Triangle d'or (Asie) — Wikipédia

Le Triangle d'or.

Le Triangle d'or est une région montagneuse d'Asie du Sud-Est aux confins du Laos, de la Birmanie (Myanmar) et de la Thaïlande (certaines interprétations y incluent également une partie du Vietnam, voire le Yunnan chinois). La frontière triangulaire sur les trois pays se situe au confluent du Mékong et de son affluent en rive droite le Ruak dans l’agglomération de Sop Ruak[1].

Comme le Croissant d'or, qui regroupe l'Afghanistan, l'Iran et le Pakistan, il est l'une des principales zones mondiales de production d'opium depuis les années 1920.

Il y a six groupes ethniques principaux dans cette région : Karen, Hmong, Mien (ou Yao), Lahu, Akha et Lisu. La vie de ces peuples ne doit pas se résumer en un caricatural "producteurs d'opium"[2] : ce sont essentiellement des paysans, producteurs de riz pratiquant la culture sur brûlis pour leur consommation personnelle.

Histoire[modifier | modifier le code]

C’est sur les montagnes du Laos que les Hmong, qui migrèrent de Chine sous la dynastie Qing, furent encouragés à cultiver le pavot et à produire de l’opium. Par les Français, notamment pour l'export vers la Chine, ce qui a donné lieu aux guerres de l'opium, puis pendant la guerre d'Indochine au Laos, et enfin, pendant la guerre du Vietnam, au Laos, cette fois par la CIA et les États-Unis, en échange de fourniture d'armement[3].

Sous l'Indochine française, le chef de la minorité Hmong Touby Lyfoung au Xieng Khouang (actuel Laos) et Méo (nom vietnamien des Hmong), Deo Van Long au Tonkin (actuel Vietnam), sont chargés de la production de l'opium. Leur production s’accroît particulièrement sous le régime de Vichy avec une production passée de 7,5 tonnes en 1940 à 60,6 tonnes en 1944. La Régie de l'Opium du service des Douanes est l'organisme français chargé de la gestion de cette production[4].

Production[modifier | modifier le code]

La Birmanie est le second producteur d'opium mondial après l'Afghanistan[5] et a été un acteur important du trafic international de stupéfiants depuis la Seconde Guerre mondiale[6],[7]. L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) estimait à 430 km2 les surfaces consacrées à la culture du pavot somnifère (Papaver somniferum var. album) en Birmanie en 2005[8]. La reddition de la Mong Taï Army de Khun Sa en a été saluée par le gouvernement de Rangoon comme un succès majeur de la lutte contre la drogue, mais le manque de volonté politique à l'encontre des principaux groupes de narcotrafiquants, ainsi que la mollesse de la lutte contre le blanchiment d'argent continuent de saper cet effort. La plupart des minorités qui cultivent l'opium vivent en dessous du seuil de pauvreté[9],[10]. Dans les années 1980, la production d'opium du Triangle d'or représente plus de 70 % de la production mondiale ; en 2007, elle ne représente plus que 5 % environ de la production mondiale : le Triangle d'or est éclipsé par le Croissant d'or[11]. Au début des années 2000, héroïne et opium ont progressivement été remplacés par d'importantes quantités de méthamphétamine, le yaa baa, le "médicament qui rend fou"[12]. Depuis le début des années 2020, la région du Triangle d'or investit massivement dans la cybercriminalité[13].

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Romain Meynier, « Le triangle dort », sur liberation.fr, 10 janvier 2014 (mis à jour le 13 janvier 2014)
  2. Marten Helen, « Victoria Vorreiter, entre rituels et musique », Gavroche Thaïlande, no 185,‎ , p. 36 (19) (lire en ligne [PDF])
  3. Journoud 2010.
  4. (Bruneau 1981, p. 126) « La production de l'opium de l'Indochine française s'accrut considérablement, passant de 7,5 t en 1940 à 60,6 t en 1944, les deux régions les plus productrices étant la province de Xieng Khouang au Laos et le Nord-Est-Tonkin, pays Taï où se trouvaient un grand nombre de Meo. », la page pour le reste.
  5. (en) "Afghanistan Again Tops List of Opium Producers". The Washington Post. 4 février 2003.
  6. (en) LoBaido, Anthony C, « Afghan war lifts Burma's opium trade », WorldNetDaily, WorldNetDaily.com Inc,
  7. (en) Gluckman, Ron, « Where has all the opium gone? », Ron Gluckman
  8. (en) « "Facts and figures showing the reduction of opium cultivation and production..." »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le ). Embassy of the Union of Myanmar in Pretoria. 23 octobre 2005.
  9. Luc Hilly, « Thaïlande : la fin du triangle d'or ? », Gavroche Thaïlande, no 159,‎ , p. 36 à 38 (lire en ligne [PDF])
  10. Marie Normand et Pierre Arnaud Chouvy, « Regard "Le triangle d'Or exporte toujours son opium vers les États-Unis et l'Europe" » (Entretien), Gavroche Thaïlande, no 159,‎ , p. 39 (lire en ligne [PDF])
  11. Thomas Fuller, « Drogues. Le Triangle d'or n'est plus ce qu'il était », sur Courrier international.com, (consulté le )
  12. Ryosuke One, « Triangle d'or. Les nouveaux chemins de la drogue », sur Courrier international.com, (consulté le ).
  13. Brice Pedroletti, « En Asie du Sud-Est, un business de l’arnaque en ligne florissant et à l’impact mondial : Epicentre du trafic d’opium, la région du Triangle d’or a massivement investi le champ de la cybercriminalité depuis la pandémie, détaille un rapport des Nations unies dévoilé cette semaine. », sur lemonde.fr, Le Monde,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Journoud, « La CAT/Air America dans les guerres d'Indochine, ou le rôle d'une compagnie aérienne privée secrètement détenue par la CIA (1950-1975) », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 238,‎ , p. 129-150 (DOI 10.3917/gmcc.238.0129, lire en ligne)
  • Michel Bruneau, « La drogue en Asie du Sud-Est : Une analyse géographique du Triangle d'Or », Hérodote, Paris, F. Maspero, La Découverte, nos 21/35 F — Asie du Sud-Est,‎ , p. 116-145 (p=126) (lire en ligne)
  • Maït Foulkes, Le livre du riz, illustrations d'Aurore de la Morinerie, Éditions Philippe Picquier, 1998, 208 p., Rizières flambées p.23-24 (ISBN 2-87730-366-7)

Articles connexes[modifier | modifier le code]