cents, sur rapport du représentant de Saint-Domingue Dufay, subdivise la colonie en 5 départements :
  • Mars, arrivée du général britannique John Graves Simcoe à Port Républicain. Il est chargé non plus de conquérir Saint-Domingue, mais de favoriser la revendication d'autonomie pour enlever Saint-Domingue à la France.
  • Avril, assauts infructueux de Rigaud sur le fort Irois tenu par les Britanniques.
    Louverture prend Mirebalais et Grands Bois aux Britanniques sans combats. Ceux-ci se replient pour protéger l'Ouest.
  • 3 mai, Louverture est promu général de division par Sonthonax et confirmé dans les fonctions de général en chef de la colonie, ce qui fait de lui le deuxième personnage de la colonie de Saint-Domingue.
  • Juin, les Britanniques reprennent Mirebalais, se fortifient à Saint-Marc et occupent les Verettes.
  • Juillet, avec 10 000 hommes, Louverture reprend les Verettes et détruit la légion de Dessources, royaliste rallié aux Britanniques qui se replie sur Saint-Marc. Il reprend aussi Mirebalais.
    Le colonel Henri Christophe attaque et détruit les anciennes troupes pro espagnoles de Jean François, toujours en révolte contre la république, surnommées « les vendéens de Saint-Domingue ». Elles sont soutenues par les Britanniques et installées à Valière.
  • Août, Dessalines et Belair sont battus par les 8 000 hommes de la légion d'York sous le commandement de Lapointe au fort du Boucassin. Ceci empêche Louverture de prendre le contrôle des Arcahaies.
    Le général britannique Whyte remplace Simcoë. Les Britanniques occupent encore la grande Anse, le Môle, l'Arcahaie, Saint-Marc et Port Républicain.
  • 17 août, la promotion de Louverture au grade de général de division est ratifiée par le Directoire qui ajoute le don d'un sabre et d'une paire de pistolets de la manufacture de Versailles.
  • 3 septembre, départ de Sonthonax, forcé par Louverture.
  • 5 septembre, le général Pétion conquiert Grenier, Fourmi et Gros Morne.
  • 14 septembre, François Pétiniaud est élu député au Conseil des Cinq-Cents. Il y représente la colonie française de Saint-Domingue[33].
  • 22 septembre, le lieutenant-colonel Doyon, envoyé par Rigaud attaque et enlève le camp Thomas au-dessus de Port Républicain.

1798[modifier | modifier le code]

  • Janvier, Dessalines échoue à se rendre maître de l’Arcahaie, il perd 800 hommes dans les combats. Il est mis aux arrêts par Louverture pour n’avoir pas soutenu l’action des 3 demi-brigades de Christophe Mornay avec qui il avait une inimitié
  • 27 mars, le directoire envoie un représentant sur l’île le général Hédouville
  • Le général Toussaint Louverture recevant le général britannique Thomas Maitland le 30 mars 1798.
    30 mars : armistice du 30 mars 1798, qui permet à Toussaint Louverture de régler les détails de la retraite de l'armée anglaise de Saint-Domingue[34]
  • Avril, le brigadier général britannique Thomas Maitland remplace Simcoë et Nesbit qui lui avait succédé brièvement.
  • 21 avril, Hédouville débarque dans la ville de Santo Domingo à Saint-Domingue.
  • 22 avril, Maitland fait part aux royalistes français de la décision britannique d’abandonner la colonie et d’organiser l’évacuation de ceux qui le souhaitent.
  • 23 avril, Maitland fait part de sa décision à Louverture et demande des négociations pour la remise de Port Républicains et la sauvegarde des royalistes qui restent
  • En avril Hédouville rencontre Louverture au Cap et lui propose de rentrer en France, ce que refuse Louverture
  • 28 avril, Louverture envoie l’adjudant général Huin pour commencer les négociations. Maitland ne souhaite pas rendre les places fortes au général Rigaud qu’il sait très républicain et qui a été son ennemi constant pendant toute l'occupation anglaise.
  • 8 mai, les Britanniques quittent Port Républicain à Saint-Domingue (Louverture écarte Raimond)
  • 9 mai, le général Laplume, à la tête de la légion de l’ouest commandée par Pétion prend possession de Port Républicain. Louverture donne le commandement de la ville à Christophe Mornay et demande à la légion de l’Ouest de s’installer à Léogane. Les royalistes blancs sont reconnaissants envers Louverture, qui vient dans la ville, de leur sécurité
  • 16 mai : entrée triomphale du général noir Toussaint Louverture et de son armée d'ex-esclaves dans Port-au-Prince[35].
  • Mai, Hédouville profite de la présence de Louverture à Port Républicain pour envoyer un ultimatum aux Britanniques de quitter le môle Saint Nicolas avec tous les colons royalistes.
  • mi-1798, le secrétaire d'État américain Timothy Pickering confirme que les États-Unis accepteraient la reprise des relations commerciales en cas de victoire de Toussaint Louverture, scénario devenu alors très probable
  • 22 août, André Rigaud récupère Jérémie.
  • Milieu de l'année: Louverture se rend au Môle Saint-Nicolas, convainc Maitland de dénoncer le traité avec Hédouville et négocie un traité similaire à celui de Port Républicain, mais plus favorable aux colons royalistes. Louverture est accusé d'une entente secrète avec les Anglais concernant l’indépendance, pour affaiblir la position de la France dans l'arc Caraïbe. Le commissaire civil Roume demande à Louverture d’arrêter Maitland, mais Louverture refuse.
  • 30 août, le Conseil des Cinq-Cents annule les élections des assemblées de Saint-Domingue pour s’être tenues « avant la connaissance dans cette colonie de l’acceptation faite par le peuple de l’acte constitutionnel ».
  • Fin de l'année : Louverture propose à Rigaud de s’associer contre Hédouville, mais il refuse car Hédouville le nomme Rigaud commandant en chef du département du sud. Hédouville veut désarmer plusieurs régiments, suscitant la révolte.
  • 16 octobre, les Noirs pensent que Hédouville en veut à leur indépendance, se soulèvent au Cap et dans toute la plaine du Nord
  • 22 octobre, Hédouville fuit par bateau avec 1 500 colons. En partant il accuse Louverture de s’être entendu avec le gouvernement des États-Unis d'Amérique et le cabinet de Saint James pour rendre indépendante la colonie.
  • novembre 1798 : Toussaint Louverture envoie Joseph Bunuel rencontrer les principaux marchands de Philadelphie[36] pour négocier la reprise des affaires.
  • décembre 1798 : l'État américain s'est donné les moyens de reconstruire une marine de guerre, afin d'écarter de Saint-Domingue les Français installés à Cuba, parmi lesquels Pierre et Jean Lafitte, qui alimenteront la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe
  • Fin de l'année, le commissaire civil Roume soutient Louverture contre Hédouville.
  • Décembre, le général britannique Maitland revient à Saint-Domingue en simple particulier, accompagné d’Américains pour rencontrer Louverture.
    Louverture signe un traité de commerce avec les Américains.

1799 : la convention commerciale avec l'Angleterre et les États-Unis[modifier | modifier le code]

  • Janvier : André Rigaud refuse de reconnaitre l’autorité de Louverture, en invoquant les déclarations de trahison par Hédouville.
  • 24 janvier, Roume organise une conciliation avec l’aide de Beauvais.
  • Février, révolte de Corail (près de Jérémie) fomentée par des colons royalistes. Rigaud la réduit, fait déporter un grand nombre de royalistes, séquestre les propriétés des émigrés.
  • Mars : André Rigaud refuse d’appliquer l’ordre de Louverture de faire suivre la messe aux troupes. Il accuse Louverture de bafouer la liberté de croire et de choisir sa religion.
  • Avril 1799 : Louverture reproche à Rigaud son insubordination et le soupçonne d'être manipulé par les exilés français.
  • Avril 1799 : le docteur Andrew Stevens, proche de Louverture, est nommé officiellement consul général des États-Unis dans l'île.
  • 13 juin 1799 : convention commerciale tripartite de 1799, avec l'Angleterre et les États-Unis, composée de huit articles et deux annexes, signée à Saint-Domingue, qui change la donne économique mondiale, car Saint-Domingue produit la moitié du café et du coton mondial et le tiers du sucre.
  • 18 juin, Rigaud envoie Faubert s’installer à Petit Goâve qu’il estime faire partie du département du Sud. Début de la "guerre du Sud".
  • Juin : Roume dénonce la prise de Petit Goâve et soutient Louverture. Toussaint Louverture fait la guerre à André Rigaud, Alexandre Pétion et Jean Pierre Boyer à l’occasion d’un litige frontalier pour conquérir le Sud.
  • Juin 1799 : Dessalines entre avec ses troupes au Port Républicain pour Louverture. Dessalines est à Léogâne où 20 000 hommes sont assemblés.
  • Octobre, Roume confirme le général Dessalines commandant en chef de l’armée de l’Ouest et le général Moyse commandant en chef de l’armée du Nord.
    Avec des troupes très supérieures en nombre Toussaint Louverture gagne la guerre, il repousse Rigaud aux Cayes et négocie son départ vers la métropole.
  • Fin de l'année, André Rigaud, Alexandre Pétion et Jean Pierre Boyer partent pour la métropole, ils ne reviendront qu'avec l'expédition de Saint-Domingue le .

Saint-Domingue sous l'autorité de Toussaint Louverture (1800-1803)[modifier | modifier le code]

Bonaparte confirme Louverture dans sa fonction de général en chef de la colonie. Mais Louverture développe une politique autonome en collaboration avec les planteurs. Il s'agit notamment de la tentative de reprise du contrôle de l'Est de l'Île à l'administration espagnole. Ces tentatives s'opposent frontalement à la politique de Bonaparte qui ne souhaite pas un nouveau front avec l'Espagne. Il s'agit aussi de la rédaction d'une constitution locale qui reconnait Louverture comme gouverneur à vie et garantit la transmissibilité de la fonction. Bonaparte ressent un sentiment de trahison de sa confiance. Cette situation est exploitée par le groupe de pression des planteurs coloniaux hostiles à la fin de la discrimination raciale.

Louverture s'affirme comme le chef d'une entité autonome, si ce n'est indépendante. Il a une politique d'union raciale dans la colonie. En particulier il accepte une forme de conversion de l'esclavage en travail forcé pour se concilier les planteurs libéraux. Mais il s'oppose aux représentants locaux de l'État (le Consulat).

1800 : tentative de reprise du contrôle de l'Est de l'Île[modifier | modifier le code]

L'ordre règne à la Jamaïque, caricature d'Honoré Daumier (1866).
  • 27 avril, arrêté de Roume sommant les Espagnols de rendre l'administration de la partie Est de l'île (agence du gouvernement national français à Saint-Domingue).
  • Juin, Bonaparte confirme Louverture dans sa fonction de général en chef de la colonie.
  • 1er août, prise des Cayes par les troupes de Louverture, ce qui marque la fin de la guerre du Sud.
  • 12 octobre, publication par Toussaint Louverture d'un "Règlement sur les cultures" qui est une réintroduction du travail forcé des noirs sur les habitations afin d'assurer le redémarrage de l'économie de la colonie.
  • 26 novembre, Toussaint Louverture demande (lettre) au général de brigade Moyse l'arrestation de Roume, qui vient de révoquer son arrêté du , et son expulsion vers la France.
  • 9 décembre, Toussaint Louverture demande (lettre) au gouverneur espagnol Don Joachim Garcia de lui remettre l'administration de la partie Est de l'île.
  • Décembre, Kerversau et Chanlatte, délégué de l’agence, essayent d’empêcher les projets de Louverture sur l'ex-partie espagnole.

1801 : tentative de constitution de Saint-Domingue[modifier | modifier le code]

  • 4 janvier, le général Moyse, agissant pour Toussaint Louverture, occupe la partie Est de l'île (San Juan de Maguana – Cul de sac).
  • 27 janvier, Toussaint Louverture entre dans la ville de Saint-Domingue à la tête de ses troupes. Le même jour, le général Antoine Chanlatte lui remet le contre-ordre d’intervention de l’agence du gouvernement national français à Saint-Domingue.
  • 22 février, l'administrateur espagnol Don Joachim Garcia est contraint au départ.
  • 9 mai, l’Assemblée centrale de Saint-Domingue adopte une constitution de la colonie de Saint-Domingue, proposée par Louverture ; la colonie devient autonome mais reste française ; Louverture est nommé gouverneur à vie et peut désigner son successeur ; il est confirmé que l'esclavage est aboli, mais la traite des noirs est maintenue.
  • 14 mai, Louverture prend un arrêté protégeant les propriétés des émigrés (conservation des revenus …)
  • 6 juillet, Louverture divise Saint-Domingue en 6 départements.
  • 12 juillet, la Constitution de la colonie est signée et promulguée par Louverture.
  • 16 juillet, Louverture transmet la nouvelle constitution à Bonaparte.
  • 7 octobre : lettre de Bonaparte au Ministre de la guerre Berthier détaillant l’organisation des troupes coloniales pour l’expédition de Saint-Domingue et celle de Guadeloupe.
  • Octobre, révolte de noirs dans les campagnes contre Louverture et le travail forcé.
  • 29 octobre, arrêté de Bonaparte annulant la prise de possession de la partie espagnole et nommant Leclerc capitaine général de la partie anciennement espagnole.
  • 8 novembre, lettre de Bonaparte aux habitants de Saint-Domingue, leur garantissant la liberté et le maintien de l'abolition de l'esclavage : « Quelles que soient votre origine et votre couleur, vous êtes Français, vous êtes tous égaux devant Dieu et devant la République… ».
  • 19 novembre, Bonaparte confie la flotte pour l'expédition de Saint-Domingue à l'amiral Villaret-Joyeuse.
  • 25 novembre, Louverture fait exécuter le général de division Moyse, qui serait son neveu par adoption, à la suite d'un soulèvement qui a fait 200 morts blancs dans le Nord.

1802 : l'expédition française de Saint-Domingue[modifier | modifier le code]

Trois ans après son arrivée au pouvoir par un coup d'Etat, le jeune consul Bonaparte lève un corps expéditionnaire de 35 000 hommes pour restaurer l'autorité de l'État à Saint-Domingue. Cette opération devait être suivie d'une expédition en Louisiane, devenue colonie espagnole.

  • 29 janvier, arrivée de l'expédition de Saint-Domingue, avec André Rigaud, Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer. Elle est commandée par Leclerc assisté de Rochambeau.
  • Janvier, le général Laplume se soumet, il n'y a pas de combats dans le sud de l'île.
  • 5 février, l'amiral Villaret de Joyeuse attaque le Cap qui ne veut pas se rendre à son autorité. Massacres inter-raciaux.
  • 6 février, Rochambeau s’empare de Fort-Liberté (Fort Dauphin).
  • Bataille de la Ravine-à-Couleuvres le 23 février 1802.
    21 février, Paul Louverture, le frère de Toussaint, qui commande la partie Est de l'île se soumet, il conserve son grade.
  • 23 février, reprise des Gonaïves. Massacres inter-raciaux.
  • Combat et prise de la Crête-à-Pierrot, du 4 au 24 mars 1802.
    , la division Boudet enlève Trianon, Mirebalais, trouve 1100 cadavres blancs à Verrettes.
  • Mars, combats du fort de la Crête-à-Pierrot où s'illustre le mulâtre Lamartinière du côté des insurgés. Il rompt le siège.
    Les généraux noirs Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe se soumettent, ils conservent leur grade.
  • 17 mars, Leclerc propose la paix à Louverture, qui, isolé, se sent contraint de l'accepter.
  • 26 mars, signature du traité d’Amiens entre la France et le Royaume-Uni qui notamment restitue la Martinique, où l'esclavage n'a jamais été aboli, à la France.
  • 7 mai, accords de paix avec Louverture comportant un engagement sur le non-rétablissement de l'esclavage.
  • 20 mai, promulgation de la loi du 20 mai 1802 maintenant l'esclavage dans les territoires restitués à la France par la paix d'Amiens, ce qui ne concerne pas Saint-Domingue, ni la Guadeloupe.
  • Mai, Bonaparte recommande à Leclerc l'envoi en France de tous les généraux de couleur, avec maintien de grade. Estimant que sur le terrain les généraux noirs lui sont fidèles, Leclerc n'exécute pas cet ordre.
    Des tentatives de Louverture de rallumer l'insurrection sont éventées.
  • 7 juin, mise aux arrêts du général de division Louverture. Il est exilé en métropole, accompagné de son serviteur, de son épouse et de certains membres de sa famille.
  • 11 juin, Leclerc fait un rapport à Bonaparte, se référant à un rapport de Jean-Jacques Dessalines faisant état des complots de Louverture. André Rigaud, Pétion et Boyer soutiennent ce rapport.
  • 14 juin, instructions secrètes de rétablissement de l'esclavage à Saint-Domingue envoyées au général Leclerc par le ministre de la Marine et des colonies Denis Decrès[37].
  • 2 juillet, Arrêté consulaire "portant défense aux noirs, mulâtres et autres gens de couleur, d'entrer sans autorisation sur le territoire continental de la France". Cet arrêté est pris dans le contexte immédiat de demande d'envoyer en France les principaux officiers généraux noirs de Saint-Domingue (Louverture, Dessalines, Christophe).
  • 9 juillet, à bord du Héros, le général de division Louverture et les siens arrivent à Brest. Il apprend qu'il est rayé de la liste des officiers généraux de l'Armée française.
  • 16 juillet, Arrêté consulaire rétablissant l'esclavage en Guadeloupe et ses dépendances. Cet arrêté n'apparaît pas dans le Bulletin des lois, mais comme minute manuscrite de la main du Premier Consul Bonaparte. Il fait suite, du point de vue légal, à l'article 4 de la loi du  : "Nonobstant toutes les lois antérieures, le régime des colonies est soumis, pendant dix ans, aux règlements qui seront faits par le Premier consul"[38].
  • 17 juillet, le général Richepance rétablit par un arrêté local une forme déguisée du Code noir et de l'esclavage à la Guadeloupe. Notamment il retire la nationalité française aux non-blancs.
  • 23 juillet, arrêté des consuls ordonnant le transfert de l'ex-général Louverture et son internement au fort de Joux dans le Jura. Sa famille est assignée à résidence à Agen.
  • 24 juillet, Leclerc répond à l'amiral Decrés, ministre de la Marine et des colonies, lui enjoignant de renoncer à toute idée de rétablir l'esclavage à Saint-Domingue.
  • Août, l'épidémie de fièvre jaune, qui fut la cause du décès des deux tiers des hommes du corps expéditionnaire, fait rage ; Leclerc décide du désarmement des hommes de couleur.
    Exécution de femmes d'officiers de la 7e demi-brigade dont Belair est général ; meurtre de l'officier mulâtre Lamartinière.
    À la suite de dénonciations calomnieuses Leclerc renvoie André Rigaud en métropole.
  • 5 août, le général Belair se révolte ; il est traqué par Dessalines pour le compte de Leclerc.
  • 25 août, Louverture arrive au fort de Joux où il est incarcéré.
    Le Serment des ancêtres, tableau symbolisant l'alliance en novembre 1802, entre les mulâtres de Pétion et les noirs de Dessalines[39].
  • 13 septembre, à la suite de Belair, les généraux mulâtres (Pétion, Boyer, Clairvaux…) entrent en insurrection.
  • 4 octobre, le général Belair, arrêté par Dessalines, est condamné à mort par un tribunal présidé par Clairvaux et composé d'autres officiers noirs. Il est exécuté avec sa femme qui, ne voulant pas se laisser décapiter, sera fusillée.
  • Octobre, 1200 Noirs sont noyés sur les ordres de Rochambeau.
    Au terme de la conférence secrète de l'Arcahaie, Dessalines rallie l'insurrection.
  • 2 novembre, Leclerc meurt de maladie à l'île de la Tortue.
  • 15 novembre, Rochambeau succède à Leclerc ; l'effectif du corps expéditionnaires aux abois ayant fondu, il se fait remarquer par sa brutalité, voire sa cruauté. Il a par exemple fait torturer le général noir Maurepas et le fait exécuter avec sa famille et ses proches. Cet acte fut la cause de la défection de la quasi-totalité des troupes de couleur encore fidèles à la France.

1803 : la mort de Toussaint Louverture et l'abandon de la Louisiane[modifier | modifier le code]

  • La Bataille de Saint-Domingue, par Janvier Suchodolski.
    Avril, Bonaparte sentit sa position s’affaiblir considérablement à Saint-Domingue. Alors, il s’exclamera : « À quoi me sert de conserver la Louisiane si je ne peux garder Saint-Domingue ».
  • 7 avril, Louverture meurt de maladie au fort de Joux, sans que ses demandes adressées au Premier consul n'aient reçu de réponse.
  • 19 novembre, Dessalines gagne la bataille du fort Vertières aux portes du Cap Français contre les derniers survivants du corps expéditionnaire. Les dernières troupes françaises submergées capitulent et quittent la colonie, laissant derrière eux les colons blancs qui n'ont pas fui.
  • 20 décembre, vente de la Louisiane aux États-Unis par Napoléon contre 80 millions de francs.

Gouvernements de Dessalines (1804-1806) puis de Christophe (1807-1820)[modifier | modifier le code]

Proclamation d'indépendance et constitution (1804-1805)[modifier | modifier le code]

La colonie française de Saint-Domingue devient Haïti, république noire et indépendante. Mais cette indépendance n'est reconnue ni par la France, ni par les États-Unis. La quasi-totalité des grandes nations, sauf les États-Unis qui maintiennent leur refus, attendront la reconnaissance par la France.

  • Février-, informé du projet d'annihilation de la population noire par un contingent français resté dans l'est de l'île, et craignant l'appui des derniers colons présents à cette autre expédition militaire française, Dessalines fait massacrer la quasi-totalité des blancs restant de l'ancienne colonie[43]. Entre 3000 et 5000 personnes seront tuées. Dessalines promettant l'amnistie aux femmes et aux enfants décide finalement de les exécuter, sauf en cas de mariage forcés. Il fait également participer tous les mulâtres aux massacres. Ceux-ci, bien que réticents, obéissent.
  • , Dessalines est proclamé empereur sous le nom de Jacques 1er ; Haïti devient un empire.
  • , la première constitution impériale d'Haïti est signée par Dessalines. Celle-ci s'inspire de la constitution française de 1791. La guerre d'indépendance, qui dans le contexte de l'esclavage et de son héritage social et économique a été une quasi guerre raciale, explique la présence de dispositions discriminatoires envers les blancs : Article 12 "Aucun blanc, quelle que soit sa nation, ne mettra le pied sur ce territoire à titre de maître ou de propriétaire, et ne pourra à l'avenir acquérir aucune propriété", Article 13 "L'article précédent ne pourra produire aucun effet tant à l'égard des femmes blanches qui sont naturalisées haïtiennes par le gouvernement que des enfants nés ou à naître d'elles. Sont compris dans les dispositions du présent article, les Allemands et les Polonais naturalisés par le gouvernement.", Article 14 "Toute acception de couleur parmi les enfants d'une seule et même famille dont le chef de l'État est le père, devant nécessairement cesser, les Haïtiens ne seront désormais connus que sous le nom générique de noirs", et Article 12 des dispositions générales "Toute propriété qui aura ci-devant appartenu à un blanc français est incontestablement et de droit confisquée au profit de l'État."[44].
  • L'indépendance ne sera concédée par la France qu'en 1825, en échange du paiement par Haïti d'une indemnité pour les anciens propriétaires d'esclaves d'une hauteur de 150 millions de francs or (ramenée plus tard à 90 millions).

Exode vers la Louisiane et Cuba (1806)[modifier | modifier le code]

Achetée à la France en 1803, la Louisiane voit arriver en 1806 et 1809 plus de 10 000 Créoles de Saint-Domingue, selon Carl A. Brasseaux, historien et directeur du Centre d'études louisianaises[45] de Lafayette. Ils font doubler en quelques années la population française de La Nouvelle-Orléans. Cette population instruite et active y développe de nombreuses activités comme les infrastructures portuaires qui permettent une Conquête de l'Ouest par la voie puissante du fleuve Mississippi.

La communauté des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique est soudée par leurs tribulations : plusieurs milliers ont fui ou ont péri dans l'insurrection de Saint-Domingue ; beaucoup se sont réfugiés dans l'Est de Cuba avec leurs esclaves et ont repris la production des denrées coloniales. Cuba a ainsi importé autant d'esclaves qu'en deux siècles.

  •  : L'empereur Dessalines est assassiné dans le cadre d'une conspiration réunissant les anciens généraux Pétion et Christophe.
  • Sécession de la partie sud et de la partie nord d'Haïti. Pétion, un mulâtre, devient président d'une république du Sud. Christophe, homme noir, deviendra ultérieurement roi d'un royaume du Nord.

Retour de la partie Est à l'Espagne (1808-1809)[modifier | modifier le code]

Les Français qui restaient dans la partie orientale de l'île sont battus par les habitants hispanico-créoles, sous le commandement de Juan Sánchez Ramírez, à la bataille de Palo Hincado le . La capitulation française a lieu à Santo-Domingo le . Le pays se replace alors volontairement sous l'autorité de l'Espagne; mais depuis le , la Guerre d'indépendance espagnole contre la France a commencé.

En Napoléon entre en Espagne à la tête de 80 000 soldats. Les colons français sont chassés de Cuba et les terres qu'ils avaient mises en valeur sont reprises par les Espagnols. La Louisiane, qui n'est pas encore un État des États-Unis d'Amérique, accueille une grande partie de ces réfugiés. Certains sont des officiers français qui ont prêté main-forte à George Washington, comme eux planteur et officier, lors de la guerre d'indépendance américaine (1775-1783).

L'indemnité d'indépendance en 1825[modifier | modifier le code]

En échange de la reconnaissance de l'indépendance du pays, officiellement encore possession française selon le Traité de Paris, le roi de France Charles X contraint par la menace Haïti à verser à la France une indemnité pour compenser les pertes causées par les révoltes des esclaves et l'indépendance d'Haïti[46],[47] : indemnisation de la France par la république d'Haïti.

Ordonnance royale[modifier | modifier le code]

Le , sous la Restauration, une ordonnance du roi Charles X impose le versement d'une « indemnité d'indépendance »[47].

Menace militaire[modifier | modifier le code]

Le baron de Mackau et Jean-Pierre Boyer lors de la négociation du traité franco-haïtien de 1825.

Le suivant, une escadre de 14 navires de guerre se présente devant Port-au-Prince et l'émissaire du roi, le capitaine de vaisseau de Mackau se rend à terre pour informer le président Boyer de la décision du gouvernement français et le sommer, sous peine d'une déclaration de guerre et du blocus de tous les ports haïtiens, d'accepter les conditions de l'ordonnance qui outre le paiement d'une indemnité de 150 millions de francs aux anciens colons comprend l'octroi de privilèges douaniers exclusifs au commerce français[48].

Boyer vit là l'occasion de faire accéder enfin son pays à la reconnaissance internationale accepta l'ultimatum, ce qui lui fut vivement et longtemps reproché par la suite[49]. L'indemnité, d'un montant initial de 150 millions de francs, sera réduite à 90 millions en 1838, soit approximativement le prix de la vente de la Louisiane aux Américains. Les autorités haïtiennes finissent de payer en 1886, soit au bout de 61 ans. Cette somme était destinée à dédommager les colons français pour leurs propriétés perdues[50]. Mais seuls 11 000 des personnes indemnisées sur 25 000 sont d'anciens colons. Les autres sont des héritiers auxquels les banques françaises demandent le remboursement des prêts consentis à leurs parents pour l'achat de terres et d'esclaves[51]. Ce sont finalement les banques les principales bénéficiaires.

Calcul du montant[modifier | modifier le code]

Conséquences sur le développement du pays[modifier | modifier le code]

Il est estimé que c'est la charge très lourde de cette dette qui a conduit, en 1910, à l'achat d'une part importante de la Banque de la République d'Haïti par la banque américaine National City. Une opération qui est un prélude à l'occupation américaine de 1915 à 1934. C'est en effet une plainte de non remboursement de dettes des banques américaines qui a formellement déclenché l'opération.

Les États-Unis ont pris prétexte de l'accord haïtien sur le paiement de l'indemnité pour maintenir leur refus de reconnaissance de l'État d'Haïti[53]. Une position qui est en relation avec le préjugé racial contre les noirs à l'époque, et la nouvelle doctrine Monroe. C'est seulement en 1862 que les États-Unis reconnaitront Haïti. Cette décision sous la présidence d'Abraham Lincoln coïncide avec sa Proclamation d'émancipation qui met fin à l'esclavage aux États-Unis.

Le paiement de cette indemnité a entraîné un important retard de développement dans le pays. En comptant les sommes effectivement versées par les Haïtiens aux héritiers de leurs anciens maîtres, les commissions bancaires, les intérêts, et les pénalités de retard appliqués au fil des décennies, Haïti a déboursé environ 560 millions de dollars en valeur actualisée. Surtout, cette dette a engendré un manque à gagner de 21 à 115 milliards de dollars selon les estimations, du fait que les sommes versées par Haïti n'ont jamais profité au pays et ont été expédiées en France sans biens ni services en retour[46],[54].

Demande de réparations (2003)[modifier | modifier le code]

Le , conjointement avec des manifestations de rue du mouvement Lavalas qui scandent « Restitisyon », le président Aristide demande la restitution par la France de l'indemnité d'indépendance. Il estime son montant actualisé à environ 21 milliards d'euros. Le le président Jacques Chirac répond « j’ai la plus grande sympathie pour le pays et pour sa population. Et, nous avons de surcroît, une coopération importante et nous apportons à Haïti une aide non négligeable. Avant d'évoquer des contentieux de cette nature, je ne saurais trop conseiller aux autorités haïtiennes d'être très vigilantes sur, je dirais, la nature criminelle et anti-démocratique de leurs actions et de leur régime »[55]. À la suite du coup d'État[56] contre le président Aristide en , le nouveau premier ministre, Gérard Latortue, déclare abandonner cette requête[57].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le nom de « Saint-Domingue », qui, selon le contexte, peut désigner l'ancienne colonie française, mais aussi l'ensemble de l'île d'Hispaniola, la ville de Santo Domingo, actuelle capitale de la République dominicaine (la Capital), voire, par extension la République dominicaine elle-même, est une francisation du nom espagnol Santo Domingo (Saint Dominique).
  2. Le mot « Haïti » (d'origine amérindienne) est aussi ambigu : il peut désigner soit l'île entière, soit l'actuelle république d'Haïti.
  3. En 1530, les Dix-Sept Provinces des Pays-Bas des Habsbourg sont une possession de Charles Quint, qui est aussi roi d'Espagne. Il est donc peu probable qu'il y ait des « pirates néerlandais » à Hispaniola. En revanche, c'est possible à partir des années 1580 avec la fromation des Provinces-Unies, du fait de l'insurrection des Pays-Bas contre Philippe II (fils de Charles Quint).
  4. Michel Rodigneaux, p. 31
  5. Société de géographie (France), p. 352
  6. Jean Merrien, p. 107
  7. (en) Great Britain Public Record Office, Calendar of State Papers, H.M. Stationery Office, (lire en ligne)
  8. "Les protestants à la Martinique sous l'ancien régime" par Jacques Petitjean-Roget, dans la revue d'histoire Outre-Mers en 1955 [1]
  9. Bien que catholique, la monarchie française considère longtemps l'Espagne catholique des Habsbourg, qui contrôle les Pays-Bas méridionaux, comme un adversaire plus dangereux que les protestants anglais et néerlandais
  10. officiellement : république des Sept Provinces-Unies des Pays-Bas
  11. Philippe Hroděj, « Les premiers colons de l’ancienne Haïti et leurs attaches en métropole, à l’aube des premiers établissements (1650-1700) », Les Cahiers de Framespa. Nouveaux champs de l’histoire sociale, no 9,‎ (ISSN 1760-4761, DOI 10.4000/framespa.1050, lire en ligne, consulté le )
  12. Eve, « Anne Dieu-le-veut, flibustière », sur L'Histoire par les femmes, (consulté le )
  13. Françoise Hatzenberger, p. 122
  14. Mauro, Frédéric, « Nouvelles images de Saint-Domingue », Annales, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 3, no 4,‎ , p. 538–540 (DOI 10.3406/ahess.1948.2378, lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  15. Annales de Bretagne, Volume 26, 1911
  16. Alain Roman, p. 240
  17. Sainton, Boutin (2004)
  18. "Saint-Domingue en 1690. Les observations du père Plumier, botaniste provençal", par Philippe Hrodej, dans la Revue française d'histoire d'outre-mer de 1997
  19. La main-d'œuvre à statut d'esclave n'est cependant pas gratuite : les propriétaires doivent acheter les esclaves, puis leur fournir les moyens de vivre (nourriture, logement, vêtements).
  20. Frédéric Régent, La France et ses esclaves, Pluriel, 2012, p.51
  21. "Quand la révolution, aux Amériques, était nègre" par Nicolas Rey [2].
  22. " How the Black St. Domingo Legion Saved the Patriot Army in the Siege of Savannah" par Theophilus Gould Steward "[3]
  23. "Haiti's Influence on Antebellum America: Slumbering Volcano in the Caribbean" par Alfred N. Hunt
  24. Silvia Marzagalli, Bordeaux et la marine de guerre : XVIIe – XXe siècles, page 101
  25. Léo Élisabeth, p. 15
  26. a et b Encyclopédie méthodique, p. 509
  27. a b et c Sir James Basket, Charles Malo, Histoire d'Haïti (île de Saint-Domingue) : depuis sa découverte jusqu'en 1824, époque des dernières négociations entre la France et le gouvernement haïtien, L. Janet, 1825 - 480 pages, [lire en ligne], p. 63
  28. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1948_num_3_4_2378. En 1770, le café, moins gourmand en esclaves, l'emporte sur le sucre
  29. Butel, Paul, « Succès et déclin du commerce colonial français, de la Révolution à la Restauration », Revue économique, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 40, no 6,‎ , p. 1079–1096 (DOI 10.2307/3501980, lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  30. "L'intervention britannique à Saint-Domingue en 1793 " pat Charles Frostin, dans la Revue française d'histoire d'outre-mer de 1962, volume 49, page 299 [4]
  31. Henri Joucla, Le conseil supérieur des colonies et ses antécédents : avec de nombreux documents inédits et notamment les procès-verbaux du comité colonial de l'assemblée constituante, Paris, du monde moderne, , p. 130 avec contenu de la lettre de Henry Dundas
  32. Henry Lémery, Martinique, terre française, G.P. Maisonneuve, , p. 32
  33. Auguste Kuscinski, Les députés au corps législatif : conseil des cinq-cents, conseil des anciens de l'an IV à l'an VII : listes, tableaux et lois, Société de l'Histoire de la Révolution française, (lire en ligne), p. 382.
  34. Saint-Domingue espagnol et la révolution nègre d'Haïti (1790-1822), par Alain Yacou, page 215
  35. Alain Yacou, Saint-Domingue espagnol et la révolution nègre d'Haïti (1790-1822) : commémoration du bicentenaire de la naissance de l'État d'Haïti (1804-2004), Karthala Éditions, 2007 - 683 pages, [lire en ligne], p. 215
  36. (en) Gordon S. Brown, Toussaint's clause : the founding fathers and the Haitian revolution, p. 154
  37. Dominique Taffin, « Napoléon colonial : 1802, rétablissement de l'esclavage », Les notes de la FME, no 2,‎ (lire en ligne [archive] [PDF])
  38. Voir l'analyse de cet arrêté "introuvable" dans "A propos de la découverte de l’arrêté consulaire du 16 juillet 1802 et du rétablissement de l’ancien ordre colonial (spécialement de l’esclavage) à la Guadeloupe", de J.-F. Niort et J. Richard, 2008, http://calamar.univ-ag.fr/cagi/NiortArrete1802.pdf
  39. « Le Serment des ancêtres de Guillaume Guillon-Lethière », sur cnmhe.fr, (consulté le )
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  41. Philippe R. Girard, « L'utilisation de chiens de combat pendant la guerre d'indépendance haïtienne », Napoleonica, no 15,‎ 2012/2013, p. 54-79 (lire en ligne)
  42. Gilles Manceron, Marianne et les colonies, La Découverte, Paris, 2003, page 69
  43. Girard 2011, Ch. 19 : Haitian Independance, p. 322.
  44. Constitution du 20 mai 1805 et Mirlande Manigat, Traité de Droit Constitutionnel Haïtien, Univ. Quisqueya, Port-au-Prince, 2000, 2 vol., 786 p
  45. Center for Louisiana Studies
  46. a et b Catherine Porter, Constant Méheut, Matt Apuzzo et Selam Gebrekidan, « À la racine des malheurs d’Haïti : des réparations aux esclavagistes », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  47. a et b Itazienne Eugène, « La normalisation des relations franco-haïtiennes (1825-1838) », Outre-Mers. Revue d'histoire, vol. 90, no 340,‎ , p. 139–154 (DOI 10.3406/outre.2003.4049, lire en ligne, consulté le )
  48. Jean François Brière, « La France et la reconnaissance de l'indépendance haitienne : Le débat sur l'ordonnance de 1825 », in French Colonial History, vol. 5 (2004) p. 125.
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  50. « Les indemnités versées aux propriétaires d’esclaves recensées dans une base de données | CNRS », sur www.cnrs.fr, (consulté le )
  51. Leslie J. R. Péan, Haïti, économie politique de la corruption : De Saint-Domingue à Haïti (1791-1870), Éditeur : Maisonneuve & Larose, 22 mai 2003, coll. « Littératures d'Afrique et de la Caraïbe », (ISBN 978-2-7068-1686-4)
  52. Robert Lacombe, Histoire monétaire de Saint-Domingue et de la République d'Haïti jusqu'en 1874, Larose, Paris, 1958
  53. Benoît Joachim, Aspects fondamentaux des relations de la France avec Haïti de 1825 à 1874, le néo-colonialisme à l'essai, thèse de 3e cycle de lettres, Paris, 1969 ; Paris, 1969, XXXVII-415 folios; cité par Leslie Jean-Robert Péan
  54. Oosterlinck, Kim and Panizza, Ugo and Weidemaier, Mark C. and Gulati, Mitu, The Odious Haitian Independence Debt, 5 septembre 2021. Virginia Public Law and Legal Theory Research Paper No. 2021-40 et No. 2021-17 [lire en ligne]
  55. Radio Métropole à Genève, Jean Edouard Rigaud, le 2 juin 2003
  56. Constant Méheut, Catherine Porter, Selam Gebrekidan et Matt Apuzzo, « Comment la France a riposté aux demandes de réparations d’Haïti » Accès payant, sur The New York Times,
  57. Journal haïtien Le Nouvelliste du mardi 20 avril 2004

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • J.-M., Deveau, La Traite rochelaise, Paris, Karthala, 1990. p. 273-291.
  • Jacques Cauna, Au temps des isles à sucre : histoire d’une plantation de Saint-Domingue au XVIIIe siècle, éd. Karthala, Paris, 1987, 285 pages.
  • Dominique Bona, Le Manuscrit de Port-Ébène, Grasset, 1998.
  • (en) Philippe R. Girard, The Slaves Who Defeated Napoleon : Toussaint Louverture and the Haitian War of Independence 1801–1804, Tuscaloosa, Alabama, University of Alabama Press, coll. « Atlantic Crossings », , 444 p. (ISBN 978-0-8173-1732-4, lire en ligne)
  • Philippe Hroděj (dir.), L'esclave et les plantations : de l'établissement de la servitude à son abolition, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 344 p. (EAN 978-2-7535-0701-2, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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