Wopke Hoekstra — Wikipédia

Wopke Hoekstra
Illustration.
Wopke Hoekstra en 2022.
Fonctions
Commissaire européen à l'Action pour le climat
En fonction depuis le
(6 mois et 6 jours)
Président Ursula von der Leyen
Gouvernement Commission von der Leyen
Prédécesseur Frans Timmermans
Maroš Šefčovič (intérim)
Vice-Premier ministre néerlandais
Ministre des Affaires étrangères

(1 an, 7 mois et 22 jours)
Premier ministre Mark Rutte
Gouvernement Rutte IV
Prédécesseur Hugo de Jonge (vice-Premier ministre)
Ben Knapen (Affaires étrangères)
Successeur Liesje Schreinemacher (intérim, Affaires étrangères)
Karien van Gennip (vice-Première ministre)
Hanke Bruins Slot (Affaires étrangères)
Chef politique de l'Appel chrétien-démocrate

(2 ans, 8 mois et 3 jours)
Prédécesseur Hugo de Jonge
Successeur Henri Bontenbal
Ministre des Finances

(4 ans, 2 mois et 15 jours)
Premier ministre Mark Rutte
Gouvernement Rutte III
Prédécesseur Jeroen Dijsselbloem
Successeur Sigrid Kaag
Biographie
Nom de naissance Wopke Bastiaan Hoekstra
Date de naissance (48 ans)
Lieu de naissance Bennekom (Pays-Bas)
Nationalité Néerlandaise
Parti politique CDA
Diplômé de Université de Leyde
INSEAD
Profession Consultant
Religion Remontrant
Résidence Bruxelles (professionnelle) Bussum (personnelle)

Wopke Hoekstra, né le à Bennekom, est un homme politique néerlandais, membre de l'Appel chrétien-démocrate (CDA), qu'il dirige de 2020 à 2023. Ministre des Finances (2017-2022), puis des Affaires étrangères (2022-2023) sous le Premier ministre Mark Rutte, il est nommé par ce dernier pour succéder à Frans Timmermans en tant que commissaire européen à l'Action pour le climat. Sa nomination suscite la controverse (dont notamment une pétition enjoignant les députés européens à la refuser)[1], en raison de son travail passé pour l'entreprise Shell et de ses décisions en faveur de l'exploration pétrolière aux Pays-Bas.

Biographie[modifier | modifier le code]

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Natif du village de Bennekom, dans la commune d'Ede, Hoekstra est diplômé de l'université de Leyde et de l'Institut européen d'administration des affaires (INSEAD). Il travaille au sein de la direction commerciale de Shell entre et , dans les bureaux de Berlin, Hambourg et enfin Rotterdam. Chroniqueur pour le quotidien financier néerlandais Het Financieele Dagblad pendant l'année qui suit, il devient le associé de la société de conseil McKinsey & Company. Jusqu'en 2006, il travaillait pour Shell à Berlin, Hambourg et Rotterdam[2].

Parcours politique[modifier | modifier le code]

Sénateur[modifier | modifier le code]

Il est élu sénateur à la Première Chambre des États généraux le et prend ses fonctions quinze jours plus tard. Réélu lors des élections sénatoriales du , il axe son travail et ses interventions sur les domaines de la protection sociale, les retraites, la sécurité et la justice.

Il préside la commission programmatique de l'Appel chrétien-démocrate pour les élections législatives du .

Ministre des Finances[modifier | modifier le code]

Le , Wopke Hoekstra est nommé à 42 ans ministre des Finances dans le troisième cabinet de coalition du Premier ministre libéral-démocrate Mark Rutte.

En , il s'oppose publiquement au projet de budget de la zone euro proposé par le président français Emmanuel Macron[3], mais rappelle l'engagement des Pays-Bas dans l'achèvement de l'union bancaire et « le besoin de réformer l'eurozone »[4]. En , il ordonne une montée au capital de l'État néerlandais au sein d'Air France-KLM afin d'égaler la part de l'État français.

Lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro pour évoquer la réponse à la crise économique générée par la pandémie de Covid-19, il s'oppose à la proposition, portée notamment par l'Espagne et l'Italie, d'une mutualisation partielle des dettes publiques au niveau européen. Il demande en outre une enquête de la Commission européenne afin de déterminer pour quelles raisons ces États ne disposent pas des marges budgétaires nécessaires devant la crise sanitaire. Selon lui, ces pays auraient dû économiser davantage ces dernières années, bien qu'il se dise ouvert à une aide financière. Lors du Conseil européen du , le Premier ministre portugais lui reproche vivement son attitude en affirmant : « Ce discours est répugnant. C'est une folie absolue et une mesquinerie totale »[5]. De son côté, Wopke Hoekstra reçoit le soutien d'une majorité des représentants à la Seconde Chambre pour le fond de sa position, ainsi que plusieurs critiques sur la manière dont il l'exprime, qu'il juge fondées[6].

Il est mis en cause en janvier 2021 dans un scandale dans lequel des milliers de familles sont accusées à tort de fraude aux allocations familiales par les services de l'État. Ce scandale conduit à la démission du cabinet peu avant les élections législatives. Il est notamment reproché à Wopke Hoekstra de ne pas avoir assez fait quant aux dysfonctionnements dont il avait connaissance[7],[8].

En octobre 2021, son nom est cité dans les Pandora Papers[9].

Direction du CDA[modifier | modifier le code]

En décembre 2020, il prend la direction du CDA, au lendemain de la démission du ministre de la Santé, du Bien-être et des Sports Hugo de Jonge. Il est investi par les cadres dirigeants du parti, qui à trois mois des élections législatives de 2021 préfèrent ne pas laisser la fonction vacante jusqu'à la tenue d'un congrès. Un congrès du parti est cependant rapidement organisé en ligne et permet de confirmer le soutien des adhérents. Wopke Hoekstra mène néanmoins une campagne ratée, qui se solde par un échec : le parti recule de quatre sièges à la Seconde Chambre et finit quatrième du scrutin[10].

Son parti essuie un nouvel échec lors des élections provinciales et sénatoriales de mars 2023, perdant près de la moitié de ses sièges. Wopke Hoekstra annonce en juillet 2023, après la chute du gouvernement de Mark Rutte, qu'il ne conduira pas la liste de son parti, donnée à moins de 4 % des intentions de vote, lors des législatives de novembre[11].

Son nom est proposé en août 2023 par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour devenir le nouveau commissaire européen à l'Action pour le climat[12]. Ce choix, qui doit d'abord être approuvé par le Parlement européen, est critiqué en raison du manque de sensibilité de Wopke Hoekstra aux problématiques environnementales[13].

Ministre des Affaires étrangères[modifier | modifier le code]

Wopke Hoekstra et son homologue français Jean-Yves Le Drian à Paris, en janvier 2022.
Wopke Hoekstra en Ukraine, en février 2022, au côté de Dmytro Kouleba.

Le , Wopke Hoekstra succède à Ben Knapen au ministère des Affaires étrangères au sein du quatrième cabinet de Mark Rutte, dans lequel il est également vice-Premier ministre des Pays-Bas en sa qualité de chef de parti de coalition.

En mars 2022, peu après le début de la guerre en Ukraine, Wopke Hoekstra annonce que les Pays-Bas ordonnent l'expulsion de 17 diplomates russes qu'ils accusent d'être des espions et une « menace » pour la sécurité nationale[14], sur la base de rapports de l'AIVD et du MIVD[15].

En août 2023, il abandonne la direction du CDA et est proposé comme candidat au poste de commissaire européen pour remplacer Frans Timmermans[16]. Il démissionne de son poste de ministre des Affaires étrangères le suivant[17].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il réside à Bussum, dans le sud-est de la province de Hollande-Septentrionale, avec sa femme Liselot Hoornweg et leurs quatre enfants. Il est remontrant.

Controverse sur les Pandora Papers[modifier | modifier le code]

Wopke Hoekstra est cité en octobre 2021 dans les Pandora Papers. Chargé de la lutte contre l'évasion fiscale, il a investi dans une société écran installée aux îles Vierges britanniques (BVI)[18]. « Jusqu'en octobre 2017, Hoekstra faisait partie d'un club d'investissement fermé qui se sert aujourd'hui encore de ce paradis fiscal de la mer des Caraïbes pour investir dans une agence de safaris en Afrique de l'Est », précise le quotidien Trouw. Il aurait revendu ses actions peu de temps avant son entrée au gouvernement[18].

Il assure s'être tenu à la loi en vigueur aux Pays-Bas dans ses investissements et ignorer avoir investi dans une société écran[19]. Il affirme que son investissement de 26 500 euros dans l'« écotourisme en Afrique » lui a rapporté 4 800 euros sur douze ans et avoir fait don de la somme à « une organisation caritative néerlandaise pour la recherche scientifique sur le cancer » avant son arrivée au ministère des Finances[20].

Il a également investi pour une retraite complémentaire dans un fonds d'investissement basé à Guernesey, une île anglo-normande connue pour ses taux d'imposition extrêmement bas[19]. Le fonds est affilié à son ancien employeur, McKinsey & Company[21].

La Seconde Chambre ne lui retire pas sa confiance, bien qu'il essuie un débat parlementaire houleux, lors duquel Edgar Mulder, représentant du Parti pour la liberté, affirme : « Soit vous êtes incompétent, soit vous êtes menteur, soit les deux »[19].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Take action for a real EU climate leader », sur WeMove Europe (consulté le ).
  2. (nl) « Wopke Hoekstra is een rijzende ster met kwaliteit voor het CDA-leiderschap », NRC,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Le plan de Macron pour l'Europe résumé en dix points », sur FIGARO, (consulté le ).
  4. « Budget de la zone euro: les Pays-Bas toujours pas convaincus », sur FIGARO, (consulté le ).
  5. Thomas Lemahieu, « Avec les Pays-Bas, charité bien ordonnée commence par soi-même », L'Humanité, (consulté le ).
  6. (en) « Dutch MPs back minister on coronabonds, but criticise his blunt approach », Dutch News, (consulté le ).
  7. « Pays-Bas : un scandale sans précédent fait chuter le gouvernement », sur Les Echos, .
  8. (nl) « Toeslagenaffaire: hard oordeel Hoekstra over Belastingdienst », Het Parool, 26 novembre 2020.
  9. « Pays-Bas: visé par les Pandora Papers, le ministre des Finances réfute », sur Le Soir, (consulté le ).
  10. (nl) « Wopke-effect is weg: CDA verliest fors, regeren ‘geen automatisme’ », Algemeen Dagblad, 17 mars 2021.
  11. « La démission du premier ministre des Pays-Bas révèle une crise profonde au sein du monde politique néerlandais », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  12. « Un ancien de Shell pourrait gérer la politique climatique de l’UE », Reporterre,‎ (lire en ligne).
  13. « Le choix du néerlandais Wopke Hoekstra comme commissaire européen provoque des remous », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne).
  14. (nl) « Nederland zet 17 Russische spionnen het land uit », Algemeen Dagblad, 29 mars 2022.
  15. (nl) « Nederland zet 17 Russische diplomaten uit vanwege spionage », Nederlandse Omroep Stichting, 29 mars 2022.
  16. « Les Pays-Bas vont proposer Wopke Hoekstra comme nouveau commissaire européen », sur Toute l'Europe,
  17. « Pays-Bas : Le ministre Hoekstra démissionne, vise un poste clef pour le climat dans l’UE », sur Challenges, ^1 9 2023
  18. a et b Pandora Papers aux Pays-Bas : les investissements suspects du ministre des Finances, Courrier International, 4 octobre 2021.
  19. a b et c (nl) « Hoekstra had ook pensioenpot op belastingeiland Guernsey: ‘Ik was echt onvoldoende zorgvuldig’ », Algemeen Dagblad, 5 octobre 2020.
  20. (nl) « Wopke Hoekstra: had me beter moeten verdiepen in investering », Ridderkerks Dagblad, 3 octobre 2021.
  21. (nl) « Wopke Hoekstra speelt open kaart met de Tweede Kamer: hij belegde ook voor zijn pensioen via het belastingeiland Guernsey », Business Insider, 5 octobre 2021.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]