Tanoutamon — Wikipédia

Tanoutamon II
Image illustrative de l’article Tanoutamon
Tête d'une statue du dieu Amon dédiée par Tanoutamon
Décès v. 656/653 avant notre ère[1]
Période Troisième Période intermédiaire
Dynastie XXVe dynastie
Fonction Pharaon d'Égypte et roi de Napata
Prédécesseur Taharqa
Dates de fonction v. 664 à 656 avant notre ère[2]
Successeur Psammétique Ier
Famille
Grand-père paternel Kachta
Grand-mère paternelle Pabatjma
Grand-père maternel Piânkhy
Père Chabaka
Mère Qalhata
Conjoint Piânkharty
Deuxième conjoint Isetemkhebyt
Troisième conjoint Malaqaye (en) ?
Fratrie Horemakhet
♀ Isetemkhebyt
♀ Piânkharty
Sépulture
Type Pyramide nubienne
Emplacement KU 16 à El-Kourrou

Tanoutamon, ou Tantamani[3], est le dernier pharaon de la XXVe dynastie, couronné dans le temple d'Amon du Gebel Barkal. Il est roi de Napata et pharaon de 664 à 656 av. J.-C. Manéthon l'appelle Tanoutamon.

Règne[modifier | modifier le code]

Tête d'Amon bélier inscrite au nom du roi Tanoutamon (XXVe dynastie) - Musée du Louvre.

Conflit avec l'Assyrie sur le contrôle de l'Égypte[modifier | modifier le code]

Tanoutamon commence son règne en 664 AEC sur un royaume en mauvaise posture face aux Assyriens d'Assurbanipal qui ont envahi l'Égypte et nommé Nékao Ier, roi de Saïs, comme représentant et intermédiaire privilégié des chefs du Delta[4]. Ainsi, peu après le départ de l'armée assyrienne, Tanoutamon envahit l'Égypte dans l'espoir de rétablir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire. Tanoutamon descend le Nil depuis la Nubie et réoccupe toute l'Égypte, y compris Memphis, où il vainc et tue Nékao Ier et le représentant des Assyriens, tandis que le fils de Nékao Ier, Psammétique Ier fuient vers l'Assyrie.

Cela conduit à un nouveau conflit avec Assurbanipal en 663 AEC. Les Assyriens, menés par Assurbanipal, reviennent en force en Égypte. Ils livrèrent une bataille rangée au nord de Memphis, près du temple d'Isis, entre le Sérapéum et Abousir. Tanoutamon est vaincu et s'enfuit en Haute-Égypte. Quarante jours après la bataille, l'armée d'Assurbanipal arrive à Thèbes. Tanoutamon avait déjà quitté la ville pour Kipkipi, un lieu qui reste incertain mais qui pourrait être Kôm Ombo, à quelque 200 km au sud de Thèbes[5]. La ville de Thèbes est conquise, « écrasée (comme par) une tempête » et fortement pillée[5],[6]. L'événement n'est pas mentionné dans les sources égyptiennes, mais il est connu par les annales assyriennes[7], qui rapportent que les habitants ont été déportés. Les Assyriens emportent un important butin d'or, d'argent, de pierres précieuses, de vêtements, de chevaux, d'animaux fantastiques, ainsi que deux obélisques recouverts d'électrum d'un poids de 2 500 talents (environ 75,5 tonnes)[5],[6]. Le sac de Thèbes a été un événement capital qui s'est répercuté dans tout le Proche-Orient ancien. Il est mentionné dans le livre de Nahum, chapitre 3, 8-10[6]. Une prophétie du livre d'Isaïe y fait également référence.

Fin de règne[modifier | modifier le code]

Par la suite, Tanoutamon ne régna plus que sur la Nubie, la dernière attestation de ce roi en Égypte est datée de l'an 8 (soit 657 AEC) sur une stèle de Karnak[1]. Après le départ de l'armée assyrienne, Psammétique Ier prend petit à petit le contrôle de l'ensemble du territoire, avec entre autres l'aide de mercenaires cariens et ioniens[8]. En l'an 11 de son règne (soit vers 654 AEC), Psammétique Ier a pris le contrôle définitif de tout le territoire égyptien et s'est débarrassé de la tutelle assyrienne[9].

Tanoutamon meurt un peu après 656 AEC[1], peut-être vers 653 AEC, et Atlanersa, un fils de Taharqa, lui succède[10].

Autonomie de Thèbes[modifier | modifier le code]

Entre 670 et 655 AEC, les va-et-vient des armées koushite et assyrienne entraînent un vacance du pouvoir royal sur Thèbes. Ainsi, le quatrième prophète d'Amon Montouemhat et la divine adoratrice d'Amon Chepenoupet II prennent le pouvoir de facto, cette dernière est à l'origine d'un programme architecture à Thèbes mais aussi à Médamoud[11].

Par exemple, en plus des chapelles de Karnak d'Osiris Nebânkh/Paoushebiad et d'Osiris Nebdjet où elle est représentée avec Taharqa, Chepenoupet II est représentée seule, c'est-à-dire sans aucune représentation ou mention d'un roi, dans les chapelles d'Osirishéryibpaished et d'Osiris Padedânkh, toutes deux également situées à Karnak. D'ailleurs, des épisodes d'une fête-Sed de Chepenoupet II sont représenté dans la chapelle d'Osiris Padedânkh[11].

Quant à Montouemhat, il apparaît comme un véritable prince local, arborant sur ses nombreuses statues les titres « gouverneur de la Haute-Égypte en entier », « grand supérieur du pays entier », ou encore « directeur des gouverneurs des villes »[1]. Selon ses dires : « J'étais le gouverneur de Thèbes, la Haute-Égypte toute entière était sous mon autorité, la frontière méridionale allant jusqu'à Éléphantine, la septentrionale jusqu'à Hermopolis »[1]. Toutefois, cette autorité sur un aussi large territoire semble plutôt honorifique, les sources assyriennes montrant que des villes comme Thinis, Hermopolis et Assiout étaient sous l'autorité de responsables locaux[1].

Activités architecturales[modifier | modifier le code]

Outre sa tombe à El-Kourrou, Tanoutamon est le commanditaire de statues colossales retrouvées au Gebel Barkal et à Doukki Gel[6]. À Karnak, la chapelle d'Osiris-Ptah située au sud du Xe pylône est terminée au début de son règne, avec une décoration montrant à la fois Taharqa et Tanoutamon[11]. Au temple d'Opet, une grande stèle de granite rose à son nom a également été retrouvée[11].

Généalogie[modifier | modifier le code]

Tanoutamon semble être le fils de Chabaka et Qalhata[12],[13]. Les documents assyriens appellent Tanoutamon un fils de Chabaka et font référence à sa mère, Qalhata, comme étant une sœur de Taharqa. Certains égyptologues ont interprété le texte assyrien comme indiquant que Tanoutamon était un fils de Chabataka, mais il est aujourd'hui plus courant de considérer Tanoutamon comme un fils de Chabaka[14].

Il épouse peut-être Malaqaye (en) et ses demi-sœurs Piânkharty et Isetemkhebyt. Le fils de Taharqa, Atlanersa, lui succède mais uniquement dans sa capitale de Napata. Ses descendants sont à l'origine des pharaons de Napata et de la civilisation méroïtique.

Sépulture[modifier | modifier le code]

Tanoutamon est enterré dans la nécropole royale d'El-Kourrou sous la pyramide « Ku 16 »[1]. Le tombeau de Tantamani était situé sous une pyramide, aujourd'hui disparue, sur le site d'El-Kourrou. Il n'en reste que l'entrée et les chambres, magnifiquement décorées de peintures murales.

Titulature[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Payraudeau 2020, p. 223.
  2. Payraudeau 2020, p. 557.
  3. « Tantamani » : D. Agut et J. C. Moreno-García, 2016, p. 808 et « Tantamani ou Tanoutamon » : C. Ziegler et J-L. Bovot, 2011, p. 405. « Tanoutamon » : Matthieu Honegger in F-X Fauvelle, 2018, p. 76 (avec une coquille qui distingue deux statues par I et II, en prêtant à confusion dans la légende de l'image comme s'il s'agissait de deux pharaons. Mais le commentaire, plus loin sur cette page, est très clair : il s'agit du même personnage.
  4. Payraudeau 2020, p. 219.
  5. a b et c Dan'el Kahn, « The Assyrian Invasions of Egypt (673-663 B.C.) and the Final Expulsion of the Kushites », Studien zur Altägyptischen Kultur, vol. 34,‎ , p. 251–267 (JSTOR 25157757)
  6. a b c et d Payraudeau 2020, p. 221.
  7. Morkot 2000, p. 296.
  8. Payraudeau 2020, p. 230.
  9. Payraudeau 2020, p. 235.
  10. « Digging into Africa's past » [archive du ]
  11. a b c et d Payraudeau 2020, p. 222.
  12. Payraudeau 2020, p. 220.
  13. Dodson et Hilton 2004.
  14. Morkot 2000.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)
  • Aidan Dodson et Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, [détail des éditions]
  • Robert G. Morkot, The Black Pharaohs: Egypt's Nubian Rulers, The Rubicon Press, (ISBN 0-948695-24-2)
  • Joël Cornette (dir.) et Damien Agut et Juan Carlos Moreno-García, L'Égypte des pharaons : de Narmer à Dioclétien 3150 av. J.-C. - 284 apr. J.-C., Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », (réimpr. 2018, 2018), 847 p., 24 cm (ISBN 978-2-7011-6491-5)
  • François-Xavier Fauvelle (dir.) et al., L'Afrique ancienne : de l'Acacus au Zimbabwe : 20 000 avant notre ère-XVIIe siècle, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 678 p., 24 cm (ISBN 978-2-7011-9836-1, BNF 45613885)
  • Bernard Holtzmann (dir.) et al., L'art de l'Antiquité : 2. L'Égypte et le Proche-Orient, Paris, Gallimard, Réunion de musées nationaux, coll. « Manuels d'histoire de l'art », , 461 p., 23 cm (ISBN 2-07-074341-1 et 2-7118-3396-8), « L'Égypte pharaonique : Annie Forgeau », p. 18-133
  • Alain Schnapp (dir.) et al., Préhistoire et Antiquité : Des origines de l'humanité au monde classique, Paris, Flammarion, coll. « Histoire de l'art », , 591 p., 26 cm (ISBN 978-2-08-124425-2), « Le monde égyptien : Sydney Aufrère », p. 124-217
  • Christiane Ziegler et Jean-Luc Bovot, L'Égypte ancienne : Art et archéologie, Paris, La Documentation française, École du Louvre, Réunion des musées nationaux-Grand Palais, coll. « Petits manuels de l'École du Louvre », (1re éd. 2001), 511 p., 20,5 cm (ISBN 978-2-11-004264-4, 2-7118-4281-9 et 978-2-7118-5906-1)