Upton Sinclair — Wikipédia

Upton Sinclair
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Upton Sinclair en 1934.
Nom de naissance Upton Beall Sinclair, Jr.
Naissance
Baltimore, Maryland
Décès (à 90 ans)
Bound Brook, New Jersey
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Anglais

Œuvres principales

Signature de Upton Sinclair

Upton Sinclair, né le à Baltimore et mort le , est un écrivain américain, auteur prolifique et promoteur du socialisme aux États-Unis.

En 1905, il accède à la célébrité avec son roman La Jungle, qui décrit les désillusions et la descente aux enfers d'une famille de migrants lituaniens travaillant dans les abattoirs de Chicago. La réaction du public aux pratiques dénoncées dans le roman conduit la même année au Federal Meat Inspection Act (en). Upton Sinclair fait aussi partie des journalistes et écrivains engagés dans la dénonciation des inégalités en Amérique du début du XXe siècle, qualifiés de muckrakers (« fouineurs »[note 1]), par Théodore Roosevelt.

Biographie[modifier | modifier le code]

Les parents d'Upton Beall Sinclair, Jr. sont des notables issus du Sud des États-Unis. La famille de son père se flatte d'une tradition de service dans la marine remontant jusqu'à la guerre d'indépendance des États-Unis (1775-1783). Son arrière grand-père, le commodore Arthur Sinclair, a ainsi servi dans la guerre anglo-américaine de 1812 dans l'United States Navy (marine américaine). Lors de la Guerre de Sécession, ses fils rejoignent les rangs de la Marine confédérée.

Upton Sinclair naît cependant à Baltimore, Maryland, l'engagement de sa famille aux côtés de la Confédération ayant pesé sur la fortune familiale. Fils unique, Upton Sinclair vit ainsi une enfance mêlant richesse et pauvreté. Son père est alcoolique et sa famille proche est pauvre, mais le jeune Upton fait de longs séjours à New York dans une branche aisée de la famille de sa mère. Cette expérience des deux extrêmes de la société américaine le pousse sans doute vers le socialisme.

Pour payer sa scolarité au City College of New York, Sinclair écrit des billets d'humour et des histoires pour la presse, ainsi que des romans de gare pour l'éditeur Street & Smith. Il peut ainsi poursuivre sa scolarité à l'université Columbia.

Il vit ensuite l'essentiel de sa vie près de Pasadena en Californie puis à Buckeye dans l'Arizona et enfin à Bound Brook dans le New Jersey. Il a été marié trois fois.

Sa maison (Upton Sinclair House) à Monrovia, Californie est classée patrimoine historique (National Historic Landmark).

Le militant[modifier | modifier le code]

Il rejoint le Parti socialiste d'Amérique en 1904[1]. La même année il publie son premier grand succès, Manassas, un roman autour de la guerre de Sécession. Ce doit être le premier tome d'une trilogie, mais le succès foudroyant de La Jungle l'incite à changer de veine, bien qu'il revienne à Manassas des années plus tard pour le réviser profondément.

Avec les revenus tirés de la vente de La Jungle, Upton Sinclair fonde une communauté socialiste nommée Helicon Home Colony en 1906. Il y est rejoint par l'écrivain Sinclair Lewis. La colonie est ravagée par un incendie en 1907 qui détruit également une grande partie de ses archives. Entre-temps, sa candidature comme représentant du New Jersey au Congrès des États-Unis, avec l'investiture du parti socialiste, échoue de justesse.

Pour sa seconde aventure électorale, en 1934, il fonde le mouvement End Poverty in California, également d'inspiration socialiste mais finalement intégré à l'aile gauche du Parti démocrate, dont il obtient l'investiture pour une candidature au poste de gouverneur de Californie. Sa tentative échoue face à une campagne qui le présente comme le fer de lance d'un coup d'État communiste, alors même que les communistes ne lui pardonnent pas de s'être associé à Hollywood pour adapter Que Viva Mexico ! de Sergueï Eisenstein. Pourtant, au regard des autres candidats, même de Roosevelt, la radicalité du programme de Sinclair est telle qu'il a « proposé l’autogestion ouvrière et la collectivisation des studios d’Hollywood[2] ». Bien que sa campagne se solde par un échec, elle est parfois désignée aux États-Unis comme « la campagne du siècle » et on s'en souvient comme de la première où ont été mises en œuvre des techniques modernes de propagande, incluant les messages électoraux cinématographiques. Par ailleurs, lors des mêmes élections, le mouvement EPIC obtient plusieurs sièges à l'assemblée de Californie, ainsi que de nombreux mandats mineurs. Le jeune Robert A. Heinlein y prend une part notable, décrite dans un essai de 1946, How To be a Politician.

Que Viva Mexico[modifier | modifier le code]

De 1931 à 1933, Sinclair tente de produire un film intitulé Que Viva Mexico !, dirigé et coproduit par Sergueï Eisenstein. Producteur médiocre, Sinclair ne parvient pas à aplanir les difficultés liées aux relations avec l'industrie cinématographique soviétique, et finit avec entre 150 000 et 200 000 pieds de bobines incomplètes[réf. souhaitée].

Œuvre[modifier | modifier le code]

La Jungle[modifier | modifier le code]

Après avoir passé sept semaines dans le quartier des abattoirs, à Chicago, Upton Sinclair publie La Jungle. Ce roman, qui décrit l'enfer de ce qui est alors appelé « la boucherie du monde », pousse le président Theodore Roosevelt à faire passer au Congrès le Meat Inspection Act et le Pure Food and Drug Act, qui instaurent des normes d’hygiène et de traçabilité plus strictes. Cela ne satisfait pas Sinclair qui avait conçu son roman comme une défense du socialisme et espérait que l'on s'intéresse davantage aux conditions de vie des ouvriers. Comme il le dira lui-même, il visait le cœur, mais il a touché l’estomac. Lui-même peu porté sur la viande, Sinclair pensait que « tout homme qui absorbe de la nourriture préparée sous la direction de pirates commerciaux sans scrupule », tels ceux de Chicago, « mérite tous les empoisonnements qu’il subit »[3].

La série des Lanny Budd[modifier | modifier le code]

Entre 1940 et 1953, Sinclair écrit onze romans centrés autour du personnage de Lanny Budd. Conçus comme une série, ces romans couvrent l'histoire politique d'Europe et des États-Unis pour toute la première moitié du XXe siècle. Presque oubliée aujourd'hui, cette série a connu un énorme succès, le troisième volume, Les Griffes du dragon, obtenant le prix Pulitzer du roman en 1943[note 2].

Romans[modifier | modifier le code]

  • In the Net of the Visconti, 1899
  • A Battle with Misfortune, 1900
  • Springtime and Harvest (King Midas), 1901
  • The Journal of Arthur Stirling, 1903
  • Prince Hagen, 1903
  • Manassas, A Novel of the Civil War 1904 (Manassas, 1948)
  • The Jungle, 1905 (La Jungle, 2 vol., 1905 & 1906) (1 vol. "La Jungle", 2008)
  • A Captain of Industry, Being a Story of Civilised Man, 1906 (Le Roman du Roi de l'or, 1907)
  • The Overman, 1907
  • The Metropolis, 1908 (Metropolis, les Multimillionnaires à New York, 1909)
  • The Moneychangers, 1908 (Les Brasseurs d'argent, 1910)
  • Samuel the Seeker, 1910 (Samuel le chercheur, 1931)
  • Love's Pilgrimage, 1911 (Le Pèlerinage d'amour, 1911)
  • The Convict, 1912
  • Sylvia, 1913
  • Damaged Goods, 1913
  • The Millenium, 1914
  • Sylvia's Marriage, 1914
  • King Coal, 1917 (Le Roi charbon, 2 vol., 1920, Paul Ollendorff)
  • The Brass Check, a study of american journalism, 1919
  • Jimmie Higgins goes to War, 1918 (Jimmie Higgins, roman d'un ouvrier américain pendant la guerre, 1920)
  • 100% The Story of a Patriot, 1920 (100 pour 100, Histoire d'un patriote, 1924)
  • They Call Me carpenter, 1922 (Le Christ à Hollywood, 1947)
  • Oil !, 1927 (3 vol. : Le Pétrole, La Cité des anges, La Tête d'Holopherne, 1927, 1929, 1931) (1 vol."Pétrole !", 2008)
  • Money Writes !, 1927
  • Boston, A Contemporary Historical Novel - 1928 (Boston, 2 vol., 1932) Roman inspiré par l'Affaire Sacco et Vanzetti.
  • Mountain City, 1929
  • Roman Holiday, 1931 (Les Jeux du cirque, 1947)
  • The Wet Parade, 1931
  • What God Means to Me : an Attempt at a Working Religion, 1936 (Comment je crois en Dieu, 1937)
  • Co-Op, A Novel of Living Together, 1936
  • The Gnomobile, 1936 (En Gnomobile à travers l'Amérique, 1936)
  • The Flivver King, 1937 (Le Roi de l'auto : Henry Ford, 1938)
  • No Pasaran ! (They Shall Not Pass !), 1937 (No Pasaran ! (Ils ne passeront pas !), 1937)
  • Little Steel, 1938
  • Our Lady, 1938 (Notre Dame Marya de Nazareth, 1947)
  • Another Pamela or The True Vertue Still Rewarted, 1950 (Pamela, 1950)
  • What Didymus Did, 1954 (Saint Thomas d'Hollywood, 1956)
  • Theirs be the Guilt, 1959 (Allan Montagu, 1962, Éditions La Farandole)
  • Affectionately Eve, 1961
  • The Coal War, 1976, publication posthume.

Série Lanny Budd[modifier | modifier le code]

  • World's End, 1940 (La Fin d'un monde, Éditions de la Paix, 1947)
  • Between Two Worlds, 1941 (Entre deux mondes, 2 tomes, Éditions de la Paix, 1948)
  • Dragon's Teeth, 1942 (Les Griffes du dragon, 2 tomes, Éditions de la Paix, 1949) - Prix Pulitzer du roman
  • Wide is the Gate, 1943 (La Grande porte, Éditions de la Paix, 1951)
  • Presidential Agent, 1944 (Mission secrète, Éditions de la Paix, 1952)
  • Dragon Harvest, 1945 (La Moisson du Dragon, Éditions de la Paix, 1954)
  • A World to Win, 1946
  • Presidential Mission, 1947
  • One Clear Call, 1948
  • O Shepherd, Speak !, 1949
  • The Return of Lanny Budd, 1953

Théâtre[modifier | modifier le code]

  • The Jungle, 1906
  • The Second-Story Man (A Drama with a Socialistic Moral) - 1909
  • Prince Hagen, 1909
  • John D. An Adventure, 1910
  • The Machin, 1911
  • Plays of Protest, 1912
  • Hell, A Verse Drama and Photo-Play, 1923
  • The Millenium : a Comedy of the Year 2000, 1924
  • The Pot-Boiler, 1924
  • Singing Jailbirds, 1924
  • Bill Porter : a Drama of the Prison Life of O. Henry, 1925
  • Oil !, 1927
  • Marie-Antoinette, 1939 (Mary and Her Lover - 1948)
  • A Giant Strength, 1948
  • The Enemy had it Too, 1950

Cinéma[modifier | modifier le code]

Personnage de fiction[modifier | modifier le code]

Dans la série uchronique American Empire d'Harry Turtledove, Sinclair remporte la présidentielle de 1920 face à Theodore Roosevelt et devient le premier président socialiste des États-Unis. Dans le livre "US" de Chris Bachelder (Sonatine éditions 2012) , Sinclair revient à la vie et est assassiné plusieurs fois tout en continuant à inspirer la gauche américaine et à cristalliser les rancœurs des conservateurs.

Joyce Carol Oates fait d'Upton Sinclair l'un des principaux personnages de son roman The Accursed (Maudits), paru en 2013.

Il apparaît également sous les traits de Bill Nye dans le film Mank, de David Fincher (2020).

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Discours prononcé le 14 avril 1906. Th. Roosevelt évoque l’œuvre de Paul Bunyan, Pilgrim’s Progress, qui met en scène un homme muni d’un rateau avec lequel il ramasse les ordures qui sont au sol ; voir (en) Cornelius Regier, The Era of the Muckrakers, P. Smith publishers, Gloucester, Mass.1957 [c1932
  2. Toutes les précisions sur les œuvres d'Upton Sinclair ont été faites à partir de l'édition française de 1963 rééditée en deux volumes par 10/18 en 1975.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Anthony Arthur, Radical innocent : Upton Sinclair, Random House, New York, 2006, p.39.
  2. Greg Mitchell, The Campaign of the Century : Upton Sinclair’s Race for Governor of California and the Brithh of Media Politics, Random House, New York, 1992. Cité in Serge Halimi, Le Grand Bond en arrière, Editions Fayard, Paris, 2006, p. 127.
  3. « Dans « la Jungle » des abattoirs, le livre d’Upton Sinclair qui visait la tête mais a touché l’estomac », sur L'Obs, (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]