Valery Larbaud — Wikipédia

Valery Larbaud
Valery Larbaud vers 1900.
Biographie
Naissance
Décès
(à 75 ans)
VichyVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Valery Nicolas LarbaudVoir et modifier les données sur Wikidata
Surnom
A.-O. Barnabooth
L. Hagiosy
X. M. Tourmier de Zamble
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Père
Nicolas Larbaud (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Association des amis de Robert Brasillach (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Distinctions
Œuvres principales
Fermina Márquez
Enfantines
A. O. Barnabooth. Ses Œuvres complètes

Valery Larbaud est un écrivain français, poète, romancier, essayiste et traducteur, né le à Vichy, ville où il est mort le .

Il a écrit également sous les pseudonymes : A.-O. Barnabooth, L. Hagiosy, X. M. Tourmier de Zamble[1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Valery Larbaud est l'unique enfant du pharmacien Nicolas Larbaud[3], propriétaire de la source Vichy Saint-Yorre[4] (cinquante-neuf ans à la naissance de son fils) et d’Isabelle Bureau des Étivaux (trente-huit ans)[5], fille d'un avocat et militant républicain de Gannat dont Nicolas Larbaud est un client et dont son fils reprend le prénom[6],[Note 1]. Il n’a que huit ans lorsque son père meurt en 1889, à Vichy, à l'âge de soixante-sept ans.

No 71, rue du Cardinal-Lemoine à Paris où vécut Larbaud entre 1919 et 1937.

Élevé par sa mère et sa tante, il s'ouvre à la littérature. En 1895, il voyage au bord de la Méditerranée, son imagination restera imprégnée de ces paysages. Le jeune homme obtient à dix-sept ans, à la session de , le baccalauréat puis sa licence ès lettres en 1908[7].

La fortune paternelle lui assure une vie aisée qui lui permet de parcourir l’Europe à grands frais. Paquebots de luxe, Orient-Express, Valery Larbaud mène la vie d'un dandy[8], fréquente Montpellier l'hiver[9] et se rend dans les multiples stations thermales pour soigner une santé fragile dès ses jeunes années. Quand il revient à Vichy, il reçoit ses amis, Charles-Louis Philippe, André Gide, Léon-Paul Fargue et G. Jean-Aubry qui sera son biographe.

Atteint d'une attaque cérébrale en 1935 qui le laisse avec une hémiplégie droite et une aphasie[10],[11], il passe les vingt-deux dernières années de sa vie, cloué dans un fauteuil, incapable de prononcer une autre phrase que : « Bonsoir les choses d'ici-bas. » Il sera durant ces années soigné avec dévouement par le professeur Théophile Alajouanine, spécialiste des aphasies, qui devient son ami et écrira sa biographie[12].

En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[13].

Grand lecteur, grand traducteur, il s'était entouré de livres qu'il avait fait relier selon leurs langues : les romans anglais en bleu, les espagnols en rouge, etc.

Ayant dépensé toute sa fortune, il doit revendre ses propriétés et sa bibliothèque de quinze mille volumes en 1948, en viager, à la ville de Vichy.

Il y meurt en 1957, sans descendance. Il est inhumé au cimetière des Bartins.

Carrière littéraire[modifier | modifier le code]

Larbaud écrit ses premières œuvres dès l'enfance. À sept ans, il rédige un poème malhabile titré Misère du couperet, à 15 ans, il commence à rédiger son premier journal intime[14], et à dix-sept ans, alors qu'il revient de son voyage en Russie pour étudier au lycée Théodore-de-Banville, il écrit le Petit manuel d’idéal pratique où il prétend étudier un enfant, Milou, lequel représente « des troubles intérieurs et révoltes secrètes de l’enfance[15] ». Larbaud reviendra sur ces premiers textes dans son recueil Enfantines, plus tardif.

En , pour le prix Goncourt, Octave Mirbeau vote pour Poèmes par un riche amateur, que Larbaud a publiés sans faire connaître sa véritable identité[16].

Son roman Fermina Márquez, consacré aux amours de l'adolescence et souvent comparé au Grand Meaulnes d'Alain-Fournier[17], obtient quelques voix au Goncourt en 1911.

Larbaud parle anglais, allemand, occitan, italien, portugais et espagnol. Il a une passion pour les langues et une logophilie qui font de lui, selon le mot de Léon-Paul Fargue, un « archivaste-paléogriffe »[18]. Il fait connaître les grandes œuvres étrangères comme Samuel Butler, dont il est le traducteur, ainsi que James Joyce, dont il est correcteur-superviseur pour la traduction d’Ulysse, laquelle, réalisée principalement par Auguste Morel à partir de 1924, continue jusqu'en 1929.

Pensée politique[modifier | modifier le code]

Dans son ouvrage Jaune, bleu, blanc, Larbaud révèle sa pensée politique où il souhaite des États-Unis d'Europe, avec des États membres qui correspondent aux « vraies nations » du continent, dont un pour les Occitans[19].

Dans une optique « post-France », il envisage une Occitanie indépendante, qui comprend d'ailleurs Vichy, sa ville d'origine qui est située à la pointe nord de l'aire de locution de l'occitan, et qui aurait pour capitale Montpellier[20],[21]. Il affirme ainsi un occitanisme politique appuyé précoce au XXe siècle[22].

Postérité[modifier | modifier le code]

Le prix Valery-Larbaud, créé en 1967, est décerné en mai ou en juin à Vichy ; il est attribué par l'Association internationale des Amis de Valery Larbaud, avec le soutien de la ville de Vichy, à l'auteur d'« une œuvre qu’aurait aimée Larbaud, ou dont l’esprit, le sens et la pensée rejoignent celle de Larbaud[23]. »

Depuis 2024, et après une interruption de trois ans, il s'intitule prix de la critique Valery-Larbaud[23].

Œuvres[modifier | modifier le code]

(Liste non exhaustive)

Les principaux textes de Valery Larbaud ont été rassemblés dans la « Bibliothèque de la Pléiade » des éditions Gallimard (un tome, 1957, réédition 1984).

Romans et nouvelles[modifier | modifier le code]

  • Fermina Márquez (1911)
  • A.O. Barnabooth (1913) : journal fictif
  • Enfantines (1918)
  • Beauté, mon beau souci... (1920)
  • Amants, heureux amants (1921)
  • Mon plus secret conseil... (1923)
  • Allen (1927)
  • Jaune bleu blanc (1927) : ensemble de nouvelles, notes et poésies
  • Caderno (1927), illustré par Mily Possoz
  • La Rue Soufflot, romance pour l'éventail de madame Marie Laurencin (1943)
  • Une Nonnain (1946), frontispices et bandeaux de Maurice Brianchon
  • Le Vaisseau de Thésée (1946), frontispices et bandeaux de Maurice Brianchon
  • Portrait d'Éliane à quatorze ans (1944)[24]
  • 200 chambres, 200 salles de bains, illustré de 10 gravures au burin par Jean Émile Laboureur, La Haye, J. Gondrexon éditeur (1927) ; rééd. Éditions du sonneur[25] (2008)

Poésies[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Correspondance[modifier | modifier le code]

  • Lettres à André Gide (1948)

Publications posthumes : journal et correspondance[modifier | modifier le code]

  • Journal inédit (tome I, 1954 ; tome II, 1955)
  • Valery Larbaud & A.A.M. Stols, Correspondance (1925-1951), édition établie et annotée par Christine et Marc Kopylov, introduite par Pierre Mahillon, Éditions des Cendres (1986)
  • Journal, 1931-1932, D'Annecy à Corfou, texte établi par Claire Paulhan et Patrick Fréchet, introduction de Patrick Fréchet, Éditions Claire Paulhan (1998)[26]
  • Journal 1934-1935, Valbois - Berg-Op-Zoom - Montagne Ste Geneviève, texte établi par Claire Paulhan et Patrick Fréchet, introduction de Claire Paulhan, Éditions Claire Paulhan (1999)[27]
  • Du navire d'argent (2003)
  • Valery Larbaud & Jacques Rivière, Correspondance 1912-1924, édition établie, annotée et introduite par Françoise Lioure, Éditions Claire Paulhan (2006)[28]
  • Notes pour servir à ma Biographie (an uneventful one), notes et postface de Françoise Lioure, Éditions Claire Paulhan (2006)[29]
  • Journal, édition définitive, texte établi, préfacé et annoté par Paule Moron, Paris, Gallimard (2009)

Hommages[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Son prénom s'écrit Valery, et non sous la forme plus répandue Valéry, avec un accent. Valery Larbaud porte le prénom de son grand-père maternel, Valery Bureau des Étivaux, avocat à Gannat. À propos de l'absence d'accent, il écrira dans Des prénoms féminins :
    « Jean a sa Jeanne et même Paule a sa Paule et sa Paulette. Mon prénom avec un égoïsme masculin qui me désole refuse de se mettre au féminin. Pour tant de Valéries qu'il y a dans le monde, pas une Valerie (sans accent sur l'e). Condamné au célibat à perpétuité, Valery ne trouvera jamais sa moitié d'orange ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Valery Larbaud (1881-1957) », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  2. « Valery Larbaud (1881-1957) », sur data.bnf.fr, (consulté le ).
  3. Monique Kuntz, Valery Larbaud, 1881-1957, Bibliothèque nationale, 1981, p. 1.
  4. Béatrice Mousli, Valery Larbaud, Flammarion, 1998, p. 544.
  5. « Valery-Nicolas Larbaud », Encyclopædia Britannica ; base Léonore.
  6. Nicole Périchon, Vichy de A à Z, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, , 192 p. (ISBN 978-2-8138-0058-9), p. 7.
  7. G. Jean-Aubry, Valéry Larbaud : sa vie et son œuvre d'après des documents inédits, vol. 1, Éditions du Rocher, 1949, p. 128.
  8. Béatrice Mousli, op. cit., p. 113.
  9. François-Bernard Michel, « Un Montpelliérain singulier : Valery Larbaud », Académie des sciences et lettres de Montpellier, séance du 8 juin 2009, p. 241-242.
  10. Roger Grenier, Colloque Valery Larbaud et la France : Paris-Sorbonne, le 21 novembre 1989, Presses univ. Blaise-Pascal, 1990, p. 7.
  11. Marc Trillet, « Les écrivains d'Alajouanine », Histoire des sciences médicales, vol. 31 (2),‎ , p. 181-188 (lire en ligne).
  12. Roger Grenier, op. cit., p. 18.
  13. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 397.
  14. Valery Larbaud, Journal, édition définitive, Paris, Éditions Gallimard, , 1616 p. (ISBN 978-2-07-075695-7), p. 11.
  15. Nelly Chabrol-Gagne, « Les représentations de l'intime en littérature jeunesse », Cahiers Valery Larbaud n° 43,‎ (ISSN 0301-8776, lire en ligne).
  16. Robert Sabatier, Histoire de la poésie française, vol. 6, partie 1, Albin Michel, 1988, p. 322.
  17. Maaike Koffeman, Entre classicisme et modernité : La Nouvelle Revue française dans le champ littéraire de la belle époque, Rodopi, 2003, p. 237.
  18. Léon-Paul Fargue cité par Michel Pierssens, « Le polylogue poétique de Valéry Larbaud », Études françaises, volume 24, numéro 3, hiver 1988, p. 57 (lire en ligne).
  19. François-Bernard Michel, « Un Montpelliérain singulier : Valéry Larbaud », Bulletin de l'Académie des sciences et lettres de Montpellier, Montpellier, Académie des sciences et lettres de Montpellier,‎ , p. 241-242 (ISSN 2534-2142, lire en ligne [PDF]) :

    « Il […] plaide constamment pour des États-Unis d’Europe Confédérée où l’Occitanie retrouverait son identité et naturellement, la capitale serait Montpellier. »

  20. Frida Weissman, L'exotisme de Valery Larbaud, Paris, Librairie A-G Nizet, , 332 p. (ISBN 978-2-402-24323-0, lire en ligne).
  21. (oc) Domergue Sumien, « La plaça de Borbonés en Occitània », Jornalet, Barcelone, Associacion entara Difusion d'Occitània en Catalonha (ADÒC),‎ (ISSN 2385-4510, OCLC 1090728591, lire en ligne).
  22. Jaune, bleu, blanc, 1927, p. 177 :

    « Les villes, les civitates du Centre et du Nord sont deditices : Paris, qu'elles forment, les absorbe, les anéantit ; au contraire, les civitates du Midi, et en particulier celles d'Occitanie, sont alliées, et on conçoit pour elles une époque "post-française" ; la formation des États-Unis d'Europe exigeant la disparition des anciennes nations, trop puissantes pour la sécurité commune, et l'établissement d’un système d’États confédérés, on imagine l'Occitanie retrouvant son autonomie, son nom, certaines coutumes. On songe […] aux témoignages officiels de son existence indépendante sous la direction centrale d’un Conseil amphictyonique européen : sur les monnaies, sur les timbres, des allusions aux grands souvenirs historiques du pays, à la renommée de la Faculté de Montpellier. Naturellement, la capitale serait Montpellier. »

  23. a et b Voir sur le site des médiathèques de Vichy.
  24. Ouvrage publié dans la clandestinité, à Amsterdam, orné de quatre dessins de Salim coloriés à la main, imprimé en Perpetua à cinquante-cinq exemplaires. (Dirk De Jong, Bibliographie des Éditions Françaises clandestines, A.A.M. Stols, La Haye, 1947.)
  25. Voir sur editionsdusonneur.com.
  26. « Valery Larbaud • Journal 1931-1932 », sur clairepaulhan.com (consulté le ).
  27. « Valery Larbaud • Journal 1934-1935 », sur clairepaulhan.com (consulté le ).
  28. « Valery Larbaud & Jacques Rivière • Correspondance 1912-1924 », sur clairepaulhan.com (consulté le ).
  29. « Valery Larbaud • Notes pour servir à ma Biographie », sur clairepaulhan.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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