Scott Morrison — Wikipédia

Scott Morrison
Illustration.
Portrait officiel de Scott Morrison en 2021.
Fonctions
Membre de la Chambre des représentants
En fonction depuis le
(16 ans, 4 mois et 4 jours)
Élection 24 novembre 2007
Réélection 21 août 2010
7 septembre 2013
2 juillet 2016
18 mai 2019
21 mai 2022
Circonscription Cook
Législature 42e, 43e, 44e, 45e, 46e et 47e
Prédécesseur Bruce Baird
Chef du Parti libéral d'Australie

(3 ans, 9 mois et 6 jours)
Prédécesseur Malcolm Turnbull
Successeur Peter Dutton
30e Premier ministre d'Australie

(3 ans, 8 mois et 29 jours)
Monarque Élisabeth II
Gouverneur Peter Cosgrove
David Hurley
Gouvernement Morrison I et II
Coalition Libs-Nats
Prédécesseur Malcolm Turnbull
Successeur Anthony Albanese
Ministre des Affaires intérieures
(intérim)

(5 jours)
Premier ministre Malcolm Turnbull
Lui-même
Gouvernement Turnbull II
Morrison
Prédécesseur Peter Dutton
Successeur Peter Dutton
Ministre des Finances

(2 ans, 11 mois et 3 jours)
Premier ministre Malcolm Turnbull
Gouvernement Turnbull I et II
Prédécesseur Joe Hockey
Successeur Josh Frydenberg
Ministre des Services sociaux

(8 mois et 29 jours)
Premier ministre Tony Abbott
Malcolm Turnbull
Gouvernement Abbott
Turnbull I
Prédécesseur Kevin Andrews
Successeur Christian Porter
Ministre de l'Immigration et de la Protection des frontières

(1 an, 3 mois et 5 jours)
Premier ministre Tony Abbott
Gouvernement Abbott
Prédécesseur Tony Burke
Successeur Peter Dutton
Biographie
Nom de naissance Scott John Morrison
Date de naissance (55 ans)
Lieu de naissance Sydney (Nouvelle-Galles du Sud, Australie)
Nationalité Australienne
Parti politique Parti libéral d'Australie
Diplômé de Université de Nouvelle-Galles du Sud
Religion Pentecôtisme

Signature de Scott Morrison

Scott Morrison
Premiers ministres d'Australie

Scott Morrison, né le à Sydney (Nouvelle-Galles du Sud), est un homme d'État australien. Membre du Parti libéral d'Australie, il est ministre des Finances de 2015 à 2018 et Premier ministre de 2018 à 2022.

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

À l'issue d'un baccalauréat universitaire en sciences à l'université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW), il est directeur national d'un lobby et think tank défendant les intérêts des entreprises liées au domaine foncier de à , puis directeur général adjoint d'un think tank et lobby pour les entreprises du domaine du tourisme jusqu'en [1].

Il devient ensuite directeur général du Conseil du tourisme — agence publique chargée de la promotion touristique de l'Australie — jusqu'en . Il quitte alors son pays pour la Nouvelle-Zélande, où il est nommé directeur du Bureau pour le Tourisme et les Sports[1].

Ascension politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Il revient en Australie en . Membre du Parti libéral d'Australie (Libs), il en est le directeur pour l'État de Nouvelle-Galles du Sud jusqu'en . Il retrouve alors la direction de Tourism Australia, le nouveau nom du Conseil du tourisme et la conserve jusqu'en [1].

Il postule ensuite aux élections fédérales du dans la circonscription de Cook, un bastion libéral dans la banlieue de Sydney. Totalisant plus de 45 000 voix, il s'impose avec 52,4 % des suffrages exprimés, et 56,6 % des votes de préférence[2], tandis que le Parti travailliste australien (ALP) remporte le scrutin à l'échelle fédérale. Il enregistre alors un recul de l'ordre de six points par rapport à son prédécesseur au scrutin précédent, Bruce Baird.

Ministre du cabinet fantôme[modifier | modifier le code]

Il intègre en le cabinet fantôme de Malcolm Turnbull, comme ministre du Logement et du Développement. Le , il est désigné ministre fantôme de l'Immigration et de la Citoyenneté par Tony Abbott, qui prend la succession de Turnbull[1].

Il est facilement réélu en avec 57,9 % des premières voix et 62,7 % des préférences[3], puis en avec 60,4 % des premiers votes et 66,4 % des préférences[4].

Ministre du gouvernement fédéral[modifier | modifier le code]

Scott Morrison en 2014.

Le , Scott Morrison fait son entrée au gouvernement australien, désormais dirigé par Abbott. À 45 ans, il devient ministre de l’Immigration et de la Protection des frontières et siège au sein du cabinet. À ce poste, il met en place l’Operation Sovereign Borders (en français : opération Frontières souveraines) voulue par le chef du gouvernement et qui renforce les dispositions contre les migrants et demandeurs d'asile arrivant sans visa par bateau[5].

Il change de responsabilité lors du remaniement du , occupant désormais les fonctions de ministre des Services sociaux. Peter Dutton lui succède comme ministre de l'Immigration.

Après que le ministre des Communications Malcolm Turnbull a renversé Abbott lors d'un vote interne du Parti libéral, il forme le son exécutif dans lequel Morrison est promu ministre des Finances (Treasurer of Australia). Après avoir été de nouveau réélu en avec 58,4 % des voix et 65,4 % des préférences[6], il est confirmé dans ses responsabilités. Chrétien évangélique, membre de l'aile droite du Parti libéral, Scott Morrison s'oppose sans succès à la légalisation du mariage homosexuel voulue par Malcolm Turnbull en 2016[7].

Premier ministre[modifier | modifier le code]

Successeur de Malcolm Turnbull[modifier | modifier le code]

Turnbull fait à son tour face à une rébellion interne en , en raison des mauvais sondages et de sa volonté de respecter l'accord de Paris sur le climat en inscrivant dans la législation australienne l'obligation d'une réduction de 26 % des émissions polluantes d'ici . Bien qu'il l'emporte au premier vote, il est renversé trois jours plus tard, le et remet sa démission. Morrison est ensuite élu chef du Parti libéral par les parlementaires, avec 45 voix contre 40 pour Peter Dutton[5].

Scott Morrison et Donald Trump ().

Il est assermenté le jour même devant le gouverneur Peter Cosgrove à Canberra. Il promet alors de mener une politique de baisse de la fiscalité, affirmant que l'emploi est la meilleure forme possible d'État-providence. Indiquant ne pas avoir l'intention de convoquer des élections fédérales anticipées, il désigne le nouveau chef adjoint du parti Josh Frydenberg ministre des Finances et promet l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle génération qui mettra fin aux divisions internes aux libéraux[8].

Gouvernement minoritaire[modifier | modifier le code]

Le , à la suite de la démission de Malcolm Turnbull de son mandat de député et de la tenue d'une élection partielle dans sa circonscription de Wentworth, le gouvernement Morrison perd sa majorité absolue à la Chambre des représentants. Une partie des électeurs libéraux de la circonscription, déçus par l'éviction de Turnbull et hostiles à la politique environnementale de Morrison (faible implication sur la question du changement climatique, soutien à la poursuite de l'exploitation du charbon), ont refusé de voter pour le candidat libéral, ce qui a permis la victoire de la candidate sans étiquette Kerryn Phelps. Le gouvernement devient ainsi un gouvernement minoritaire, dépendant du soutien d'élus indépendants[9],[10].

Son gouvernement est très critiqué pour son désintérêt des questions environnementales et climatiques, préférant privilégier les intérêts de l’industrie du charbon et du secteur minier[11],[12].

Victoire surprise aux élections générales[modifier | modifier le code]

Chef de file de la Coalition aux élections fédérales anticipées de 2019, il subit pendant la campagne des critiques internes et plusieurs de ses ministres refusent de s'impliquer[13].

Contre toute attente, le centre-droit remporte le scrutin alors que la victoire semblait promise par les sondages à l'opposition travailliste[14]. Cette victoire surprise renforce la place et le pouvoir de Morrison au sein de l'exécutif et de la majorité[15].

Second mandat[modifier | modifier le code]

En , des feux de brousse d'un nombre et d'une intensité sans précédent ravagent une partie des États de Nouvelle-Galles du Sud et du Queensland, détruisant quelque 150 foyers et faisant trois morts. Scott Morrison, partisan d'un accroissement de la production et de l'exportation du charbon, est critiqué par l’opposition lorsqu'il refuse d'évoquer le lien — reconnu par certains climatologues australiens — entre le changement climatique et cette catastrophe. Son vice-Premier ministre Michael McCormack répond pour sa part que le changement climatique n'est une préoccupation que des « tarés de gauche dans les centres urbains »[16].

À partir de 2020 Scott Morrison s'attribue en secret cinq portefeuilles ministériels (Santé, finances, ressources, intérieur et Trésor public). La plupart des ministres eux-mêmes n'ont pas été informés que leurs postes ont été doublonné. Révélée après le changement de gouvernement en 2022, cette situation cause une controverse sur les failles de la Constitution australienne qui ont permis à un homme de concentrer le maximum de pouvoirs sans avoir aucun compte à rendre[17].

En 2021, Scott Morrison doit faire face à la pression de pays alliés, le Royaume-Uni de Boris Johnson et les États-Unis de Joe Biden, pour agir contre le réchauffement climatique. Il laisse alors entendre qu'il songerait à viser une réduction à zéro des émissions nettes de carbone de l'Australie pour 2050. Au sein de son gouvernement de coalition, le Parti national réagit négativement : le 21 juin, le parti limoge son propre chef, le vice-Premier ministre Michael McCormack, l'accusant de ne pas s'être opposé assez fermement à cette perspective, et son nouveau dirigeant, Barnaby Joyce, est chargé par le parti de freiner les avancées contre le réchauffement climatique[18]. De nombreux responsables de la coalition conservatrice entretiennent des liens étroits avec l’industrie minière et nient l’existence du changement climatique ou cherchent à en minimiser les conséquences. Le Premier ministre annonce par la suite ne pas fixer d’objectifs en matière de neutralité carbone[19].

Le , Scott Morrison annonce avec le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président américain Joe Biden le lancement du partenariat AUKUS, une alliance stratégique et militaire tripartite visant notamment à contrer les activités de la Chine dans le bassin Indo-Pacifique. Cet accord permettra à l'Australie de devenir, grâce à des technologies américaines, le septième pays au monde à disposer à terme de sous-marins à propulsion nucléaire navale[20]. Dans le même temps, l'Australie annule au dernier moment un grand contrat d'achat de sous-marins français à propulsion diesel-électrique, ce qui déclenche une crise diplomatique avec la France. Scott Morrison est personnellement mis en cause par la partie française. Emmanuel Macron l'accuse le de lui avoir « menti »[21]. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, estime lors de son départ que « les actes posés au moment où ils ont été posés étaient d'une brutalité et d'un cynisme, et je serais même tenté de dire d'une incompétence notoire »[22].

Il annonce début 2022 augmenter les effectifs de l'armée australienne de quelque 30 % d’ici à 2040 pour un coût de près de 40 milliards de dollars australiens. Selon lui, il s’agit de « la plus forte augmentation » des effectifs des forces de défense « en temps de paix dans l’histoire de l’Australie »[23].

Après le pouvoir[modifier | modifier le code]

En , Scott Morrison perd face à Anthony Albanese aux élections législatives de 2022, mettant fin à neuf années de gouvernement conservateur en Australie[24]. Sa défaite serait principalement due à son inaction concernant le réchauffement climatique, dont les effets se sont fait lourdement ressentir en Australie ces dernières années, ainsi qu'à son attitude querelleuse en matière de gouvernance et aux accusations de malhonnêteté le visant[25],[26]. D'autre part, alors que les enjeux environnementaux ont été l'un des thèmes les plus clivants pendant la campagne électorale, le gouvernement a tenté de repousser la sortie après les élections d'un rapport sur l'état de la biodiversité dans l'océan face au réchauffement climatique[27].

Il annonce le son intention de démissionner de son mandat de parlementaire et se retirer de la vie politique le mois suivant, afin de se concentrer sur sa carrière dans le secteur privé[28].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il est chrétien évangélique pentecôtiste, et père de deux filles, Lily et Abbey Morrison[29]. Il est membre d’Horizon Church, affiliée aux Assemblées de Dieu[30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d (en) Parlement de l'Australie, « Hon Scott Morrison MP », sur aph.gov.au (consulté le ).
  2. (en) Commission électorale australienne, « 2007 federal election – House of Representatives results for Cook », sur results.aec.gov.au (consulté le ).
  3. (en) Commission électorale australienne, « 2010 federal election – House of Representatives results for Cook », sur results.aec.gov.au (consulté le ).
  4. (en) Commission électorale australienne, « 2013 federal election – House of Representatives results for Cook », sur results.aec.gov.au (consulté le ).
  5. a et b « Australie : un septième premier ministre en onze ans », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. (en) Commission électorale australienne, « 2016 federal election – House of Representatives results for Cook », sur results.aec.gov.au (consulté le ).
  7. (en) « Scott Morrison is new Australian PM as Malcolm Turnbull ousted », BBC,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. (en) « Scott Morrison sworn in as Australia's 30th prime minister », Special Broadcasting Service,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) "Australia government suffers Wentworth by-election defeat", BBC News, 20 octobre 2018
  10. (en) "Australian Government Loses Majority With Election Defeat", Bloomberg, 20 octobre 2018
  11. « Des indigènes australiens attaquent le pays pour son «inaction climatique» », sur www.20minutes.fr
  12. Valentin Chevallier, « L’Australie part en fumée dans l’indifférence de ses gouvernants », sur Le Vent Se Lève,
  13. Australie: victoire «miraculeuse» du premier ministre conservateur aux élections, lefigaro.fr, 18 mai 2019
  14. (en) Michael Koziol, « Scott Morrison hailed as a hero for leading Coalition to unexpected victory », The Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Scott Morrison: How Australia's PM built a 'miracle' election win, bbc.com, 19 mai 2019
  16. (en) "Is climate change to blame for Australia's bushfires?", BBC News, 11 novembre 2019
  17. Léo Roussel, « Avec les folies de son ancien premier ministre, l’Australie découvre les failles de sa démocratie », sur Mediapart,
  18. (en) « Barnaby Joyce to return as Australia deputy PM after party revolt », BBC News, 21 juin 2021
  19. « L’Australie ne compte pas revoir à la hausse ses objectifs en matière de lutte contre le changement climatique », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  20. (en) "Aukus: UK, US and Australia launch pact to counter China", BBC News, 16 septembre 2021
  21. « Crise des sous-marins : "Je sais" que le Premier ministre australien "m'a menti", assure Macron », sur RTL,
  22. Le Point magazine, « Australie : le Premier ministre Scott Morrison chassé du pouvoir », sur Le Point,
  23. « L’Australie va significativement augmenter les effectifs de son armée », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  24. (en-US) « VIDEO: Labor Leader Anthony Albanese greeted by locals before casting his vote at Marrickville Town Hall », sur ABC news australia (consulté le )
  25. « Élections. En Australie, la défaite de Scott Morrison met fin à des années de conservatisme », sur Courrier international,
  26. « En Australie, le premier ministre Scott Morrison reconnaît sa défaite aux élections législatives », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  27. « Réchauffement climatique. Le charbon, déjà grand vainqueur des élections fédérales en Australie », sur Courrier international,
  28. (en) « Australian ex-PM Morrison announces departure from politics », sur France 24, (consulté le )
  29. « Abbey Morrison », Celeb Pie,‎ (lire en ligne)
  30. Youna Rivallain, Australie : le premier ministre témoigne de sa foi pentecôtiste, la-croix.com, France, 28 avril 2021

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]