Al-Muttaqi — Wikipédia

Al-Muttaqi
Dirham d'argent frappé sous Al-Muttaqi en 329 AH (941/1).
Fonction
Calife abbasside
-
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Famille
Père
Fratrie
Ar-Radi
Al-Muti
Ishaq ibn al-Muqtadir (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Abû Ishâq “Al-Muttaqî llâh” Ibrâhîm ben Ja`far al-Muqtadir[1], surnommé Al-Muttaqî[2], est le fils de Al-Muqtadir. Il est né en 908. Il a succédé à son frère Ar-Râdî comme calife abbasside de Bagdad de 940 jusqu’en 944. Il est mort en 968.

Biographie[modifier | modifier le code]

Au moment de la mort d’Ar-Râdî, l’« émir des émirs » Bajkam était en campagne contre un émir persan, nommé Al-Baridî. Il avait été vizir et à l’instar d’autre avant lui, il tentait de construire une principauté indépendante ayant déjà pris le contrôle d’Al-Madâ'in au sud de Bagdad. Bajkam envoya son secrétaire pour organiser une consultation des descendants des Abbassides aussi bien que des descendants des Alides pour désigner le successeur. On a choisi d’Al-Muttaqî, frère cadet du Ar-Râdî. Al-Muttaqî a accepté cette charge. En signe de remerciement son premier geste a été d’envoyer une bannière et une robe d’honneur à Bajkam pour le confirmer dans son poste (941).

Mort de Bajkam[modifier | modifier le code]

Bajkam a mis Al-Baridî en déroute. Avant de revenir à Wâsit où se tenait sa cour, Bajkam a participé à une partie de chasse au cours de laquelle il a été tué par une bande de maraudeurs Kurdes. Bagdad est retombée dans l’anarchie. Les troupes Daylamites et Turques sont allées au-devant d’Al-Baridî, lui permettant de reprendre Wâsit et Bagdad comme « émir des émirs ».

Intervention d’Ibn Râ’iq[modifier | modifier le code]

Après quelques semaines il a été contraint de s’enfuir, remplacé par un Daylamite appelé Kurtekin. La tyrannie de ce dernier a été telle que le calife a fait appel à Ibn Râ’iq[3] gouverneur de Syrie pour chasser Kurtekin. Pendant ce temps Al-Baridî s’était reposé à Wâsit d’où il est reparti pour attaquer Bagdad. Ibn Râ’iq a convaincu le calife de fuir avec lui vers Mossoul. Al-Muttaqî a bien été reçu par les Hamdanides qui ont organisé une campagne visant à le remettre sur le trône à Bagdad. L’émir Hamdanide de Mossoul, Al-Hasan "Nâsir ad-Dawla"[4] s’est débarrassé d’Ibn Râ’iq en le faisant tuer et en annexant ainsi la Syrie à son domaine (941). Al-Hasan s’est installé à Bagdad d’où il a expulsé Al-Baridî.

Episode Hamdanide à Bagdad[modifier | modifier le code]

Malgré leur puissance, leurs victoires sur les Byzantins et leurs origines arabes, les Hamdanides n’étaient pas bienvenus à Bagdad. Les troupes de mercenaires turques ne se sont pas laissées dominer. L’un de leurs chefs, Tuzun venait de vaincre Al-Baridî à Bassora, il est rentré triomphalement à Bagdad où il a été salué du nom d’« émir des émirs » (942). Tuzun dut quitter la capitale. Pendant son absence une conspiration a mis le calife en danger et l’a contraint à faire de nouveau appel à l’aide des Hamdanides. Le Calife s’enfuit à Mossoul.

Fuite à Raqqa[modifier | modifier le code]

En 944, les Hamdanides et Tuzun ont fait la paix. Al-Muttaqî se retire à Raqqa, ville qui avait été un temps la capitale de ses ancêtres.

Visite des Ikhchidîdes[modifier | modifier le code]

Réfugié à Raqqa depuis plusieurs mois sous la surveillance des Hamdanides, Al-Muttaqî a fait appel à son ancien vassal l’Ikhchidîde Muhammad ben Tughj. Celui-ci s’est empressé de répondre au calife, faisant une humble allégeance et offrant de somptueux cadeaux. Il a offert au calife la possibilité de se réfugier en Égypte et de se mettre ainsi à l’abri de Tuzun. Cette offre comme celle des Hamdanides avait surtout comme objectif de prendre le pouvoir sur le califat et annexer la Syrie.

Fin du règne[modifier | modifier le code]

En refusant ces deux offres de tutelle, Al-Muttaqî s’est lui-même jeté dans les mains de Tuzun qui jurait de ses meilleures intentions à l’égard du calife. Tuzun déposa le calife et lui fit crever les yeux[5]. Le jour même, Tuzun installa Al-Mustakfi, cousin d’Al-Muttaqî, pour lui succéder (944).

Tuzun est mort peu après. Al-Muttaqî a survécu jusqu’en 968.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. arabe : abū isḥāq “al-muttaqī llāh” ibrāhīm ben jaʿfar al-muqtadir,
    أبو إسحاق "المتقي لله" إبراهيم بن جعفر المقتدر
  2. arabe : al-muttaqī llāh, المتقي لله, qui a la crainte de Dieu
  3. Ibn Râ’iq avait été le premier titulaire du titre d’« émir des émirs » en 936, Il avait été évincé par Bajkam qui lui a donné le poste de gouverneur de la Syrie.
  4. arabe : nāṣir ad-dawla, ناصر الدولة, "défenseur de la dynastie"
  5. Ali Benmakhlouf, Al-Farabi : Philosopher à Bagdad au Xe siècle, Seuil, (ISBN 9782020481618), p. 10

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Documentation externe[modifier | modifier le code]