XXIVe dynastie égyptienne — Wikipédia

XXIVe dynastie égyptienne
Égypte

vers 740 AEC – 712 AEC

Informations générales
Statut Monarchie
Langue(s) égyptien ancien
Religion religion de l'Égypte antique
Histoire et événements
vers 740 AEC fondation
vers 740-716 AEC « règne » de Tefnakht (Ier)
716 à 712 AEC règne de Bakenranef
712 AEC disparition

Entités précédentes :

Entités suivantes :

La XXIVe dynastie pharaonique (740-712 AEC) est généralement classée comme la quatrième dynastie de la Troisième Période intermédiaire de l'Égypte antique. Cette dynastie, contrairement à ce qui a longtemps été cru, ne descend pas d'une lignée de chefs des tribus Mâchaouach et Libou, mais d'une famille de prêtres de Saïs d'origine inconnue[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

La XXIVe dynastie est une courte et donc éphémère dynastie de pharaons qui ont leur capitale à Saïs, dans le delta occidental du Nil.

Tefnakht[modifier | modifier le code]

Tefnakht forme une alliance des roitelets dudit Delta, avec l'appui desquels il tente de conquérir la Moyenne-Égypte et en premier lieu Héracléopolis, alliée des Koushites ; sa campagne attire l'attention du roi de Koush, Piânkhy, qui note sa propre conquête, et la sujétion de Tefnakht de Saïs et de ses pairs, dans l'inscription bien connue de la stèle de la victoire.[2] Tefnakht est toujours appelé le « Grand Chef de l'Ouest », sur la stèle de la victoire de Piânkhy, et sur deux stèles datant des années 36 et 38 du règne de Sheshonq V[3].

Le roi So de la Bible[modifier | modifier le code]

Selon le second Livre des rois de la Bible hébraïque, c'est-à-dire de l'ancien testament chrétien pour l'essentiel, le roi d'Israël Osée aurait envoyé des messagers à So, vers 725 ou 724, pour tenter d'affranchir son propre pays du tribut payé à l'Assyrie, au mécontentement du nouveau roi assyrien Salmanazar V[4]. Si la signification du nom So a posé problème (certains y voyaient le nom d'un lieu et proposaient Saïs, et donc son dirigeant Tefnakht), il semble qu'il s'agisse d'un roi et plus particulièrement le roi Osorkon IV de Tanis-Bubastis[5].

La stèle de Shepsesrê Tefnakht[modifier | modifier le code]

On ne sait pas s'il a jamais adopté un titre royal officiel. Cependant, Olivier Perdu[6] soutient qu'un certain Shepsesrê Tefnakht de Saïs n'était pas, en fait, la célèbre Némésis de Piânkhy. Olivier Perdu a mis en avant une stèle de donation récemment découverte, provenant d'une collection privée ; le document est daté de l'an 2 de Nékao Ier de Saïs, et est semblable dans le style, l'épigraphie et le texte, à la stèle de donation de Shepsesrê. Cependant, les arguments d'Olivier Perdu ne sont pas acceptés par certains égyptologues, qui croient que la stèle de l'an 8 Shepsesrê Tefnakht, aujourd'hui à Athènes, était très probablement de Tefnakht (Ier). Le point de vue d'Olivier Perdu est soutenu par Kim Ryholt[7] et Frédéric Payraudeau[8].

Le futur roi Tefnakht II, s'il a existé, aurait été le prédécesseur de Nékao Ier. Tefnakht II et Nékao Ier ont régné comme des rois saïtes locaux, de 680 à 672 AEC[9] pour le premier et de 672 à 664 AEC[9] pour le second (non mentionnés dans le tableau infra), soit en parallèle de la XXVe dynastie et des règnes de Taharqa et de Tanoutamon[9]. Ces deux rois saïtes sont les précurseurs de la future XXVIe dynastie (cf. les tableau et arbre généalogique(s) de celle-ci).

Bakenranef[modifier | modifier le code]

Le successeur de Tefnakht, Bakenranef, prend finalement le trône de Saïs et le nom royal de Ouahkarê. Si son règne commence vers 716 AEC[10], la date réelle de passation du pouvoir entre Tefnakht et Bakenranef est peut-être plus ancienne de quelques années (Tefnakht étant en tout cas encore le chef reconnu de Saïs par Piânkhy sur sa stèle des victoires de l'an 21, soit vers 723 AEC)[11]. Son autorité est reconnue dans une grande partie du Delta, y compris à Memphis, où plusieurs stèles de Sérapeum de l'an 5 et de l'an 6 de son règne ont été trouvées. Cette dynastie aurait soudainement pris fin lorsque le roi Koushite successeur de Piânkhy, traditionnellement vu comme étant Chabaka, mais il s'agissait peut-être de Chabataka[12], attaqua Memphis, captura Bakenranef, et le fit brûler vif[13]. Bien que les traditions manéthonienne et classiques maintiennent que c'est l'invasion Koushite du règne de Bakenranef qui fait entrer l'Égypte entièrement sous la domination de la Koushite de la XXVe dynastie, le roi Koishite brûlant son opposant Saïte vivant, il n'y a aucune preuve directe que le roi Koushite ait lui-même tué, sinon destitué, Bakenranef, et bien que les chercheurs acceptaient précédemment la tradition, elle a été récemment traitée avec plus de scepticisme[14].

Pharaons de la XXIVe dynastie[modifier | modifier le code]

 Pharaon Règne[15]  Capitale  Tombe Momie
Chef de Saïs
Tefnakht Vers 740 AEC à 716 AEC Saïs Nécropole royale de Saïs? ?
Roi de Saïs
Bakenranef 716 à 712 AEC[10] Saïs Nécropole royale de Saïs? ?

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (it) P. R. Del Francia, Di una statuette dedicate ad Amon-Ra dal grande capo dei Ma Tefnakht nel Museo Egizio di Firenze : atti del V Convegno Nazionale di Egittologia e Papirologia, Florence, S. Russo, , p. 94

    « Tefnakht n'était pas d'ethnie Libou. Si nous appliquons ce même critère au moment de la première confrontation de Tefnakht contre Osorkon (vers -740), sachant que même dans ce cas le vainqueur a, pour ainsi dire, hérité de tous les titres détenus par les vaincus, dans un sens plus large, le sacerdoce, en même temps que le titre de grand chef Mâ, il ne peut y avoir aucun doute que Tefnakht n'avait, en tant qu'origine familiale, aucun lien avec l'ethnie Mâchaouach, contrairement à ce que Yoyotte avait supposé. »

  2. Payraudeau 2020, p. 177-183.
  3. Payraudeau 2020, p. 149.
  4. Bible, 2R 17 , 4 (2e Livre des rois, chapitre 17, verset 4).
  5. Payraudeau 2020, p. 154.
  6. Olivier Perdu, « La Chefferie de Sébennytos, de Piankhy à Psammétique Ier », Revue d'Égyptologie 55 (2004), p. 95-111.
  7. Kim Ryholt, « New Ligh on the Legendary King Nechepsos of Egypt », The Journal of Egyptian Archaeology,‎ 97, 2011, p. 61-72
  8. Payraudeau 2020, p. 208-209.
  9. a b et c Payraudeau 2020, p. 557.
  10. a et b Payraudeau 2020, p. 556.
  11. Payraudeau 2020, p. 180.
  12. Payraudeau 2020, p. 185.
  13. Payraudeau 2020, p. 184.
  14. (en) Steffen Wenig, Studien Zum Antiken Sudan : akten Der 7. Internationalen Tagung Für Meroitische Forschungen Vom 14. Bis 19. September 1992 in Gosen/bei Berlin, Otto Harrassowitz Verlag, , 725 p. (ISBN 978-3-447-04139-3, lire en ligne), p. 203.
  15. Plusieurs dates peuvent exister ; voir le détail à la page de chaque pharaon.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Damien Agut et Juan Carlos Morena-Garcia, L'Égypte des pharaons : de Narmer à Dioclétien, Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », , 847 p. (ISBN 978-2-7011-6491-5 et 2-7011-6491-5).
  • Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)

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