Vêpres marseillaises — Wikipédia

Les Vêpres marseillaises sont un mouvement xénophobe marseillais envers les Italiens qui pendant trois jours en 1881, furent l'objet de violences.

Analogie historique[modifier | modifier le code]

Ce nom fait référence aux Vêpres siciliennes : en 1282, les Français établis en Sicile furent massacrés et chassés du sol sicilien.

Diaspora italienne[modifier | modifier le code]

En 1881, environ 241 000 Italiens vivent en France[1]. Au recensement de , la commune de Marseille comptait 57 900 Italiens, à elle seule, sur une population totale de 360 000 habitants, soit 16 % de cette population. À cette époque les Italiens ont la réputation d'accepter sans rechigner les travaux les plus durs, en faisant baisser les salaires.

Déclenchement[modifier | modifier le code]

Le traité du Bardo du fait passer la tutelle de la Tunisie de l'Italie à la France. Le , les troupes françaises, de retour d'Afrique, sont acclamées par les Marseillais. Quelques coups de sifflet, que la foule attribue aux Italiens, la Tunisie faisant l'objet d'une concurrence entre l'impérialisme italien et français, mettent le feu aux poudres.

Événement[modifier | modifier le code]

Environ 15 000 Français essayèrent d'attaquer un club italien. S'ensuivirent quatre jours d'affrontements avec la réaction dure des Italiens, qui se termina par 3 morts, 21 blessés et 200 arrestations[2].

Quelques semaines après l'évènement, l'économiste Paul Leroy-Beaulieu affirme que les ouvriers marseillais, au lendemain des troubles, avaient réclamé de leurs patrons « l'expulsion en masse de tous les Italiens employés sur les mêmes chantiers »[3].

Ces violences s'inscrivent dans un contexte de xénophobie de certains ouvriers français : entre 1867 et 1893, 89 incidents xénophobes sont répertoriés dont 67 qui opposent les populations ouvrières françaises et italiennes[4].

Référence[modifier | modifier le code]

  1. « « Répartition de la population française par nationalité de 1851 à 1936 », dans Annuaire statistique de la France », sur http://www.insee.fr/.
  2. p. 50 et 51 de Gli Italiani all'estero: Autres passages, Jean-Charles Vegliante, 1996.
  3. Georges Liens, « Les « Vêpres marseillaises » (juin 1881), ou la crise franco-italienne au lendemain du traité du Bardo », Revue d'histoire moderne et contemporaine,‎ , p. 15 (lire en ligne, consulté le )
  4. [1] Belle époque et xénophobie. Chasse à l’Italien en Vaucluse.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Georges Liens, « Les “Vêpres marseillaises” (), ou la crise franco-italienne au lendemain du traité du Bardo », Revue d'histoire moderne et contemporaine, Société d'histoire moderne et contemporaine, vol. 14, no 1,‎ , p. 1–30 (DOI 10.3406/rhmc.1967.2933, lire en ligne).
  • Émile Temime (dir.) et Renée Lopez, Migrance : Histoire des migrations à Marseille, vol. 2 : L'expansion marseillaise et l'« invasion italienne » (1830-1918), Aix-en-Provence, Édisud, , 207 p. (ISBN 2-85744-414-1), partie 3, chap. 3 (« Concurrence et affrontement : Les Vêpres marseillaise »), p. 127–144.
  • Stéphane Mourlane et Céline Regnard, Empreintes italiennes : Marseille et sa région, Lyon, Lieux Dits, , 133 p. (ISBN 978-2-36219-077-3), « Les Vêpres marseillaises », p. 92–93.

Articles connexes[modifier | modifier le code]