Yushu (cheval) — Wikipédia

Yushu
Cavalier et cheval au festival du cheval de Yushu, en juillet 2008
Cavalier et cheval au festival du cheval de Yushu, en juillet 2008
Région d’origine
Région Drapeau du Tibet Tibet / Drapeau de la République populaire de Chine Chine
Caractéristiques
Morphologie Poney
Taille 1,26 m à 1,31 m en moyenne
Robe Généralement bai ou gris, souvent avec pangaré. Gène champagne possible
Statut FAO (conservation) Non menacéVoir et modifier les données sur Wikidata

Le Yushu (chinois simplifié : 玉树马 ; chinois traditionnel : 玉樹馬 ; pinyin : Yùshùmǎ, soit « cheval de Yushu ») est une race chevaline originaire de la préfecture autonome tibétaine de Yushu au Tibet, administrativement située dans le Qinghai, en Chine. Variété locale du poney tibétain, il présente une taille moyenne et forme l'une des rares races de chevaux à posséder le gène champagne parmi ses ressources génétiques. Son élevage est découragé par les autorités chinoises dans les années 1990. Apte à la selle, le Yushu est adapté à son environnement de hauts plateaux. Il a fait l'objet de plusieurs études sur sa diversité génétique et la composition de son sang. La race est devenue rare de nos jours, bien qu'elle ne soit pas considérée comme menacée par la FAO. Elle est mise à l'honneur chaque année lors d'un grand festival équestre, qui attire des milliers de spectateurs.

Histoire[modifier | modifier le code]

La race est aussi connue sous les noms de gaoyuan, geji, et gejhua[1].

Le Yushu est originaire des montagnes de la région du même nom, il s'agit du « cheval local »[2]. D'après l'ethnologue et explorateur français Michel Peissel, la race a reçu son nom des Chinois[3]. Le ministère de l'agriculture situé à Pékin étudie ses qualités dans les années 1990[3]. Malgré l'enthousiasme relatif de ce rapport, en particulier pour ce qui concerne sa capacité de production de viande, la race Yushu est décrite comme n'étant pas une source de nourriture désirable dans la Chine moderne[3]. Le rapport précise que les Tibétains devraient être encouragés à cesser l'élevage de cette race de chevaux au profit du yak[3].

Les autorités chinoises incluent à la race Yushu le cheval de Nangchen décrit par Michel Peissel[4].

Description[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'une variété locale du poney tibétain[5],[6],[1]. D'après la FAO, le Yushu toise 1,26 m en moyenne, et présente un petit corps étroit[7]. Le guide Delachaux indique une moyenne d'1,30 m chez les femelles et 1,31 m chez les mâles[1]. Adapté à son environnement de plateaux[8], il peut vivre jusqu'à 4 500 m d'altitude[7]. Il se rencontre plus généralement à une altitude située entre 3 000 et 4 000 m[6].

Morphologie[modifier | modifier le code]

Il est généralement plus petit que les chevaux du Nord du Tibet[9]. Sa tête est assez large, avec un profil rectiligne, de grands yeux et des oreilles courtes[1]. L'encolure est portée plutôt bas[1]. Le poitrail est large, la croupe courte, avec une légère inclinaison[1]. Les membres, solides, sont terminés par des sabots durs[1]. Crinière et queue sont bien fournies[1].

Robe[modifier | modifier le code]

La robe est généralement unie, les plus communes sont le bai et le gris[7]. Le pangaré est fréquent[1]. Les robes noires, alezanes, louvettes, isabelle et palomino sont plus rares[1].

La première étude chinoise consacrée au gène champagne, un gène de robe particulièrement rare, a été menée sur des chevaux Yushu et Debao en 2013. Ce gène donne notamment des yeux noisette et une peau marbrée. La diversité d'haplotypes des chevaux Yushu portant le gène champagne est basse. La présence d'une mutation à l'origine de ce gène de robe a été mise en évidence, mais la cause de cette mutation reste inconnue[10].

Diversité et appartenance génétique[modifier | modifier le code]

Les études génétiques ont permis de déterminer l'appartenance de cette race au groupe des chevaux du Qinghai et du plateau du Tibet, dont le Yushu fait partie avec le Hequ, le Datong et le Chaidamu[11],[12]. Il présente notamment un allèle, dit « T », qui n'est présent que chez les races Hequ, Chakouyi, Datong et Yanji[13].

La race a fait l'objet de différentes analyses sur son sang : une en 1996[14], une en 2000[15] et une autre en 2008[16]. L'analyse de polymorphisme génétique d'estérase sérique a démontré cinq phénotypes différents de l'estérase contrôlés par trois allèles[15]. Une autre analyse génétique a démontré qu'elle ne possède pas l'haplotype B, propre aux races de chevaux du Sud de la Chine. La diversité génétique du Yushu a été comparée avec celle du poney Debao, révélant qu'elle est moins bonne que chez ce dernier (diversité d'haplotypes à 0,4190 pour le Debao, contre 0,2228 pour le Yushu). Par conséquent, la race souffre de consanguinité[10].

Utilisations[modifier | modifier le code]

La base de données DAD-IS ne signale pas quelle est l'utilisation habituelle de cette race de chevaux[7]. Cependant, la race est décrite comme appropriée à la monte, avec une excellente capacité à se déplacer en altitude, y compris sur des terrains marécageux, des prairies ou des terrains rocheux[17]. Elle sert vraisemblablement au bât et pour le transport[1].

Le cheval est mis à l'honneur pendant le festival annuel du cheval de Yushu, l'un des plus grands du Tibet, qui mêle courses, danses et archerie montée[18]. L'organisation du festival est annulée en 2010 et pendant plusieurs années à cause des conséquences du séisme de 2010, mais il a depuis repris[19]. L'édition 2016 du festival, en février, a rassemblé plusieurs dizaines de milliers de spectateurs[20]. De nos jours, les festivals de chevaux sur le plateau tibétain ne représentent pas seulement des prouesses équestres. Ils ont aussi des objectifs de propagande politique de la part des autorités chinoises au Tibet et à l'étranger, pour affirmer que la culture traditionnelle tibétaine est en plein essor, contrairement à ce que le dalaï-lama et d'autres critiques affirment[21].

Diffusion de l'élevage[modifier | modifier le code]

La race est propre à la préfecture autonome tibétaine de Yushu[7], administrativement dans la province de Qinghai[6]. En 1980, 60 000 chevaux Yushu sont répertoriés pour la FAO[7]. La race n'est désormais plus si fréquente : en 2005, 35 100 sujets sont répertoriés[1].

En 2014, une étude menée sur l'élevage dans cette région a permis de comptabiliser la présence de 3 260 personnes pour 34 407 yaks, 11 557 moutons tibétains et seulement 522 chevaux, ce qui fait que les chevaux n'y représentent plus qu'1,12 % des animaux d'élevage[22]. La sédentarisation croissante des nomades Tibétains de la région de Yushu est également à prendre en compte[23]. D'après l'évaluation de la FAO réalisée en 2007, ce cheval n'est pas menacé d'extinction[24], de même que d'après l'étude de l'université d'Uppsala (2010), qui classifie le Yushu comme une race locale asiatique non menacée d'extinction[25].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k et l Rousseau 2014, p. 358.
  2. 玉树藏族自治州志编纂委员会 2005, p. 260.
  3. a b c et d (en) Michel Peissel, The Last Barbarians : The Discovery Of The Source Of The Mekong In Tibet, Henry Holt and Company, , 252 p. (ISBN 978-1-62779-568-5 et 1-62779-568-5, lire en ligne), p. 82.
  4. Rousseau 2014, p. 359.
  5. Porter 2002, p. 209.
  6. a b et c (en) Bonnie Lou Hendricks (préf. Anthony A. Dent), International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 486 p. (ISBN 978-0-8061-3884-8 et 0-8061-3884-X, OCLC 154690199, lire en ligne), p. 418.
  7. a b c d e et f (en) « Yushu/China », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS) (consulté le ).
  8. (zh) 国家民族事务委员会, 中国民族, 民族团结杂志社,‎ , p. 67.
  9. (zh) 《中国家畜家禽品种志》编委会. 《中国马驴品种志》编写组, 中国农业科学院. 畜牧研究所, 中国马驴品种志, 上海科学技术出版社,‎ , 131 p., p. 51.
  10. a et b (en) « Polymorphisms of SLC36A1 Gene in Yushu Horse and Debao Pony--《Acta Ecologiae Animalis Domastici》2013年07期 », sur en.cnki.com.cn (consulté le ).
  11. (en) « Investitute of animal science, Beijing : Evaluation of the genetic diversity and population structure of Chinese indigenous horses using 27 microsatellite markers », dans Issues in Animal Science and Research: 2012 Edition, ScholarlyEditions, (ISBN 1481646222 et 9781481646222).
  12. (en) Yinghui Ling, Yuehui Ma, Weijun Guan et Yuejiao Cheng, « Identification of Y Chromosome Genetic Variations in Chinese Indigenous Horse Breeds », Journal of Heredity, vol. 101,‎ , p. 639-643 (ISSN 0022-1503 et 1465-7333, PMID 20497969, DOI 10.1093/jhered/esq047, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Haoyuan Han, Qin Zhang, Kexin Gao et Xiangpeng Yue, « Y-Single Nucleotide Polymorphisms Diversity in Chinese Indigenous Horse », Asian-Australasian Journal of Animal Sciences, vol. 28,‎ , p. 1066–1074 (ISSN 1011-2367, PMID 26104513, PMCID 4478473, DOI 10.5713/ajas.14.0784, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) Z.S. Wang, « The Zootechnical Characteristics and Polymorphism of Blood Biochemistry Genetics of Yushu Tibeten Horse », China Agricultural University, Beijing, Chine,‎ .
  15. a et b (en) Wang ZhenShan, De Jiang, Song RenDe et Dai Dai, « Genetic polymorphism of serum esterase in Yushu Tibetan horse », Chinese Journal of Animal Science, vol. 36, no 6,‎ , p. 12-13 (ISSN 0258-7033, lire en ligne).
  16. (en) « Determination of 20 biochemical parameters of blood in Yushu horse--《Journal of Qinghai University(Nature Science)》2008年03期 », sur en.cnki.com.cn (consulté le ).
  17. 玉树藏族自治州志编纂委员会 2005, p. 261.
  18. (en) « Tibetan Yushu Horse Festival in Qinghai - China Culture Center », sur www.chinaculturecenter.org (consulté le ).
  19. (en) Lonely Planet China, Lonely Planet, coll. « Travel Guide », (ISBN 978-1-74360-538-7 et 1-74360-538-2).
  20. (zh) « 玉树上万马迷赛马场共庆藏历新年_1赛马网_第一赛马网 », sur www.horsechinaone.com,‎ (consulté le ).
  21. (en) Edward Wong (en), « A Showcase of Tibetan Culture Serves Chinese Political Goals », The New York Times, .
  22. (en) « Preliminary Study and Analysis of Livestock Breed and Structure in Yushu Prefecture--《Acta Ecologae Animalis Domastici》2014年02期 », sur en.cnki.com.cn (consulté le ).
  23. (en) Kenneth Bauer, « New homes, new lives - the social and economic effects of resettlement on Tibetan nomads (Yushu prefecture, Qinghai province, PRC) », Nomadic Peoples, vol. 19,‎ , p. 209-220 (DOI 10.3197/np.2015.190204, lire en ligne, consulté le ).
  24. (en) « Breeds Currently Recorded In The Global Databank For Animal Genetic Resources » [PDF], Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, , p. 27.
  25. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 58 ; 67.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]

  • (en) « Yushu / China (Horse) », Domestic Animal Diversity Information System of the Food and Agriculture Organization of the United Nations (DAD-IS)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • [Porter 2002] (en) Valerie Porter, Mason's World Dictionary of Livestock Breeds, Types and Varieties, CAB International, , 5e éd., 400 p. (ISBN 0-85199-430-X, OCLC 828044517), « Yushu », p. 208. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'articleVoir et modifier les données sur Wikidata
  • [Rousseau 2014] Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5), « Yushu », p. 358Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [Yushu 2005] (zh) 玉树藏族自治州志编纂委员会, 玉树州志 [Yushu Chi], vol. 1, 三秦出版社 Shaanxi Press,‎ . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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