Serpent de mer — Wikipédia

Le serpent de mer tel qu'il était vu au XVIe siècle.

Le serpent de mer est un monstre aquatique mythique proche du dragon européen, qui possède généralement des dimensions gigantesques, tels Jörmungand et l'Ouroboros dans les mythes et légendes. Il est mentionné dans les témoignages d'équipages marins de plusieurs époques, qui concordent pour décrire divers animaux marins inconnus, de grande taille, vivant dans les eaux glacées du nord de l'Europe[1]. Le terme de « serpent de mer » peut toutefois désigner des créatures assez différentes les unes des autres. L'existence de la plupart de ces animaux n'a jamais été prouvée scientifiquement et relève du domaine de la cryptozoologie.

Témoignages[modifier | modifier le code]

En 1539, Olaus Magnus dresse la Carta Marina, et y introduit le serpent de mer.

Une des plus anciennes illustrations du serpent de mer apparaît dans la Carta Marina, carte d'Europe septentrionale dressée en 1539 par l'archevêque d'Uppsala Olaus Magnus [2]. Olaus Magnus donne plus de détails de ce monstre légendaire dans l'Histoire des peuples du nord (Historia de gentibus septentrionalibus) en 1555[1]. Il y précise que le serpent de mer a une longueur de 60 m environ, une largeur de 6 m et que ce mangeur d'hommes vient jusque sur le pont des navires happer les passagers et les dévorer[3].

Un vaisseau de guerre français nommé l'Avalanche croisa par trois reprises un « serpent de mer » de grande taille dans la baie d'Along en juillet 1897. La créature échappa à des tirs de canon[4]. La même année, deux animaux marins de 20 mètres de long pour un diamètre de 2 à 3 m sont mentionnés, ils se déplaceraient en ondulant verticalement[4], ce qui démontre leur nature mammalienne et non reptilienne. Le , c'est un crocodile marin d'environ 20 m de long qui aurait été aperçu[4] par un sous-marin allemand mais, outre le doute pesant sur l'interprétation éventuelle, il semble bien qu'il s'agisse d'un canular. Le , un animal en forme d’anguille d’environ 15 m de long est aperçu et blessé à mort[4]. En octobre 1969, un sous-marin croise un grand animal à tête de reptile qui s’enfuit avant d’avoir pu être filmé[4]. En avril 1977, le chalutier japonais Zuiyo Maru remonte une carcasse d'environ 10 m de long, les photographies évoquent un plésiosaure[4] mais pour le zoologue et cryptozoologue Bernard Heuvelmans il s'agirait en fait d'un requin (pèlerin ?) en décomposition[5].

Origines[modifier | modifier le code]

Biologie[modifier | modifier le code]

Hydrophis platurus, un authentique serpent marin, mais bien éloigné des légendes.

Il existe bien un groupe de serpents marins, la sous-famille des Hydrophiinae. Cependant, ceux-ci sont cantonnés à la zone intertropicale (et la plupart des espèces au Pacifique ouest), et si une espèce très rare (Hydrophis spiralis) atteint 3 m de long, aucun ne présente les dimensions (ni le comportement) qu'on prête aux serpents de mer des récits de marins. Quoique très venimeux, ces serpents sont des créatures amicales et discrètes.[réf. nécessaire]

Les biologistes suggèrent que les baleines ont parfois un comportement qui les fait ressembler à des serpents de mer : elles se dressent en l'air et tapent l'eau de leur corps. En particulier, les mâles en rut ont tendance à laisser dépasser leur pénis de la surface, dans une posture très similaire à un grand nombre de représentations de serpents de mer (alors qu'un animal serpentiforme ne peut mécaniquement pas nager avec la tête hors de l'eau, ce qui n'a par ailleurs aucun intérêt pour un animal marin)[6].

La cryptozoologie a tenté d'apporter des descriptions d'animaux qui pourraient expliquer les observations de serpents de mer, comme les murènes (Gymnothorax javanicus peut atteindre 3 m de long), les régalecs (poisson allongé pouvant dépasser 11 m de long)[7] ou des cadavres de requins pèlerins, et décrit plusieurs espèces différentes à partir de la classification des observations considérées comme sérieuses et non explicables de façon plus simple.

Cryptozoologie[modifier | modifier le code]

Certains ouvrages traitant de cryptozoologie évoquent aussi une théorie selon laquelle des animaux, survivants potentiels et encore non identifiés de la préhistoire, seraient à l'origine de récits de rencontres avec le « serpent de mer », comme le plésiosaure, l'élasmosaure, le mosasaure et le thalassomedon[8].

Langage[modifier | modifier le code]

On qualifie de « serpent de mer » un projet ou un sujet qui revient fréquemment alors que sa mise en application, son développement ou son aboutissement ne semblent pas arriver ou bien être repoussés continuellement[9].

Le serpent de mer dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

Dans les jeux vidéo[modifier | modifier le code]

  • Dans Ultima VI: The False Prophet, le serpent de mer est une créature apparaissant régulièrement au bord des rivages et dans les lacs souterrains.
  • Dans Valheim, le serpent de mer apparaît couramment auprès des navires qui s'aventurent dans l'océan.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Paris, Éditions Le Pré aux clercs, , 435 p. (ISBN 978-2-84228-321-6), p. 145
  2. Jean Merrien, Le légendaire de la mer: croyances et superstitions d'hier et d'aujourd'hui, Robert Laffont, , p. 204.
  3. H. C. D. de Wit, A. Baudière, Histoire du développement de la biologie, PPUR presses polytechniques, , p. 191.
  4. a b c d e et f Serpent de mer sur Dinosoria
  5. Richard D. Nolane, Monstres des mers et des océans p.100 : « Encore une carcasse mystérieuse » - éditions Plein Sud, 1996 (ISBN 9782877644853).
  6. (en) James Felton, « A Surprising Number Of Sea Monster Sightings Can Be Explained By Whale Erections », sur iflscience.com, .
  7. Serpents de mer sur l'Institut Virtuel de Cryptozoologie.
  8. Bernard Heuvelmans, Le Grand Serpent de mer. Le problème zoologique et sa solution. Histoire des bêtes ignorées de la mer, Librairie Plon, 1965.
  9. « Langue française et langues de France », sur gouv.fr (consulté le ).