Saint-Loup (Marseille) — Wikipédia

Saint-Loup
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Ville Marseille
Arrondissement municipal 10e
Démographie
Population 16 084 hab. (2012)
Géographie
Coordonnées 43° 16′ 24″ nord, 5° 26′ 24″ est
Transport
Bus Autobus de MarseilleLigne 15Ligne 15SLigne 16Ligne 16SLigne 17Ligne 18Ligne 91
Localisation
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Saint-Loup
Géolocalisation sur la carte : Bouches-du-Rhône
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Saint-Loup

Saint-Loup est un quartier du 10e arrondissement de Marseille, autrefois banlieue de la ville.

Situation[modifier | modifier le code]

Le quartier de Saint-Loup se situe à l'extrémité du quart Sud / Sud-Est de Marseille[1]. Il est limité :

Le village est traversé d'ouest en est par le boulevard de Saint-Loup, sur le tracé de l'ancienne « route royale de Marseille à Aubagne » devenue partie de la « route de Marseille », ex-nationale 8.

Depuis , date de la mise en service de l'avenue Adrienne-Ranc-Sakakini qui en constitue le dernier segment, la voie dite U430 permet de contourner le noyau villageois et de fluidifier le trafic automobile sur le boulevard de Saint-Loup.

Une pont sur l'Huveaune, avenue Florian, permet d'accéder à l'échangeur Florian de l'Autoroute A50 (est de Marseille) et aux quartiers situés plus au nord (La Pomme, Saint-Pierre, Saint-Jean du Désert, etc.). Il est doublé à proximité par le pont du Boulevard Urbain Sud mis en service le (pont situé à la limite est de Pont-de-Vivaux).

Le quartier est desservi par les lignes RTM  Autobus de MarseilleLigne 15Ligne 18, qui suivent le tracé de l'ancienne route nationale No. 8, et  Autobus de MarseilleLigne 16Ligne 17Ligne 91 qui passent à l'ouest. Le prolongement du métro (ligne 2) depuis Sainte-Marguerite jusqu'au site des anciennes usines Rivoire et Carret est envisagé pour les prochaines années[3].

Population[modifier | modifier le code]

Saint-Loup est un quartier populaire. Jusqu'à une époque récente, la vallée de l'Huveaune était fortement industrialisée, et les usines alimentaires (Nestlé, Rivoire & Carré) ou métallurgiques (Coder, Lipp) employaient la plupart des hommes et des femmes du secteur. La désindustrialisation n'a pas été compensée par la création de nouvelles activités, si ce n'est l'installation de deux grandes surfaces commerciales de part et d'autre du noyau villageois. La population du quartier est en baisse.

Origine[modifier | modifier le code]

L'église de Saint-Loup, au cœur du village.

L'histoire du quartier débute officiellement le 24 juin de l'année 840[4] : les moines de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille reçurent du seigneur Sigofredus (Siegfried), Vicomte/Vicedominu de Marseille, et de son épouse Erleube (Eurileuba, Herileuba)[5], les terres nommées Carvillanus Ager (terres de Carvillan) composées d'une modeste exploitation agricole et des terres avoisinantes[6],[7]. Ces terres s'étendaient le long de la rive sud / sud-est de l'Huveaune, de l'actuel Parc Dromel jusqu'à l'actuel Pont-de-Vivaux et l'actuel Saint-Tronc. Ils stabilisèrent les rives de l'Huveaune alors marécageux à cet endroit, rendant ainsi les terres cultivables, firent construire sept moulins sur les rives de l'Huveaune ainsi qu'un couvent de religieuses et une petite chapelle dont existent les ruines sur la colline de Sainte-Croix[8],[9].

Les archives de l'abbaye de Saint-Victor révèlent[10] :

  • dans une charte de l'abbaye de Saint-Victor datant de l'an 1020, que Guillaume III de Provence entreprit des démarches pour que les moines de Saint-Victor puissent récupérer l'usufruit de leur Couvent[11] ;
  • dans une charte de l'abbaye de Saint-Victor datant du 6 octobre 1240, que Raimond Bérenger IV, roi d'Aragon et comte de Provence, prit sous sa protection la terre des religieuses de Carvilian, "ortum monialium de Carviliano".

Les terres de Carvillan, "Carvillanus Ager" incluaient selon Alfred Saurel, la rive sud / sud-est de l'Huveaune qui verraient au XVIIe-XIXe le château Berger, la campagne Pastré, la campagne Fémy, le Parc Dromel, la campagne de la Sauvagère, Sainte-Marguerite, Pont-de-Vivaux et Saint-Tronc[12],[13].

Autour de ce couvent s'érigea un village, le lieu se nomme d'abord Centhis, par déformation du nom d'une peuplade originaire de Savoie émigrée là, les Centones, déformé ensuite en Saint-Thys (Lat. Sanctus Tirsus, Sancti-Tyrsi, Sanctus Tyssus, Saint-Tirse, Thirs, Thyrse, Tirse, Tirce, et en provençal San This...) redéformé encore de Centrones en Centron, en provençal San Tron, nom de l'actuel quartier adjacent de Saint-Tronc.

Au début du XVIe siècle, le Couvent est agrandi vers le Sud et commence à être appelé Saint-Loup, on ne sait exactement pour quelle raison. Le nom de Saint-Loup ne sera évoqué officiellement pour la première fois que le 31 mars 1531, dans une acte passé par devant Maitre Jean Massatelli, notaire à Marseille : « le monastère de Saint-Victor donne en bail à Bernard Zarbin une vigne située à Saint-Loup, à la censive de trois patas à l'office de la Trésorerie[14]. » Il s'agit probablement d'une allusion à l'évêque de Troyes qui au Ve siècle, alla au-devant d'Attila et obtint qu'il épargne sa ville[15] - mais l'Église catholique romaine reconnaît plusieurs autres Saint-Loup. Les noms de Saint-Loup, Saint-Thys et Saint Tronc cohabiteront jusqu'en 1666 pour désigner le même village.

Lieux et monuments[modifier | modifier le code]

Le lycée Marcel-Pagnol (vue partielle)

À l'entrée ouest du village, la place de l'Octroi rappelle que Saint-Loup était anciennement un village situé aux portes de Marseille, et que c'est à cet endroit que la ville prélevait les taxes sur toute marchandise exportée comme importée.

La place de l'église (place Guy Durand) est le cœur du village, au bord de la nationale. Le parc public du Vieux-moulin descend de la place jusqu'au fleuve l'Huveaune.

Le canal de Marseille longe le quartier au sud-est. Au-delà du canal, les collines de Saint-Thys, les Prudhommes, les Trois-Ponts, et le parc public des Bruyères s'offrent à la promenade.

Le lycée Marcel-Pagnol, construit dans les années 1960, est l'un des plus gros lycées de Marseille. Avec le lycée Jean-Perrin de Saint-Tronc ils drainent la totalité des élèves du quart sud-est de la ville[16].

Célébrités[modifier | modifier le code]

  • Abbé Jean-Jacques Cayol, 1812-1869, ecclésiaste, historien, professeur.
  • Marcel Pagnol, 1895-1974, écrivain, dramaturge et cinéaste - son père fut professeur à l'école Gabriel Fauré et il y apprit à lire... seul[17].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Abbé Jean-Jacques Cayol, Histoire du quartier de Saint-Loup : banlieue de Marseille, Illus. J.-M. Cabasson, Ed. A. Dravet, 1866, imprimerie J. Carbonnel.
  • Benjamin Guérard, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, Paris, C. Lahure, 1857.
  • Adrien Blés, Dictionnaire historique des rues de Marseille, Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1989, (ISBN 2-86276-195-8).
  • Archibald R. Lewis, The Development of Southern French and Catalan Society, 718–1050. University of Texas Press: Austin, 1965.
  • Alfred Saurel, historien des quartiers de Marseille, La banlieue de Marseille, 1878, réimpression Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1995, (ISBN 2-86276-268-7).

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Notes[modifier | modifier le code]

  1. « Plan du quartier Saint-Loup sur OpenStreetMap ».
  2. c'est-à-dire le long de la rive sud, à l'exception d'un lotissement situé sur la rive droite car dans une boucle de l'Huveaune.
  3. Marseille Provence Métropole, « Etude de pré-faisabilité Extension du réseau de métro ligne 2 entre Sainte-Marguerite Dromel et le site de Rivoire et Carret » [PDF], sur marsactu.fr, (consulté le ).
  4. (...) Sigofredo et uxori sue, Erleube, (...) concedunt, (...) ad ipsam casam Dei Sancti Victoris atque monasterio ipsius, terras sui juris, id est, in suburbio Massiliense, villam que dicitur Carvilianus, id est casis astantibus ac dirutis, terris cultis et incultis, vineis, pratis, pascuis, silvis, montibus, garricis, ortis, pascuis, arboribus pomiferis et impomiferis, aquis aquarumve decursibus, accessisque omnibus, cum omni integritate absque ulla diminutione, vel quicquid ipsi ibidem visi sunt habere vel possidere. Extrait de l'Acte no 3964, Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, Cédric GIRAUD, Jean-Baptiste RENAULT et Benoît-Michel TOCK, éds., Nancy : Centre de Médiévistique Jean Schneider ; éds électronique : Orléans : Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2010, TELMA, mise à jour 2012 - transcription numérisée consultable sur cn-telma.fr.
  5. Auparavant, en 786, Sigofridus et Eurileuba avaient fait abandon (donation) à l'abbaye de Saint-Victor, de tous leurs droits sur le castrum de Nans au comté d'Aix, dont Sigofridus avait hérité par Charte en date du 12 mars 786, provence-historique.mmsh.univ-aix.fr.
  6. ... Sigofredus et uxor sua, Erleuba, ad ipsam casam Dei sancti Victoris atque monasterio ipsius, terras sui juris, id est, in suburbio Massiliense, villam que dicitur Carvilianus, id est casis astantibus ac dirutis, terris cultis et incultis, vineis, pratis, pascuis, silvis, montibus, garricis, ortis, pascuis, arboribus pomiferis et impomiferis, aquis aquarumve decursibus, accessisque omnibus, cum omni integritate absque ulla diminutione, vel quicquid ibi visi sunt habere vel possidere. (cart. de Saint-Victor, no 28, in p. 39 de la Collection des cartulaires de France, Tome 1, 1857, publié par Benjamin Guérard (1797-1854), Léopold Delisle (1826-1910), Natalis de Wailly (1805-1886), éditeurs scientifiques, consultable sous gallica.bnf.fr.
  7. Paul Masson, "Les Bouches-du-Rhône: encyclopédie départementale", Archives départementales des Bouches-du-Rhône, vol. 14, 1935, 640 pages, p. 394 s.
  8. Abbé Jean-Jacques Cayol, Histoire du quartier de Saint-Loup: banlieue de Marseille, Illus. J.-M. Cabasson, Ed. A. Dravet, 1866, Imprimerie J. Carbonnel in Chapitre II.
  9. Abbé Jean-Jacques Cayol, 1812-1869 à Marseille, Professeur de Philosophie au Collège Catholique du Sacré-Cœur et au petit séminaire du Sacré-Cœur à Marseille, Historiographe de référence du quartier de Saint Loup.
  10. Les cartulaires de l'abbaye de Saint-Victor ou archives sont composées de 817 actes, dont environ 370 sont originaux, ce qui en fait le deuxième fonds d’originaux conservés en France, après Marmoutier, avant Cluny.
  11. La description de Carvillan, du Cartulaire de Saint-Victor, charte 28, du 24 juin 840, corrobore celle de la charte 27, de 1020.
  12. Alfred Saurel, "La banlieue de Marseille", 1878, réimpression Ed. Jeanne Laffitte, Marseille, 1995, (ISBN 2-86276-268-7).
  13. La Charte du 23 avril 1040, imprimée dans le Cartulaire de Saint-Victor sous le no 52, renferme cette phrase. "Ego, Wicherius do....aquilid de proprietate mea, id Sarturano, in Arcolas, in Centrones, in plomberas" (Moi, Wicherius je donne une partie de mes biens qui se trouvent.. dans un quartier habité par les Centrones).
  14. cf. Archives départementales des Bouches-du-Rhône. En vertu de la loi du 3 janvier 1979, les actes notariés sont versés aux Archives Départementales lorsqu’ils comptent plus de cent ans d’âge. Les archives notariales sont avec les registres paroissiaux et d'état civil, la source archivistique la plus consultée et la plus exploitée par le public. Le plus ancien registre notarié français, conservé aux Archives communales de Marseille, fut établi en 1248.
  15. Selon Robert Bouvier, in L'origine des quartiers de Marseille, éd. Jean-Michel Garçon, 1988, (ISBN 2-9502847-0-1).
  16. La construction annoncée d'un lycée dans le 12e arrondissement de Marseille délestera bientôt ces établissements d'une partie de leurs effectifs.
  17. In "La Gloire de mon père", édition Presse Pocket, 1980, (ISBN 2-266-00031-4), pages 42 à 44.