Sekhemkhet — Wikipédia

Sekhemkhet
Image illustrative de l’article Sekhemkhet
Période Ancien Empire
Dynastie IIIe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Djéser ou Sanakht
Dates de fonction -2611 à -2605 (selon J. P. Allen)
-2648 à -2640 (selon I. Shaw)
-2609 à -2603 (selon J. Málek)
-2700 à -2695 (selon R. Krauss)
-2645 à -2638 (selon J. von Beckerath)
Successeur Khaba ou Sanakht
Famille
Conjoint Djéseret-Ânkh-Nebty
Sépulture
Nom Complexe funéraire de Sekhemkhet ?
Type Pyramide à degrés
Emplacement Saqqarah
Date de découverte 1951
Découvreur Muhammad Zakaria Goneim

Sekhemkhet serait le second ou troisième souverain de la IIIe dynastie (Ancien Empire). Il succède à Djéser ou à Sanakht et il précède Khaba ou Sanakht. Les dates de son règne sont aux alentours de -2611 à -2605[1].

Identité[modifier | modifier le code]

Attestations[modifier | modifier le code]

Le nom d'Horus Sekhemkhet a été trouvé en plusieurs lieux d'Égypte. Deux reliefs rupestres, situés dans le Ouadi Maghara dans le Sinaï, portent son nom. Des sceaux trouvés à Éléphantine portent son nom d'Horus et son nom de Nebty, Hetep-Ren. Enfin, le nom d'Horus Sekhemkhet a également été trouvé dans la pyramide dite de Sekhemkhet[2].

Éléments de sa titulature[modifier | modifier le code]

Sceau d'argile provenant d'Éléphantine montrant les noms d'Horus et de Nebty de Sekhemkhet.

Seuls deux noms de ce roi sont connus avec certitude : son nom d'Horus, Sekhemkhet, et son nom de Nebty, Hetep-Ren, qui signifie les deux maîtresses sont satisfaites de son nom. Ce dernier nom a été retrouvé associé avec celui de Sekhemkhet sur un sceau d'argile provenant d'Éléphantine, assurant ainsi l'identification de ces deux noms au même roi[3],[4].

Le nom de Nebty Djeseret-Ânkh a longtemps été associé au nom d'Horus Sekhemkhet, du fait que ces deux noms ont été découverts dans la pyramide dite de Sekhemkhet, quoique dans des contextes différents. Du fait de la découverte du sceau d'Éléphantine, qui associe le nom de Hetep-Ren à l'Horus Sekhemkhet, le nom de Djeseret-Ânkh ne peut être celui de ce roi. L'égyptologue Jean-Pierre Pätznick propose d'associer plutôt le nom de Djeseret-Ânkh au roi Sanakht, pour diverses raisons, et attribue également à Sanakht la pyramide traditionnellement associée à Sekhemkhet[4].

Il est probable que Sekhemkhet ait porté un nom de Nesout-bity, mais il n'a pas encore été retrouvé, ou alors il n'a pas encore été identifié à celui de Sekhemkhet. En effet, deux noms de Nesout-bity de cette période ne sont associés avec aucun nom d'Horus avec certitude : le nom de Nebka, souvent associé au nom d'Horus Sanakht[5],[6], et le nom de Houni qui a été proposé comme celui de l'Horus Khaba[7], même s'il peut s'agir de celui de Sekhemkhet.

Identification dans les listes postérieures[modifier | modifier le code]

Djésertéti
Dsrt
t
i
Ḏsr-ttj

Les noms de Djéserti et Djésertéti (Téti pouvant être un diminutif), présents dans les listes ramessides comme successeur de Djéser, furent longtemps attribués à Sekhemkhet, du fait qu'ils rappellent le nom de Djeseret-Ânkh qui fut longtemps attribué à ce roi[8] comme nom de Nebty. Mais du fait de la découverte du nom de Hetep Ren, il se peut que ces noms se rapportent à un autre souverain.

Position dans la dynastie[modifier | modifier le code]

Du fait de la découverte du nom d'Horus Sekhemkhet dans la pyramide dite de Sekhemkhet, dont l'architecture rappelle celle de Djéser, additionné au fait que Sekhemkhet est souvent associé aux noms de Djéserti, Djésertéti et Téti dans les listes ramessides où il est systématiquement placé juste après le nom de Djéser, Sekhemkhet a souvent été vu comme le successeur immédiat de Djéser[9].

Jean-Pierre Pätznick a une toute autre vision des choses. En effet, les noms d'Horus de Djéser et de Sanakht ont été trouvés dans un même contexte, comme dans la tombe K2 de Beit Khallaf ou dans le Ouadi Maghara, tandis que le nom de Sekhemkhet était soit absent, soit trouvé dans un contexte un peu différent (Ouadi Maghara)[4]. De plus, la présence de très nombreux sceaux de Sanakht dans le complexe funéraire de Djéser, et l'absence de ceux de Sekhemkhet, indiquent que c'est très probablement Sanakht qui a organisé les funérailles de Djéser et qui lui a donc succédé[4]. Enfin, le contexte de la découverte du nom d'Horus Sekhemkhet dans la pyramide qui lui est traditionnellement attribuée, auquel on doit ajouter le fait que le nom d'Horus Sekhemkhet et le nom de Nebty Djeseret-Ânkh, également découvert dans la pyramide dans un contexte l'associant vraisemblablement au mobilier funéraire, ne se rapportent pas au même roi, incitent Jean-Pierre Pätznick à penser que la pyramide dite de Sekhemkhet n'est pas la sienne, mais plutôt celle de Sanakht. Ainsi, la proximité architecturale entre cette pyramide et celle de Djéser comme argument d'une succession directe entre les commanditaires de ces deux tombeaux jouerait cette fois en faveur de Sanakht et non plus de Sekhemkhet[4].

Si l'hypothèse de Jean-Pierre Pätznick d'une succession directe entre Djéser et Sanakht est exacte, alors Sekhemkhet est l'un de leurs successeurs. Jean-Pierre Pätznick le place même comme successeur immédiat de Sanakht, du fait que la découverte du nom d'Horus dans la pyramide qu'il attribue à Sanakht montrerait que c'est Sekhemkhet qui a organisé les funérailles de Sanakht[4].

Famille[modifier | modifier le code]

Les relations familiales entre les différents rois de la IIIe dynastie sont inconnues.

Par contre, il est possible qu'un fils de ce roi soit connu. En effet, au Ouadi Maghara, le chef d'une expédition est représenté deux fois dans des inscriptions qui montrent Sékhemkhet. Ce chef d'expédition porte les titres de « prince » (hȝty-ˁ) et de « fils charnel du roi ». Michel Baud considère que ce titre est à prendre au sens littéral, et il fait donc de ce chef d'expédition anonyme le fils du roi Sékhemkhet[10].

Règne[modifier | modifier le code]

Durée[modifier | modifier le code]

Un règne court lui est souvent attribué. Si le nom de Djéserti inscrit sur le Canon royal de Turin est vraiment le sien, alors ce document lui attribue six ans de règne[11]. Myriam Wissa, sur la base de l'état inachevé de la pyramide qui lui est traditionnellement attribuée, lui accorde la même durée[12]. Toby A. H. Wilkinson lui attribue sept ans de règne, en se fondant sur sa reconstruction de la pierre de Palerme (Ve dynastie)[13]. En effet, la titulature du successeur de Djéser, est illisible, mais elle commence immédiatement après la ligne de séparation qui marque le changement de règne. C'est le signe d'un règne court, du fait que les titulatures sur cette pierre étaient gravées au milieu de l'espace qui leur était dédié. Manéthon l’appelait apparemment Týreis et lui comptait sept ans de règne.

Tout cela n'est bien sûr pertinent que si Sekhemkhet est le successeur de Djéser, et si le nom de Djéserti inscrit sur le Canon royal de Turin lui correspond, ce que certains comme Jean-Pierre Pätznick contestent[4]. Nabil Swelim proposa un règne de dix-neuf ans, parce qu'il croyait que Sekhemkhet pouvait être la Tósertasis mentionnée par Manéthon[14]. Mais cet avis ne fait pas l'unanimité.

Activité[modifier | modifier le code]

On sait peu de choses sur les activités menées sous le règne de Sekhemkhet. Les seuls documents conservés montrant Sekhemkhet sont deux inscriptions rupestres gravées à Ouadi Maghara dans la péninsule du Sinaï. La première représente Sekhemkhet deux fois, l'une avec la couronne Hedjet (couronne blanche symbolisant la Haute-Égypte), et l'autre avec la couronne Decheret (couronne rouge symbolisant la Basse-Égypte). La deuxième inscription représente une scène connue sous le nom de frappe de l'ennemi : Sekhemkhet tient un ennemi par les cheveux et lève le bras pour le frapper avec son sceptre cérémoniel. La présence de ces reliefs à Ouadi Maghara suggère que des mines locales de cuivre et de turquoise étaient exploitées sous son règne[15],[3]. Ces mines furent actives pendant toute la IIIe dynastie, puisque des reliefs de Djéser et de Sanakht ont également été découverts dans le Ouadi Maghara.

Son nom a également été trouvé à Éléphantine sur des sceaux d'argile. La présence de ceux de Djéser, Sanakht et Khaba également prouve que ce site a été actif pendant toute la IIIe dynastie[3].

Sépulture[modifier | modifier le code]

Pyramide traditionnellement attribuée à Sekhemkhet à Saqqarah.

Le tombeau traditionnellement attribué à Sekhemkhet est la pyramide de Sekhemkhet située à Saqqarah. Elle est parfois appelée la pyramide enfouie et elle a été fouillée pour la première fois en 1952 par l'archéologue égyptien Zakaria Goneim. Un sarcophage scellé a été découvert sous la pyramide, mais une fois ouvert, il était vide. L'attribution de cette pyramide à Sekhemkhet a été contestée par Jean-Pierre Pätznick, qui l'attribue à Sanakht[4].

Pyramide[modifier | modifier le code]

Dès le début du projet, la pyramide a été conçue comme une pyramide à degrés. Sa base était un carré de 115 mètres de côté. Si elle avait été achevée, elle aurait eu six ou sept degrés et une hauteur finale de 73 mètres. Ces proportions auraient donné à la pyramide un angle d'élévation de 51˚50', identique à la pyramide de Snéfrou à Meïdoum et à la grande pyramide de Khéops à Gizeh. Tout comme sa voisine la pyramide de Djéser, elle est construite en blocs de calcaire. Le monument n'a pas été terminé, peut-être à cause de la mort subite du roi. Seul le premier degré de la pyramide est achevé, donnant au monument la forme d'un grand mastaba carré.

Souterrain[modifier | modifier le code]

Vue axonométrique des infrastructures de la pyramide de Sékhemkhet.

L'entrée du souterrain se trouve du côté nord de la pyramide. Un passage ouvert descend sur soixante mètres. À mi-chemin de la galerie, un puits vertical croise le passage par le haut. Il s'ouvre à la surface et son entrée se situerait au deuxième degré de la pyramide, si le monument avait été achevé.

Au point de rencontre du passage et du puits, un autre passage mène à une galerie souterraine en forme de U qui contient au moins cent-vingt magasins. L'ensemble du complexe de galeries a l'apparence d'un peigne géant. Peu avant d'atteindre la chambre funéraire, le passage principal se divise en deux autres galeries, qui entourent la chambre funéraire comme un U (semblable à la grande galerie nord), mais qui n'ont jamais été terminées.

La chambre funéraire a une surface de 9 × 5 mètres et une hauteur de 4,5 mètres. Elle est également inachevée, mais curieusement, une sépulture presque entièrement aménagée a été trouvée. Le sarcophage qui repose au milieu de la chambre est en albâtre poli et présente une particularité : son ouverture se trouve sur la face avant et elle est scellée par une porte coulissante, qui était encore recouverte de mortier lorsque le sarcophage a été trouvé. Le sarcophage était vide, et on ignore si le site a été saccagé après l'enterrement ou si le roi a été enterré ailleurs.

Complexe funéraire[modifier | modifier le code]

Plan du complexe de Sekhemkhet.

Le complexe n'ayant jamais été achevé, il est difficile de dire quels bâtiments étaient prévus à l'origine. La cour de la pyramide était entourée d'un beau mur d'enceinte orienté nord-ouest. Il mesurait 560 mètres de long, 185 mètres de large et dix mètres de haut. Le seul bâtiment cultuel préservé est le tombeau sud, dont les dimensions de base sont estimées à 32 × 16 mètres. En 1963, Jean-Philippe Lauer trouva dans cette salle la dépouille d'un jeune enfant de deux ans. L'identité de cet enfant reste un mystère. La seule certitude est qu'il ne peut pas être le roi Sekhemkhet, qui est toujours représenté comme un jeune adulte.

Bien qu'aucun autre bâtiment cultuel n'ait été découvert, les égyptologues sont convaincus qu'il y avait un temple mortuaire et un serdab à proximité, et qu'ils ont été détruits par le pillage des pierres de ses bâtiments dans l'Antiquité.

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Selon J. P. Allen.
    Autres avis de spécialistes : -2700 à -2695 (R. Krauss), -2648 à -2640 (I. Shaw), -2609 à -2603 (J. Málek), -2645 à -2638 (J. von Beckerath).
  2. Baud 2007, p. 36-40.
  3. a b et c Jean-Pierre Pätznick, « Die Abfolge der Horusnamen der 3. Dynastie » dans, Jean-Pierre Pätznick, Die Siegelabrollungen und Rollsiegel der Stadt Elephantine im 3. Jahrtausend v.Chr. Spurensicherung eines archäologischen Artefaktes (= BAR. International Series. Vol. 1339). Archaeopress, Oxford 2005, (ISBN 1-84171-685-5), p. 76–79.
  4. a b c d e f g h et i Jean Pierre Pätznick, La succession des noms d'Horus de la IIIe dynastie revisitée, Toutânkhamon magazine, no 42.
  5. Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt. Strategies, Society and Security. Routledge, London 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 101 - 104.
  6. Kenneth Anderson Kitchen, Ramesside Inscriptions, Translated and Annotated Notes and Comments, vol. 2. Blackwell, Oxford 1999, (ISBN 063118435X), p. 534 - 538.
  7. Rainer Stadelmann, King Huni: His Monuments and His Place in the History of the Old Kingdom. In: Zahi A. Hawass, Janet Richards (Hrsg.), The Archaeology and Art of Ancient Egypt. Essays in Honor of David B. O’Connor. Band II, Conceil Suprême des Antiquités de l’Égypte, Kairo, 2007, p. 425–431.
  8. Baud 2007, p. 39.
  9. Baud 2007, p. 61-65.
  10. Baud 2007, p. 193.
  11. Alan H. Gardiner, The Royal Canon of Turin, Griffith Institute, Oxford 1997, (ISBN 0-900416-48-3), Vol. 2.
  12. Myriam Wissa, « À propos du sarcophage de Sékhemkhet », dans, Catherine Berger, Études sur l'Ancien empire et la nécropole de Saqqâra dédiées à Jean-Philippe Lauer, Orientalia Monspeliensia. Vol. 9, 2, Université Paul Valéry – Montpellier III, Montpellier 1997, (ISBN 2-8426-9046-X), p. 445–448.
  13. Toby A. H. Wilkinson, Royal Annals of Ancient Egypt: The Palermo Stone and Its Associated Fragments. Kegan Paul International, London 2000, p. 115.
  14. Nabil Swelim, Some Problems on the History of the Third Dynasty, Archaeological and historical Studies, Vol. 7, ZDB-ID 800015-3, Archaeological Society of Alexandria, Alexandria 1983, p. 221.
  15. Morsi Saad El-Din u. a., Sinai. The site & the history. Essays. Photographs by Ayman Taher, New York University Press, New York NY 1998, (ISBN 0-8147-2203-2), p. 30.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Michel Baud, Djéser et la IIIe dynastie, Pygmalion, , 304 p. (ISBN 978-2-7564-1753-0 et 2-7564-1753-X).