Théologie féministe — Wikipédia

Allégorie de la théologie, définie par l'inscription soutenue par les deux chérubins comme Divina[rum] [Rer]um Notitia, c'est-à-dire révélation des choses divines (Raphaël, Musée du Vatican, XVIe siècle)

La théologie féministe est un courant né au sein du christianisme, du judaïsme, de l'islam, ou d'autres religions, qui questionne et étudie les traditions, pratiques, écritures et théologies de ces religions dans une perspective féministe.

La théologie féministe vise à étudier dans une perspective théologique et historique scientifique le rôle des femmes dans les textes sacrés des religions et au sein de leur milieu religieux d'origine. Elle favorise également une réinterprétation du rôle des femmes qui peut être véhiculé dans l'imagerie et les propos religieux à dominante patriarcale.

Présentation[modifier | modifier le code]

Christianisme[modifier | modifier le code]

Parmi les théologies féministes nées dans la tradition chrétienne, il peut être utile de distinguer les théologies explicitement chrétiennes, qui entendent transformer la théologie de l'intérieur, d'autres théologies féministes qui voient dans le christianisme un système intrinsèquement patriarcal et s'en éloignent, élaborant ainsi des théologies féministes « post-chrétiennes » voire « anti-chrétiennes ».

Les travaux qualifiés de théologie féministe en France apparaissent à la suite du concile Vatican II, en lien avec le féminisme à partir des années 1960. Les travaux s’inspirent des réflexions développées dans le mouvement socio-culturel du féminisme historique. À la suite du concile, la question des femmes dans les Églises est l'un des premiers sujets de débat. Le Conseil œcuménique des Églises organise des groupes de travail et des commissions sur la place des femmes dans les communautés chrétiennes[1].

Ces travaux comportent une dimension spécifiquement biblique : l'exégèse féministe qui vise, selon Elisabeth Schüssler Fiorenza, à « reconstruire l'histoire chrétienne primitive des femmes » pour éviter que « les traditions et les textes bibliques formulés et codifiés par les hommes [restent] une source d'oppression pour les femmes »[2].

En 1967, Yvonne Pellé-Douël publie l'ouvrage intitulé Être femme[3].

Le travail théologique va au delà des rapports psychologiques entre hommes et femmes, et questionne la théologie mariale, les théologies « de la femme », ou « de la féminité ». Le premier écrit francophone sur ce sujet est un travail doctoral réalisé par Kari Elisabeth Børressen en 1968. Dans ce travail de théologie, l'auteure soutient la thèse selon laquelle la théologie morale catholique n'est pas adaptée à l’époque contemporaine, et elle replace le leg intellectuel d’Augustin d’Hippone et de Thomas d’Aquin dans les catégories intellectuelles et les représentations de leur époque[1].

L’association Femmes et hommes dans l’Église, aboutit à une résolution sur la place des femmes dans les ministères de l’Église et demande aux pères synodaux l’égalité pleine et entière des baptisés des deux sexes[1].

Aux États-Unis, les travaux de Mary Daly (The Church and the Second Sex) publiés en 1968 sont considérés comme précurseurs[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Anthony Favier, « Des études féministes aux études de genre. Le double échec de leur réception par les sciences catholiques françaises », Revue d'éthique et de théologie morale, no 279,‎ , p. 9-29 (DOI 10.3917/retm.279.0009, lire en ligne)
  2. Elisabeth Schüssler Fiorenza, En mémoire d'elle. Essai de reconstruction des origines chrétiennes selon la théologie féministe, Paris, Cerf, , 482 p. (ISBN 2-204-02403-1), p. 13
  3. Yvonne Pellé-Douël 1967.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie complémentaire[modifier | modifier le code]

  • (en) Pamela Sue Anderson, 'A feminist philosophy of religion: the rationality and myths of religious belief, éd. Blackwell, 1999
  • (en) Pamela Sue Anderson and Beverley Clack, Feminist philosophy of religion: critical readings, éd. Routledge, 2004
  • Concilium n°263 : Les théologies féministes dans un contexte mondial, 1996.
  • Marie-Andrée Roy, « Les femmes, le féminisme et la religion » in L'étude de la religion au Québec : Bilan et prospective, Presses de l'Université de Laval, 2001

Théologie féministe chrétienne : présentations générales[modifier | modifier le code]

  • Anne Carr, La femme dans l’Eglise. Tradition chrétienne et théologie féministe (1988), Paris, Cerf, 1993.
  • Alice Dermience, Théologie de la Femme et théologie féministe, Revue théologique de Louvain, 2000, vol. 31, n° 4, p. 492-523
  • Olivette Genest, L'impact de la critique féministe sur l'étude de la théologie, Studies in Religion / Sciences religieuses 23, 1994, p. 331-337.
  • Alice Gombault, « Les théologies féministes », in Évangile et Liberté, n° 201, août-.
  • Marie-Françoise Hanquez-Maincent, La théologie féministe : un lieu pour de nouveaux possibles, Médiaspaul, 2019, 119 p. (ISBN 9782712215149)
  • René Heyer, Seules devant Dieu : la théologie féministe dans ses traits distinctifs et son unité, Revue de droit canonique, Strasbourg, 1996, vol. 46, n° 1
  • René Heyer, La théologie féministe : éléments de bibliographie en langue française, Revue de droit canonique, Strasbourg t. 46/1, 1996, p. 95-98
  • Daniel Marguerat, Les femmes qui disent Dieu. Présentation des théologies féministes, Libre sens, n°41, 1995, p. 3-17.
  • Élisabeth Parmentier :
  • Susan A. Ross, « Féminisme et théologie », in Raisons politiques, n°4, , Presses de la Fondation nationale de sciences politiques, p. 133-146.
  • (en) L. Russell and J. Clarkson (dir.), Dictionary of feminist theologies, Louisville, Ky., Westminster John Knox Press, 1996, compte-rendu de Pauline Côté dans Archives de sciences sociales des religions, no 100, 1997. p. 164-165, [lire en ligne].
  • Myriam Tonus, Miroirs d'Eve. Quand des hommes font parler Dieu à propos des femmes, L'Harmattan, Paris, 2001.
  • Anina Van de Kerk, Introduction aux lectures féministes de la christologie, Études théologiques et religieuses, Montpellier (France), 1990, 65, n°4, p. 593-607.
  • Marie Thérèse van Lunen-Chenu, « Femmes, féminisme et théologie », in Bernard Lauret et François Refoule (dir.), Initiation pratique à la théologie, t. V, Paris, Cerf, 1984, p. 276-322.
  • Denise Veillette, « Exister, penser, croire autrement. Thématique religieuse féministe de la revue Concilium », in Recherches féministes, vol. 3, n° 2, 1990, p. 31-71. [Recension de tous les articles religieux féministes publiés entre 1965 et 1990 et description des principaux thèmes].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]