10e armée (France) — Wikipédia

10e armée
Création 5 octobre 1914
Dissolution 12 octobre 1919
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de Terre
Type Armée
Ancienne dénomination Détachement d'Armée Maud'huy
Guerres Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Batailles 1914 - Bataille d'Albert
1914 - Bataille d'Arras
1915 - 2e Bataille d'Artois
1915 - 3e Bataille d'Artois
1916 - Bataille de la Somme
1917 - Chemin des Dames
1918 - 3e bataille de l'Aisne
1918 - 2e bataille de la Marne
(Bataille du Soissonnais)
Commandant historique Général Mangin

La 10e armée française est une unité de l'armée de terre française qui a combattu durant les Première et la Seconde Guerre mondiale.

Création et différentes dénominations[modifier | modifier le code]

  •  : création du détachement d'armée Maud'huy
  •  : renommée 10e Armée

Commandement[modifier | modifier le code]

Les chefs de la 10e Armée[modifier | modifier le code]

  • -  : général Maud'Huy
  • -  : général d'Urbal
  • -  : général Micheler
  • -  : général Duchêne
  • -  : général Maistre
  • -  : général Mangin

Chefs d'état-major[modifier | modifier le code]

  • -  : colonel des Vallières
  • -  : lieutenant-colonel Dufieux
  • -  : colonel Brion
  • -  : colonel Hergault
  • - : colonel Cornut de la Fontaine

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Composition[modifier | modifier le code]

Composition: voir source en référence

Historique[modifier | modifier le code]

1914[modifier | modifier le code]

 : transformation du détachement d'armée de Maud'huy en 10e armée. Liaison avec la 2e armée vers Berles-au-Bois.
 : réduction du front à gauche jusqu'à La Bassée en liaison avec l'armée britannique et le réduction à droite jusqu'à la Scarpe, vers Blangy (2e armée).
  • 22 -  : violentes attaques allemandes vers La Bassée.
  •  : extension du front à droite jusque vers Berles-au-Bois (2e armée).
  • -  : opérations offensives locales, notamment dans la région de Souchez. Prise de Saint-Laurent-Blangy.

1915[modifier | modifier le code]

  • -  : engagée dans la 2e bataille de l'Artois, offensive en liaison avec l'armée britannique sur le front : Arras, Notre-Dame-de-Lorette ; prise de Neuville-Saint-Vaast, du Labyrinthe, de la Targette, de Carency, d'Ablain-Saint-Nazaire, du plateau de Notre-Dame-de-Lorette. Puis organisation du terrain conquis. Limite gauche ramenée le vers le Rutoire, puis le au sud de Grenay (relève par l'armée britannique).
  •  : extension du front à droite jusqu'à Hébuterne (2e armée).
  • -  : des éléments britanniques s'intercalent entre les 2e puis 6e armées et la 10e armée et se relient avec cette dernière à Hébuterne, puis à partir du à Berles-au-Bois.
  • -  : engagée dans la troisième bataille de l'Artois en liaison avec l'armée britannique, offensive sur tout le front de l'armée et légère progression.
1er octobre : extension du front à gauche jusqu'à Loos-en-Gohelle.

1916[modifier | modifier le code]

  •  : limite gauche ramenée au sud-est de Grenay (armée britannique).
  • -  : la 10e armée est relevée par l'armée britannique.
  •  : occupation d'un secteur entre Pernant (5e armée) et Armancourt (6e armée).
  •  : limite gauche (6e armée portée jusqu'à la voie ferrée reliant Amiens à Chaulnes.
  •  : limite droite ramenée au bois des Loges inclus (liaison avec la 3e armée, introduite sur le front).
  •  : limite gauche portée à la route reliant Lihons à Rosières-en-Santerre (6e armée).
  •  : limite gauche (6e armée) portée à 1 500 mètres au nord de Belloy-en-Santerre.
  • -  : limite gauche (6e armée) portée au nord de Barleux.
  • -  : engagée dans la bataille de la Somme.
 : prise de Chilly et de Soyécourt.
 : prise de Berny-en-Santerre et de Vermandovillers.
 : prise de Deniécourt.
10 -  : attaques françaises sur Ablaincourt et le bois de Chaulnes.
 : la 10e armée a, à sa droite, la 1re armée qui remplace la 3e armée.
 : prise de Pressoir et d'Ablaincourt.
 : limite gauche portée jusqu'à la Somme (6e armée).
 : violente attaque allemande sur Ablaincourt. À cette date, limite droite ramenée à Maucourt par suite de l'introduction de la 3e armée sur le front.
  •  : limite gauche portée à Bouchavesnes en liaison avec l'armée britannique par suite du retrait de la 6e armée.

1917[modifier | modifier le code]

  • 1er janvier -  : relève progressive par l'armée britannique.
 : limite droite (3e armée) ramenée Génermont.
  • -  : retrait du front. Instruction et organisation des unités destinées à être affectées ultérieurement à la 10e armée pour les opérations projetées.
  • -  : constitution entre la Vesle et la Marne de la 10e armée en armée de manœuvre.
  • 16 -  : tenue prête, sur la Vesle, à intervenir dans l'offensive en cours.
  • -  : engagée dans la bataille du Chemin des Dames sur le front l'Aisne (5e armée), ferme d'Hurtebise (6e armée) ; progression lente vers le Chemin des Dames.
4 -  : prise de Craonne et du plateau de Vauclerc.
  • 8 -  : à partir de cette date, arrêt de l'offensive, organisation et défense des positions conquises.
  •  : limite droite ramenée à la Miette (5e armée).
  •  : extension du secteur à gauche, jusqu'à Braye-en-Laonnois (6e armée).
  •  : attaque et progression sur le plateau de Craonne.
  • -  : retrait du front et transport par V.F. en Italie. Occupation d'un secteur vers le monte Tomba et le Piave.
  •  : prise du monte Tomba.

1918[modifier | modifier le code]

  • 14 -  : occupation par une partie de la 10e armée (12e corps d'armée) d'un secteur sur le plateau d'Asiago. À partir du , relève par les troupes italiennes des éléments en secteur dans la région vallée du Piave, monte Tomba.
  • -  : transport en France par V.F. vers Beauvais, puis concentration du 9 au , à l'ouest d'Amiens.
  • 13 -  : concentration dans la région de Doullens où la 10e armée, stationne jusqu'au , en soutien des troupes britanniques, aux ordres directs du général Foch.
  • - 1er juin : transport par V.F. vers la région sud de Compiègne.
  • 2 -  : engagé dans la troisième bataille de l'Aisne sur le front Faverolles (6e armée), Missy-aux-Bois, Pernant, Moulin-sous-Touvent (3e armée). Devant l'offensive allemande, repli entre l'Aisne et la forêt de Villers-Cotterêts sur la ligne Longpont, Ambleny. À partir du , stabilisation dans la région : lisière est de la forêt de Villers-Cotterêts, Ambleny, Moulin-sous-Touvent.
  •  : limite gauche l'Oise (3e armée).
  •  : action offensive allemande entre l'Aisne et la forêt de Villers-Cotterêts ; léger repli.
  • -  : actions locales fréquentes et préparatifs d'offensive, avance à l'est et au nord de la forêt de Villers-Cotterêts.
  • -  : engagé dans la bataille de la Marne (bataille du Soissonnais) ; attaque entre l'Ourcq et l'Aisne, progression sur Le Plessier-Huleu, Tigny, Berzy-le-Sec, puis sur Grand-Rozoy. Le , prise de Villemontoire, d'Oulchy-la-Ville, d'Oulchy-le-Château ; combats sur le plateau d'Ambrief.
  • 2 -  : repli allemand sur la Vesle et l'Aisne ; prise de Soissons, puis organisation de la droite de l'armée sur la ligne Osly-Courtil - Limé (6e armée) et préparatifs d'offensive.
 : limite droite ramenée vers Braine (6e armée).
 : limite droite (5e armée, vers Presles-et-Boves, par suite du retrait de la 6e armée.
 : la 1re armée remplace à la gauche de la 10e armée, la 3e armée retirée du front, limite région de Barisis-aux-Bois.
  • 20 -  : violentes attaques allemandes.
  • -  : repli allemand, poursuite au-delà de l'Ailette ; progression par la forêt de Saint-Gobain et la région de Laon (), jusque vers Sissonne (5e armée), Barenton-Cel, Crécy-sur-Serre (1re armée) : opération de liaison entre la bataille de Champagne et d'Argonne et la bataille de Saint-Quentin.
  • -  : offensive sur les deux rives de la Serre, progression au nord-ouest de Sissonne et dans la région de la Souche : bataille de la Serre.
  • -  : retrait du front, mouvement vers la région de Nancy et préparatifs de l'offensive projetée en direction de la Sarre ; front de départ : Port-sur-Seille, Bezange-la-Grande.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Une première 10e armée est démembrée les 7 et avec, d'une part, l'encerclement du 9e corps à Saint-Valery-en-Caux et, d'autre part, le rattachement des 10e et 25e corps à l'Armée de Paris.

Après la rupture du front de la Somme, les 5 et , la dernière phase de la bataille de France s'engage. Pour les Alliés, il devient essentiel de se rétablir sur la Seine pour tenter d'arrêter les Allemands. C’est pourquoi une nouvelle 10e armée est créée de toutes pièces pour tenir le front de la Basse Seine et placée sous le commandement du général Robert Altmayer.

Ses effectifs sont disparates et ne sont pas encore tous en place alors que les Allemands se présentent dès le au nord du fleuve et le traversent dans la foulée dans le secteur de Porte-Joie, Saint-Pierre-du-Vauvray et Venables. Rapidement, la ville de Louviers, défendue par des troupes françaises et britanniques, se trouve en première ligne. La rupture définitive de la ligne Weygand sur toute son étendue entraîne un déferlement des armées allemandes sur le territoire français. Le franchissement de la Seine, dans la foulée, ne laisse augurer aucun sursis.

Le au soir, le général Altmayer, qui a installé son PC à Vaucresson, six kilomètres à l'ouest de Paris, reçoit l'ordre de tenir la Basse-Seine, de Vernon exclu à son embouchure. Son supérieur direct est le général Besson, commandant du 3e groupe d'armées. Il rejoint son armée, via Dreux, avec son état-major réduit. Le 10 à h, il atteint le château de Saint-Aubin-d'Écrosville, à côté du Neubourg (Eure) où il retrouve ses trois grands subordonnés, le général Duffour, chassé de Rouen par l'arrivée des Panzer le , rejoint par les généraux de la Laurencie et Jean Léon Albert Langlois[1]. La 10e armée comprend :

Comme le note Altmayer : « Ces deux pseudo corps d'armée n'ont pas d'artillerie de corps ni d'autres éléments organiques de corps d'armée. »

Il faut aussi ajouter des unités d'artillerie d'armée, un régiment de 155 long et un groupe de 220, sous les ordres du général Peillon. Ces DLM sont trompeuses car elles n’ont pas les effectifs des unités de même nom engagées au début de l’offensive allemande. Ce sont des unités reconstituées.

La valeur des unités vue par Altmayer :

« Les divisions légères d'infanterie (DLI), de récente formation, n'avaient chacune que deux régiments d'infanterie (au lieu de trois) et deux ou trois groupes d'artillerie, deux groupes de 75 et un de 155 C (au lieu de cinq). Elles n'étaient pas « légères » par la nature de leurs éléments ; elles étaient « petites » ; c’étaient des « brigades mixtes ».

Le moral et l'encadrement de la 3e DLC (général Petiet) qui venait de combattre au sud de la Somme étaient très bons ; mais elle était déjà usée étant, sans aucun répit, au combat ou en marche depuis le . Ses unités motorisées sont très réduites à la date du . Au corps de cavalerie (CC), de formation récente avec du personnel et du matériel de bonne qualité, les DLM n’étaient pas des « divisions » puisqu'elles n'avaient pas d'artillerie organique. Chacune d'elles comprenait un régiment de découverte (5 automitrailleuses et deux escadrons de motocyclistes), un régiment de chars (un escadron de 12 Somua et un escadron de 12 chars Hotchkiss H-39) et un régiment de dragons portés (à deux bataillons).
L'artillerie du CC n'avait qu'un groupe de trois batteries de 75 et, en antichars, une batterie de 47 et une batterie de 25. De l'avis même du commandant du corps de cavalerie, chacune de ses divisions n'était guère comparable qu'à un fort groupe de reconnaissance de corps d'armée. »

Avec les éléments dont il dispose, le général Altmayer va devoir défendre un front d’une centaine de kilomètres, de la mer à Paris, face à trois corps d'armée (15e blindé, 2e et 38e), deux divisions blindées (5e et 7e Panzer) et sept divisions d’infanterie. L’infériorité numérique française est donc complète. En outre, contrairement à ce qui avait pu se passer sur la Somme, les Français ne disposent d'aucun répit pour mettre en place une ligne défensive sur la Seine.

Le général Altmayer dicte ses ordres immédiatement à ses trois généraux : « La mission de l'armée est d'interdire à l'ennemi de franchir la Seine ou de déboucher des points de la rive gauche où il a déjà pris pied si des contre-attaques ne réussissent pas à le refouler sur la rive droite. Une seule consigne générale : « tenir ». Nos effectifs ne permettent pas d'envisager deux positions d'armée. La ligne principale de résistance dominera la Seine et ses isthmes. »

Une position d'arrêt est placée légèrement derrière la Seine. D'ouest en est, elle passe par les hauteurs de la forêt de Brotonne, le secteur de Bourgtheroulde, le bord du plateau du Neubourg vers Louviers, les deux rives de l'Iton, et enfin l'Eure, de Heudreville à Pacy. Altmayer installe son PC à Orbec, à la limite du Calvados et de l'Eure. Il dispose ainsi ses trois corps d'armée :

Altmayer donne aussi des axes de repli, confidentiels, qui ne figurent même pas dans les ordres d’état-major pour éviter de donner aux troupes une idée de repli. Pour le CA D, l’axe est Rouen, Bernay, forêt d'Écouves, à l’ouest de Sées. Ce massif forestier, le point culminant du massif armoricain, constitue une véritable barrière difficilement franchissable. L’axe du 3e corps est jalonné par les villes d'Évreux, Verneuil, Mortagne-au-Perche. Il s’agit de rester en contact avec l’Armée de Paris. Notons que ces axes ouvrent une brèche énorme le long de la mer, en direction de Caen et Cherbourg.

À peine a-t-il donné ses ordres que le général Altmayer apprend de l'état-major du général Duffour que les Allemands ont déjà franchi la Seine à l'est de Louviers, dans le secteur de Porte-Joie, Saint-Pierre-du-Vauvray et Venables. « Or, poursuit Altmayer, aucune unité importante de l'armée n'était déjà au complet en sa place de combat. L'exécution de la mission d'interdire à l'ennemi le passage de la Seine en aval de Vernon commençait mal ! » « Je devais, dès le début, penser à employer une partie de ma réserve d'armée, dès qu'elle serait arrivée, pour aider le 3e corps d'armée à régler l'affaire de Louviers. Quand je quittais Saint-Aubin, l'état-major Duffour se préparait à l'évacuer. »

Aperçu général de la journée du sur le front de la Seine :

  • À droite du front, le corps de cavalerie peine à endiguer les Allemands qui ont franchi la Seine à Vernon, dans le secteur de l’Armée de Paris. Il s’accroche à la forêt de Bizy et tient encore la lisière nord de la forêt de Pacy et les hauteurs de la rive droite de l’Eure. Cependant, en fin de journée, les Allemands enfoncent un coin dans les lignes françaises dans le secteur de Chambray-sur-Eure, en direction d’Évreux.
  • Au centre, la poussée allemande est freinée entre Seine et Eure, principalement à Autheuil et sur les hauteurs nord et sud de Saint-Vigor, c’est-à-dire au passage de l’Eure par la route Gaillon-Évreux. La brigade Maillard, de la 3e DLC, s’illustre particulièrement. Elle inflige de lourdes pertes à l’assaillant dans la vallée de l’Eure, sans céder un pouce de terrain, mais en souffrant elle aussi beaucoup, puisqu’elle perd au feu le tiers de son effectif engagé. Elle ne se replie que sur ordre, lorsqu'elle est débordée à la fois à droite et à gauche. Les Allemands atteignent alors la rive gauche de l’Eure.
  • À la gauche du 3e corps d’armée, le front est reporté à l'ouest de Louviers, sur le plateau du Neubourg. Comme l’écrit le général Altmayer, « probablement, la situation eût été différente si tout le corps de cavalerie avait été à sa place de réserve d’armée, disponible pour une contre-attaque ou pour un retour offensif entre Seine et Eure. »

Enfin, le front est resté intact, parce que non attaqué, en aval d’Elbeuf et jusqu'à l’embouchure de la Seine. Il est vrai que dans ce secteur, le fleuve est beaucoup plus large et soumis à l’influence de la marée.

Le même , Altmayer apprend que le groupement Ihler est complètement encerclé dans Saint-Valery-en-Caux et que sa situation est désespérée, les bateaux prévus pour aller le rembarquer ne pouvant pas intervenir. Seule bonne nouvelle : l'arrivée de la 52e division d'infanterie (Lowland) britannique, débarquée à Cherbourg, est annoncée. Elle devra se placer à droite de l'armée et sera incorporée au 3e corps d’armée.

André Soubiran, médecin au 3e régiment d’automitrailleuses (unité de la 3e DLC) raconte comment les Allemands ont franchi la Seine et se sont heurtés aux Français : « Avec quelques centaines d’hommes, la division doit tenir d’Elbeuf à Vernon, le long d’une ligne d’eau sinueuse, encombrée d’îles, aux rives couvertes de taillis. (…) Toute la nuit s’est passée au contact, dans le brouillard (…), avec d’incessants accrochages (…). Sans la résistance des dragons portés et l’agressivité des chars qui, à la fin de la journée, avaient sur leurs blindages neufs plus de vingt points d’impact, nos craintes nocturnes risquaient fort de devenir une réalité. » Le , la pression allemande redouble, afin d’étendre la tête de pont qui existe entre Seine et Eure. Le front allié n’est tenu que par des éléments de la 3e DLC et des troupes britanniques (division Beauman). La bataille est acharnée : « En fin de journée (du ), l’ordre de repli arrive. Le groupement, réduit à six chars, deux blindés de découverte et moins de quatre-vingts dragons, a tenu un front de six kilomètres. (…) Le 131e régiment d’infanterie vient nous relever au 3e jour de cette bataille. » (Soubiran, op. cit.) Le 1er groupe du 72e régiment d’artillerie, qui appartient lui aussi à la 3e DLC, tient le secteur de Pont-de-l'Arche. Le à 10 h, il reçoit l’ordre de repli.

Au matin du 12, le front n’a pas bougé en aval d'Elbeuf, les troupes tenant les forêts de Brotonne et de la Londe. D'Elbeuf, le front passe par Montaure, au nord-ouest de Louviers et serpente ensuite à environ deux ou trois kilomètres à l'ouest de l'Eure. La ville de Louviers a brûlé toute la journée, bombardée par la Luftwaffe le au soir, probablement en représailles de la résistance de la 3e DLC.

Le général Altmayer, sachant pertinemment que le front ne peut résister longtemps sur le plateau du Neubourg, forme une seconde ligne sur la basse Risle, qui forme une nouvelle coupure. Le secteur de Pont-Audemer est tenu par les douaniers et le bataillon de la 131e DLI, tandis que de Montfort-sur-Risle au Neubourg, ce sont les Britanniques, avec un bataillon de la division Beauman, avec un GRDI rescapé de Dunkerque et un bataillon de la 17e division d’infanterie.

Le gros du corps de cavalerie, qui devrait normalement servir de réserve d’armée, est toujours engagé à la gauche de l’Armée de Paris. La pression allemande est aussi forte que la veille. Le général Altmayer écrit : « La lutte est pénible et difficile. L’impression du commandant de l'armée est que ses troupes se battent à un contre cinq en infanterie et en artillerie, à un contre vingt en matériel (aviation, chars, antichars). Sur tout le front, c’est le repli, en combattant, mais le repli ; et la situation est instable à la liaison avec l’armée voisine. Évidemment, la 10e armée n’a pas arrêté l’ennemi sur la Seine comme elle en avait la mission. Mais quand elle a reçu cette mission le 10 juin, les Allemands étaient déjà en bon dispositif au nord-est de la Seine, avaient déjà pu faire passer quelques éléments sur la rive gauche et avaient enfoncé la porte de Vernon (Armée de Paris). »

Pendant que les combats font rage sur l'Eure, des dizaines de milliers de soldats, rescapés de Dunkerque, sont réunis à l’ouest d’Évreux. Ils sont progressivement réarmés et rééquipés, afin de former quatre nouvelles divisions d’infanterie (43e DI ; 1re DI marocaine ; 32e DI ; 1re DI nord-africaine) qui constituent un nouveau 16e corps, placé sous le commandement du général Falgade. Le , il place ses divisions sur la Risle. Un bataillon de la 43e DI est placé à la disposition du général Duffour, deux bataillons de la 1re DIM sont prêtés au 3e corps d’armée. Mais le 16e corps dans son ensemble ne dépend pas de la 10e armée, bien qu’il se trouve sur son front, mais du Grand quartier général. Ce n’est finalement que le qu’il passe sous le commandement du général Altmayer.

Manifestement fatigués par les efforts fournis du 10 au , les Allemands lèvent le pied le 13. La 236e DLI repousse une attaque sur Le Neubourg. Des renforts arrivent, avec notamment une brigade la 52e division d'infanterie (Lowland) du général Laury, soutenue par trois groupes d’artillerie et quelques chars. Ils sont introduits à l'aile droite du 3e corps. Un groupe de reconnaissance arrive aussi en renfort, de même qu’un bataillon de mitrailleurs, dépourvu de moyens de transport. Enfin, la 237e DLI reçoit son deuxième régiment, formé depuis peu à Rivesaltes. Ceci permet de relever la 3e DLC, qui n’a pas cessé de combattre depuis 5 semaines. Elle est alors réduite aux éléments suivants, d'après le général Altmayer :

  • brigade à cheval : deux régiments à deux escadrons ;
  • brigade motorisée : 8 AMR Renault, 4 Panhard AMD-178, 9 chars Hotchkiss H39, soit 21 blindés ;
  • 3 batteries de 75 mm ;
  • 2 batteries de 105 mm.

Le ne marque pas la fin de la première bataille de Normandie, mais elle constitue un moment charnière, car dès le lendemain, il n’est plus question pour la 10e armée de tenir la Normandie mais de se replier vers la Bretagne qui offre l’avantage d’être en communication avec l’Angleterre.

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]