Samia Suluhu — Wikipédia

Samia Suluhu
Illustration.
Samia Suluhu en 2021.
Fonctions
Présidente de la république unie de Tanzanie
En fonction depuis le
(3 ans, 1 mois et 4 jours)
Vice-président Philip Mpango
Premier ministre Kassim Majaliwa
Prédécesseur John Magufuli
Vice-présidente de la république unie de Tanzanie

(5 ans, 4 mois et 14 jours)
Élection 25 octobre 2015
Réélection 28 octobre 2020
Président John Magufuli
Prédécesseur Mohamed Gharib Bilal
Successeur Philip Mpango
Ministre d'État pour les Affaires de l'Union

(4 ans, 11 mois et 8 jours)
Président Jakaya Kikwete
Premier ministre Frederick Sumaye
Edward Lowassa
Mizengo Pinda
Prédécesseur Muhammed Seif Khatib
Successeur January Makamba
Députée tanzanienne

(4 ans, 8 mois et 13 jours)
Élection
Circonscription Makunduchi
Successeur Ameir Timbe
Biographie
Nom de naissance Samia Suluhu Hassan
Date de naissance (64 ans)
Lieu de naissance Zanzibar
Nationalité Tanzanienne
Parti politique Chama cha Mapinduzi
Conjoint Hafidh Ameir (en)
Diplômée de Université Mzumbe
Université de Manchester
Université libre de Tanzanie
Religion Islam
Résidence Palais d'État

Samia Suluhu
Présidente de la république unie de Tanzanie

Samia Suluhu, née le au Zanzibar (alors protectorat britannique, aujourd'hui en Tanzanie), est une femme d'État tanzanienne. Elle est présidente de la république unie de Tanzanie depuis le .

Membre du parti Chama cha Mapinduzi (CCM), elle est d’abord ministre dans la région semi-autonome de Zanzibar.

De 2010 à 2015, elle est députée pour la circonscription électorale de Makunduchi ainsi que ministre d'État pour les Affaires de l'Union. En 2014, elle est élue vice-présidente de l'Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle constitution du pays.

À la suite des élections générales de 2015, elle devient la première femme élue vice-présidente de la République, au côté du président John Magufuli. Réélue en 2020, elle devient présidente de la République après la mort de Magufuli en 2021, et est la première femme à occuper cette fonction.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et éducation[modifier | modifier le code]

Samia Suluhu Hassan naît dans le protectorat de Zanzibar. Après avoir terminé ses études secondaires en 1977, elle rejoint le ministère de la Planification et du Développement. Elle poursuit en parallèle un certain nombre de formations. En 1986, elle obtient un diplôme de l'Institut de la gestion du développement (aujourd'hui université Mzumbe) avec un diplôme en administration publique[1].

Diplômée, elle travaille sur un projet financé par le Programme alimentaire mondial. Entre 1992 et 1994, elle reprend des études à l'université de Manchester et obtient un diplôme de troisième cycle en économie[1],[2].

Débuts politiques[modifier | modifier le code]

Samia Suluhu se lance en politique en 2000. Elle est élue membre de la Chambre des représentants de Zanzibar et est nommée ministre par le président Amani Abeid Karume. Elle est la seule ministre femme de premier rang dans le cabinet, et constate des attitudes quelquefois sexistes de ses collègues masculins[2]. En 2005, elle est réélue et est de nouveau nommée ministre, avec un autre portefeuille[Lequel ?][2].

Samia Suluhu en 2011.

En 2010, elle est de nouveau candidate à l'Assemblée nationale, dans la circonscription électorale de Makunduchi et gagne par plus de 80 % des suffrages exprimés[2]. Le président Jakaya Kikwete la nomme alors ministre d'État pour les Affaires de l'Union[3]. En 2014, elle est élue vice-présidente de l'Assemblée constituante chargée de rédiger la nouvelle constitution du pays[4]. Elle reprend à nouveau des études, en formation continue, et obtient en 2015 une maîtrise en développement économique communautaire via un programme proposé conjointement par l'université libre de Tanzanie et de l'université du sud du New Hampshire[1].

Vice-présidente de la république unie de Tanzanie[modifier | modifier le code]

En , le candidat du CCM à la présidentielle, John Magufuli, la choisit comme colistière pour l'élection présidentielle, incluse dans les élections générales tanzaniennes de 2015 ; elle est la première femme choisie comme colistière par un candidat à une élection présidentielle tanzanienne[5],[6]. Elle devient aussi la première femme vice-présidente de la République de l'histoire du pays, à la suite de la victoire de John Magufuli[1],[7]. L'Afrique de l'Est n'avait pas connu une femme assumant une fonction de vice-présidente depuis plus d'une décennie. C'était Specioza Wandira-Kazibwe, vice-présidente de l'Ouganda de 1994 à 2003[1].

Le ticket Magufuli-Suluhu l’emporte à nouveau lors de l’élection présidentielle de 2020.

Présidente de la république unie de Tanzanie[modifier | modifier le code]

Le 17 mars 2021, Samia Suluhu annonce à la télévision la mort du président Magufuli[8]. Elle prend sa succession en prêtant serment deux jours plus tard, le 19 mars[9], chargée de réaliser le reste du deuxième mandat du président défunt. Elle est la première femme et la deuxième personne originaire de Zanzibar à occuper la fonction, après Ali Hassan Mwinyi.

À son arrivée au pouvoir, elle doit toutefois composer avec plusieurs difficultés. Jusque là inconnue du grand public, ne disposant pas de grands réseaux, elle est par ailleurs de confession musulmane alors que, note Le Figaro, « au sein de son parti, le Chama cha Mapinduzi (CCM), les militants d'un christianisme agressif, ne manquent pas »[10].

Lors de son assermentation, Samia Suluhu lance un appel à l'unité, faisant face à un pays divisé notamment par les politiques de son prédécesseur John Magufuli, qualifiées d'autoritaires et caractérisées par une centralisation du pouvoir à la manière d'un parti unique[11],[12]. Pourtant, le chef du parti d'opposition Chadema, Freeman Mbowe, est arrêté quelques mois après pour terrorisme[13], accusations qui seront plus tard abandonnées[14]. Peu après sa libération, en , Mbowe est invité par la présidente Suluhu pour discuter de « questions d'intérêt national » et celui-ci déclare après la rencontre que la présidente lui aurait assuré « que tous les Tanzaniens seraient traités de la même manière, peu importe le parti politique auquel ils appartiennent »[15]. Lors d'un voyage en Belgique en , Samia Suluhu rencontre également Tundu Lissu, candidat pour le Chadema à l'élection présidentielle de 2020, pour discuter de questions politiques tanzaniennes et du retour de ce dernier au pays[16],[17]. Virulent critique du président Magufuli, celui-ci vit en exil depuis , ayant été victime d'une agression armée dont il est ressorti grièvement blessé par balles[18], il revient toutefois au pays pour les élections de 2020[16].

Contrairement à son prédécesseur, Samia Suluhu et son gouvernement mettent en place des efforts afin de freiner la propagation du virus de Covid-19 au sein de la population tanzanienne. Des quarantaines obligatoires de 14 jours sont imposées aux voyageurs provenant de pays où de nouvelles mutations du SARS-CoV-2 sont apparues et il est requis des visiteurs de porter le masque facial, de se désinfecter et de pratiquer la distanciation sociale[19].

En , Samia Suluhu suscite une polémique après avoir affirmé publiquement que les joueuses du club de football féminin tanzanien ne sont pas suffisamment attrayantes pour pouvoir se marier. Elle fait notamment état de leur poitrines « trop plates », pouvant ainsi laisser « penser que ce sont des hommes et non des femmes »[20].

En , Samia Suluhu lève les restrictions qui s'appliquaient alors à quatre journaux du pays plutôt favorables à l'opposition, qui avaient été empêchés d'agir par la suspension de leurs licences en 2017 lors de la présidence de John Magufuli. Même si la présidente avait fait la promesse d'améliorer l'état de la liberté de presse, à deux reprises son gouvernement a suspendu durant quelques jours les licences de médias ayant contrevenu à la Loi sur les services médiatiques, une loi accordant au gouvernement le droit de suspendre ou de fermer des médias en cas de diffamation, de sédition ou de diffusion de fausses déclarations. Le ministre de l'Information, des Communications et de la Technologie de Samia Suluhu affirme qu'il est dans les plans du gouvernement de réformer cette loi afin de rétablir « un climat favorable pour les médias indépendants »[21].

Vie privée[modifier | modifier le code]

En 1978, elle épouse Hafidh Ameir. Ils ont quatre enfants[2] : leur deuxième fille, Mwanu Hafidh Ameir, née en 1982, est membre de la Chambre des représentants de Zanzibar[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Meet Samia Suluhu Hassan, Tanzania’s first ever female vice president », Mshale,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d et e (en) Alvar Mwakyusa, « Samia Suluhu Hassan : A tough journey from activism to politics », Tanzania Daily News,‎ (lire en ligne)
  3. (en) « Tanzania: History Made as Samia Picked Running Mate », Tanzania Daily News,‎ (lire en ligne)
  4. (en) Alvar Mwakyusa, « Tanzania: Union 'Stalwart' Samia Is CA Vice-Chairperson », Tanzania Daily News,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Omar Mohammed, « Tanzania’s ruling party nominates John Magufuli as presidential candidate », Quartz,‎ (lire en ligne)
  6. Emile Costard, « Tanzanie : le parti au pouvoir désigne son candidat pour les élections d’octobre », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. (en) K. Daniel Kalinaki, « CCM's John Magufuli declared Tanzania fifth president », The East African,‎ (lire en ligne)
  8. « Le président tanzanien John Magufuli est décédé », sur lefigaro.fr, .
  9. « Samia Suluhu Hassan succède à Magufuli et devient la première femme à diriger la Tanzanie », sur Le Point,
  10. Tanguy Berthelmet, « Tanzanie : la mort du président propulse une femme au pouvoir », Le Figaro, 20-21 mars 2021, p. 9.
  11. Dan Paget, « Tanzania: The Authoritarian Landslide », Journal of Democracy, vol. 32, no 2,‎ , p. 61–76 (ISSN 1086-3214, DOI 10.1353/jod.2021.0019, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Reuters, « Tanzania’s first female leader urges unity after death of COVID sceptic Magufuli », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Charles Kombe, « Tanzania's Main Opposition Leader Freeman Mbowe Arrested », sur voanews.com, (consulté le )
  14. (en) Charles Kombe, « Tanzania Drops Terrorism Case Against Main Opposition Leader Freeman Mbowe », sur voanews.com, (consulté le )
  15. (rw) BBC News Gahuza, « Tanzania: Ukuriye abatavuga rumwe n'ubutegetsi arashima perezida », BBC News Gahuza,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b (en) Bethsheba Wambura, « Samia holds face-to-face talks with opposition leader Tundu Lissu in Brussels », sur The Citizen, (consulté le )
  17. (en) Charles Kombe, « Applause in Tanzania After President Meets Exiled Opposition Leader in Belgium », sur voanews.com, (consulté le )
  18. (en) Al Jazeera, « Tanzanian MP ‘seriously wounded’ after gun attack », sur aljazeera.com, (consulté le )
  19. (en) Reuters, « Tanzania, once sceptical of COVID-19, announces measures to curb new variants », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « Tanzanie : la présidente évoque «la poitrine plate» des footballeuses, tollé sur les réseaux sociaux », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  21. (en-US) Kelsey Carolan, International Press Institute, « Tanzania’s lifting of ban on four newspapers is step in right direction for press freedom », sur ipi.media, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]