Une saison en enfer — Wikipédia

Une saison en enfer
Image illustrative de l’article Une saison en enfer
Couverture de la plaquette de 1873.

Auteur Arthur Rimbaud
Pays Drapeau de la France France
Genre Recueil de poèmes
Éditeur Alliance typographique (M.-J. Poot et compagnie)
Lieu de parution Bruxelles
Date de parution octobre 1873
Nombre de pages 58 [53 pages de textes]

Une saison en enfer est un recueil de poèmes en prose d'Arthur Rimbaud, publié à compte d'auteur en à l'Alliance typographique[1] (M.-J. Poot et compagnie), imprimeur-éditeur, 37 rue aux Choux, à Bruxelles (Belgique).

Rédaction[modifier | modifier le code]

Si la section intitulée l'Alchimie du verbe est conçue dès [2], les autres poèmes ont probablement été rédigés d'avril à . L'auteur a daté l'ouvrage : « avril-août 1873 » [Note 1]. Les éléments manquent toutefois pour établir formellement la datation des plages d'écriture, et seuls quelques indices peuvent amener à penser que la première section Jadis, si je me souviens bien, a été réalisée à la hâte en dernier, après une période de crise dans la vie du poète[3] — l'accident de Bruxelles avec Verlaine et le retour à Roche dans la ferme familiale — à partir d'une ébauche commencée quelques mois auparavant[4]. Dans sa correspondance avec Ernest Delahaye, le poète qualifiait cet ouvrage de « Livre païen » ou « Livre nègre ».

Analyse[modifier | modifier le code]

Ce texte en prose est d'une certaine complexité d'interprétation : profession de foi marquée par la quête du salut (selon Paul Claudel), autobiographie poétique marquée par la rupture sentimentale avec Paul Verlaine, bilan critique littéraire (partie "Délires II/Alchimie du verbe") ou critique de la civilisation occidentale (partie intitulée Mauvais sang) : ces interprétations contradictoires ou peut-être parallèles constituent la clé d'une des œuvres les plus complexes et les plus importantes de la littérature française[5].

« Prodigieuse autobiographie psychologique, écrite dans cette prose de diamant qui est la propriété exclusive de son auteur », selon les termes de Paul Verlaine[6], qui reçut un exemplaire, probablement dédicacé (l'authenticité de cette dédicace continue à faire débat)[2],[7].

Une Saison en enfer est la seule œuvre dont Rimbaud ait entrepris la publication, certes à compte d'auteur, mais sous la forme d'un recueil tiré à 500 exemplaires, dont il a décidé l'ordre. Seuls sept exemplaires d'auteur sont distribués par Rimbaud à ses amis dont Verlaine.

« Tout ce qui était à la maison fut détruit par lui-même […] au sujet de la Saison en Enfer : quelques jours après avoir reçu avis de l'éditeur, il se fit remettre ce qu'il croyait être la totalité des exemplaires et brûla le tout en ma présence », rapporte en 1892 sa sœur Isabelle[8]. On sait aujourd'hui que cette information était (délibérément ?) erronée. Car 425 exemplaires de l'ouvrage sont retrouvés, en 1901, à Bruxelles par le bibliophile belge Léon Losseau[9]. Paterne Berrichon a soutenu la thèse d'une destruction quasi complète des volumes, à part une demi douzaine d'exemplaires distribués par l'auteur[10]. Cette légende s'est écroulée lors de la découverte, par Léon Losseau, du stock chez l'imprimeur. Des déclarations curieuses de Losseau, qui semblent orientées pour s'assurer comme il le dit « la possession légitime », il est impossible de définir si le stock avait été entièrement payé, ou pas. Des exemplaires en sont conservés dans plusieurs bibliothèques (Bibliothèque nationale de France, Maison Losseau[11] et par plusieurs collectionneurs, le livre étant difficile à trouver et fort onéreux)[7].

La plaquette fait 58 pages et les pages de texte sont foliotées de un à cinquante-trois.

Postérité[modifier | modifier le code]

Cent cinquante ans après cette publication, en 2023, sont publiées : une édition en fac-similé de l'édition originale retrouvée en 1901, une publication dans la collection Poésie/Gallimard, une étude d'Alain Vaillant et une édition commentée par Alain Bardel avec les commentaires placés chaque fois en regard de la page originale[12].

Plan du recueil[modifier | modifier le code]

  • « Jadis, si je me souviens bien... »
  • Mauvais sang
  • Nuit de l'Enfer
  • Délires I
    • Vierge folle. L'époux infernal
  • Délires II
    • Alchimie du verbe
  • L'impossible
  • L'éclair
  • Matin
  • Adieu

Adaptations[modifier | modifier le code]

Léo Ferré a mis en musique et chanté l'intégralité du poème dans son album Une saison en enfer, paru en 1991.

Ulysse Di Gregorio met en scène ce texte de Rimbaud avec Jean-Quentin Chatelain, en 2017 au Théâtre du Lucernaire

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Jeancolas, Rimbaud. L'Œuvre intégrale manuscrite, 2 volumes, Éditions Textuel, 2004, (ISBN 9782845971165), réédité en 1 volume en 2012 (ISBN 978-2-84597-447-0). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Pierre Brunel, Rimbaud : Une saison en enfer, édition critique et commentée, Paris, José Corti, .
  • Yoshikazu Nakaji, Combat spirituel ou immense dérision ? Essai d'analyse textuelle d'Une saison en enfer, Paris, José Corti, 1987/
  • Yann Frémy, "Te voilà, c'est la force". Essai sur Une saison en enfer, Paris, Classiques Garnier, 2009.
  • Yann Frémy (sous la direction de), Résistances d'Une saison en enfer, Paris, Classiques Garnier, 2010.
  • Yann Frémy (sous la direction de), Enigmes d'Une saison en enfer, Revue des Sciences Humaines, n°313, 1/2014.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Une saison en enfer, Alliance typographique, [détail de l’édition]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Alliance Typographique », Le Maitron.
  2. a et b Arthur Rimbaud, catalogue du centenaire préfacé par Julien Cain, Paris, Bibliothèque nationale, 1954, p. 42.
  3. « Une saison en enfer »
  4. Claude Jeancolas, Les Manuscrits d'Arthur Rimbaud-L'Intégrale, Paris, Textuel, , 578 p. (ISBN 978-2-84597-447-0), p. 434-435
  5. Voir les différentes interprétations dans la préface de la biographie Rimbaud de Jean-Jacques Lefrère (éditions Bouquins, 2022).
  6. « Les hommes d'aujourd'hui », Œuvres en prose complètes, Gallimard, La Pléiade, 1972, p. 802
  7. a et b Voir la biographie de Jean-Jacques Lefrère, Rimbaud (Bouquins, 2021).
  8. [Lettre d'Isabelle Rimbaud du 6 janvier 1892, in: Œuvres complètes, Paris, La Pléiade/Gallimard, 1972, page 722.
  9. Dominique Combe, Arthur Rimbaud. Poésies. Une saison en enfer. Illuminations, Gallimard, Foliothèque no 118, 2004, p. 64.
  10. Paterne Berrichon, « Rimbaud », La Revue blanche, t. XII,‎ , p. 450-460) (lire en ligne)
  11. Juliette Patriarche, « Le patrimoine, toute une histoire: La Maison Losseau, du joyau Art Nouveau à Rimbaud », sur Vivre ici, .
  12. Jean-Didier Wagneur, « Arthur Rimbaud, la Saison de saison », Libération,‎ (lire en ligne)

Lien externe[modifier | modifier le code]

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