Snéfrou — Wikipédia

Snéfrou
Image illustrative de l’article Snéfrou
Statue de Snéfrou au Musée égyptien du Caire.
Nom en hiéroglyphe
S29F35Z7A1
Transcription Snfrw
Période Ancien Empire
Dynastie IVe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Houni
Dates de fonction -2670 à -2620 (selon R. Krauss)
-2649 à -2609 (selon D. B. Redford)
-2614 à -2579 (selon J. von Beckerath)
-2613 à -2589 (selon I. Shaw)
-2600 à -2555 (selon D. Arnold)
-2597 à -2547 (selon A. D. Dodson)
-2575 à -2551 ou -2550 (selon J. P. Allen & J. Málek)
-2561 à -2538 (selon P. Vernus & J. Yoyotte)
Successeur Khéops
Famille
Mère Mérésânkh Ire
Conjoint Hétep-Hérès Ire
Enfant(s) Khéops
Hétep-Hérès
Deuxième conjoint ?
Enfants avec le 2e conjoint Néfermaât
Kanefer
Ânkhkhâf
Netjeraperef
Rahotep
Ranefer
Iynefer
Néfertkaou
Néferetnésou
Mérititès Ire
Hénoutsen ?
Sépulture
Nom Complexe pyramidal de Snéfrou
Type Pyramide rhomboïdale
Emplacement Dahchour, au sud de Saqqarah

Snéfrou (translittération de snfr-wj, signifiant Il m'a perfectionné, de Ḥr-nb-mꜣꜥt-snfr-wj, signifiant Horus, Seigneur de Maât, m'a perfectionné), connu également sous son nom hellénisé Soris (grec : Σῶρις par Manéthon), est le roi fondateur de la IVe dynastie de l'Égypte sous l'Ancien Empire. Les estimations de dates de son règne varient ; il aurait régné aux alentours de 2600 avant notre ère[1]. Il a succédé à Houni et a précédé son fils Khéops. Il a fait construire au moins trois pyramides, qui existent encore aujourd'hui, et a introduit des innovations majeures dans la conception et la construction des pyramides.

Famille[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Rien n'indique que le prédécesseur de Snéfrou, Houni, soit son père. La mère de Snéfrou est connue grâce à la pierre de Palerme et est nommée Mérésânkh Ire[2].

Épouse[modifier | modifier le code]

La seule épouse connue de Snéfrou est Hétep-Hérès Ire[3].

Descendance[modifier | modifier le code]

Les fils connus de Snéfrou sont :

Les filles connues de Snéfrou sont :

Règne[modifier | modifier le code]

Durée[modifier | modifier le code]

Le chiffre de vingt-quatre ans que le Canon royal de Turin donne pour le règne de Snéfrou est probablement sous-estimé. Certes, la date la plus haute est une inscription découverte dans la pyramide rouge de Dahchour, qui mentionne le 24e recensement de bétail de Snéfrou, ce qui implique au moins à vingt-quatre ans complets[9]. Cependant, dans la pierre de Palerme, le recto 6 au bas du fragment montre l'année du 7e décompte de Snéfrou, tandis que le recto 7 sur la ligne suivante montre l'année du 8e recensement de Snéfrou[10]. Il est significatif de noter qu'il y a une colonne précédente pratiquement intacte pour Snéfrou dans le recto 5, qui mentionne également les événements d'une année particulière de son règne, mais ne mentionne pas l'année précédente (6)[11]. Cette colonne doit donc être datée de l'année qui suit le 6e recensement de Snéfrou. Ainsi, le règne de Snéfrou aurait duré au moins vingt-huit ans. Puisqu'il y a beaucoup de périodes dans les règnes de Snéfrou pour lesquelles les égyptologues ont peu de dates, seules les années des 2e, 7e, 8e, 12e, 13e, 14e, 15e, 16e, 17e, 18e, 23e et 24e recensements sont connues pour Snéfrou avant de considérer les années après ses recensements du bétail[12].

Pour qu'il ait eu le temps de construire trois pyramides, son règne a sans doute dépassé les trente ans, mais pas quarante-huit, puisque les chiffres des recensements du bétail ne sont pas réguliers (ils ne se déroulent pas tous les deux ans).

Expéditions à l'étranger[modifier | modifier le code]

Pour réaliser des projets de construction aussi ambitieux, Snéfrou avait besoin d'une main-d'œuvre conséquente et de nombreux matériaux. Selon Guillemette Andreu, c'est là que la politique étrangère du roi a joué un rôle important. Des expéditions conduites en Libye et en Nubie ont eu pour objectif de se fournir en main-d'œuvre et en matières premières disponibles dans ces régions[13].

La pierre de Palerme dit que Snéfrou a capturé de nombreux étrangers qu'il a employés sur ses chantiers. Ses excursions ont également fourni du bétail pour le ravitaillement des ouvriers ; elles ont dû être désastreuses pour les pays concernés. En Nubie, il se peut que ses expéditions aient contribué à diffuser la culture matérielle dite du "groupe A" dans cette région. En Libye, ses campagnes ont fourni à l'Égypte 11 000 prisonniers et 13 100 têtes de bétail[14]. Dans la péninsule du Sinaï, des traces d'activité minière ont été trouvées dans des gisements de turquoise [15]. Un programme d'extraction à grande échelle a aussi fourni à Snéfrou la pierre dont il avait besoin pour ses constructions. Il a fait exploiter si intensément le Sinaï qu’il y est devenu une divinité locale.

Une expédition de quarante vaisseaux est envoyée au Liban pour en importer du bois de construction, essentiellement du cèdre et du sapin. Un navire en bois de cèdre de Snéfrou, nommé Louanges des Deux Terres, est le premier exemple connu d'un navire désigné par son nom[16].

Politique intérieure[modifier | modifier le code]

À partir de son règne, le dieu Horus devient le dieu dynastique. Snéfrou crée la fonction de vizir (tâty en ancien égyptien), qui est chargé d’administrer le pays au nom du roi et de recenser le bétail. Cette charge aurait été créée — bien que cette fonction existât auparavant — pour son fils, le prince Néfermaât, qui devait administrer au nom du roi.

Des fouilles récentes lui attribuent également la pyramide de Seïlah, dans le Fayoum. Elle fait partie d'un réseau de plusieurs petites pyramides locales construites par son prédécesseur, Houni.

Monuments et statues[modifier | modifier le code]

Statues[modifier | modifier le code]

La seule représentation sculpturale de Snéfrou connue à ce jour demeure celle du Musée égyptien du Caire. C'est un portrait en calcaire du corps du roi, placé debout, dos collé à ce qui semble être un socle vertical. Ce « socle » ressemble à un lit dans le sens où il est plus volumineux au niveau de la tête qu'au niveau du corps. Snéfrou porte la couronne Hedjet, symbole de pouvoir en Basse-Égypte, ainsi qu'un collier ousekh autour du cou. Il est également vêtu d'un « kilt », auquel est attachée une ceinture où apparait sa cartouche. Aujourd'hui, la partie droite du corps a disparu. La préservation de cette sculpture est alors plus importante puisque non seulement c'est la seule de Snéfrou, mais elle est également endommagée.

Reliefs[modifier | modifier le code]

Relief de Snéfrou, Ouadi Maghara

Snéfrou s'est vu attribuer plusieurs reliefs au cours de l'histoire.

Il y a celui retrouvée au Sinaï à Ouadi Maghara, bâti en grès, qui représente Snéfrou, d'une taille plus élevée que l'ennemi agenouillé qu'il est en train de battre avec sa massue. Il symbolise la victoire du roi face aux bédouins pour préserver les mines de cuivre et de turquoise dans l'ouest du Sinaï. Ce relief a pour but de montrer l'accomplissement d'un des rôles du roi : sécuriser les routes commerciales grâce au contrôle des tribus rebelles. En face de Snéfrou, on peut voir la figure du dieu Horus, arborant la double couronne de Haute et Basse-Égypte, et se tenant sur un serekh qui renferme le nom d'Horus du roi. Les autres titres et noms de Snéfrou encadrent son image.

Monuments[modifier | modifier le code]

La pyramide rouge de Snéfrou

Pour ce qui est des constructions monumentales, Snéfrou a sans doute introduit la plus grande ère des Pyramides, celle de la IVe dynastie. D'après Zahi Hawass dans son ouvrage Trésors des Pyramides :

« Avec le long règne de Snéfrou, le premier roi de la Quatrième Dynastie, « l’Âge des Pyramides » – l’époque des grands bâtisseurs de pyramides – commence. Ce fut l'une des périodes les plus magnifiques et les plus glorieuses de la culture égyptienne. Outre l'architecture, les arts de la sculpture, le relief et la peinture atteignent leur point culminant. Dans les sciences naturelles et la médecine, les fondements des connaissances et des pratiques ont été établies, qui resteront valables pendant des siècles, jusqu'à l'époque grecque. »

Cette citation insinue que l'apport artistique et savant de Snéfrou dépasse celui des pharaons antérieurs. En effet, l'ère des pyramides ne commence pas réellement avec Snéfrou mais avec Djéser, premier pharaon de la IIIe dynastie. À l'origine de la première pyramide d'Égypte par l'intermédiaire de son célèbre architecte Imhotep, il n'est tout de même pas considéré comme le plus grand précurseur de cette ère. Zahi Hawass tend donc à faire comprendre que Snéfrou a eu un apport artistique plus prestigieux que Djéser, ce qui accentue son importance au sein de l'histoire de l'Égypte antique.

Sépulture[modifier | modifier le code]

Snéfrou fait construire plusieurs pyramides, une à Meïdoum et deux à Dahchour, au sud de Saqqarah :

Durant son règne, les pyramides d'Égypte atteignent le stade ultime de leur évolution en devenant des pyramides à faces lisses.

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. -2575 à -2551 (Allen), -2575 à -2550 (Málek), -2670 à -2620 (Krauss), -2649 à -2609 (Redford), -2614 à -2579 (von Beckerath), -2613 à -2589 (Shaw), -2600 à -2555 (Arnold), -2597 à -2547 (Dodson), -2561 à -2538 (Dictionnaire des Pharaons de Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Snéfrou, p. 252).
  2. Dodson & Hilton, p. 51.
  3. a et b Dodson & Hilton, p. 57.
  4. a et b N. Grimal, p. 68.
  5. a et b Porter and Moss.
  6. a b et c Dodson & Hilton, p. 61.
  7. Dodson & Hilton, p. 58.
  8. a b et c Dodson & Hilton, p. 60.
  9. Miroslav Verner, Archaeological Remarks on the 4th and 5th Dynasty Chronology, Archiv Orientální. vol. 69, Praha 2001, p. 367.
  10. H. Schäfer, Ein Bruchstück altägyptischer Annalen, 1902 (APAW: Phil.-hist Kl. 4) 30-31.
  11. Christine Hobson, Exploring the World of the Pharaohs: A Complete Guide to Ancient Egypt, Thames & Hudson paperback, 1993, p. 15.
  12. Miroslav Verner, p. 365-367.
  13. An Introduction to the Archaeology of Ancient Egypt, p. 144.
  14. Oxford History of Ancient Egypt, p. 107.
  15. Dodson & Hilton, p. 50.
  16. Anzovin, Steven et al., Famous First Facts (International Edition), H. W. Wilson Company, 2000, (ISBN 0-8242-0958-3), item # 5393, p. 385.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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