Amphithéâtre de Martigny — Wikipédia

Amphithéâtre de Martigny
Les restes de l'amphithéâtre
Les restes de l'amphithéâtre

Lieu de construction Forum Claudii Vallensium
(Germanie supérieure)
Date de construction début du IIe siècle
Dimensions externes 76 m × 64 m
Dimensions de l’arène 46 m × 35 m
Rénovations XXe siècle
Géographie
Coordonnées 46° 05′ 40″ nord, 7° 04′ 24″ est
Géolocalisation sur la carte : Suisse
(Voir situation sur carte : Suisse)
Amphithéâtre de Martigny
Liste d'amphithéâtres romains

L'Amphithéâtre de Martigny est édifié dans la ville romaine de Forum Claudii Vallensium en Germanie supérieure (aujourd'hui Martigny en Suisse).

Construit au début du IIe siècle sur le modèle des amphithéâtres « massifs » (les gradins reposent sur un remblai de terre en pente), il mesure 76 × 63,7 m. Il est abandonné, comme l'ensemble de la ville, à la fin du IVe siècle. Étudié et restauré à partir de la fin des années 1970, il est utilisé au XXIe siècle pour des manifestations culturelles ou des spectacles traditionnels valaisans comme les combats de reines.

Localisation[modifier | modifier le code]

Image externe
Plan de Forum Claudii Vallensium (Dictionnaire historique de la Suisse).

La cité de Forum Claudii Vallensium, bâtie à proximité immédiate du bourg celte d'Octodurus dans la plaine valaisanne du Rhône, est fondée dans la première moitié du Ier siècle. Elle est la capitale de la civitas Vallensium[1]. Dans cette cité, l'amphithéâtre occupe, à la limite sud-ouest de la zone urbanisée et au pied du mont Chemin, l'emplacement d'une ancienne nécropole[2].

La ville moderne de Martigny, dans le canton suisse du Valais, a pris la place d'Octodurus[2].

Historique[modifier | modifier le code]

Dans le dernier tiers du Ier siècle, une nécropole à incinération est installée au sud-ouest de la ville, mais elle n'est utilisé qu'assez peu de temps puisque l'amphithéâtre est construit à son emplacement au début du siècle suivant[3]. Cette localisation semble due à la difficulté d'intégration du monument dans une trame urbaine existante et aux contraintes liées à son utilisation pour des combats d'animaux dont il faut évacuer les cadavres[4].

La ville semble abandonnée, et l'amphithéâtre avec elle, à l'extrême fin du IVe siècle au profit de Sion. Les causes de cet abandon restent à préciser[5].

Description[modifier | modifier le code]

Un amphithéâtre « massif »[modifier | modifier le code]

Plan simplifié de l'amphithéâtre.

L'amphithéâtre de Martigny fait partie de la catégorie des amphithéâtres dits « massifs » : la cavea n'est pas supportée par un système de murs rayonnants et annulaires : elle est constituée d'un remblai en terre remplissant l'espace entre le mur du podium à l'intérieur et la façade à l'extérieur, ces murs étant, à Martigny, construits en maçonnerie de schiste et de tuf[6], cette dernière roche provenant du mont Chemin tout proche[7]. Les spectateurs sont assis directement sur le remblai engazonné ou sur des gradins en bois[8]. Dans le cas de Martigny, le remblai est composé de la terre excavée de l'arène, surcreusée[9] dans le gravier alluvial composant le sol naturel[10]. Ce mode de construction expose le mur de façade, mais surtout celui de l'arène, peu épais (0,90 m), à de fortes poussées et provoque des glissements du remblai[11].

Un monument de taille modeste[modifier | modifier le code]

Cet amphithéâtre est de petites dimensions, mesurant 76 mètres de grand axe pour 63,7 mètres de petit axe. Aucun couloir ou escalier interne ne permet d'accéder à la cavea : les spectateurs gagnent leur place en empruntant des rampes extérieures, simples ou doubles, plaquées contre la façade et aboutissant à un promenoir au sommet des gradins. Certaines de ces rampes sont construites dans un second temps, après l'édification du monument. La hauteur totale du monument n'est pas connue mais le promenoir annulaire devait se situer au moins 8,50 m au-dessus du niveau de l'arène[8]. Au sud-est, on trouve le pulvinar, loge d'honneur des magistrats, relié à l'extérieur par un couloir voûté[12]. L'arène, pour sa part, est accessible par deux rampes ouvertes sur le grand axe du monument[10]. Le mur qui la délimite est surmonté d'un balteus (parapet) dont le couronnement est composé de blocs de schiste[12].

Au nord-est, un enclos, peut-être un parc destiné aux bestiaux exhibés lors des jeux, jouxte la rampe d'accès à l'arène[10]. Deux carceres, loges dans lesquelles des prisonniers attendent le moment de combattre dans l'arène, sont aménagés le long de ces mêmes rampes ; un troisième est placé sous le pulvinar[6].


Études et vestiges[modifier | modifier le code]

Évocation d'un combat de reines dans l'amphithéâtre.

Au milieu du XVIe siècle, l'historien florentin Gabriel Simeoni voit dans les ruines de l'amphithéâtre de Martigny les vestiges d'un camp romain datant de la Bataille d'Octodure ()[4].

Les premières recherches archéologiques à Martigny datent de 1883[13] mais elles ne débutent véritablement sur le site de l'amphithéâtre qu'en 1978 lors de son acquisition par la Confédération suisse ; le monument est systématique fouillé et restauré[11] sous la direction de François Wiblé, archéologue cantonal du Valais[14].

Le bon état de conservation du monument permet que des spectacles s'y déroulent encore à l'époque contemporaine, comme des concerts ou des combats de reines, tradition valaisanne[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Wiblé 2004, p. 451.
  2. a et b Wiblé 2004, p. 453.
  3. Paunier 1998, p. 240.
  4. a et b Dictionnaire historique de la Suisse.
  5. Wiblé 2004, p. 452.
  6. a et b Wiblé 1983, p. 147.
  7. Daniel A. Kissling, « De quelques roches utilisées en construction à Martigny », Patrimoines de Martigny, no 16,‎ , p. 31 (lire en ligne [PDF]).
  8. a et b Wiblé 1986, p. 185.
  9. Jean-Claude Golvin, L'amphithéâtre romain et les jeux du cirque dans le monde antique, Lacapelle-Marival, Archéologie nouvelle, coll. « Archéologie vivante », , 152 p. (ISBN 978-2-9533973-5-2), p. 43-49.
  10. a b et c Wiblé 1986, p. 184.
  11. a et b « Les sites archéologiques », sur Le site de Martigny (consulté le ).
  12. a et b Wiblé 1986, p. 183.
  13. Wiblé 1984, p. 161.
  14. « François Wiblé a consacré 42 ans de sa vie à fouiller le sol de Martigny », Le Nouvelliste,‎ (lire en ligne).
  15. « Reines: Nendaz organise le combat de la Foire du Valais », Le Nouvelliste,‎ (lire en ligne).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Forum Claudii Vallensium », sur Dictionnaire historique de la Suisse (consulté le ).
  • Daniel Paunier, « Dix ans d'archéologie gallo-romaine en Suisse : esquisse d'un bilan (1998) », Revue du Nord, t. LXXX, no 328 « Archéologie de la Picardie et du Nord de la France »,‎ , p. 235-251 (DOI 10.3406/rnord.1998.2898).
  • François Wiblé, « Fouilles gallo-romaines à Martigny - Activité archéologique à Martigny 1982 », Annales valaisannes,‎ , p. 145-165.
  • François Wiblé, « Fouilles gallo-romaines à Martigny - Activité archéologique à Martigny 1983 », Annales valaisannes,‎ , p. 161-201.
  • François Wiblé, « Fouilles gallo-romaines à Martigny - Activité archéologique à Martigny 1985 », Annales valaisannes,‎ , p. 182-189.
  • François Wiblé, L'amphithéâtre romain de Martigny, Fondation Pro-Octoduro, , 84 p.
  • François Wiblé, « Octodurus (Suisse) », Revue archéologique du Centre de la France, no 25 (supplément) « Capitales éphémères. Des Capitales de cités perdent leur statut dans l’Antiquité tardive, Actes du colloque Tours 6-8 mars 2003 »,‎ , p. 451-456 (lire en ligne).

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]