Superpuissance émergente — Wikipédia

Nations étant ou pouvant devenir des superpuissances au cours du XXIe siècle : la Chine (rouge), les États-Unis (unique superpuissance actuelle, en jaune), l'Inde (vert), la Russie (orange) et l'Union européenne (bleu). Le Japon et le Brésil sont également parfois évoqués.

Une superpuissance émergente est un État ou une entité supranationale montrant le potentiel de devenir une superpuissance dans un avenir plus ou moins lointain.

La fin d'un monde unipolaire dominé par les États-Unis[modifier | modifier le code]

Depuis 1991 et la chute de l'Union soviétique, les États-Unis sont considérés comme la seule superpuissance - un terme employé par Zbigniew Brzezinski pour décrire un État avec une très forte influence sur le reste du monde, notamment dans les domaines d'influence que sont l'économie, le militaire, la technologie et le culturel[1].

Cependant, le déclin américain est sans cesse annoncé depuis la crise du dollar en 1971, l'échec du Viêt Nam (1975), la crise iranienne (1979) ou encore avec la crise des subprimes (2008) et les échecs américains en Afghanistan (2021) laissant entrevoir la disparition d'un monde unipolaire pour laisser place à celui d'une multipolarité[2] avec des puissances régionales, qui ont vocation ou non à devenir des puissances mondiales, comme de l'Union européenne, le retour de la Russie, l'émergence des trois géants que sont le Brésil, l’Inde et la Chine, cette dernière étant considérée comme étant plus proche d'avoir le statut de superpuissance que les autres[3].

Les superpuissances émergentes[modifier | modifier le code]

Plusieurs analystes prédisent l'émergence de pays ou organisations qui peuvent devenir des superpuissances dans les prochaines années. Tous ces pays ou organisations ont actuellement un impact important à l'échelle d'un continent, voire dans certains cas à l'échelle de la planète. On peut citer notamment :

Chine[modifier | modifier le code]

La République populaire de Chine dispose aujourd'hui de l'une des plus fortes croissances économiques au monde. Elle a également la plus importante population au monde (plus de 1,4 milliard d'habitants en 2020), la plus grande armée (plus de 2 millions d'hommes actifs en 2019) et dispose également de l'arme nucléaire depuis 1964. La Chine est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies : ce qui lui confère une influence diplomatique très importante à l'échelle de la planète. Il s'agit actuellement de la deuxième puissance économique du monde, ayant dépassé le Japon au deuxième trimestre de l'année 2010[8]. Elle est une des trois puissances à avoir envoyé par ses propres moyens des hommes dans l'espace (grâce à la mission Shenzhou 5).

De plus en plus d'observateurs américains considèrent la Chine comme étant déjà une superpuissance ou à un niveau très proche d'une superpuissance[9],[10],[11]. La Chine est sur la période 1996-2013 le second producteur au monde de publications scientifiques (après les États-Unis), cependant le volume de citations scientifiques ne suit pas à la même vitesse[12]

Inde[modifier | modifier le code]

Tout comme la Chine, l'Inde est considérée par certains comme ayant le potentiel de devenir à plus ou moins long terme la prochaine superpuissance. L'Inde a la première population du monde, dispose de l'arme nucléaire et a une économie très active.

Cependant, l'Inde doit surmonter un certain nombre de difficultés afin de pouvoir prétendre au statut de superpuissance [13],[14],[15],[16],[17]:

  1. Instabilité religieuse (système de castes, terrorisme…)
  2. Instabilité sociale (rébellion naxalite, insurrection au Jammu-et-Cachemire…)
  3. Surpopulation (ressources insuffisantes…)
  4. Pauvreté
  5. Corruption
  6. Problèmes d’infrastructures
  7. Écart croissant entre les riches et les pauvres
  8. Dégradation environnementale
  9. Fragmentation politique
  10. Disputes territoriales
  11. Pays voisins instables

Russie[modifier | modifier le code]

La Russie est le plus grand pays au monde en termes de superficie. Elle est membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle possède également d'immenses ressources naturelles (gaz, pétrole). Elle possède le plus vaste arsenal nucléaire au monde avec plus de 6 000 têtes nucléaires dont 1 625 sont opérationnelles[18]. Au cours de son histoire, l’URSS aura produit quelque 50 000 têtes nucléaires. Son économie est classée en onzième position, en 2021, selon les statistiques du FMI[19].

Union européenne[modifier | modifier le code]

Se contentant d’additionner les qualités et les capacités de chaque État membre de l'Union européenne, universitaires et politiciens considèrent cette union comme une superpuissance potentielle. Ainsi, alors que certains analystes, tel que Jolyon Howorth (en), qualifieront l'Union européenne d'« acteur international »[20], d'autres, comme Asle Toje (en), considèreront qu'elle a les attributs d'une petite puissance[21].

Du point de vue démographique, certains des pays membres de l'Union européenne (en particulier l'Allemagne et l'Italie) accusent une baisse et un vieillissement de leur population, tandis que certains autres, comme la France ou l'Irlande, conservent une démographie dynamique, parvenant à renouveler leur population avec un solde naturel positif[22]. Pris dans son ensemble, le taux de croissance de la population est l'un des plus faibles du monde mais c'est aussi dans l'UE que les habitants vivent le plus longtemps (mis à part dans quelques régions d'Asie : Japon, Singapour et Hong Kong ).

Concernant le produit intérieur brut, les pays de l'UE reculent au classement des pays les plus économiquement puissants. Trois pays demeurent dans les 10 premiers (le Royaume-Uni (6e) étant sorti de l'UE en 2020) : l'Allemagne (4e), la France (7e) et l'Italie (8e).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (Trad. Le Grand Échiquier : l'Amérique et le reste du monde publié, chez Bayard), Basic Books, , « Aucune puissance ne peut prétendre rivaliser [avec les États-Unis] dans les quatre domaines clés — militaire, économique, technologique et culturel — qui font une puissance globale ».
  2. Voir par exemple, Bertrand Badie, L'impuissance de la puissance. Essai sur les nouvelles relations internationales, Fayard, 2004.
  3. Sebastian Santander (sous la dir.), L’émergence de nouvelles puissances : vers un système multipolaire ? Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde, Mexique, Russie, France, Ellipses, , 249 p. (ISBN 978-2-7298-5022-7).
  4. (en) « Asian Superpower », Cable News Network, (consulté le ).
  5. (en) Anand Giridharadas, « India welcomed as new sort of superpower », The New York Times, (consulté le ).
  6. (en) Simon Hooper, « Russia: A superpower rises again », Cable News Network, (consulté le ).
  7. John McCormick, The European Superpower
  8. La Chine, deuxième puissance économique mondiale
  9. With Eye On Domestic Politics, Superpowers Meet
  10. The Stalemate Summit
  11. Yes, China Has Fully Arrived As A Superpower
  12. (en) « Is China really becoming a science and technology superpower? », sur namesorts.com, (consulté le ).
  13. (en) 10 reasons why India will not become a superpower
  14. L'Inde, une superpuissance… en apparence
  15. Inde, ce géant encore fragile (1)
  16. Inde, ce géant encore fragile (2)
  17. "L'Inde ne devrait pas aspirer à devenir une superpuissance"
  18. « Classement des États du monde par arsenal nucléaire », sur Atlasocio.com (consulté le ).
  19. « PIB ($ US courants) | Data », sur donnees.banquemondiale.org (consulté le ).
  20. Howorth 2011, p. 455
  21. Toje 2010, p. 43
  22. [PDF] Perspectives démographiques mondiales - La Révision de 2004, données de l'ONU.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pays émergents, quelles leçons pour l'Europe ?, Politique, revue de débats, Bruxelles, n°58, .
  • (en) Asle Toje, « The European Union as a Small Power », Journal of Common Market Studies, vol. 49, no 1,‎ , p. 43-60.
  • (en) Jolyon Howorth, « The EU as a Global Actor: Grand Strategy for a Global Grand Bargain? », Journal of Common Market Studies, vol. 49, no 3,‎ , p. 455-474.

Articles connexes[modifier | modifier le code]