Víctor Jara — Wikipédia

Víctor Jara
Description de cette image, également commentée ci-après
Víctor Jara ¡Vive! En el corazón de su pueblo
(« Víctor Jara est Vivant ! Dans le cœur de son peuple… »).
Affiche sur le “Hall Víctor Jara”, 2146 calle Huérfanos (« rue des Orphelins »), quartier Brasil, enceinte dépendant de la Fondation Víctor Jara (es), et scène habituelle d’activités culturelles dans la capitale du Chili[Note 1].
Informations générales
Nom de naissance Víctor Lidio Jara Martínez
Naissance
San Ignacio (Chili)
Décès Vers le (à 40 ans)
Santiago (Chili)
Nationalité Drapeau du Chili Chili
Activité principale Auteur-compositeur-interprète, professeur, directeur de théâtre
Genre musical Musique folklorique
Musique traditionnelle
Nueva Canción Chilena
Instruments Chant, guitare classique
Années actives 1957 à 1973
Labels Odeon
DICAP
Warner
Site officiel Fondation Víctor Jara

Víctor Lidio Jara Martínez (né à San Ignacio (province de Ñuble) le et mort à Santiago vers le ) est surtout connu comme chanteur populaire chilien, et cantautor (« auteur-compositeur-interprète »). Mais il fut aussi un homme de théâtre, metteur en scène et professeur de théâtre universitaire reconnu. Il est enfin resté dans la mémoire du Chili et du monde pour sa fin tragique lors du coup d'État fasciste du 11 septembre 1973 à Santiago.

Au titre de sa carrière musicale, il est un des représentants les plus célèbres d'un courant qu'on a appelé la Nueva canción (« Chanson nouvelle »), avec Violeta Parra (Chili), Carlos Puebla (Cuba) et Mercedes Sosa (Argentine), et d'abord la nueva canción chilena (« nouvelle chanson chilienne ») avec des groupes comme Quilapayún, Inti Illimani et Illapu. Il a d'ailleurs parfois chanté sur scène et enregistré avec ces trois groupes, de même que sa route a croisé celle d'Isabel[1] et Ángel Parra, ne serait-ce qu'à la Peña de los Parra, le lieu culturel créé et animé par les enfants de Violeta ; il a parfois mis des chansons de cette dernière à son répertoire, et il l'évoque avec tendresse et respect dans certaines de ses propres chansons (Manifiesto, par exemple).

La Nueva canción est un mouvement musical qui se trouve à la confluence de racines autochtones, folkloriques (ethno-musicales) et populaires revendiquées [avec notamment des genres qu'on a appelés Alto folclore (« Haut folklore , ou folklore savant, ou folklore progressif, ou encore néo-folklore »), ou la musique andine, ainsi qu'avec la déclinaison latino-américaine de la Canción de protesta (« chanson engagée ») et de la canción social (« chanson sociale »), tout comme le protest song nord-américain (de Joan Baez ou de Bob Dylan première période, par exemple).

En 1969 Víctor Jara chante contre la guerre du Vietnam [détail de la photo reprise plus bas en plan large] [Note 2].

Membre du Parti communiste chilien, il fut l'un des principaux soutiens de l'Unité populaire et du président Salvador Allende. Ses chansons critiquent la bourgeoisie chilienne (- Las casitas del barrio alto, - Ni chicha ni Limoná), contestent la guerre du Viêt Nam (- El derecho de vivir en paz), chantent la grève contre la répression (- Preguntas por Puerto Montt), la réforme agraire (- A desalambrar), la révolution (- El Alma Llena de Banderas, - A Cuba, - Vamos por ancho camino)…

Ses chants, écrits par lui ou par d'autres, rendent hommage aux grandes figures révolutionnaires latino-américaines :
- Corrido de Pancho Villa, - Camilo Torres, - A Luis Emilio Recabarren, et, pour Che Guevara : - Zamba del Che ou - El Aparecido[2], sans oublier les poèmes de Pablo Neruda, membre éminent du Parti communiste chilien comme lui, qu'il a chantés : par exemple les chansons consacrées à Joaquin Murieta extraites de la cantate Fulgor y Muerte de Joaquín Murieta[3] de Neruda et Ortega[4] ; mais aussi - Poema 15, - Ya parte el galgo terrible ou - Aquí me quedo. Il chante aussi le peuple : - Vientos del pueblo, - El niño yuntero, - Plegaria a un Labrador[5], - El Arado, - Qué alegres son las obreras ; l'enfance : - Luchín ; et l'amour : - Te recuerdo Amanda, - Abre la ventana, - Deja la Vida volar, - El amor es un camino que de repente aparece, - Romance del enamorado y de la muerte

Arrêté par les militaires lors du coup d'État du 11 septembre 1973, il est emprisonné et torturé à l'Estadio Chile (aujourd'hui nommé stade Víctor Jara en mémoire de son martyre) puis à l'Estadio Nacional avec de nombreuses autres victimes de la répression qui s'abat alors sur Santiago. Il y écrit furtivement son ultime poème Estadio Chile [aussi connu comme la chanson-titre ¡Canto qué mal me sales!… (« Mon chant, comme tu me viens mal !… »)[Note 3], ou par son premier vers Somos cinco mil (« Nous sommes cinq mille… »)], poème qui dénonce le fascisme et la dictature et qui sera caché, pour le sauver, puis passera de main en main jusqu'à nous[6].


Ce poème est resté inachevé car Víctor Jara est rapidement mis à l'écart des autres prisonniers. Il est torturé et roué de coups. Puis il est exécuté entre le 14 et le après avoir eu les doigts coupés par une hache pour faire taire définitivement son chant et sa musique[7], selon la chanson que Julos Beaucarne[8] a écrite en hommage au cantautor et guitariste chilien. Selon d'autres témoignages[8], notamment celui de sa veuve Joan Jara à qui l'on a demandé de reconnaître son corps à la morgue plusieurs jours après sa mort, dans le livre-mémoire qu'elle a écrit sur son mari Víctor Jara, un canto truncado (« Victor Jara, un chant inachevé »), il aurait eu plutôt les mains broyées à coups de crosse ou de botte, puisqu'elle l'a retrouvé :

« criblé de balles, les mains non pas tranchées mais broyées [faisant un angle impossible avec le reste de ses bras] »Citation traduite du musicien, auteur-compositeur et chanteur folk Pete Seeger en exergue sur la couverture : Mientras cantemos sus canciones, mientras su valor pueda inspirarnos más valor, Víctor Jara no morirá («  »).

— Joan Jara, Victor Jara, un chant inachevé

Biographie[modifier | modifier le code]

Une jeunesse chilienne[modifier | modifier le code]

Victor Jara est né d'un couple de paysans modestes, installés non loin de la capitale chilienne : Manuel Jara et Amanda Martínez, qui donnera d'ailleurs son prénom à sa fille, Amanda, que Víctor aura avec Joan Jara son épouse. Il semble que sa mère était elle-même chanteuse à ses heures, ce qui a pu inspirer le jeune Victor, auquel elle apprit les rudiments de la guitare. Ses connaissances musicales ne sont donc pas académiques, mais ancrées dans le terroir populaire chilien. La mort prématurée de sa mère l'affecte durablement. Monté à la capitale, Victor fréquente le séminaire, puis intègre l'université du Chili où il participe au projet Carmina Burana (1953). La même année, il commence un travail de recensement du folklore chilien. En 1956, il intègre la compagnie de Mimos de Noisvander, et se forme au théâtre et au jeu d'acteur. Il rejoint ainsi la compagnie de l'université du Chili.

Entre théâtre et musique : l'impossible choix[modifier | modifier le code]

Ses carrières théâtrale et musicale suivent des trajectoires parallèles à partir de 1957. Il intègre le groupe « Cuncumén » de Margot Loyola, spécialisé dans les danses et les musiques folkloriques, au sein duquel il rencontre Violeta Parra, qui le pousse à suivre une carrière de chanteur. Il devient le chanteur soliste du groupe. Parallèlement, il réalise sa première mise en scène, d'après une œuvre d'Alejandro Siveking, ce qui lui permet de voyager en Argentine, au Venezuela, au Paraguay et à Cuba (1959). Il reste fidèle à cet auteur, tout en explorant d'autres pistes, mettant en scène du Cruchaga, la Mandragore de Nicolas Machiavel, du Raúl Ruiz ou du Brecht. Directeur artistique du collectif « Cuncumén », il réalise une tournée en Europe en 1961 (France, Hollande, URSS, Europe de l'Est…). La même année, il compose son premier morceau, une ballade folklorico-poétique, « Paloma Quiero Contarte ».

Ses qualités artistiques sont appréciées, puisqu'il devient en 1963 directeur de l'Académie folklorique de la Maison de la Culture de Ñuñoa, et intègre l'équipe de direction de l'institut théâtral de l'université du Chili (Ituch). Il est ainsi professeur de plateau de 1964 à 1967, dans le cadre de l'université. En 1965, il est primé, et la presse commence à s'intéresser à ce directeur d'acteurs infatigable et talentueux. Sa carrière musicale n'est pas entre parenthèses pour autant, puisqu'il prend la direction du collectif Quilapayún en 1966. La même année, alors qu'il est assistant à la mise en scène de William Oliver sur une œuvre de Peter Weiss, il enregistre son premier disque avec le label « Arena ».

La notoriété[modifier | modifier le code]

Peinture murale représentant Victor Jara peinte sur la maison qui porte son nom à Santiago du Chili.

En 1967, c'est la consécration. Encensé par la critique pour son travail théâtral, il est invité en Angleterre par le consul britannique. Parallèlement, il enregistre avec la maison de production Emi-Odeón, qui lui remet un disque d'argent.

La période 1969-1970 marque l'apogée de sa carrière théâtrale. Professeur invité à l'École de théâtre de l'université catholique en 1969, il monte Antigone de Sophocle. Il monte également Viet-Rock de Megan Terry avec l'Ituch. En 1970, il est invité à un festival international de théâtre à Berlin, et participe au premier Congrès de théâtre latino-américain à Buenos Aires.

Sa carrière de chanteur et de compositeur prend par ailleurs son rythme de croisière. Il gagne en 1969 le premier prix du festival de la nouvelle chanson chilienne, et chante lors du meeting mondial de la jeunesse pour le Vietnâm à Helsinki. Cet engagement politique de plus en plus affirmé ne le détourne pas de sa boulimie créatrice : il enregistre l'album « Pongo en tus manos abiertas » avec le label Dicap en 1969, et reste en contact avec Emi-Odeón pour un nouvel opus.

La chanson comme un choix politique[modifier | modifier le code]

Graffiti en l'honneur de Victor Jara, lors du Congrès andin de psychologie du 6 au en Arica (Chili), organisé par les écoles de psychologie du Consortium des universités d'état du Chili.
La citation est extraite d'une de ses plus célèbres chansons "Plegaria a un labrador" (« Prière à un laboureur ») : « Danos tu fuerza y tu valor al combatir » (« Donne-nous ta force et ton courage au combat »)[5].

En 1970, il renonce à prendre la direction de l'Ituch. Ce choix est fondateur d'un nouvel engagement politique, car il s'engage dans la campagne électorale de l’Unidad Popular de Salvador Allende. Victor Jara estime à l'époque qu'il peut être plus utile par la chanson, ce qui lui donne l'opportunité de s'adresser au pays entier. Cette nouvelle option, qui lui fait délaisser le théâtre, est confirmée par la parution chez Emi-Odeón de l'album Canto libre en 1970.

De fait, il se met vite au service du gouvernement de l'Unidad Popular. En 1971, il rejoint le ballet national, puis le département des technologies de la communication de l'université technique de l'État. Devenu l'ambassadeur culturel du gouvernement Allende, il organise des tours de chant dans toute l'Amérique latine et participe à plusieurs émissions de la télévision nationale chilienne, pour laquelle il compose entre 1972 et 1973.

Víctor Jara chantant à Helsinki le 25 août 1969, à une manifestation contre la guerre au Viêt Nam.

À la sortie de son opus El derecho de vivir en paz (Dicap, 1971), il est sacré meilleur compositeur de l'année. De plus la chanson qui donne son titre à l'album est une de ses plus célèbres chansons et une des plus reprises ; elle représente un bon exemple de son engagement pour la paix et de son répertoire politique militant (à côté de ses chansons d'amour, de témoignage, d'autobiographie, de mémoire, d'imaginaire, d'humour et de tradition populaire), car elle participe à la lutte, vigoureuse à l'époque, contre l'impérialisme américain en dénonçant son intervention militaire au Viêt Nam. Il chantera cette chanson à travers le monde dans de nombreux meetings de soutien au Nord Viêt Nam et contre la guerre du Viêt Nam, comme il l'avait déjà fait en 1969 à Helsinki.

Comme le précédent opus, la sortie de La población (Dicap, 1972) témoigne de la ferveur communiste de l'artiste, mais aussi de son amour pour son pays et pour son peuple. Le sujet et le titre de l'album (ici « La population », plutôt que la bourgade), centré sur les gens, est d'ailleurs confirmé par sa forme, car plusieurs de ses chansons comportent, en introduction, un enregistrement pris sur le vif, par exemple : d'enfant jouant avec un petit chien (pour la chanson Luchín), des extraits de conversation (pour Sacando pecho y brazo), le chant d'un coq (au début de Lo único que tengo, chantée par Isabel Parra qu'il accompagne à la guitare), un témoignage ou un extrait d'interview de personnes anonymes ou non ; c'est le cas notamment des chansons La Toma, Herminda de la Victoria, ou Marcha de los pobladores. Ceci donne son unité au projet et en fait presque un album-concept, lui conférant un peu un statut de chronique ou de reportage journalistique.

Il réalise en 1972 une tournée en URSS et à Cuba, où il est invité pour le Congrès de la musique latinoaméricaine de La Havane. Présent sur tous les fronts, Victor Jara dirige également l'hommage au poète Pablo Neruda (qui vient de recevoir le prix Nobel) dans le stade national de Santiago, et n'hésite pas à s'enrôler parmi les travailleurs volontaires lors des grandes grèves patronales (soutenues par la droite et la CIA) de 1972 et 1973[9].

Soutenant toujours activement la campagne législative Unidad Popular en 1973, il chante lors de programmes destinés à la lutte contre le fascisme et contre la guerre civile à la télévision nationale. Il réalise par ailleurs un tour de chant au Pérou à l'invitation de la Maison nationale de la Culture de Lima. L'année 1973 est également l'occasion de travailler sur ses derniers enregistrements, qui mettent à l'honneur le patrimoine culturel et musical chilien. Il en résulte un album, Canto por traversura, qui sera bien sûr posthume et interdit à la vente plus tard pendant l'ère de la dictature militaire…

Sa mort martyre[modifier | modifier le code]

Arrestation et assassinat[modifier | modifier le code]

Aux élections législatives de , l'opposition du parlement à Allende s'amplifie, bien que celui-ci reste chef de l'État. Il décide de légiférer par décrets afin de passer outre l'assemblée, et recherche un massif soutien populaire. Le Chili est au bord de la guerre civile. En , peut-être contraint par la situation et voulant donner des gages de stabilité, et aussi parce qu'il le croyait légaliste et loyal envers le processus démocratique, Allende nomme Augusto Pinochet à la tête de l'armée… Il faisait alors, sans le savoir, « entrer le loup dans la bergerie »[Note 4].

De fait Pinochet renverse le gouvernement Allende le , utilisant l'armée contre le peuple et contre les institutions pour instaurer par la force une dictature militaire, au moyen d'une répression sauvage qui va durer plusieurs années[10], et qui s'inscrit dans le contexte géopolitique de la guerre froide, des échecs américains au Viêt Nam, mais aussi de la montée en Europe occidentale des alternatives gouvernementales socialistes et de gauche démocratique[11], et, parallèlement, de la montée de la pensée et de l'idéologie néolibérale dans les milieux politiques conservateurs[Note 5].

Le jour du coup d'État de Pinochet, Víctor Jara est en route vers l'Université Technique d'État du Chili (UTE) où il officie depuis 1971, pour l'inauguration chantée d'une exposition avant de rejoindre Allende au palais présidentiel. Il est enlevé par les militaires et incarcéré au Stade Chile, puis transféré au Stade national en compagnie d'autres militants pro-Allende. Là, ses compagnons d'infortune tentent de le soustraire aux regards des gardes, car sa célébrité, son engagement et la force d'entraînement qu'il conserve par sa musique le mettent particulièrement en danger. Il a tout juste le temps de griffonner au crayon sur une page arrachée d'un carnet son dernier poème inachevé Estadio Chile (qui sera caché et transmis de mains en mains)[Note 3]. Mais il est reconnu et pris à part. On le torture. Puis on lui écrase les doigts en public[8],[7] ; il meurt ensuite criblé de 44 impacts de balles entre le 14 et le , quelques jours avant son 41e anniversaire[Note 6]. Un jeune fonctionnaire, chargé d'identifier les corps par la junte, reconnaît celui de Jara et arrive à le ramener clandestinement à sa femme ; il est enterré le , trois personnes seulement assistant à la cérémonie discrète[15].

Le Mythe et l'Histoire[modifier | modifier le code]

Son martyre correspond aussi à la naissance d'un mythe. Ses derniers instants sont devenus célèbres dans le Chili post-Pinochet par l'intermédiaire du témoignage controversé de l'écrivain Miguel Cabezas lui aussi détenu dans ce stade.

Selon ce récit, inspiré de faits réels mais retranscrits dans un sens de tragédie épique (teinté de mystique révolutionnaire, sacrificielle et quasi christique), après avoir malmené Víctor, les militaires lui auraient tranché à la hache les doigts des deux mains successivement. Puis, continuant à le rouer de coups, ils l'auraient insulté, par ironie morbide à propos de ses mains détruites, d'un « allez, maintenant joue un morceau pour ta p… de mère ! » Enfin, le laissant se relever péniblement, ils lui auraient intimé l'ordre de chanter. Víctor Jara aurait alors défié les soldats de Pinochet en se tournant vers les militants détenus avec lui et en entonnant l'hymne de l'Unité populaire[16]. Les militaires l'auraient alors exécuté par balles, ainsi que la majorité des militants qui avaient repris son chant en chœur[17],[15].

Cet épisode tragique est chanté par Julos Beaucarne dans son poème Lettre à Kissinger, par Los de Nadau dans Auròst tà Victor Jara et par Michel Bühler dans Chanson pour Victor Jara, ainsi que Pierre Chêne dans Qui donc était cet homme ?, Jean Ferrat dans Le Bruit des bottes, Bernard Lavilliers dans La Samba et The Clash dans Washington Bullets.

Quoi qu'il en fût de l'exactitude historique des faits précis qui précèdent immédiatement son assassinat (car les témoignages oculaires ne se recoupent pas parfaitement dans l'émotion de ces moments tragiques d'une période confuse[style à revoir]), il n'en demeure pas moins que la réalité de ses tortures (quelle qu'en fût la forme) et de son exécution sommaire n'est plus contestée[réf. nécessaire].

La traque et la condamnation des bourreaux[modifier | modifier le code]

Le , une quarantaine d'années après les faits, la justice chilienne fait incarcérer quatre personnes s'étant rendues à la police, dont Hugo Sánchez, officier responsable de l'exécution du chanteur. Un second responsable, Pedro Pablo Barrientos Núñez, résidant aux États-Unis, est sous le coup d'une demande officielle d'extradition de la part des autorités chiliennes[18],[19].

Le , dix anciens militaires sont mis en accusation par le juge Miguel Vázquez Plaza, au Chili. Ils sont suspectés d'avoir participé à l'emprisonnement puis à l'assassinat de Víctor Jara[20], ainsi qu'à celui de Littré Quiroga (même lieu, même jour), l'ex-directeur de la gendarmerie resté loyal envers le gouvernement de l'Unité Populaire.

Huit d'entre eux sont condamnés le à dix-huit ans de détention décomposés comme suit : dix-huit ans dont quinze ans de prison fermes incompressibles (« presidio mayor en su grado máximo ») pour « homicide qualifié », plus trois ans de travaux forcés (« presidio menor en su grado medio ») pour emprisonnement illégal[21] ; et un neuvième a été condamné à cinq ans pour complicité[22]. Parmi eux, les officiers Hugo Sánchez Marmonti, déjà nommé, le chef de camp du stade, ainsi qu'Edwin Dimter Bianchi, alors lieutenant de 23 ans, connu comme le principal auteur des tortures qu’a dû endurer Víctor Jara, celui qui s'est sauvagement acharné sur son corps et l’a roué de coup à plusieurs reprises[23], semblant accomplir contre lui une vengeance personnelle[24], selon le témoignage de l'avocat Boris Navia, lui aussi emprisonné à l'Estadio Chile en même temps que Jara, avec les 600 prisonniers capturés à la UTE [Universidad Técnica del Estado, l'Université technique d'État][23]. Dimter a été formellement reconnu par les détenus survivants du stade Chile comme le tristement célèbre tortionnaire surnommé par eux « El Príncipe » (« Le Prince ») en raison de sa morgue histrionique couvrant une véritable fureur sanguinaire[24].

L'officier du groupe soupçonné d'avoir tiré le coup de grâce dans la nuque de Víctor Jara, le susnommé Barrientos, vit quant à lui en Floride aux États-Unis en 2018 et le Chili le réclame encore en vain[22]. Cependant, un jury fédéral américain le déclare coupable du meurtre et le condamne en juin 2016 à verser 28 millions de dollars à la famille de l'artiste assassiné[25].

Discographie[modifier | modifier le code]

Albums studio[modifier | modifier le code]

Album en public[modifier | modifier le code]

Album posthume[modifier | modifier le code]

Albums en public posthumes[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Hommage national et nouvel enterrement de 2009[modifier | modifier le code]

Veillée funèbre de Víctor Jara, en 2009.

Víctor Jara avait été enterré semi-clandestinement le , peu après son exécution sommaire, alors que la chape de plomb du coup d'état s'abattait avec violence sur Santiago. En , le régime politique du Chili étant redevenu démocratique, la justice chilienne avait demandé son exhumation afin de procéder à diverses investigations de médecine légale, vérifier l'autopsie de l'époque, et préciser les circonstances entourant sa mort, dans le cadre des instructions en cours de la procédure contre les auteurs présumés de son assassinat[40].

C'était alors l'occasion de l'enterrer de nouveau, mais cette fois sous la forme d'obsèques publiques après trois jours d'hommage populaire, du 3 au , où la dépouille de l'artiste était restée au siège de la Fondation Víctor Jara (es). Ensuite, il est enterré le dans le cimetière général de Santiago lors d'une cérémonie à laquelle assistent sa veuve Joan Turner et leurs deux filles Manuela et Amanda, ainsi que la présidente du Chili de l'époque Michelle Bachelet, ce qui lui a donné une dimension d'hommage national. On peut rappeler que la présidente socialiste elle-même avait été avec sa mère incarcérée et torturée par la dictature de Pinochet à la Villa Grimaldi, et que son père, le général légaliste et loyal envers l'Unité Populaire Alberto Bachelet a lui aussi été détenu, torturé et enfin tué dans les geôles de la junte militaire ; puis la future présidente a été elle-même réfugiée politique[41].

Après un parcours à travers les différents quartiers de Santiago, les restes du chanteur sont apportés au Memorial de Detenidos Desaparecidos (« Mémorial des Détenus Disparus »), pour une cérémonie intime où sa famille lui a rendu hommage, avant que Víctor Jara ne soit enterré au cimetière général. Le cortège funèbre qui s'est alors formé a réuni plus de 12 000 personnes. Certaines de ses chansons les plus connues, comme Te recuerdo Amanda ou Plegaria a un labrador, sont entonnées par le public présent[42]. Le texte de la chanson Te recuerdo Amanda est l'histoire du couple Amanda et son compagnon Manuel qu'Amanda rencontrait tous les jours durant 5 minutes pendant la pause de Manuel à l'usine. La chanson prend un aspect tragique lorsque le texte évoque Manuel, parti rejoindre le mouvement révolutionnaire dans la Sierra, où il a été tué cinq minutes à peine après son arrivée [43].Une allégorie de la féroce répression politique avant le gouvernement Allende et celle qui allait suivre sa fin.

Musique et chanson[modifier | modifier le code]

  • Dès 1973, dans leur album, le groupe français occitan Los de Nadau a rendu hommage à Víctor Jara en lui dédiant leur chanson Auròst tà Victor Jara[44].
  • Gilles Servat, chanteur breton, lui a aussi rendu hommage, en 1974, avec la chanson Gwerz Victor C'hara, de son album L'Hirondelle, « d'après le récit de l'écrivain chilien Miguel Cabezas, témoin occulaire, paru dans un journal de Buenos Aires »[45].
  • En 1974, le groupe folk-rock soviétique et biélorusse Pesniary (soliste et leader Vladimir Mouliavine) a interprété une chanson intitulée « La chanson à la mémoire de Víctor Jara » (musique d'Igor Louchenok, paroles de Boris Brousnikove).
  • Le chanteur belge Julos Beaucarne évoque son martyre avec la chanson Lettre à Kissinger, dans son album Chandeleur Septante Cinq, en 1975[46]. Il y reprend lui aussi la version de Miguel Cabezas sur les derniers instants de Jara. Chanson également interprétée par Serge Utgé-Royo, chanteur français d'origine espagnole, dans son album Traces publiques (2009, Edito Musiques). Lettre à Kissinger :

« j'veux te raconter Kissinger
l'histoire d'un de mes amis
son nom ne te dira rien
il était chanteur au Chili

ça se passait dans un grand stade
on avait amené une table
mon ami qui s'appelait Jara
fut amené tout près de là

on lui fit mettre la main gauche
sur la table et un officier
d'un seul coup avec une hache
les doigts de la gauche a tranché »

« d'un autre coup il sectionna
les doigts de la dextre et Jara
tomba tout son sang giclait
6000 prisonniers criaient

l'officier déposa la hache
il s'appelait p't'être Kissinger
il piétina Victor Jara
— "chante, dit-il, tu es moins fier"

levant les mains vides des doigts
qui pinçaient hier la guitare
Jara se releva doucement
— "faisons plaisir au commandant" »

« il entonna l'hymne de l'U
de l'unité populaire
repris par les 6000 voix
des prisonniers de cet enfer

une rafale de mitraillette
abattit alors mon ami
celui qui a pointé son arme
s'appelait peut-être Kissinger

cette histoire que j'ai racontée
Kissinger ne se passait pas
en 42 mais hier
en septembre septante trois. »

  • En 1975 (Temey), Jean Ferrat interprète le texte de Guy Thomas Le Bruit des bottes[47] qu'il met en musique, chanson dans laquelle sont évoqués les sévices subis par Jara, et issue de l'album 1974-1975[48], réédité sous le titre : La femme est l'avenir de l'homme[49] :

« [...] Quand un Pinochet rapplique
C'est toujours en général
Pour sauver la République
Pour sauver l'Ordre moral
On sait comment ils opèrent
Pour transformer les esprits
Les citoyens bien pépères
En citoyens vert-de-gris »

« [...] À moins qu'ils me guillotinent
Pour avoir osé chanter
Les marins du Potemkine
Et les camps de déportés
À moins qu'avec un hachoir
Ils me coupent les dix doigts
Pour m'apprendre la guitare
Comme ils ont fait à Jara »

« (Refrain) : C'est partout le bruit des bottes
C'est partout l'ordre en kaki
En Espagne on vous garrotte
On vous étripe au Chili
Il ne faut plus dire qu'en France
On peut dormir à l'abri
Des Pinochet en puissance
Travaillent aussi du képi »

  • Le chanteur français Bernard Lavilliers fait également une allusion à Victor Jara dans sa chanson La Samba, parue sur l’album Le Stéphanois en 1975 :

« …Z'ont tué le guitariste
Lui ont brisé les doigts
Interdit sa musique
Surveillé quelques mois…
Mais au fond des mémoires,
Sur les marteaux pilons,
Les compagnons d'usine
Ont gravé la chanson… »

  • En 1980, la chanteuse argentine Mercedes Sosa enregistre en public au Brésil (album titré justement Gravado ao vivo no Brasil) une chanson d'hommage à Víctor Jara écrite par deux vénézuéliens, Otilio Gallindez pour la musique, sur des paroles de Roberto Todd [50], et intitulée sobrement A Víctor[51]. :

« No puede borrarse el canto
con sangre del buen cantor
después que ha silbado el aire
los tonos de su canción.

Los pájaros llevan notas
a casa del trovador;
tendrán que matar el viento
que dice lucha y amor.

Tendrán que callar el río,
tendrán que secar el mar
que inspiran y dan al hombre
motivos para cantar. [...]

[...] Tendrán que parar la lluvia,
tendrán que apagar el sol,
tendrán que matar el canto
para que olviden tu voz.
 »

« On ne peut effacer le chant
du bon chanteur avec son sang
après que l’air a sifflé
les harmonies de sa chanson

Les oiseaux rapportent les notes
à la maison du troubadour ;
il leur faudrait tuer le vent
qui souffle lutte et amour.

Ils devront faire taire le fleuve,
il leur faudra assécher la mer
qui inspirent et donnent à l’homme
des raisons pour chanter [...]

[...] Il leur faudrait arrêter la pluie,
ils devront éteindre le soleil,
il leur faudra tuer le chant
pour réussir à oublier ta voix. »

  • Encore en 1980, le groupe The Clash lui rend un hommage dans sa chanson Washington Bullets[Note 7], parue sur l'album ¡Sandinista! :

« As every cell in Chile will tell
The cries of the tortured men
Remember Allende,
And the days before,
Before the army came…
Please remember Victor Jara,
In the Santiago Stadium,
Es verdad -
Those "Washington Bullets" again…
 »

« Comme chaque cellule du Chili le racontera
Les cris des hommes torturés
Rappelez-vous Allende,
Et les jours d’avant,
Avant que l’armée n'arrive…
S’il vous plaît rappelez-vous Victor Jara
Dans le stade de Santiago,
Es verdad [C'est vrai] – ces « Washington Bullets »
[ces balles de Washington] encore[Note 7]… »

(1er couplet) : « Pablo, ô Pablo,
Tu n’avais qu’une guitare
Pour inventer des mots
Qui parlent au-dessus des fanfares.
Alors on t’a coupé les doigts
Et quand tu t’es mis à chanter
Les mitraillettes ont emporté
Le dernier souffle de ta voix.

(Refrain) : ILS SONT DES FORÊTS SOUS UN TOIT DE TERRE
PLUS RIEN DÉSORMAIS NE LES FERA TAIRE
ILS AIMAIENT LA VIE MOINS QUE LA JUSTICE
ILS SONT DES FORÊTS, ILS SONT DES FORÊTS. [...] »

  • Le chanteur suisse Michel Bühler, à l'occasion des trente ans de l'assassinat de Jara, lui dédie en 2003 Chanson pour Víctor Jara : celle-ci relate assez précisément le coup d'état du onze septembre 1973, « sur l'ordre implacable de Washington, à peine déguisé, de "tuer la liberté" », la répression qui s'est ensuivie, et la colère aujourd'hui pour obtenir la vérité et la justice sur ces exactions[54].
  • Le groupe américain Calexico lui rend hommage dans la chanson Victor Jara's hands, album Carried to Dust, en 2008.
  • Le groupe espagnol Ska-P le cite dans la chanson Juan Sin Tierra, parue sur l'album Eurosis en 1998 :

« No olvidaremos el valor de Víctor Jara,
Dando la cara siempre a la represión,
Le cortaron sus dedos y su lengua,
¡Y hasta la muerte gritó revolución!
 »

« Nous n'oublierons pas le courage de Victor Jara,
Faisant toujours face à la répression
Ils lui ont coupé les doigts et la langue,
Et jusqu'à la mort il cria révolution ! »

  • Le groupe Kambotes lui a rendu hommage avec la chanson ¡Víctor Jara no murió! (« Víctor Jara n'est pas mort ! »).
  • Le même chanteur français d'origine espagnole, Serge Utgé-Royo, interprète Te recuerdo, Amanda sur scène et sur disque : Contre-chants de ma mémoire, volume 2, (Edito Musiques, 2000), et sur l'album Ibéricas sur lequel figure la traduction (Edito Musiques, 2001). Sur le CD Ibéricas, la chanson Nouvelle Estrémadure 1973, signée Utgé-Royo pour le texte et Jean-Pierre Roero pour la musique, évoque la tragédie chilienne :

« … Tous ces généraux aux cervelles d'acier
Ont jeté sur nous des linges rougis ;
Ils s'en sont allés jusqu'à l'assassiner
Cette libre terre où naissait la vie… »

« And in the world a heart of darkness
A fire zone
Where poets speak their heart
Then bleed for it
Jara sang, his song a weapon
In the hands of love
You know his blood still cries
From the ground.
 »

« Et il y a dans le monde un cœur de ténèbres
Une zone de feu
Où les poètes épanchent leur cœur [/parlent du fond du cœur]
Et puis saignent de l’avoir fait
Jara a chanté, sa chanson comme une arme
Entre les mains de l’amour
Tu sais que son sang pleure encore
Sourdant du sol. »

  • Le chanteur italien Pippo Pollina (it) lui rend hommage avec sa chanson Il giorno del falco.
  • Le chanteur québécois Jean-François Lessard lui rend un hommage poignant avec sa chanson Victor.
  • La troupe algérienne Debza (« Le poing ») lui rend également un hommage dans leur chanson Victor Jara.
  • Le groupe allemand de deathcore Heaven Shall Burn lui rend hommage dans sa chanson The Martyrs' Blood de l'album Whatever It May Take (2002), ainsi que dans la chanson The Weapon They Fear de l'album Antigone (2004).
  • La troupe de théâtre chilienne La patriótico interesante lui rend hommage dans leur spectacle de rue La Victoria de Víctor.
  • Christy Moore lui rend hommage dans une chanson simplement appelée Victor Jara que l'on peut entendre dans l'album Live at the Point 2006.
  • Le groupe français Zebda, dans sa chanson Le talent, extraite de leur album Second Tour en 2012, évoque Victor Jara :

« Je voulais écrire de la prose et des vers
Mais dans la cité pour celui qui écrit ça craint
Faut que je change d'univers
Sous peine de finir en guitariste chilien »

  • En septembre 2013, sur la grande scène de la Fête de l'Humanité, à l’aune des quarante ans du coup d’État contre Salvador Allende et de l'assassinat du guitariste, les mêmes Zebda rendront un hommage plus approfondi à Víctor Jara dans une chanson-témoignage « Comme un guitariste chilien - Hommage à Victor Jara », où ils reprennent un morceau instrumental de celui-ci La Partida (« le départ / l'adieu »), une citation de Pablo Neruda et un poème de Kateb Yacine Poussières de juillet[55].

Autres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Photo prise de biais, son visage y est donc légèrement déformé.
  2. Attention, son visage étant en bordure du cadre sur le côté de l'objectif, il subit une déformation d'étirement.
  3. a et b Du fait que ce dernier poème de Jara a été exfiltré clandestinement de l'Estadio Chile (actuel Stade Víctor Jara), comme un fait de résistance, des passages en ont été appris par coeur par les prisonniers, et plusieurs exemplaires en ont été recopiés à la main, pour que les probabilités de conservation et de diffusion soient meilleures. C'est aussi ce qui explique qu'il existe des variantes de transcription pour certains vers, et notamment des versions avec ¡Canto qué mal me sabes!… (« Mon chant, comme tu me connais mal !… »), et d'autres avec ¡Canto qué mal me sales!… (« Mon chant, comme tu me viens mal !… »), variante de traduction et suite : « Chant, tu résonnes si mal / Quand je dois chanter l'épouvante (// la peur au ventre) / La peur comme celle que je vis / Comme celle que je meurs, la peur. »
  4. Sur les difficiles relations — risquées — d'Allende et de l'Unidad Popular avec l'armée chilienne, on pourra consulter un célèbre article-manifeste écrit par Gabriel García Márquez à l'occasion de la commémoration des trente ans du coup d’État, et publié originellement sur "RISAL", le Réseau d'Information et de Solidarité avec l'Amérique Latine : Gabriel García Márquez, « Le 11 septembre 1973 : chronique d’une tragédie organisée », sur RISAL, (consulté le ), p. 5 : « L’armée la plus sanguinaire au monde ». Cet article, dont l'original sur RISAL est peu accessible, a été republié à date anniversaire sur le blog "Cuba Si Lorraine" : Gabriel García Márquez, « Le 11 septembre 1973 : chronique d’une tragédie organisée », sur cubasilorraine.over-blog.org, (consulté le ). On pourra lire aussi : Tomás Moulian, « Le rêve brisé de Salvador Allende : une expérience démocratique écrasée par l’armée », Le Monde diplomatique,‎ , pp. 16 et 17 (lire en ligne, consulté le ).
  5. Sur cette connexion des coups d’État et répressions fascistes avec la montée de la pensée néolibérale, on pourra lire l'interview de José Cademartori (es), le dernier ministre de l’Économie de Salvador Allende, économiste, député communiste et fondateur de la section chilienne d'Attac (propos recueillis par Benito Perez), dans : « Au coeur du premier putsch néolibéral : de l'édification du socialisme à la révolution néolibérale, une date clé: le 11 septembre 1973 - La sanglante ascension des "Chicago Boys" », Le Courrier,‎ (lire en ligne, consulté le ). Si ce lien devient inaccessible, on trouvera cet article en abonnement payant ici: [1].
  6. Le 14 pour Thomas Huchon[12] ; le 15 pour François-Xavier Gomez[8] et Cathy Ceïbe[7] ; le 15 ou le 16 pour Bruno Doucey[13] ; le 16 pour d'autres[14].
  7. a et b Le titre de cette chanson des Clash : Washington Bullets, qui revient à la fin de plusieurs couplets comme un refrain, fait jeu de mots. En effet Washington Bullets est d'un côté un nom propre, ce qui explique ses majuscules, soit l'un des anciens noms d'une équipe de basket de la NBA, les Washington Wizards (« les magiciens de Washington »). Mais il est à prendre ici dans son sens premier comme un nom commun, les : Washington bullets (« balles de Washington »), soit les balles tirées par les soldats et le gouvernement américains sur les théâtres d'opérations extérieures, lors des tentatives de déstabilisation des régimes hostiles aux États-Unis, en Jamaïque, au Chili, à Cuba et au Nicaragua contre les sandinistes, d'où le titre de l'album. La chanson dénonce enfin la toute récente (en 1980) intervention soviétique en Afghanistan qui avait débuté le 24 décembre 1979, ainsi que la mainmise chinoise sur le Tibet. On trouvera le texte complet de cette chanson en ligne : (en) The Clash, « Washington Bullets », sur paroles2chansons.lemonde.fr, (consulté le ). Ainsi qu'une analyse et une traduction de ses paroles : blottière (pseudo), « 148. Clash : "Washington bullets". », sur l'histgeobox, (consulté le ).

Références[modifier | modifier le code]

  1. On peut noter qu'Isabel Parra chante le premier titre de l'album La Población de Jara. De même, Isabel a invité Víctor, comme musicien, sur son album d'hommage à sa mère intitulé simplement : Violeta Parra (album) (es), chez "Peña de los Parra / DICAP", 1970 ; ainsi que sur son album De aquí y de allá (album) (es), où elle interprète El encuentro (« la rencontre »), chanson que Víctor a écrite, accompagnée et arrangée pour elle.
  2. (es) Jaime Flórez Meza, « La pasión y muerte de Víctor Jara » [« La Passion et la mort de Víctor Jara »], sur la cola de rata.co, (consulté le ), § 3.
  3. a b c et d [Présentation de la cantate] : (es) Pablo Neruda, musique de Sergio Ortega, « Fulgor y Muerte de Joaquín Murieta (1967) » [« Fulguration et mort de Joachim Murieta (1967) »], sur Memoria Chilena (Biblioteca Nacional de Chile), (consulté le ).
  4. Ainsi que - Así como hoy matan negros, dans l'album Víctor Jara (2). Voir aussi, pour Murieta, dans la section "discographie", les albums Pongo en tus manos abiertas, et En México.
  5. a b et c On pourra trouver le texte de cette chanson en ligne avec sa traduction : (es + fr) Víctor Jara / Patricio Castillo (de Quilapayún), « Plegaria a un labrador », sur Musix match, (consulté le ), vers 16. On peut aussi l'écouter en ligne : (es) Víctor Jara / Patricio Castillo, « Plegaria a un labrador », sur YouTube, (consulté le ).
  6. . Le texte complet du dernier poème de Jara, avec sa traduction en français est disponible en ligne : (es) Víctor Jara (trad. pseudo : purplelunacy, ou Elisabeth), « Estadio Chile » [« Stade Chili »], sur Lyrics translate, 1973 et 2015 (consulté le ). Il a aussi été mis en musique plusieurs fois (voir la section consacrée à son œuvre).
  7. a b et c Cathy Ceïbe et Robert Guédiguian, « Le Rossignol et le tortionnaire, Victor Jara », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  8. a b c et d François-Xavier Gomez, « Victor Jara : la justice du Chili ouvre les yeux », Libération,‎ (lire en ligne).
  9. Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet : Précis de coups d’État modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , 704 p. (ISBN 978-2359494068 et 2359494066, présentation en ligne), p. 72-83.
  10. Manuel Rios, « La démocratie chilienne "abattue dans le sang" : Commémoration », Témoignages,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Olivier Compagnon et Caroline Moine, « Introduction — Pour une histoire globale du 11 septembre 1973 », Monde(s), vol. 2015/2, no 8,‎ , pages 9 à 26 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Thomas Huchon, Salvador Allende : c'est une idée qu'on assassine, Editions Eyrolles, , 223 p. (ISBN 9782212557336, lire en ligne), p. 148.
  13. Bruno Doucey, Victor Jara : "Non à la dictature", Actes Sud, , 98 p. (lire en ligne).
  14. Les Lettres néo-latines, vol. 98, La Société, (lire en ligne), p. 106.
  15. a et b Par "sourdoreille" (pseudonyme collectif), « Mémoires de luttes : Victor Jara, la voix et la guitare du Chili d’Allende », L'Obs avec Rue89,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Cet hymne peut s'écouter en ligne dans la version d'Inti Illimani, extraite de l'album Canto al programa (Dicap-1970) sous son titre réel : (es) Julio Rojas et Luis Advis, « Canción del Poder Popular » [« Chanson du Pouvoir Populaire »], sur YouTube, (consulté le ).
  17. Récit de Miguel Cabezas, cité par Dominique Bari, « Une nuit de terreur longue de dix-sept ans », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  18. « Chili : arrestation des assassins présumés du chanteur Victor Jara », Euronews,‎ (lire en ligne).
  19. Reuters, « Arrestations au Chili dans l'enquête sur la mort de Victor Jara », L'Obs,‎ (lire en ligne).
  20. (es) « La Info / Noticias de última hora sobre la actualidad en el mundo », sur La Info (consulté le ).
  21. (es) "latercera", « Dimter Bianchi Edwin Armando Roger », sur Memoria Viva, (consulté le ), § 6 : Condenan a nueve miembros del Ejército (r) por homicidio de Víctor Jara.
  22. a et b Pascal Priestley, « Chili : les bourreaux de Victor Jara rattrapés 45 ans après leur crime », TV5monde,‎ (lire en ligne).
  23. a et b (es) Jaime Flórez Meza, « La pasión y muerte de Víctor Jara », sur La Cola de Rata, (consulté le ), conclusion.
  24. a et b (es) "Prensa", « Dimter Bianchi Edwin Armando Roger », sur Memoria Viva, (consulté le ).
  25. « USA: le meurtrier de Victor Jara condamné », sur Le Figaro,
  26. Ce premier album s'est d'abord intitulé simplement « Víctor Jara » : Víctor Jara, « Víctor Jara », sur Discogs, Demon, puis Arena Producciones (n° cat. : LPD-034-X), (consulté le ).
  27. Cet album a en effet connu, au fil des rééditions, trois titres différents au contenu identique (mais l'ordre des chansons peut varier). Première édition : Víctor Jara, « Víctor Jara 2 », sur Discogs, Odeon (n° cat. : LDC-36637), (consulté le ).
  28. Víctor Jara + Quilapayún, « Canciones folclóricas de América », sur Discogs, Odeon (n° cat. : SLDC-35004), (consulté le ).
  29. Cet album, avec les mêmes chansons mais dans un ordre différent, s'est d'abord intitulé : Víctor Jara, « Pongo en tus manos abiertas », sur Discogs, Jota Jota (n° cat. : JJL -03), (consulté le ). On y trouve en premier la chanson A Luis Emilio Recabarren qui justifie le titre de l'album, parce qu'elle commence par ces vers : « Pongo en tus manos abiertas / Mi guitarra de cantor / Martillo de los mineros / Arado del labrador » (« Je dépose dans tes mains ouvertes / Ma guitare de chanteur / Marteau des mineurs / Charrue du laboureur »). Du fait du succès immédiat de sa chanson Te recuerdo Amanda (« Je me souviens de toi Amanda »), celle-ci a été placée en tête de la réédition de l'album et lui a donné son titre. Il y évoque avec tendresse le visage de sa mère, Amanda Martínez, jeune, courant (« épanouie, ravie, ruisselante [sous la pluie] », comme l'avait dit Prévert dans Barbara) à son premier rendez-vous d'amour avec Manuel, le père de Victor, sur fond de luttes sociales et de grèves.
  30. Réédition de cet album en CD avec des titres-bonus : Víctor Jara, « Pongo en tus manos abiertas », sur Discogs, WEA, puis Warner Music Chile (n° cat. : 5186 54628-2), (consulté le ).
  31. On pourra écouter cette version, accompagnée d'extraits de vidéos de Jara chantant avec Quilapayún, en ligne : (es) Víctor Jara, « Plegaria a un labrador » [« Prière à un laboureur »], sur YouTube, (consulté le ).
  32. Víctor Jara, « Víctor Jara habla y canta en vivo en La Habana », sur Discogs, Warner Music Chile – cat. n° 8573 87608-2, 1972, puis 2001 (rééd.) (consulté le ).
  33. On pourra lire le texte de ce poème extrait de Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée, et l'entendre dit par Neruda lui-même, ici : ▶(es) Pablo Neruda, « 20 poemas de amor y una canción desesperada - Poema 15 », sur Poemas del Alma, Pablo Neruda, 2009? (consulté le ). Et ici : ▶(es) Pablo Neruda, « Poema 15 » Accès libre, sur Universidad de Chile (consulté le ).
  34. Víctor Jara, « Canciones Postumas - Chile Septiembre 1973 », sur Discogs, Movieplay (n° cat. : S-32.733), (consulté le ).
  35. Ce titre de ¡Presente! reprend un des slogans des manifestations au Chili [appelées Jara Funa : voir ▶Gilles Thomat, « La Funa de Victor Jara », , et ▶(es) Cristian R. Villablanca, Nèlida D. Ruiz de los Paños, « La funa de Víctor Jara » [court-métrage 30 min], sur Cinechile (enciclopedia del cine chileno), (consulté le )] exigeant que toute la lumière soit faite par la justice sur les circonstances et les responsables de son assassinat : « — ¿Víctor Jara? — ¡Presente! » (« — Víctor Jara ? — Présent ! »), ce slogan indiquant que Jara est toujours présent, vivant au cœur et dans la mémoire de son peuple (voir la photo dans la boîte de présentation après le tite de l'article). Le même album est d'abord paru en France sous le titre suivant (sans point d'exclamation) : ▶Víctor Jara, « Presente Chile Septiembre 1973 », sur Discogs, Canto Libre / Dicap / Le Chant Du Monde / Pathé Marconi EMI (n° cat. : DCP 109 - DF 70 - 305193 - 305194), (consulté le ).
  36. Víctor Jara, « Manifiesto », sur Discogs, Discos Pueblo (n° cat. : DP-1013), (consulté le ).
  37. (es) Víctor Jara, « Tiempos que cambian » [« Les temps qui changent »], sur cancioneros.com, (consulté le ).
  38. Victor Jara, « El Recital », sur Discogs, Alerce (cat. n° ALC 121), puis Warner Music Chile (cat. n°5046 65980-2), 1983, puis 2003 (rééd.) (consulté le ).
  39. Victor Jara, « En México », sur Discogs, Alerce (cat. n° CDAL 0252), puis Warner Music Chile (cat. n° 8573 87607-2), 1970, copyright en 1971, 1ère édition : 1996, puis 2001 (rééd.) (consulté le ).
  40. (es) « Restos de Víctor Jara llevados al Médico Legal » [« La dépouille de Víctor Jara apportée devant le médecin légiste »], sur La Nación (sur Wayback Machine), (consulté le ).
  41. Lamia Oualalou, « Ce qui change pour les femmes », Le Monde diplomatique,‎ , § 3 (lire en ligne, consulté le ).
  42. (es) « Miles de personas despiden y cantan a Víctor Jara en un funeral popular » [« Des milliers de personnes pour chanter Víctor Jara et lui dire adieu en des funérailles populaires »], El País,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  43. (es) « Meaning of "Te Recuerdo Amanda" by Víctor Jara », sur www.songtell.com (consulté le )
  44. Cette chanson, Auròst tà Victor Jara, fait partie de l'album : Gilbert Narioo / Nadau, « Los de Nadau », sur Discogs, France, Ventadorn (n° cat. : VS 3 L 8), (consulté le ), face B, n°3.
  45. L'album : (br + fr) Gilles Servat, « L'hirondelle », sur Discogs, Kalondour (n° cat. : 6325 725), (consulté le ). Écouter la chanson en ligne, avec le texte en breton et sa traduction en français : (br + fr) Gilles Servat, « Gwerz Victor C'hara », sur YouTube, (consulté le ).
  46. Album : Julos Beaucarne, « Chandeleur Septante Cinq », sur Discogs, France, RCA Victor (n° cat. : YBPL 1.475 ), (consulté le ).
  47. On peut lire le texte entier de la chanson en ligne, avec un lien pour l'écouter : Guy Thomas / Jean Ferrat, « Le bruit des bottes », sur greatsong.net, (consulté le )
  48. Références de l'album : Jean Ferrat, « 1974-1975 », sur Discogs, Disques Temey (n° cat. : 598.012), (consulté le ).
  49. Références de la réédition de l'album : Jean Ferrat, « La femme est l'avenir de l'homme », sur Discogs, Disques Temey (n° cat. : 2400471), (consulté le ).
  50. Information tirée de : (es) Roberto Todd, « A Víctor », sur lyrics translate.com, (consulté le )
  51. On trouvera le texte de cette chanson de Mercedes Sosa en ligne : (es) Roberto Todd, « A Víctor », sur letras.com, (consulté le ).
  52. On trouvera en ligne les paroles de cette chanson : Pierre Chêne, « Qui donc était cet homme », sur Le Coin Zic - Tablatures.info (consulté le ).
  53. Texte complet : Mannick / Gaëtan de Courrèges, « Ils sont des forêts », sur chantonseneglise.fr, Bayard éd. (consulté le ). Partition payante accessible : « Ils sont des forêts ».
  54. On trouvera le texte intégral de cette chanson de Michel Bühler, avec plusieurs autres textes de chanson et un témoignage de l'auteur de l'article sur cet intéressant blog : Fred Hidalgo, « VICTOR JARA - Pour la mémoire et la justice » Accès libre, sur Si ça vous chante : sicavouschante.over-blog.com, (consulté le ), § 9.
  55. Présentation de ce projet et de cet hommage : « Zebda chante le mythe populaire Victor Jara », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le ). Et aussi, avec le texte complet : (es + fr) Zebda, « Comme un guitariste chilien », sur chansons contre la guerre, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Joan Jara (trad. Mikaël Herviaux), Victor Jara : un chant inachevé, Belgique, Aden, , 384 p. (ISBN 978-2930402499 et 2930402490)
  • Bruno Doucey, Victor Jara, Non à la dictature, Actes Sud Junior, 2015 (rééd.), 96 p. (ISBN 978-2330048969)
  • (es) Víctor Jara, « Cancionero de Víctor Jara » [« Recueil de chants complet, recueillis par Eduardo Ponce Farías, classés par ordre alphabétique, en version PDF téléchargeable »], sur academia.edu, ©2021 (consulté le ), 136 pages au total.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]