Siège de Faucogney (1674) — Wikipédia

Siège de Faucogney
Description de cette image, également commentée ci-après
Vestiges des défenses de Faucogney
Informations générales
Date 3 et 4 juillet 1674
Lieu

Faucogney

Comté de Bourgogne
Issue Victoire française
Changements territoriaux Dernière cité comtoise conquise par les Français
Belligérants
Drapeau du royaume de France Royaume de France Comté de Bourgogne
Drapeau de l'Espagne Monarchie espagnole
Commandants
Louis de Clermont d'Amboise de Renel Francisco de Ravira
Forces en présence
1 000 cavaliers

400 fantassins

2 canons
50 miliciens + une partie des habitants de la ville
50 hommes
Pertes
Entre 50 et 150 morts Militaires : environ 50 morts
Civiles : élevées (chiffres exacts inconnus)

Guerre de Hollande

Batailles

Coordonnées 47° 50′ 34″ nord, 6° 33′ 51″ est
Géolocalisation sur la carte : Franche-Comté
(Voir situation sur carte : Franche-Comté)
Siège de Faucogney
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Siège de Faucogney

Le siège de Faucogney de 1674 a lieu lors de la seconde conquête de la Franche-Comté par Louis XIV, les 3 et 4 juillet 1674. Faucogney est alors une petite cité du comté de Bourgogne (Franche-Comté). Les assiégeants sont menés par Louis de Clermont d'Amboise, marquis de Renel à la tête d'une troupe française de 1400 hommes. La bourgade est défendue par ses habitants, quelques miliciens et une petite garnison espagnole menée par Francisco de Ravira. Après deux jours de résistance, les défenseurs sont contraints de capituler. C'est la dernière place civile comtoise à avoir affronté les Français.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'événement se déroule à la fin de la seconde conquête de la Franche-Comté. Depuis octobre 1673, Louis XIV attaque le comté de Bourgogne (Franche-Comté), relevant alors de Charles II, roi d'Espagne, comte-souverain de Bourgogne[1].

À la fin du mois de juin 1674, les principales places comtoises ont été prises. En un mois sont tombées Besançon, puis Dole, capitale du comté. Louis XIV rentre à Paris après ce dernier siège, considérant la conquête de la Franche-Comté par la France comme inéluctable. Il reste pourtant Salins, qui est elle aussi conquise en juin, et quelques autres poches de résistance, mais de moindre importance. Elles sont situées au sud, autour de Saint-Claude et au nord, vers Luxeuil et Faucogney[2].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Après s'être emparé sans difficulté de Luxeuil le 1er juillet 1674 et de Lure le 3 juillet, le marquis de Renel arrive devant Faucogney, le même jour[2]. Son armée est composée de 1000 cavaliers, 400 fantassins et deux canons. La bourgade est défendue par Francisco de Rivera, un commandant espagnol qui a sous ses ordres une compagnie de 50 soldats italiens, et par quelques miliciens sous les ordres du capitaine Claude Macon d'Esboz[2]. Le père Charles-Eugène Schmidt, qui commandait l'artillerie au siège de Besançon et qui a réussi à rejoindre Faucogney pour soutenir le moral des habitants et les inciter à résister[2],[3].

Le marquis de Renel somme les défenseurs de se rendre, mais ceux-ci répondent qu'ils sont « résolus à mourir pour le roy, à l'exemple de ceux d'Arcey, plutôt que de tomber entre les mains des Français »[2]. Les troupes françaises s'installent alors autour de la place sous un feu bien nourri de la part des défenseurs[3].

Les attaquants sont disposés autour de la cité et l'encerclent entièrement. L'artillerie placée aux abords du Breuchin, au sud-ouest de la ville, commence à faire feu à midi ; les tirs durent jusqu’au lendemain. Les assiégés tirent en riposte depuis le haut des remparts[3]. Une brèche est ouverte dans la muraille à coups de canon, mais les défenseurs se retranchent derrière une palissade à l'intérieur des murs et refusent de se rendre et à six reprises les assauts français sont repoussés[3],[2]. Les hommes de Francisco Ravira quittent les murailles et se réfugient au château contre ses ordres[3]. Macon d'Esboz qui défend la palissade avec sa compagnie de miliciens est blessé à plusieurs reprises et perd presque tous ses hommes[3].

Le , les Français réussissent à s’infiltrer par la brèche dans la ville. Ils violent et massacrent les femmes qui s'étaient réfugiées avec les enfants et les vieillards dans l'église à laquelle ils mettent le feu. L'incendie se propage au reste de la ville qui devient un brasier[2]. La ville est pillée, mais le château tient encore avec quelques défenseurs et Francisco de Ravira à leur tête[3]. Il y a encore quelques échanges de projectiles, mais le commandant de Ravira finit par négocier la capitulation. Le mayeur de la ville ainsi que les combattants furent autorisés à sortir avec armes et bagages[3].

Le cas du père Schmidt est incertain. Selon les sources il est soit envoyé à la Bastille où il restera emprisonné jusqu'aux traités Nimègue en 1678[2], soit mort lors des combats[3].

Au lendemain de la bataille, le capitaine Claude Macon d'Esboz écrit : « Si mes braves gentilshommes et moi avions été un peu secourus, notre malheureux bailliage serait encore entre les mains de notre prince, mais la trahison a eu la victoire plus que les armes »[3].

L'écrivain Aristide Déy écrit sur Faucogney « Ce fut la dernière, sur la brèche faite à ses remparts, à défendre l'indépendance du comté »[4].

Conséquences[modifier | modifier le code]

La campagne comtoise de la guerre de Hollande est désormais quasiment terminée ; ce même jour, le 4 juillet, le château de Joux, où s'était réfugié le gouverneur du comté, Don Fransisco Gonzalès d'Alvelda, capitule également[5],[6]. Le dernier coup de mousquet du conflit est donné au château de Sainte-Anne, quelques jours plus tard, le [5]. Le comté de Bourgogne est définitivement conquis par les Français et devient une province du royaume, sous le nom de "Franche-Comté" par les traités de Nimègue (1678-1679). Les Comtois, rendus amers par la défaite, mettent près d'un siècle à l'accepter [6].

Mémoire[modifier | modifier le code]

Dans le village de Faucogney aujourd'hui, on peut toujours voir l'endroit où les Français ont percé une brèche : une rue située sur son emplacement a pris sa place. Une plaque apposée sur un mur rappelle les événements.

Le passage de "la brèche" situé de nos jours entre la mairie et l'office du tourisme

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 1901, page 265.
  2. a b c d e f g et h François Pernot, La Franche-Comté espagnole, Presses Universitaires de Franche-Comté, (lire en ligne), p. 317 et 318.
  3. a b c d e f g h i et j Léonce de Piépape, Histoire de la réunion de la Franche-Comté à la France, vol. 2, H. Champion, (lire en ligne), p. 436 à 439.
  4. Aristide Déy, Étude sur la condition des personnes, des biens et des communes au comté de Bourgogne pendant le moyen âge, Colin, (lire en ligne), p. 282.
  5. a et b Lacuzon d'après de nouveaux documents, imprimerie et lithographie de Gauthier frères, (lire en ligne), p. 107
  6. a et b Eugène Rougebief, Histoire de la Franche-Comté ancienne et moderne: précédée d'une description de cette province, Ch. Stèvenard, (lire en ligne), p. 555 - 556

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Léon Ordinaire, Deux époques militaires à Besançon et en Franche-Comté, 1674-1814, vol. 1, Turbergue, (lire en ligne), p. 561 à 580
    • Pièces additionnelles no 1 : Lettre du capitaine Macon d"Eboz, tirée des archives de M. de la Terrade
    • Pièces additionnelles no 2 : Siège et prise de Faucogney par les Français en 1674, extrait du recueil de la Gazette de France
    • Pièces additionnelles no 3 : Lettre écrite par un notable de Faucogney contenant le récit du siège
  • François Pernot, La Franche-Comté espagnole, Presses Universitaires de Franche-Comté, (lire en ligne), p. 317 et 318
  • Léonce de Piépape, Histoire de la réunion de la Franche-Comté à la France, vol. 2, H. Champion, (lire en ligne), p. 436 à 439
  • N. Poly, « Siège et prise de Faucogney en 1674. Le Père Charles-Eugène Schmidt, capucin alsacien », Revue d'Alsace, t. 48,‎ , p. 374-386, 536-552 (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]