Suzanne Guyotat — Wikipédia

Suzanne Guyotat
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Suzanne Esther Jeanne Marie GuyotatVoir et modifier les données sur Wikidata
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Suzanne Guyotat, né le à Bourg-Argental (Loire) et morte le à Lyon, est une bibliothécaire et résistante française.

Proche de Philippe Viannay, elle prend la responsabilité, début 1942, du mouvement Défense de la France en zone sud. Elle est chargée de la diffusion puis de l'impression du journal clandestin ainsi que de la création de liens avec les autres mouvements de la résistance, notamment Combat et Témoignage chrétien.

Biographie[modifier | modifier le code]

Suzanne Guyotat, « Suzon », est la fille d'Alphonse Alfred Alexandre Guyotat, médecin, né à Gueugnon le et de Marthe Marguerite Anthelma Jamet, née le à Saint-Julien-Molin-Molette.

Après avoir obtenu une licence en droit, elle débute comme bibliothécaire auxiliaire à la Bibliothèque universitaire de Lille, en 1938[1].

En 1940, elle s'installe à Lyon, et trouve un travail à la bibliothèque universitaire en mars 1941. Sœur d’un des beaux-frères de Philippe Viannay, principal dirigeant du mouvement Défense de la France, elle adhère au mouvement peu après[1].

Dès le début de 1942, Viannay lui demande de prendre la responsabilité de la zone sud. Elle noue des contacts essentiels avec les mouvements Combat et Témoignage chrétien et monte une chaîne de distribution pour les journaux qui lui parviennent de Paris puis en fait assurer l'impression sur place à Lyon et à Grenoble. Elle collabore notamment avec André Bollier de Combat. Elle fait également la connaissance d'Hélène Roederer, qu'elle recrute et qui l'assiste pour l'impression du journal, la fabrication de fausses cartes d'identité, les liaisons et les missions[2],[3],[4].

En mai 1943, se consacrant désormais entièrement à la Résistance, elle vient s'installer à Paris. Elle est nommée au comité directeur, chargée des relations entre le groupe de zone nord et celui de zone sud et entre Défense de la France et Combat[5].

Le , elle est arrêtée par les Allemands. Après avoir été torturée, elle est internée plusieurs mois à Fresnes puis au Fort de Romainville. Le , elle est déportée à Ravensbrück dans le convoi des « 57 000 », puis à Torgau, et finalement au camp de Königsberg. Elle se retrouve avec 250 autres Françaises déportées comme elle pour faits de résistance. Dans le camp, les déportées doivent aplanir un terrain pour construire un terrain d’aviation. Elle décrit ainsi son expérience : « Nous partions à l’aube, après l’appel, et revenions épuisées à la nuit tombante. Une longue marche était nécessaire pour atteindre notre lieu de travail. Nous étions louées à l’entreprise de travaux publics Franz Kübel de Stettin qui, comme d’autres entreprises, enrichissait les membres de la Gestapo en leur versant 3 marks par jour et par personne ». Après quelques mois, elle n’est plus « qu’un petit personnage mourant de froid et de faim, grelottant de fièvre et couvert de vermine »[6].

En février 1945, le camp est libéré par l'Armée Rouge. « Ces combattants nous regardaient avec intérêt et compassion, surpris de voir des Françaises aussi laides et aussi misérables », raconte-t-elle dans son témoignage. Suzanne rentre en France en avril 1945 à Marseille à bord d'un bateau anglais de transport de troupes depuis Odessa[6].

Début 1946, elle passe quelques semaines en Suisse afin de se rétablir puis décide de reprendre ses études. Bénéficiant d'une bourse américaine accordée aux jeunes résistants d'Europe qui ont été obligés d'interrompre leurs études, elle achève sa formation juridique à New York[1].

Une fois de retour en France, elle travaille à nouveau comme bibliothécaire, à la faculté de droit de Paris, à l'École française d'Athènes, à Aix-en-Provence, puis à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) de 1960 à 1971. Elle est ensuite directrice de la Bibliothèque universitaire de Poitiers de 1971 jusqu’à son départ en retraite, en 1982[1].

Pendant toute cette période, elle participe aux activités de l'ADIR. Dans les années 1960, elle témoigne à maintes occasions devant des élèves préparant le Concours national de la résistance et de la déportation[1].

Elle meurt à Lyon le 14 février 2011[7],[8].

Suzanne Guyotat est la tante de l'écrivain Pierre Guyotat.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Articles[modifier | modifier le code]

  • Suzanne Guyotat, « La libération du camp de concentration de Königsberg en Neumark, dit petit Königsberg, par un témoin », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1985, vol. II, no 1, pp. 7-13 en ligne.
  • « Témoignage de Mlle Suzanne Guyotat » dans Hélène Roederer, étudiante et résistante 1921-1945, Lyon, L'Hermès, 1985. Témoignage de Suzanne Guyotat lors de la cérémonie du 10 mai 1985 à la mémoire d’Hélène Roederer, déportée en Allemagne avec elle et morte d’épuisement à Ravensbrück le 10 mai 1945.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Olivier Wieviorka, Une certaine idée de la Résistance. "Défense de la France" (1940-1949), Editions du Seuil, 2014
  • Anne-Marie Pavillard, « Les bibliothécaires de la BDIC sous l'Occupation », Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 100, no. 4, 2010, pp. 32-41 (en ligne)
  • Anne-Marie Pavillard, « Des bibliothécaires, résistantes et déportées » dans Femmes en déportation : les déportées de répression dans les camps nazis 1940-1945, Philippe Mezzasalma (dir.), Presses universitaires de Paris Nanterre, 2021, pp.174-175 (en ligne)
  • Marie Granet, Défense de la France : histoire d'un mouvement de résistance (1940-1944), Presses universitaires de France, 1960
  • « Hommage à Suzanne Guyotat, héroïne de la Résistance », Le Progrès, 7 mai 2007
  • Marie-Cécile Bouju, Notice Suzanne, Esther, Jeanne, Marie Guyotat, Le maitron, 2021
  • Catherine Brun, Pierre Guyotat essai biographique, L. Scheer, 2005 (en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • « Suzanne Guyotat, grande résistante, repose dans son village natal », Le Progrès, 21 févr. 2011 (en ligne)

Autorité[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Anne-Marie Pavillard, « Des bibliothécaires, résistantes et déportées » dans Femmes en déportation : les déportées de répression dans les camps nazis 1940-1945, Philippe Mezzasalma (dir.), Presses universitaires de Paris Nanterr, 2021, pp.174-175 (en ligne)
  2. « J'avais demandé dès le début de 1942 à Suzon Guyotat, dont j'ai dit combien elle m'était proche, de prendre la responsabilité de la zone-sud à partir de Lyon où elle venait d'être nommée bibliothécaire. Suzon, dont la vive intelligence et la malice se cachaient derrière un air de ne pas y toucher, avait su nouer des contacts essentiels avec le mouvement Combat et avec Témoignage chrétien. Elle monta une chaîne de distribution pour les journaux qui lui parvenaient de Paris non sans difficultés, puis, quand nous pûmes fabriquer des clichés, fit assurer l'impression sur place à Lyon et à Grenoble. », Philippe Viannay, Du bon usage de la France : Résistance, journalisme, Glénans, Ramsay, 1988, p. 49
  3. « Chargée de la diffusion du journal en zone Sud, Suzanne Guyotat recrute Hélène Roederer, qui la seconde pour l'impression du journal, la fabrication de fausses cartes d'identité, les liaisons, les missions. », Bruno Permezel, Résistants à Lyon 1144 noms, Volume 1, 1992, p.241
  4. « Il y eut même des antennes en zone sud, grâce à Suzanne Guyotat. Le journal fut diffusé à Lyon, puis dans le centre et des liens étroits furent établis avec Combat et Témoignage chrétien. », François-Georges Dreyfus, Histoire de la Résistance, 1940-1945, Editions de Fallois, 1996, p.113
  5. « Quand Suzanne Guyotat prit un congé illimité pour se consacrer entièrement à la Résistance, en février 1943, et vint s’installer à Paris, elle resta le lien entre le groupe de zone nord et celui de zone sud et entre Défense de la France et Combat : c’est elle qui portait les “zincs” et les “flans” de l’une à l’autre zone. », Marie Granet, Défense de la France. Histoire d’un Mouvement de Résistance (1940-1944), PUF, 1960, p. 118
  6. a et b Suzanne Guyotat, « La libération du camp de concentration de Königsberg en Neumark, dit petit Königsberg, par un témoin », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 1985, vol. II, no 1, pp. 7-13
  7. Avis de décès de Madame Suzanne Guyotat sur libramemoria.com
  8. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  9. Ordre de la Libération, « Médaille de la Résistance française avec rosette - fiche Suzanne Esther Jeanne Marie GUYOTAT » (consulté le )