Tamassos — Wikipédia

Tamassos
Ταμασσός
Image illustrative de l’article Tamassos
Apollon Chatsworth du Britsh Museum de Londres
Localisation
Pays Drapeau de Chypre Chypre
District de Nicosie
Coordonnées 35° 02′ 06″ nord, 33° 15′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Chypre
(Voir situation sur carte : Chypre)
Tamassos
Tamassos

Tamassos (grec: Ταμασσόςς) ou Tamasos (grec: Τἀμασος) est une cité grecque antique située sur l'île de Chypre, devenu un site archéologique, situé dans la partie centrale de l’île.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le site est situé dans la grande plaine centrale de l'île, au sud-est de Soles, sur la route du site de Soles à Tremithus (ou Tremetousia). Il est un peu à l’écart de la route menant de Nicosie au Mont Olympe. Aujourd'hui, il est réparti sur les territoires des villages de Psimolofou, Episkopeio, Pera Orinis, Ergates, Politiko, Kampia, Analyontas et Kapedes. Il borde notamment le village de Politiko, à environ 21 kilomètres au sud-ouest de la capitale, Nicosie.

Variantes orthographiques[modifier | modifier le code]

Un article de Sophrone Pétridès dans la Catholic Encyclopedia de 1912 indique que les pièces de monnaie de la cité antique énoncent le toponyme avec le double s (Tamassos, Tamassus) [1]. D’autres articles font prévaloir l'orthographe avec un seul s (Tamasos, Tamasus), citant Pline, Strabon, Ovide, Eustathe, Constantin Porphyrogénète et Nonnos de Panopolis, et les signatures des évêques qui ont participé respectivement au deuxième Concile œcuménique et au quatrième[2],[3].

Le gouvernement de Chypre a publié en 1964 un cachet qui fait référence à la ville antique en tant que Ταμασός en grec et tamasus en anglais[2]. Le Département chypriote des Antiquités utilise les deux formes[4], tandis que les instituts archéologiques américains, anglais ou français utilisent la formulation avec double s[5],[6],[7].

Histoire[modifier | modifier le code]

Une inscription assyrienne d'environ 673 av. J.-C. (indexée sous l’appellation de prisme d’Assarhaddon), mentionne Tamesi comme une cité-État ayant son propre roi qui rend hommage à l'Empire néo-assyrien [8],[9].

Des nécropoles de la période assyrienne ont été mises au jour au XIXe siècle, avec des chambres funéraires dédiées à des rois et des nobles[10]. Un moment indépendante, et partagée en une dizaine de royaumes, l'île reçoit ensuite l'influence de plus en plus forte des cités grecques et des puissants voisins perses[11]. Après Alexandre le Grand, la cité de Tamassos fait partie du monde hellénistique puis est englobée dans les possessions romaines. Elle honore Apollon par un sanctuaire[12]. Une tête de bronze d'Apollon, dite Chatsworth a été découverte sur place, en 1836, près de la rivière Pediaeos, dans la partie septentrionale du site. Tête et bras se sont détachés lorsque l’ensemble statutaire dont ils sont issus a été extrait du sol, et l’œuvre a été vendue, en morceaux, au poids du métal. La tête a été acquise ultérieurement, en 1838 ou 1839, par un aristocrate anglais, le duc de Devonshire, qui l’a installée dans son domaine de Chatsworth, dont elle a gardé le nom. En 1885[13] ou en 1888-1889, Max Ohnefalsch-Richter a retrouvé l’emplacement du sanctuaire d’où provient la statue et y a trouvé d’autres fragments de statues en bronze[14]. Après cette découverte, la localisation précise du sanctuaire a été perdue. Durant l'automne 2020, une campagne de fouilles archéologiques effectuée par une équipe allemande des universités de Francfort et de Kiel, l'a retrouvé grâce à un sondage Lidar en collaboration avec l'université de Chypre, dans une vallée à proximité du village de Pera Oreinis (en)[13].

Au lieu-dit Chomazourka, des traces de constructions d'une basilique paléochrétienne ont été découvertes, ainsi que des tombes de la même période[7],[15].

Évocation littéraire[modifier | modifier le code]

Compte tenu des mines de cuivre dans cette région, le site peut correspondre au Témése mentionné par Homère dans l’Odyssée (Odyssée, I, 184), bien que cette hypothèse soit contestée par certains chercheurs[16],[17].

« Μέντης Ἀγχιάλοιο δαΐφρονος εὔχομαι εἶναι
νῦν δ' ὧδε ξὺν νηῒ κατήλυθον ἠδ' ἑτάροισι,
πλέων ἐπὶ οἴνοπα πόντον ἐπ' ἀλλοθρόους ἀνθρώπους,
ἐς Τεμέσην μετὰ χαλκόν, ἄγω δ' αἴθωνα σίδηρον. »

« J'ai mon navire et mon équipage
Sur le noir océan, je vais à Témése
Chez des gens qui parlent une autre langue
Troquer mon fer étincelant contre du bronze »

Le cuivre était à l’époque la principale source de commerce de l'île[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Sophrone Pétridès, « "Tamassus », Catholic Encyclopedia, New York,‎ (lire en ligne)
  2. a et b (el) « Η Ταμασός ανά τους αιώνας », Diakonima,‎ (lire en ligne)
  3. (en) Charlton T. Lewis et Charles Short, A Latin Dictionary. Founded on Andrews' edition of Freund's Latin dictionary. revised, enlarged, and in great part rewritten, Oxford, Clarendon Press., (lire en ligne), « Tămăsŏs »
  4. (en) « Tamasos », sur Department of Antiquities.
  5. (en) Demos Christou, « Rare Cypriot Sculptures », Archaelogy, vol. 50, no 3,‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Cypriot Copper: Mysteries of the Bronze Age. Weapons Tools and Ritual Remains », sur Ashmolean Museum of Art and Archaeology.
  7. a et b Karageorghis Vassos, « Chronique des fouilles et découvertes archéologiques à Chypre en 1967 », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 92, t. 1,‎ , p. 261-358 (lire en ligne)
  8. (en) Gocha R. Tsetskhladze et Maria Iacovou, Greek Colonisation : An Account of Greek Colonies and Other Settlements Overseas, vol. 2, Brill, , 566 p. (ISBN 978-90-04-15576-3, lire en ligne), « Cyprus: from migration to Hellenization », p. 261
  9. (en) « Esarhaddon's Annals », sur bethel.edu.
  10. Olivier Masson, « Kypriaka. I. Recherches sur les antiquités de Tamassos », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 88, t. 1,‎ , p. 199-238 (DOI 10.3406/bch.1964.2274, lire en ligne)
  11. Jean Pouilloux, « L'époque classique à Chypre », Journal des savants,, nos 3-4,‎ , p. 147-161 (DOI 10.3406/jds.1989.1524, lire en ligne)
  12. Antoine Hermary, « Un combat homérique sur un vase chypriote archaïque », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, t. 103, no 1,‎ , p. 167-175 (DOI 10.3406/mefr.1991.1707, lire en ligne)
  13. a et b Simon Cherner, « À Chypre, le sanctuaire perdu d'Apollon enfin retrouvé », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  14. Anne Bouquillon, Sophie Descamps, Antoine Hermary et Benoît Mille, « Une nouvelle étude de l'Apollon Chatsworth », Revue archéologique, vol. 2, no 42,‎ , p. 227-261 (DOI 10.3917/arch.062.0227, lire en ligne)
  15. Sabine Fourrier, « Les territoires des royaumes chypriotes archaïques : une esquisse de géographie historique », Cahiers du Centre d'Etudes Chypriotes, vol. 32,‎ , p. 135-146 (DOI 10.3406/cchyp.2002.1408, lire en ligne)
  16. Malick Ndoye, Groupes sociaux et idéologie du travail dans les mondes homérique et hésiodique, Presses universitaires deFranche-Comté, (lire en ligne)
  17. Frank Van Wonterghem et Maddoli Gianfranco, « Temesa e il suo territorio. Atti del colloquio di Perugia e Trevi (30-31 maggio 1981) », L'Antiquité classique, t. 54,‎ , p. 541-542 (lire en ligne)

Article connexe[modifier | modifier le code]