Chaouia (Maroc) — Wikipédia

Chaouia
الشاوية
Cavaliers Chaouia en 1915
Informations générales
Nom arabe
ach-Chāwiyah
Échelon
Confédération tribale
Géographie
Territoire
Histoire et anthropologie
Période d'apparition
VIIIe siècle
Mode de vie
Nombre de fractions
13
Fractions
Culture
Langue principale
Personnages marquants
Hajj Hammou (Chef rebelle)
El-Ahmar ben Mansour (Chef rebelle)
Griran Al-Hrizi (Gouverneur)
Boûbeker b. Slâoui (Gouverneur)
Bou 'Azzaoui (Chef rebelle)
Bou Noûala («Mahdi» et chef rebelle)

La Chaouia (en arabe : الشاوية ach-Chāwiyah ; en berbère : ⵜⴰⵎⵙⵏⴰ - Tamesna) est une région historique et géographique du Maroc qui s'étend sur près de 14 000 km2, entre le fleuve Oum Errabiâ au sud-ouest, l'oued Cherrat au nord-est, la plaine de la Tadla au sud-est et l'océan Atlantique au nord-ouest. Employé au pluriel — les Chaouia — le terme sert aussi à désigner la confédération tribale vivant dans la région.

Au début du XXème voici un exemple par la répartition des tribus de la Châouïa en quatre groupes principaux :

De nos jours, la région fait partie, aux côtés de la région historique de la Doukkala, de la région administrative Casablanca-Settat et correspond à la préfecture de Casablanca et aux provinces de Berrechid, de Benslimane et de Settat[1],[2],[3].

Étymologie

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Le nom « Chaouia » provient du mot arabe chaoui, qui veut dire « éleveur de moutons » ; ainsi, le terme Chaouia signifie « pays des éleveurs de moutons »[4].

Le Pays de Tamesna, renommé Chaouia par les arabes, faisait partie du royaume des Berghouata entre le VIIIe et XIe siècles avant d'être conquis par les Almoravides[5].

À la suite de la défaite des Berghouata, Après la capture de la ville de Marrakech en 1147 par Abd al-Mu'min, celui-ci a encouragé l'installation de tribus arabes bédouines dans la région et le reste des plaines côtières marocaines, largement dépeuplées et inhabité après la conquête almoravide. Parmi ces tribus arabes figuraient les Banu Hilal les Banu Ma'qil et les Banu Sulaym.

Cette politique d'immigration massive par les almohades a entraîné une diffusion accrue de la langue arabe et une montée en importance des éléments arabes dans l'équilibre du pouvoir au Maroc, à tel point que personne ne pouvait gouverner sans leur coopération[6].

Au début du XXe siècle, la région connaît une forte rébellion[7]. Qui marquera la 3e grande guerre du Maroc à partir de la guerre de la chaouia. En 1907, les Français pénètrent dans la région avant d'étendre leur domination sur le reste du Maroc[8]. Pendant le protectorat français, la Chaouia fait partie de la Subdivision autonome de Casablanca. Elle est alors divisée en trois Contrôles civils: Chaouia-Nord (Casablanca), Chaouia-Centre (Berrechid) et Chaouia-Sud (Settat).

Démographie

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Composition tribale

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Les tribus Chaouia (ou Shawiya) proviennent de diverses origines principalement : arabes et berbère arabisé[9]. Quant à déterminer l’importance relative de ces apports pour chaque tribu, cela est rendu impossible par l’absence de sources historiques fiables et concises décrivant précisément l’évolution démographique locale entre la chute du royaume des Berghouatas au XIe siècle et l’arrivée des tribus arabes bédouines encouragées par les Almoravides.

En outre, comme le montre une étude française sur les tribus marocaines, parue en 1915, toutes ces tribus se réclament d'une origine arabe. Cela témoigne des revendications ethniques et politiques des populations de la région. Néanmoins, en se basant sur des sources récentes[10],[11], à considérer donc avec précaution, la confédération tribale des Chaouia est découpée en 14 tribus arabophones[12] dont l’origine est décrite comme suit :

Tribus Arabes

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  • les Achaches, tribu d'origine principalement arabe sulaym[10] ;
  • les Oulad Ali, tribu d'origine arabe maqilienne, parente de la fraction Ahlaf des Mdakra[13] ;
  • les Oulad Saïd, tribu d'origine arabe zoghba qui s'est établie dans la région pendant l'ère mérinide[14] ;
  • les Oulad Ziane, tribu d'origine arabe zoghba, scindée entre deux territoires séparés par les Mediouna et les Oulad Hriz[15] ;
  • les Beni Meskine, d'origine arabe sulaym et parents des Beni Amir et des Beni Moussa, font ethniquement et linguistiquement partie des Tadla et non pas des Chaouïa. Ils ont cependant été rattachés administrativement aux Chaouia au XIXe siècle en raison de leur soutien au Makhzen tandis que le reste des Tadla entrait en dissidence[11].

Tribus Arabo-berbères / Berbères Arabisées

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Études Génétiques

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Une étude anthropogénétique publiée en 2024 dans le Egyptian Journal of Forensic Sciences[24] a analysé la diversité génétique de la population arabophone de la Chaouia-Ouardigha[24]. En utilisant 15 marqueurs « STR » (Short Tandem Repeats, courtes séquences d’ADN) autosomiques sur un échantillon de 153 individus non apparentés, les chercheurs ont mis en évidence une forte hétérozygotie, représentant une importante diversité génétique[24]. L'analyse phylogénétique situe cette population à distance des groupes d’Afrique subsaharienne, d’Asie de l’Est et d’Amérique latine, mais relève des affinités avec les populations d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et d’Europe du Sud[24]. Ces résultats sont en accord avec les apports de peuplements de la région ainsi que les différentes vagues migratoires depuis le Moyen Âge (sous les Almohades et les Mérinides) venant d'Andalousie comme d'Arabie, avec l'invasion hilalienne[24].

Bibliographie

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  • Mission Scientifique du Maroc (coll.), Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa, Ed. E. Leroux (Paris), 1915
  • Frédéric Weisgerber, Casablanca et les Châouïa en 1900, préface du général Albert-Gérard-Léon d'Amade (1856-1941), Casablanca : sur les presses des Imprimeries réunies de la « Vigie marocaine » et du « Petit Marocain » , 1935, 139 p., fig., avec un plan de Casablanca et une carte des Châouïa, des reproductions d'aquarelles de E. W. Soudan et de photographies de l'auteur et de G. L. Tricot.[1]
  • E. Marchand, Casablanca, la Chaouia, Ed. Larose (Paris), 1918
  • H. G. Conjeaud, Histoire militaire de la Chaouia depuis 1894, Casablanca, Les Ed. du Moghreb [ 1938 ] ; in-12 (219 pp.)

Liens externes

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  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généralisteVoir et modifier les données sur Wikidata :

Références

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  1. "Chaouia" sur l'Encyclopédie Universalis
  2. J.F. Troin & M. Berriane, Les espaces satellites de Casablanca : Chaouia et Doukkala, dansMaroc : régions, pays, territoires, 2002, p. 71-86 (ISBN 2-7068-1630-9)
  3. E. Lapeyre & E. Marchand, Casablanca, la Chaouia, 1918 (N. 2 43-120-3)
  4. Miloudi Belmir, « Dr F. Weisgerber sur les pistes des Chaouia », sur Libération Maroc, (consulté le ) : « Ce terme pluriel « Chaoui », signifie possesseurs de troupeaux de moutons. À l’origine, il servait vraisemblablement à désigner les Berbères nomades et tant que l’on tint compte de son étymologie — ainsi que semble l’avoir fait Ibn Khaldoun — le nom de Chaouia ne paraît pas avoir été donné indistinctement à toutes les tribus du Tamsna, mais seulement à celles purement pastorales des steppes de l’intérieur auxquelles il s’appliquait mieux qu’à la population déjà en partie agricole de la plaine littorale. Par la suite, ce qualificatif devint un véritable nom ethnique et sa signification première tomba dans l’oubli » - F. Weisberger (1935) ».
  5. S. Lévy, Pour une histoire linguistique du Maroc, dans Peuplement et arabisation au Maghreb occidental: dialectologie et histoire, 1998, p. 11-26 (ISBN 84-86839-85-8)
  6. (en) Elizabeth Isichei, A History of African Societies to 1870, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-45599-2, lire en ligne)
  7. E. Burke, Mouvements sociaux et mouvements de résistance au Maroc: la grande siba de la Chaouia (1903-1907), dans Hesperis Tamuda Rabat, vol.17, 1976, p. 149-163
  8. J. Augarde, Le général d'Amade pacificateur de la Chaouia dans Revue historique de l'armée, no 166, 1987, p. 24-32 (ISSN 0035-3299)
  9. (en) David M. Hart, Tribe and Society in Rural Morocco, Routledge, , 27–28 p. (ISBN 9781135302542, lire en ligne)
  10. a et b Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 157-190
  11. a et b Rahal Kaisser & Mustapha Moubarik, Les Béni Meskine - Essai monographique sur leurs origines, Association ABM-DH
  12. Mission scientifique du Maroc Auteur du texte et Maroc Résidence générale de la République française Auteur du texte, « Archives marocaines : publication de la Mission scientifique du Maroc », sur Gallica, (consulté le )
  13. a et b Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 117-156
  14. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 191-242
  15. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 24-29
  16. a b et c Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 243-320
  17. (ar) Association marocaine pour l'édition, la traduction et la publication (الجمعية المغربية للتأليف والترجمة والنشر), معلمة المغرب – الجزء العاشر (Maʿlamat al-Maghrib – al-juzʾ al-ʿāshir), vol. 10, Imprimeries de Salé (مطابع سلا),‎ (ISBN 9789981030008, lire en ligne), p.3392
  18. La sociologie rurale au Maroc pendant les cinquante dernières années : évolution des thèmes de recherche : page 531
  19. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 71-116
  20. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 15-23
  21. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 30-44
  22. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 266
  23. Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa (op. cit.), Tome II, p. 45-70
  24. a b c d et e (en) Othmane Essoubaiy, Bouchaïb Gazzaz, Hakima Yahia, Hicham EL Ossmani, Jalal Talbi, Brahim El Houate, Taoufiq Fechtali, « Anthropogenetic study of the Arabic - speaking population of Chaouia Ouardigha (Morocco) based on autosomal STRs | Egyptian Journal of Forensic Sciences | » Accès libre, sur web.archive.org, (DOI 10.1186/s41935-024-00390-5, consulté le )