Suprémacisme — Wikipédia

Le suprémacisme est une idéologie de la droite identitaire, apparue au XXIe siècle, qui développe une vision de l'Histoire dans laquelle la race occupe une place centrale[1],[2]. Le suprémacisme prétend protéger les Blancs, dont il affirme qu'ils sont menacés par l'immigration d'autres groupes[1],[2]. Son objectif est la séparation spatiale des Blancs et des non-Blancs[1]. Il se distingue du racisme de l'époque coloniale dans la mesure où il n'affiche pas de volonté de civiliser les peuples présentés comme inférieurs et ne vise pas, non plus, à les assujettir (sauf cas isolés)[1].

Le suprémacisme croit dans l'existence de races humaines, soit qu'il insiste sur une identité culturelle des Blancs, soit qu'il adhère à un racisme biologique[3] ; il fonde sur cette croyance un programme politique[1]. Il est critique à l'égard de nombre de valeurs modernes, comme l'universalisme, le progressisme, l'ouverture des frontières[1], le multiculturalisme[2],[4].

Le suprémacisme a acquis une dimension internationale[1],[2].

Personnalités[modifier | modifier le code]

Philippe-Joseph Salazar identifie comme suprémacistes, par exemple, Jared Taylor, auteur de White Identity (2011), qui était situé, au départ, au sein de l'alt-right américaine ; John Derbyshire, auteur de We Are Doomed: Reclaiming Conservative Pessimism (2009) (« On est fichus », en parlant des Blancs) ; Greg Johnson, auteur du White Nationalist Manifesto en 2019 ; l'Autrichien Martin Lichtmesz ; les Français François Bousquet, directeur de la revue Eléments, et Renaud Camus ; le Croate Tomislav Sunić[3].

Suprémacisme et nazisme[modifier | modifier le code]

La question de la relation que ces suprémacistes entretiennent avec le nazisme fait l'objet d'appréciations divergentes[3]. Selon Philippe-Joseph Salazar, ce ne sont pas des nazis dans la mesure où ils ne font pas référence à Mein Kampf, et n'adhèrent pas à un racisme biologique[3]. Mais selon Pascal Engel, certains de leurs ouvrages de référence développent bel et bien les thèses d'un racisme biologique, notamment The Bell Curve (1994), célèbre ouvrage de Richard Herrnstein et Charles Murray qui avait pour objectif de montrer l’infériorité intellectuelle des Noirs sur des bases génétiques (thèse réfutée par Ned Block, dans « How Heritability Misleads About Race », 1995). L'on retrouve chez eux, également, les thèmes du paganisme antichrétien qui rappellent l'idéologie nazie ; de plus, ils sont proches des théoriciens du GRECE, Groupement de recherche et d'études pour la civilisation européenne, comme Alain de Benoist ou Guillaume Faye[3].

Suprémacisme et extrême droite[modifier | modifier le code]

L'extrême droite est un mouvement plus large que le suprémacisme ; toutes les personnes d'extrême droite ne sont pas nécessairement suprémacistes[5]. L'historien et spécialiste de la droite Matthew N. Lyons, qui centre ses recherches sur les États-Unis, définit deux critères pour parler d'extrême droite : ce sont « les forces politiques qui, d'une part, considèrent l'inégalité humaine comme naturelle, inévitable ou souhaitable et, d'autre part, rejettent la légitimité du système politique établi »[5]. Or, une partie importante de l'extrême droite s'oppose au système politique sans accorder à la race un rôle central[5]. Il en va ainsi, par exemple, de l'aile radicale de la droite chrétienne (le Reconstructionnisme chrétien) qui milite pour une théocratie fondée sur la loi biblique[5]. De plus, certaines fractions de l'extrême droite aux États-Unis ont réussi à attirer des personnes originaires des pays du Sud, même si l'extrême droite demeure majoritairement composée de Blancs[5].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe-Joseph Salazar, Suprémacistes. L'Eenquête mondiale chez les gourous de la droite identitaire, Plon, Paris, 2020
  • Fabienne H. Baider, (en) « Thinking globally, acting locally . Analyzing the adaptation of mainstream supremacist concepts to a local socio-historical context (ELAM in Cyprus) », Journal of Language Aggression and Conflict , Volume 5, Issue 2, Jan 2017, p. 178 - 204 , DOI: https://doi.org/10.1075/jlac.5.2.02bai, lire en ligne
  • Matthew N. Lyons, (en) Insurgent Supremacists: The U.S. Far Right's Challenge to State and Empire, PM Press, 2018.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g D. David, compte rendu de Philippe-Joseph Salazar, SUPRÉMACISTES. L'ENQUÊTE MONDIALE CHEZ LES GOUROUS DE LA DROITE IDENTITAIRE, Paris, Plon, 2020, Politique Etrangère; Paris N° 2, (Summer 2021): 197-198 , lire en ligne
  2. a b c et d Fabienne H. Baider, Thinking globally, acting locally . Analyzing the adaptation of mainstream supremacist concepts to a local socio-historical context (ELAM in Cyprus), Journal of Language Aggression and Conflict , Volume 5, Issue 2, Jan 2017, p. 178 - 204 , DOI: https://doi.org/10.1075/jlac.5.2.02bai, lire en ligne
  3. a b c d et e Pascal Angel, De Charlottesville au Capitole, compte rendu de Philippe-Joseph Salazar, SUPRÉMACISTES. L'ENQUÊTE MONDIALE CHEZ LES GOUROUS DE LA DROITE IDENTITAIRE, Paris, Plon, 2020, , lire en ligne
  4. « Insurgent Supremacists: The U.S. Far Right's Challenge to State and Empire - ProQuest », sur www.proquest.com (consulté le )
  5. a b c d et e (en-US) Matthew N. Lyons, « The Far Right Regards Human Inequality as “Natural” », sur Truthout, (consulté le )

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