Ville impériale de Haguenau — Wikipédia

Ville impériale de Haguenau
(de) Reichsstadt Hagenau
(la) Hagenoa civitas imperialis


(404 ans)

Blason
Blason de Haguenau
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Statut Ville d’Empire
État du Drapeau du Saint-Empire Saint-Empire
Texte fondamental Lettre des Vingt-Quatre
Capitale Haguenau
Langue(s) Alémanique/alsacien, allemand, français
Religion Catholicisme
Bailliage Grand-Bailliage d'Alsace
Cercle impérial Cercle du Haut-Rhin

Démographie
Population  
~ 6 000 hab.[1]
~ 6 000 hab.[2]
~ 8 500 hab.[1]
~ 200 hab.[3]
~ 8 322 hab.[3]
Histoire et événements
- Confirmation des franchises et privilèges de la ville par Richard Ier du Saint-Empire
Haguenau devient chef-lieu du Grand-Bailliage d'Alsace
Immédiateté impériale (statut de « ville d’Empire ») et charte de franchises accordées par Rodolphe Ier
Lettre des Vingt-Quatre approuvée comme constitution par Louis IV
Alliance avec d’autres villes au sein de la Décapole dont Haguenau en devient le siège administratif
Prise et occupation de la ville par l'armée protestante d'Ernst von Mansfeld lors de la guerre de Trente Ans
Entrée de l'armée catholique de Léopold V d'Autriche Tyrol dans Haguenau
Prise de la ville par l'armée suédoise de Gustaf Horn
Mise sous protectorat du Roi de France
Reconnaissance des droits de la France sur les villes impériales de la Décapole (traités de Westphalie)
Annexion par la France et maintien des institutions de la ville sous l'autorité du Roi (traités de Nimègue)
Révolution française et fin de la constitution municipale

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La ville impériale de Haguenau (en allemand : Reichsstadt Hagenau, en latin : Hagenoa civitas imperialis[4]) est une ancienne cité-État du Saint-Empire romain entre et .

Village construit autour du château édifié aux alentours de [5],[6], Haguenau devient une ville au Moyen Âge notamment par la construction d'un mur d'enceinte probablement vers [7],[8]. Ses habitants se dotent progressivement d'institutions sous l’autorité des Hohenstaufen qui siègent sur le trône impérial et possèdent le duché de Souabe et d'Alsace. Le duc Frédéric II le Borgne accorde à la cité des franchises que son fils l'empereur Frédéric Ier Barberousse confirme en et [9],[10]. La ville est alors administrée par les ministériaux du château (Burgmänner) et un prévôt (Schultheiss)[11]. Celui-ci rend la justice au nom du seigneur qui est le souverain du Saint-Empire, puis est assisté de douze échevins à partir de [12]. La même année, la cité est pourvue d'un sceau[13]. Durant le Grand Interrègne les souverains accordent de nouvelles libertés à la ville pour s'assurer de sa fidélité. Guillaume Ier reconnaît ainsi les privilèges dont disposent la cité lorsqu'il y séjourne en . Son successeur Richard Ier octroie de nouvelles chartes de franchises en et [14].

À la suite de son élection au trône du Saint-Empire en , Rodolphe Ier accorde à Haguenau une charte de franchises le [15]. Le statut de « ville d'Empire » est définitivement reconnu à la cité qui dispose ainsi de l'immédiateté impériale avec droit de siéger à la Diète d'Empire : elle n'est désormais plus un bien personnel du souverain mais un état du Saint-Empire à part entière comme le confirme à nouveau Albert Ier en [16],[17]. Elle intègre le Grand-Bailliage d'Alsace (Reichslandvogtei im Elsass) qui administre les biens impériaux de la région, notamment la forêt de Haguenau (Hagenauer Reichswald) et les villages d'Empire avoisinants[18]. Les institutions municipales sont définitivement établies au milieu du XIVe siècle avec l'adoption de la Lettre des Vingt-Quatre comme constitution le . Celle-ci permet à vingt-quatre représentants des corporations d'intégrer le conseil aux côtés des douze échevins afin d'associer la bourgeoisie au gouvernement de la ville. Le texte est approuvé par Louis IV le , et à nouveau confirmé par Venceslas Ier en [14],[19]. Avec les autres villes impériales de la plaine d'Alsace, Haguenau forme en une alliance connue sous le nom de Décapole qui doit garantir une assistance réciproque entre ses dix membres face aux menaces extérieures. Accueillant le siège administratif du Grand-Bailliage d'Alsace, la cité devient par conséquent la capitale de l'alliance. Lorsque la ville est assiégée en par le prince-évêque de Strasbourg, Jean II de Lichtenberg, ses alliées viennent à son secours et lui permettent de régler la situation sans dommage pour elle[20]. La cité devient un foyer artistique important grâce au talent des copistes et des enlumineurs qu'elle accueille, notamment Diebold Lauber[21].

La Réforme protestante est introduite à Haguenau en à la suite des prêches de Wolfgang Capiton quelques décennies auparavant[22], mais ses dirigeants restent en majorité catholiques au début du XVIIe siècle et favorisent l'installation des Jésuites dans la ville[23]. Lors de la guerre de Trente Ans la ville est pillée et occupée en par l'armée protestante conduite par Ernst von Mansfeld, avant d'être reprise en par les troupes catholiques de Léopold V d'Autriche-Tyrol, grand-bailli d'Alsace et prince-évêque de Strasbourg, pour y rétablir l'autorité impériale[24]. Haguenau est conquise en par les troupes du royaume de Suède conduites par Gutaf Horn[25]. Les villes occupées par les Suédois sont confiées aux armées françaises qui y établissent des garnisons. Les ravages du conflit poussent Haguenau à se placer sous protectorat du royaume de France en . Les traités de Westphalie de accordent au Roi de France des droits sur la ville impériale et ses alliées. Lors de la guerre de Hollande, les Français s'emparent de la cité et l'occupent à partir de [26]. Afin d'empêcher les troupes impériales d'occuper les villes de la Décapole, Louis XIV et le marquis de Louvois appliquent une politique de la terre brûlée et ordonnent l'évacuation des habitants de la cité : un premier incendie est provoqué par le général Joseph de Montclar le , et un second par le maréchal François de Créquy du au de la même année[27],[28].

Le traité de Nimègue du marque la fin de l'indépendance de Haguenau qui est rattachée au territoire français[29]. Les institutions de la ville continuent d'exister sous l'autorité du Roi jusqu'à la Révolution française et la fin de l'Ancien Régime en [30].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Burg 1976, p. 32
  2. Himly 1970, p. 15
  3. a et b Encyclopédie de l'Alsace 1984, p. 3675
  4. Oldenburger 1670, p. 84
  5. Himly 1970
  6. Burg 1976, p. 31
  7. Nilles et al. 2008
  8. Mengus et al. 2013, p. 126-127
  9. Burg 1976, p. 33
  10. Dollinger 1991, p. 112
  11. Muller 2020
  12. Dollinger 1991, p. 116
  13. Burg 1976, p. 34
  14. a et b Burg 1976, p. 35
  15. Grasser et al. 2014, p. 31
  16. Nicollier 2012, p. 215
  17. Grasser et Traband 1999, p. 40
  18. Sittler 1976, p. 47
  19. Vogler 2009, p. 48
  20. Vogler 2009, p. 47
  21. Vogler 2009, p. 53-54
  22. Vogler 2009, p. 57
  23. Encyclopédie de l'Alsace 1984, p. 3674
  24. Klein 1976, p. 80
  25. Vogler 2009, p. 62
  26. Kintz 2017, p. 276-280
  27. Kintz 2017, p. 325-326
  28. Vogler 2009, p. 67
  29. Kintz 2017, p. 346-348
  30. Kintz 2017, p. 356

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Encyclopédie de l'Alsace 1984] « Haguenau », dans Encyclopédie de l'Alsace, t. 6 : Frey-Hématologie, Strasbourg, Éditions Publitotal, , p. 3651-3680.
  • [Burg 1976] André-Marcel Burg, « Haguenau du XIIe au XVIe siècle », Les Saisons d'Alsace, no 58,‎ , p. 31-46 (ISSN 0048-9018).
  • [Dollinger 1991] Philippe Dollinger (dir.), Histoire de l'Alsace, [Toulouse], Privat, (1re éd. 1970), 524 p. (ISBN 2-7089-1695-5 et 978-2-70891-695-1).
  • [Grasser 1976] Jean-Paul Grasser, « Le siècle de la paix française : les questions économiques et sociales de 1715 à 1789 », Les Saisons d'Alsace, no 58,‎ , p. 94-109 (ISSN 0048-9018).
  • [Grasser 1985] Jean-Paul Grasser, Haguenau ville impériale : une histoire, un guide, des études, Haguenau, Musée historique ; Société d'histoire de Haguenau, , 160 p. (ISBN 2-903218-08-0).
  • [Grasser 1988] Jean-Paul Grasser, La Décapole, Haguenau, Musée historique, , 128 p. (ISBN 978-2-9032-1815-7 et 2-9032-1815-3).
  • [Grasser et Traband 1999] Jean-Paul Grasser et Gérard Traband, Histoire de Haguenau des origines à nos jours, Haguenau, [auto-édition], , 318 p.
  • [Grasser et Traband 2014] Jean-Paul Grasser et Gérard Traband, Haguenau 1115 - 2015 : histoire de Haguenau des origines à nos jours, Haguenau, Société d'histoire et d'archéologie de Haguenau, , 128 p. (ISBN 978-2-9550344-0-8).
  • [Himly 1970] François-Jacques Himly, Atlas des villes médiévales d'Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 133 p. (lire en ligne)
  • [Kintz 2017] Jean-Pierre Kintz, La conquête de l’Alsace : le triomphe de Louis XIV, diplomate et guerrier, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 604 p. (ISBN 978-2-8099-1509-9).
  • [Klein 1976] Charles Klein, « Grandeur et décadence de Haguenau au XVIIe siècle », Les Saisons d'Alsace, no 58,‎ , p. 79-93 (ISSN 0048-9018).
  • [Livet 1955] Georges Livet, « La préfecture de Haguenau et l'intendance d'Alsace à la fin du règne de Louis XIV », Études haguenoviennes, vol. 1,‎ , p. 127-138 (ISSN 0085-0322).
  • [Mengus et Rudrauf 2013] Nicolas Mengus et Jean-Michel Rudrauf (préf. Philippe Richert), Châteaux forts et fortifications médiévales d'Alsace : dictionnaire d'histoire et d'architecture, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 375 p. (ISBN 978-2-7165-0828-5).
  • [Muller 2020] Claude Muller, « Haguenau (ville de) », sur dhialsace.bnu.fr, (consulté le ).
  • [Nicollier 2012] Béatrice Nicollier, Le Saint-Empire romain germanique au temps des confessions : 1495-1648, Paris, Ellipses, , 256 p. (ISBN 978-2-729-87577-0).
  • [Nilles et Metz 2008] Richard Nilles et Bernhard Metz, « Haguenau (Bas-Rhin) », dans Archéologie des enceintes urbaines et de leurs abords en Lorraine et en Alsace (XIIe – XVe siècle), ARTEHIS Éditions, coll. « Suppléments à la Revue archéologique de l’Est », (ISBN 978-2-915544-65-7, lire en ligne), p. 105–127.
  • [Oldenburger 1670] (la) Philipp Andreas Oldenburger, Pandectae Iuris Publici Imperii Romano-Germanici Sive : Limnaeus Enucleatus..., Genève, Johannes Hermannus Widerhold, (lire en ligne).
  • [Sittler 1976] Lucien Sittler, « Haguenau et la Décapole », Les Saisons d'Alsace, no 58,‎ , p. 47-55 (ISSN 0048-9018).
  • [Vogler 2009] Bernard Vogler (dir.), La Décapole : dix villes d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 397 p. (ISBN 978-2-71650-728-8).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]