Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille — Wikipédia

Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille (SSAAL)
Sceau de la Société des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille.
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Histoire
Fondation
Cadre
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Objectif
Propagation des sciences, des lettres, des beaux-arts, de l'agriculture et de l'industrie
Siège
Pays
Organisation
Président
Michel Levasseur
Affiliation
Site web
Identifiants
RNA
SIREN
SIRET

La Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille (SSAAL) est une société savante, assurant la diffusion des sciences et des techniques depuis 1785 (mais formellement déclarée le [1]).

Histoire[modifier | modifier le code]

Officiellement et administrativement créée par dix passionnés de sciences (Malus, Drapiez, Lambert, Testelin, Judas, Trachez, Maquet, Debau et Peuvion[1]) en 1802 sous le nom de société des amateurs des sciences et des arts de Lille (mais parfois nommée société des amateurs de sciences et arts[2]) après des débuts intenses[3],[4] avec Charles-Joseph Panckoucke sous la dénomination de Collège des Philalèthes (« fondé à Lille en 1785 sous la protection du prince de Soubise, gouverneur des Flandres »[5]), rebaptisée société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille en 1819, renommée temporairement société royale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille lors de la Restauration (ordonnance royale du ) et société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille sous le Second Empire, cette société savante de Lille est déclarée d'utilité publique en 1862[6].

Les archives de la société ont été partiellement détruites lors de l'incendie et la destruction de l'hôtel de ville de Lille en 1917.

Cette société est notamment à l'origine de la création du musée d'histoire naturelle de Lille[2], et elle contribua longtemps à sa gestion.

Présidents[modifier | modifier le code]

Source[7]

Objet de la société[modifier | modifier le code]

Dès le début du XIXe siècle, elle a soutenu les pionniers et diffusé les savoirs pour l'avancement des arts, des sciences et des technologies à Lille, enrichissant les collections publiques lilloises.

Le décret d'utilité publique du indique les objectifs suivants :

  • « la propagation des sciences, des lettres, des beaux-arts, de l'agriculture et de l'industrie ».
  • « elle récompense les services rendus aux sciences, aux lettres, aux beaux-arts soit par des médailles d'honneur, soit par des prix »[12].

Certaines de ses actions ont pris les formes suivantes :

  • Prix Kuhlmann[13] : le prix de la fondation Kuhlmann est issu d'un legs de cinquante mille francs à la société des sciences au XIXe siècle.
  • Prix Bollaert - Le Gavrian
  • Prix Louis Danel[14] d'histoire et d'archéologie
  • Prix Paul-Bertrand
  • Grand Prix des Lettres
  • Bourse de l'atelier Wicar[15]
  • Médaille Wicar et Hagelstein [16]
  • Concours et prix divers en histoire, littérature, sciences et arts[17].

La Société édite une revue[18],[19],[20],[21],[22],[23]et des actes de conférences[24],[25],[26]. La Revue du Nord est éditée dès 1834 par Elie Brun-Lavainne, archiviste de Lille et membre correspondant de la société, et Marceline Desbordes-Valmore.

Les membres de la société des sciences de Lille en 1902 sont[27] : MM. Jules Finot, Hippolyte Verly, Édouard Agache-Kuhlmann, Émile Vandenbergh, Carlos Batteur, Alfred Mongy, Frédéric Lecocq, Léon Demartres, Albert Petot, Henri Rigaux[28], Jules Péroche[29], Benoît Damien, Louis Quarré-Reybourbon, Fernand Danchin[30], Edmond Faucheur[31], Henri Folet, Paul Pannier, Léon Lefebvre, Louis Vallas, Auguste Mourcou, Auguste Fauchille, Pharaon de Winter.

Développement des arts[modifier | modifier le code]

La société joue les rôles de cénacle[32] et de mécène des arts, en particulier au travers de la bourse Wicar : « Les membres se réunissent une dizaine de fois par an dans des locaux mis à leur disposition par la municipalité. Avec celle-ci, ils maintiennent une bourse créée par le peintre Jean-Baptiste Wicar (1762-1834) assurant deux séjours d'artistes à Rome d'une durée de 6 mois chaque année, dans un appartement-atelier légué à la société par le peintre »[33],[34]

La collection Wicar de dessins et peintures a été léguée par la Société au Musée des beaux-arts de Lille en 1834 [35].

Développement des sciences et techniques lilloises[modifier | modifier le code]

Sciences physiques et mathématiques[modifier | modifier le code]

Le physicien membre éminent de la Société est Charles Delezenne qui assure à partir de 1806 des cours municipaux dans les domaines de l'optique, l'acoustique, l'électricité, l'électromagnétisme[36] et qui, à partir de 1817, établit un cours municipal de mécanique, préfiguration de la chaire de mécanique de la faculté des sciences de Lille, tenue par Alcippe Mahistre en 1854 qui assure aussi des cours à l'École des arts industriels et des mines (École centrale de Lille).

Des études météorologiques sont rapportées dans les mémoires de la Société par Victor Meurein, adjoint au maire de Lille et professeur de chimie à l'École des arts industriels et des mines. Le libraire lillois Danel est membre influent de la société, ainsi que Claude Auguste Lamy, professeur à la faculté des sciences et à l'École des arts industriels et des mines.

Le membre correspondant Alexandre Joseph Hidulphe Vincent publie dans les Mémoires de la Société (1834) la première version d'un mémoire[37] contenant des résultats qui restent importants aujourd'hui, en informatique[38].

L'enseignement scientifique soutenu par la Société dans le cadre de cours municipaux favorisa la création de la faculté des sciences de Lille en 1854. L'Université des Sciences et Technologies de Lille (USTL) (Université Lille Nord de France) en est l'héritière.

Chimie et biochimie[modifier | modifier le code]

L'essor de la chimie est incarné en particulier par les figures de Frédéric Kuhlmann qui établit à Lille un cours municipal de chimie appliquée aux arts industriels en 1823, Théophile-Jules Pelouze qui y contribue dès 1830 ainsi que Louis Pasteur, professeur de chimie à Lille à partir de 1854[39]. La section de chimie de l'École des arts industriels et des mines (École centrale de Lille), puis l'École nationale supérieure de chimie de Lille et l'Institut Pasteur de Lille en sont les héritiers.

Les travaux réalisés à Lille par Louis Pasteur entre 1854 et 1857 conduisent à la présentation de son 'Mémoire sur la fermentation appelée lactique'[40] dans le cadre de la Société le . À Lille, Louis Pasteur commence ses travaux sur les germes et la fermentation, pour répondre aux demandes des brasseurs lillois concernant la conservation de la bière[41]. Après le pionnier Frédéric Kuhlmann, Louis Pasteur initie à Lille les premières relations fructueuses entre l'enseignement supérieur et les industriels en chimie en France, en donnant un cours de chimie appliquée et en répondant aux requêtes des industriels du Nord qui orientent sa recherche académique appliquée, via la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille.

Plusieurs membres de la Société tels que Théophile-Jules Pelouze et Benjamin Corenwinder[42] ont étudié les distilleries et procédés chimiques, en particulier la chimie de la betterave à sucre et les procédés industriels pour la transformation du sucre des mélasses en alcool.

Jean Pierre Louis Girardin fait part de ses travaux à la faculté des sciences et devient président de la société. Charles Viollette, son adjoint et successeur à la faculté, est membre résidant de la société

Agronomie, botanique, zoologie et géologie[modifier | modifier le code]

À la suite des travaux précurseurs de Jean-Baptiste Lestiboudois dès 1770, les travaux en botanique de la Société ont pour acteurs éminents François-Joseph Lestiboudois, puis son fils Gaspard Thémistocle Lestiboudois. Ces travaux sur la flore du nord de la France ont conduit à la création d'un patrimoine botanique unique qui a constitué le fonds de dotation initiale du Muséum d'histoire naturelle de Lille en 1816. Celui-ci fut cédé à la faculté des Sciences de Lille en 1855[36]. Un autre membre éminent est l'entomologiste Pierre Justin Marie Macquart.

Notons qu'apparaissent fréquemment les noms de membres de la famille Barrois[43], Jules Gosselet, Paul Hallez, ainsi qu'Albert Larudeau qui a publié de 1874 à 1909 dans les revues de la Société et dans les congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, sur des thèmes d'agronomie et des thèmes liés à l'industrie textile. Notons aussi Henri de Lacaze-Duthiers et Alfred Giard.

Développement des sciences appliquées[modifier | modifier le code]

Dans la lignée des cours publics dans des disciplines scientifiques initiés à Lille dès 1750, l'enseignement scientifique et technique soutenu par la Société dans le cadre de chaires municipales conduisit à la création de l'École des arts industriels et des mines de Lille en 1854. L'École centrale de Lille en est l'héritière.

Parmi les membres notables de la Société dans le domaine des sciences appliquées au milieu du XIXe siècle, notons Gabriel Alcippe Mahistre, professeur de machines à vapeur à la faculté des sciences de Lille, Joseph Boussinesq professeur spécialiste de la mécanique des fluides et Alfred-Aimé Flamant professeur de constructions à la fin du XIXe siècle, et aussi leurs prédécesseurs du milieu du XIXe siècle : Charles Delezenne, Frédéric Kuhlmann, Claude Auguste Lamy, Benjamin Corenwinder[44].

Développement de l'enseignement primaire supérieur et professionnel[modifier | modifier le code]

La Société des sciences de Lille a contribué à la réduction des accidents d'engins et d'explosions de machines à vapeur ; elle est ainsi un précurseur dans la région Nord-Pas de Calais des actions de sûreté de fonctionnement mises en place ultérieurement par l'APAVE (Association des propriétaires d'appareils à vapeur et électriques). La création en 1858 de cours municipaux à l'intention des chauffeurs mécaniciens et conducteurs de machines à vapeur[45] fut initiée par Jules Gosselet et la Société des sciences et ses résultats supervisés par les professeurs Gabriel Alcippe Mahistre, puis Alexandre Guiraudet et Charles Viollette, membres du jury d'examen à ses débuts[46],[47]. Ce cours municipal pour adultes subsista jusqu'en 1939 [48].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b La SSAAL et les Beaux-Arts, conférence de Véra Dupuis (17 juin 2016)
  2. a et b Simon-François Blocquel & Castiaux Castiaux (1826) Nouveau conducteur ou Guide des étrangers dans Lille et dans ses environs. (Livre numérique Google) - 299 pages
  3. Le développement à Lille de cours publics dans des disciplines scientifiques était initié dès 1750 en chirurgie, chimie, pharmacie et botanique en 1753, en anatomie en 1755, cours de mathématiques et d'architecture en 1762. Le Collège des médecins créé en 1681, qui joua le rôle de chambre professionnelle et de centre d’études médicales, où se déroulèrent des cours d’anatomie dès 1735. Le Jardin des Plantes où se donnaient des cours de botanique et d’histoire naturelle en faveur des élèves de chirurgie et de pharmacie. L'hôpital militaire, fondé par le Roi en 1774 où furent donnés des cours de chimie pour les apothicaires. Une École de dessin et d'architecture où furent également organisés des cours de mathématiques. (Remplaçant les collèges d'ancien régime) une École centrale, localisée rue des Arts (Lille), où furent enseignées la « physique et la chimie expérimentales », créée en 1796 sous la Première République." (Référence: 'Présence de la « chymie » dans la France du Nord, de la deuxième moitié du XVIIIe siècle au premier tiers du XIXe. Sa diffusion et son enseignement public et privé, son application aux Arts'; Gilbert Dalmasso, Université Lille III)
  4. Les premières sociétés savantes de Lille furent l'Académie Brunin fondée par Charles-Joseph Panckoucke, puis le Collège des Philalèthes fondé en 1785 par Liborio Valentino, apothicaire à Lille, et Charles-Joseph Panckoucke, libraire et éditeur de revue. Ce collège fut actif jusqu'à la Révolution française en 1789 (1). "Le Collège des Philalèthes dont l’activité fut intense, malgré sa création tardive et son existence éphémère (1785-1789). Issu d’une loge maçonnique, il fut remplacé en 1802 par la création de la « société des amis des sciences et des arts » qui se caractérisa à son tour par son intérêt, comme son aîné, pour le développement des disciplines scientifiques"(2). (Référence : Pierre-Yves Beaurepaire « “Une école pour les sciences”. Le collège des Philalèthes et la tentation académique des élites maçonniques lilloises à la fin de l’Ancien Régime », Revue du Nord, t. LXXXI, 332, Études sur Les élites dans la France du Nord (xve-xxe siècle). Composition, pouvoirs et éthique sociale réunies par P. Guignet, octobre-décembre 1999, p. 723-744). [1]
  5. Hyppolyte Verly, Essai de biographie lilloise contemporaine 1800-1869, Lille, Leleu, (lire en ligne)
  6. CTHS - Fiche descriptive de la société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille
  7. Liste des présidents - source société des sciences.
  8. Préfet du Cantal en 1847-1848.
  9. « Notice LH d'Henri Menche de Loisne », base Léonore, ministère français de la Culture.
  10. Neveu de Charles Menche de Loisne.
  11. « Notice LH de Jean Parise », base Léonore, ministère français de la Culture.
  12. CTHS - Fiche descriptive de la société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille.
  13. Prix Kuhlmann 1989 : André Capron - Institut Pasteur de Lille
  14. Louis Danel, ingénieur diplômé de l'institut industriel du Nord à Lille en 1880, était imprimeur rue Jean-sans-Peur à Lille et président du Syndicat des maîtres-imprimeurs de France
  15. Atelier Wicar
  16. 'La citadelle de Lille, Reine des citadelles', Ouvrage récompensé par la Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille - MILOT Jean - Médaille Wicar 1959
  17. Revue du Nord - Programme de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille - 1837
  18. Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts à Lille (1839)
  19. Mémoires de la Société royale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille - 1843
  20. Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts à Lille (1841)
  21. Mémoires de la Société (Royale) des sciences, de l'agriculture et des arts à Lille (1846)
  22. Mémoires de la Société impériale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille - 1852
  23. Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts à Lille (1854)
  24. Archives de la Société des Sciences de l'Agriculture et des Arts à Lille
  25. 68 mémoires et recueils de la Société des Sciences de l'Agriculture et des Arts à Lille
  26. Société des Sciences, de l'Agriculture et des Arts de Lille. Bulletin des séances. 1920-1940
  27. « Société des Sciences de Lille, en 1902 - Photo de groupe », sur numerique.bibliotheque.bm-lille.fr.
  28. Faire-part d'Henri Rigaux sur Persée.
  29. Jules Péroche sur IdRef.
  30. Évocation de F. Danchin sur Persée.
  31. Edmond Faucheur sur IdRef.
  32. Société des sciences, de l'agriculture et des arts, de Lille. Séance solennelle du 21 décembre 1884. Discours de M. Alph. Colas, 'Sur la peinture lilloise'. Séance solennelle du 21 décembre 1884.
  33. CTHS - Fiche descriptive de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille
  34. Legs du chevalier Wicar - 1834.
  35. Histoire des collections - Palais des beaux-arts de Lille.
  36. a et b Site Web de l'histoire de la faculté des sciences de Lille
  37. Mémoire sur la résolution des équations numériques. Mémoires de la société royale des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, 1834, p. 1-34. Cet article est republié dans le Journal de Mathématiques Pures et Appliquées, 1836, vol 1, p. 341-372.
  38. Certains résultats du mémoire permettent de prouver l'arrêt d'une famille d'algorithmes d'isolation de toutes les racines réelles, de polynômes en une indéterminée, à coefficients réels et de degré arbitrairement élevé. La fonction realroot [2] du logiciel MAPLE en fournit un exemple.
  39. Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille. Séance solennelle du 18 décembre 1910. Discours de M. A. Calmette 'Ce que Pasteur dut à Lille et ce que Lille doit à Pasteur'
  40. Louis Pasteur, (Wikilivre) Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, séance du 8 août 1857, 2e sér., V, 1858, p. 13-26. - Annales de chimie et de physique, 3e sér., LII, 1858, p. 404-418. Œuvres complètes de Pasteur, t. 2, Paris, 1922, p. 3-13.
  41. Les universités et la formation des ingénieurs en France 1870-1914 - André Grelon
  42. Bibliographie scientifique de Benjamin Corenwinder, directeur de la station agronomique du Nord et président de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille en 1872
  43. Charles Barrois (géologue) et Jules Henri Barrois - Le patronat du nord sous le second empire - Page 32
  44. Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, Lille, (lire en ligne), p. 477
  45. Philippe Marchand, Le Cours municipal des chauffeurs-mécaniciens de Lille, 1858-1939 : une expérience de formation professionnelle d’adultes, INRP, coll. « Histoire de l'éducation (revue) », , 66e éd. (lire en ligne)
  46. « Rapport à la Société des sciences de Lille »
  47. « L'école des chauffeurs mécaniciens », sur asa3.univ-lille1.fr
  48. Philippe Marchand, "Une expérience professionnelle d’adultes : le Cours municipal des chauffeurs-mécaniciens de Lille, 1858-1939", in Histoire de l'Éducation, no 66, mai 1995, p. 137-158

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]