Albert Ndongmo — Wikipédia

Albert Ndongmo
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Fonction
Évêque diocésain
Diocèse de Nkongsamba
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 65 ans)
QuébecVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nationalité
Activités
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Consécrateurs
Paul Bouque, Julius Joseph Willem Peeters (d), Thomas MongoVoir et modifier les données sur Wikidata

Albert Ndongmo, né le à Bafou (Cameroun) et mort le à Québec (Canada), où il vivait en exil depuis sa sortie de prison en 1975 (sa condamnation à mort de 1971, prononcée par le tribunal militaire de Yaoundé, ayant été commuée par le président Ahidjo[1]), est un prélat catholique camerounais qui fut évêque de Nkongsamba entre et .

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation et débuts[modifier | modifier le code]

Albert Ndongmo est élève au petit séminaire de Melong puis au grand séminaire de Mvolyé. Il est ordonné prêtre le puis nommé évêque de Nkongsamba (Cameroun) le [2], succédant à Mgr Paul Bouque, fonction à laquelle il renoncera le .

Carrière[modifier | modifier le code]

Mungo-Plastique est une société fondée par Mgr Ndongmo pour la fabrication d’objets en matière plastique et dirigée. Elle est dirigée par Yves Verbeek, un belge[3].

En 1957, il est professeur du petit séminaire de Melong, où il fut élève, et aumônier diocésain de l'action catholique[4]. Il lance, en 1960, le journal l'Essor des jeunes où il enseigne le civisme, proclame ses idées et ses convictions en matière de développement, ainsi que ses propositions sur les politiques de l'heure. Son action s'inscrit dans la recherche du bien-être social, du développement et de la paix pour ses citoyens[4]. Le journal doit cependant faire face à la censure[5].

Militantisme politique[modifier | modifier le code]

Ses prêches, qui attirent généralement une foule considérable, sont pour lui l'occasion de critiquer le fonctionnement du régime. S'il prend garde de ne jamais attaquer frontalement le président Ahidjo, il dénonce en revanche la corruption et la brutalité de ses collaborateurs. Le pouvoir cherche néanmoins dans un premier temps à exploiter la popularité du prélat pour pacifier la région, des maquis de l'UPC y étant encore implantés. Ainsi, il est désigné comme intermédiaire avec le chef rebelle Ernest Ouandié[5].

Au cours du concile Vatican II, le , il intervient sur le ministère et la vie sacerdotale du prêtre[6]. Il se voit également confier la tâche de s'occuper des étudiants catholiques africains en formation en Europe. Il se trouve notamment en contact avec l'organisation clandestine Solidarité, dirigée par le militant communiste et tiers-mondiste Henri Curiel. Le groupe Solidarité organise la venue en France de Nicanor Njawué, le représentant de l'UPC à Alger, pour lui permettre de prendre directement contact avec Albert Ndongmo afin de constituer un « front antifasciste » unissant l'UPC aux catholiques opposés à Ahidjo[5].

Arrestation et procès[modifier | modifier le code]

Les services de renseignement français et camerounais comprennent rapidement qu'Albert Ndongmo n'est plus un simple « intermédiaire », mais bien un militant pro-UPC, et choisissent de l'utiliser pour éliminer Ouandié et ses compagnons. Espionnant les moindres gestes de l’évêque, les services de sécurité du gouvernement camerounais localisent le maquis de Ouandié. Peu avant l’opération destinée à neutraliser ce dernier, Ndongmo est opportunément rappelé à Rome ; le Saint-Siège, alerté sur l'engagement de l'évêque aux côtés des rebelles, voulant éviter le déshonneur qu'impliquerait l'arrestation et la condamnation de l'un de ses représentants pour collaboration avec une guérilla souvent décrite comme communiste. Ndongmo retourne pourtant au Cameroun et est arrêté le 27 aout 1970[5].

Des dizaines « d'opposants », ou supposés tels, non liés à la rébellion, sont également arrêtés dans les jours ou semaines qui suivent le démantèlement du maquis d'Ernest Ouandié. À l'exception d'Albert Ndongmo, protégé par son statut d’évêque, tous les prisonniers sont torturés à la gégène, à la « balançoire » ou à la « baignoire ». Mgr Ndongmo est toutefois spécifiquement ciblé par une campagne de dénigrement qui lui prête notamment des relations avec de prétendues maitresses[5].

En France, la plupart des grands médias (AFP, Le Monde...) reproduisent sans recul la version présentée par le gouvernement d'Ahmadou Ahidjo. En revanche, le réseau Solidarité d'Henri Curiel se montre très actif, mobilisant avocats et intellectuels pour tenter d'organiser la défense juridique et médiatique des accusés, et approchant des diplomates français pour les convaincre d'intervenir[5].

Condamné à mort par le tribunal, sa peine est ensuite commuée par Ahmadou Ahidjo en détention à vie dans un « camp de rééducation civique » (Ernest Ouandié est quant à lui exécuté). Il est finalement libéré en 1975 et s'exile au Canada[7].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean François Channon, « In memoriam : Il y a 20 ans disparaissait Mgr Albert Ndongmo », Le Messager, 30 mai 2012 [1]
  2. Fiche sur Catholic-Hierarchy
  3. Main basse sur le Cameroun
  4. a et b Sylvain Djache Nzefa, Les civilisations du Cameroun, Dschang, La route des chefferies, , 223 p. (ISBN 9789956702008), p. 54
  5. a b c d e et f Thomas Deltombe, Manuel Domergue, Jacob Tatsita, Kamerun !, La Découverte,
  6. Jean-Paul Messina, Évêques africains au Concile Vatican II : 1959-1965 : le cas du Cameroun, Éd. Karthala, Paris ; Presses de l'Université catholique d'Afrique centrale, Yaoundé, 2000, p. 97 (ISBN 2-86537-905-1)
  7. Olivier Tietsap, « Mgr Albert Ndongmo », (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe Azeufack, Mgr Albert Ndongmo : pasteur charismatique : écrits & enseignements, s. n., Yaoundé ?, 2015, 216 p.
  • Paul-Valentin Emog, Le porteur de cornes : Monseigneur Albert Ndongmo, 1925-1992, Les Éditions Terre Africaine, Yaoundé, 2005, 188 p. (ISBN 9789956240104)
  • Jean-Philippe Guiffo, Mgr Albert Ndongmo : prophète et martyr, Éditions de l'ESSOAH, Yaoundé, 2015, 186 p.
  • Joseph Kuate, Théologie de deux pasteurs de l'Église camerounaise : Mgr Jean Zoa et Mgr Albert Ndongmo, Nagro Business, Yaoundé, 2012, 278 p.
  • Jean-Paul Messina et Jaap van Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun, des origines à nos jours, Karthala Éditions, , 452 p. (ISBN 9782811139957, lire en ligne)
  • Jean Claude Tchouankap, Monseigneur Albert Ndongmo : le religieux et le politique (1926-1992), Université de Ngaoundéré, 2014, 736 p. (thèse)
  • Antoine-Marie Tiki, La spiritualité de monseigneur Ndongmo Albert évêque émérite de Nkongsamba, SIL, Cameroun, 1997, 41 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]