Conrad Colman — Wikipédia

Conrad Colman
Image illustrative de l’article Conrad Colman
Conrad Colman au départ du Vendée Globe 2016
Contexte général
Sport voile
Période active depuis 2009
Site officiel conradcolman.com
Biographie
Nationalité Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande
Drapeau des États-Unis États-Unis
Naissance (40 ans)
Lieu de naissance Auckland (Nouvelle-Zélande)
Surnom Crazy Kiwi[1]

Conrad Colman, né le à Auckland, est un navigateur américano-néo-zélandais. En 2012, il est vainqueur de la Global Ocean Race, course autour du monde en Class40, en double. En 2016 et 2017, il est le premier Néo-Zélandais à participer à un Vendée Globe, et le premier marin des temps modernes à terminer un tour du monde sans avoir recours à un combustible fossile.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Le père de Conrad Colman est un Américain parti découvrir le monde en bateau. À Auckland, il fait la connaissance d'une Néo-Zélandaise, un médecin, qui embarque avec lui et devient sa compagne. Conrad est « conçu en mer »[2]. Il naît à Auckland, le [3]. Dès ses trois semaines, il prend la mer vers Bali, Singapour, l'Australie[4],[2]. Il a onze mois lorsque son père tombe du mât, et se tue. Conrad rentre en Nouvelle-Zélande avec sa mère. Ils vivent dans l'île Waiheke, dans le golfe de Hauraki[2]. Un de ses oncles apprend à Conrad la navigation[4].

À 15 ans, le garçon, qui a la double nationalité américano-néo-zélandaise[5], éprouve le besoin de découvrir le pays de son père[2]. Il part dans le Connecticut[4], puis dans le Colorado où il poursuit ses études et obtient un diplôme d'économie[2]. Il pratique le cyclisme[4] et le VTT à haut niveau[2]. Il participe en VTT à des courses de 24 heures, ce qui lui fait prendre goût à l'endurance. À côté de ces activités sportives, il fonde une petite entreprise de fabrication de cadres de bicyclette[4].

Il a déjà le Vendée Globe en tête[5]. Il vend son affaire, et quitte les États-Unis pour Cowes, dans l'île de Wight. Pendant dix-huit mois[4], il y exerce divers métiers : maître-voilier, moniteur de voile[2] En 2008, il vient en France en tant que préparateur bénévole sur le futur Toe in the Water[4],[6] de Steve White, qui va s'aligner au départ du Vendée Globe[2]. Le premier Imoca que Colman voit en arrivant en France est Groupe Bel, un bateau qui renforce son envie de course au large, et qu'il achètera 14 ans plus tard[7],[8].

Premières courses au large[modifier | modifier le code]

En 2009, Colman court la Mini Transat à la barre de geneious.com/hottyper.com. Il termine à la 24e place des bateaux de série[9]. Au retour, il s'installe à Lorient, en colocation avec d'autres « ministes »[4]. En 2010, il court la Route du Rhum à la barre de 40 Degrees. Il termine 28e, sur 44 Class40[10]. Selon lui, ces deux résultats modestes sont dus, à chaque fois, à une préparation de dernière minute[4].

À bord de Cessna Citation[11], il court avec quatre coéquipiers successifs la Global Ocean Race 2011-2012, tour du monde en Class40, en double. Il gagne quatre étapes sur cinq, et la course. C'est sa première victoire à la voile[4],[12].

Voilier à dérives droites amarré à quai. Pont bleu. Rouf et casquette rouges.
L'Imoca Spirit of Hungary de Nándor Fa.

En mai 2013, à bord de Lecoq Cuisine[13], en double avec Éric Lecoq, il finit 2e de The Atlantic Cup (en)[14], la seule course de Class40 aux États-Unis[15].

Il travaille pour Bertrand de Broc, surtout en convoyage, ce qui lui permet d'apprendre à maîtriser un Imoca[4]. En 2014, il embarque à bord de l'Imoca Spirit of Hungary du Hongrois Nándor Fa pour courir en double la Barcelona World Race. Le duo termine 7e[16].

Colman a en vue le prochain Vendée Globe. En septembre 2015, il achète un Imoca de 2005, l'ancien Maisonneuve de Jean-Baptiste Dejeanty. Il le rebaptise 100 % Natural Energy[17].

En 2016, il le convoie en équipage jusqu'aux Açores. Il traverse alors l'Atlantique en solitaire. Il arrive à New York le [17]. Le lendemain, il prend le départ de la Transat New York-Vendée-Les Sables-d'Olonne en même temps que les autres concurrents. Puis il revient au port pour d'ultimes travaux et pour des contrôles de sécurité[18]. Il repart enfin le 30, avec 24 heures de retard. Il termine 12e sur 14[17].

Vendée Globe 2016-2017[modifier | modifier le code]

100 % Natural Energy, devenu Foresight Natural Energy pour le Vendée Globe 2016.

Le , à bord de son bateau devenu Foresight Natural Energy[17], Colman est le premier Néo-Zélandais à prendre le départ d'un Vendée Globe. Écologiste convaincu, il veut accomplir son tour du monde sans recours à un combustible fossile. Les batteries sont alimentées par 24 modules photovoltaïques souples intégrés à la structure de la grand-voile et par un générateur entraîné par l'hélice. Générateur qui peut aussi faire tourner l'hélice pour propulser le bateau, quand celui-ci n'est pas en course[19].

Le navigateur est debout sur le pont, très souriant.
Conrad Colman au départ du Vendée Globe 2016.

Le , un incendie se déclare à bord de Foresight Natural Energy. Colman parvient à le maîtriser, se brûlant les mains. Mais des câbles endommagés court-circuitent le pilote automatique. Le bateau part à l'abattée, empanne et menace de chavirer. Colman enroule le gennaker. Le vent forcit. Colman affale le gennaker, qui se déroule. Craignant un démâtage, Colman tente d'enrouler à nouveau le gennaker. Il barre avec les genoux tout en moulinant les winches. Il réussit à enrouler son gennaker. À l'intérieur du bateau, des centaines de litres d’eau se sont introduits par le puits de quille. Colman parvient à remettre en marche son pilote automatique[20].

Foresight Natural Energy au départ du Vendée Globe 2016.

Fin décembre, par 35 nœuds établis, un problème de rail oblige Colman à descendre entièrement sa grand-voile. Un lazy jack (en) casse. La voile tombe sur le pont, projetant Colman par-dessus bord. Dans le noir, relié par une longe à la bôme, il est traîné sur le côté du bateau. Une vague le rapproche. Il réussit à s'accrocher à un chandelier et à remonter sur le pont[21].

Vu de l'arrière, dans un port, sans les voiles, bateau au mât remplacé par la bôme cassée en deux et réassemblée durant la course.
Après le Vendée Globe 2016, le mât de fortune de Foresight Natural Energy, improvisé avec les deux morceaux de la bôme.

Le , dans un vent à 45 nœuds et des rafales à 60, l'axe de fixation de l'étai de J1 casse. L'étai se décroche en partie. La voile se déroule. Le bateau reste couché plusieurs heures durant. Le J1 est en lambeaux. Le câble est complètement détaché du pont et voltige en tous sens. Colman le remplace provisoirement par une drisse. Le lendemain, il fait route nord pour trouver une météo plus clémente, et monter au mât pour prendre le contrôle de l'étai[22].

Le , Colman est 9e, mais il a perdu trois voiles d'avant. Éric Bellion le dépasse[23].

Le , Colman est toujours 10e. À quelque 700 milles de l'arrivée, un hauban casse[24]. Foresight Natural Energy démâte[25]. Colman improvise un mât en réunissant les deux morceaux de la bôme, elle aussi cassée. Il découpe sa grand-voile[26]. Durant ces quatre jours de travaux, il dérive au grand large du Portugal. Il commence à voir ses poursuivants le dépasser. Il peut reprendre sa route le soir du , ayant complété son gréement par le tourmentin[27]. Il lui faut progresser à 3 ou 4 nœuds dans des vents contraires[28]. Son démâtage lui fait perdre six places.

Le , après 110 jours de mer, venant de parcourir 740 milles sous gréement de fortune, il finit 16e[29]. Avec un budget représentant 5 % de celui du vainqueur[24], il est le premier navigateur des temps modernes à boucler un tour du monde sans recours à un combustible fossile[29].

Projet inabouti de Vendée Globe 2020[modifier | modifier le code]

Fatigué, à bout de ressources financières, Colman devient journaliste et consultant pour la Volvo Ocean Race 2017-2018[24],[30]. En 2019, il fait une saison sur le circuit Figaro[31]. En octobre, son Imoca Foresight Natural Energy est acheté par Sébastien Destremau[17].

En novembre 2019, en vue du Vendée Globe 2020, Colman loue un plan Lombard de 2004, l'ancien Sill 2 de Roland Jourdain. Il s'entoure d'une équipe pour le préparer. Il le rebaptise Ethical Power. Mais il échoue dans sa quête de sponsor. Fin juillet 2020, il doit renoncer[32].

Projet de Vendée Globe 2024[modifier | modifier le code]

En entier de profil, voilier vert et noir amarré au ponton.
Imagine au Kernevel, en Larmor-Plage, en septembre 2022.

En mars 2022[33], Colman achète le V & B Mayenne de Maxime Sorel[30], le premier Imoca qu'il avait vu en arrivant en France, alors baptisé Groupe Bel[8]. Le bateau est remis à l'eau le [7]. Il retrouve un nom qu'il a brièvement porté en 2014 : Imagine[34]. Un mois plus tard, Conrad peut prendre le départ de la Bermudes 1000 Race[35]. Il se classe 10e[36]. En juin, il termine 18e de la Vendée-Arctique-Les Sables-d'Olonne[37]. En septembre, il termine 18e sur 24 dans les 48 Heures du Défi Azimut[38]. En novembre, il termine 18e sur 38 Imoca dans la Route du Rhum[39].

Palmarès[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. David Ponchelet, « Vendée Globe : le Néo-Zélandais Conrad Colman est presque au bout de son calvaire ! » sur francetvinfo.fr, 21 février 2017 (consulté le 6 mai 2022). — « Le crazy kiwi Conrad Colman, 16e du Vendée Globe ! » sur vendeeglobe.org, 24 février 2017 (consulté le 11 mai 2022). — « Vendée Globe : les collégiens ont leur favori ! » sur lanouvellerepublique.fr, 2 juin 2017 (consulté le 11 mai 2022). — « Sébastien Marsset rejoint Conrad Colman sur Ethical Power », sur sardinhacup.com, 13 mars 2019 (consulté le 9 mai 2022).
  2. a b c d e f g et h Philippe Eliès, « Vendée Globe. Colman, Kiwi survitaminé », sur letelegramme.fr, 5 octobre 2016 (consulté le 6 mai 2022).
  3. (en) « Spirit of Hungary », sur barcelonaworldrace.org (consulté le 6 mai 2022).
  4. a b c d e f g h i j k et l Serge Messager, « Conrad Colman : « Je suis déjà rentré aux Sables en vainqueur ! » sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 13 novembre 2016 (consulté le 6 mai 2022).
  5. a et b Olivier Bourbon, « Conrad Colman en quête de partenaires pour boucler son budget », sur vendeeglobe.org, 16 août 2016 (consulté le 6 mai 2022).
  6. « F9 Gartmore Investment 55 », sur histoiredeshalfs.com, mars 2022 (consulté le 6 mai 2022).
  7. a et b « Conrad Colman rachète le V&B Mayenne de Maxime Sorel pour faire la Route du Rhum et le Vendée Globe », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 4 avril 2022 (consulté le 8 mai 2022).
  8. a et b (en) « Back in the action, back on the water! », sur conradcolman.com, 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  9. a et b « La Charente-Maritime-Bahia Transat 6.50 », sur classemini.com (consulté le 8 mai 2022). — « FRA 480, On The Road Again F21s », sur histoiredeshalfs.com, mars 2020 (consulté le 8 mai 2022).
  10. a et b « Classement de la Route du Rhum 2010 », sur sport-histoire.fr, 2022 (consulté le 8 mai 2022).
  11. a et b « Jasmine Flyer, GBR 112 », sur histoiredeshalfs.com, décembre 2021 (consulté le 13 mai 2022).
  12. a et b « Conrad Colman remporte la Global Ocean Race », sur courseaularge.com, 6 juin 2012 (consulté le 8 mai 2022).
  13. a et b « USA 121 », sur histoiredeshalfs.com, septembre 2021 (consulté le 13 mai 2022).
  14. a b c d et e (en) « Conrad Colman », sur class40.com (consulté le 8 mai 2022).
  15. (en) « Atlantic Cup (General) - Cancelled », sur class40.com, 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  16. a et b « Spirit of Hungary, septième de la Barcelona World Race », sur imoca.org, 20 avril 2015 (consulté le 8 mai 2022).
  17. a b c d e et f « E36 Galileo, BRA 411 », sur histoiredeshalfs.com, mars 2022 (consulté le 7 mai 2022).
  18. Raphaël Bonamy, « New York-Vendée : Conrad Colman rentre au port », sur ouest-france.fr, 30 mai 2016 (consulté le 8 mai 2022).
  19. Jean-Luc Goudet, « Conrad Colman nous présente son voilier révolutionnaire zéro émission », sur futura-sciences.com, 4 novembre 2016 (consulté le 6 mars 2017).
  20. (en) Conrad Colman, « Fire aboard Conrad Colman's boat », sur vendeeglobe.org, 5 décembre 2016 (consulté le 26 janvier 2017. — Bruno Ménard, « Départ de feu pour Conrad Colman ! » sur vendeeglobe.org, 5 décembre 2016 (consulté le 26 janvier 2017).
  21. « Retour sur la conférence de presse de Conrad Colman », sur vendeeglobe.org, 25 février 2017 (consulté le 26 février 2017). — Serge Messager, « Les combats de titan de Conrad Colman », sur voilesetvoiliers.com, 27 février 2017 (consulté le 28 février 2017).
  22. « Des nouvelles de Conrad Colman », sur vendeeglobe.org, 3 janvier 2017 (consulté le 3 janvier 2017).
  23. Bruno Ménard, « 48 heures pour vaincre », sur vendeeglobe.org, 17 janvier 2017 (consulté le 17 janvier 2017).
  24. a b et c Olivier Bourbon, « Le Néo-Zélandais Conrad Colman vise le Vendée Globe 2024 : « J’ai une approche unique », sur voilesetvoiliers.ouest-france.fr, 6 octobre 2021 (8 mai 2022).
  25. « Conrad Colman a démâté ! » sur vendeeglobe.org, 11 février 2017 (consulté le 11 février 2017).
  26. Olivier Bourbon, « Les derniers milles sont les plus difficiles », sur vendeeglobe.org, 15 février 2017 (consulté le 27 février 2017). — « Tuto bricolage avec Conrad Colman », sur vendeeglobe.org, 18 février 2017 (consulté le 27 février 2017).
  27. Olivier Bourbon, « Gréement de fortune en place pour Conrad Colman ! » sur vendeeglobe.org, 15 février 2017 (consulté le 15 février 2017).
  28. Bruno Ménard, « Quatre marins attendus cette semaine », sur vendeeglobe.org, 20 février 2017 (consulté le 20 février 2017).
  29. a b et c « Conrad Colman est arrivé à bon port », sur lequipe.fr, 25 février 2017 (consulté le 26 février 2017).
  30. a et b « Conrad Colman de retour en Imoca sur l’ancien bateau de Maxime Sorel », sur letelegramme.fr, 4 avril 2022 (consulté le 8 mai 2022.
  31. « Conrad Colman », sur conradcolman.com, 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  32. « A23 Sill 2, 29 », sur histoiredeshalfs.com, juillet 2020 (consulté le 13 mai 2022). — « Conrad Colman : « Je suis totalement vidé », sur vendeeglobe.org, 23 juillet 2020 (consulté le 13 mai 2022). — Aline Merret, « Conrad Colman : « J’ai désormais un chouette bateau pour aller encore plus loin », sur letelegramme.fr, 4 avril 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  33. « A27 Cochise, FRA 360 », sur histoiredeshalfs.com, 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  34. « C'est la rentrée ! » sur conradcolman.com, 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  35. Jacques Guyader, « Bermudes 1000 Race : classements et positions en temps réel. Dalin en tête », sur ouest-france.fr, 8 mai 2022 (consulté le 9 mai 2022).
  36. a et b « Classement de la course », sur guyaderbermudes1000race.com, 16 mai 2022 (consulté le 18 mai 2022).
  37. a et b « Vendée Arctique - 2022 », sur imoca.org (consulté le 20 juin 2022).
  38. a et b « Classements », sur defi-azimut.net, 2022 (consulté le 9 février 2023).
  39. a et b « Conrad Colman (Imagine) dix-huitième en Imoca », sur imoca.org, 23 novembre 2022 (consulté le 9 février 2023).
  40. « Conrad Colman », sur classefigarobeneteau.fr (consulté le 9 mai 2022).
  41. « Solitaire du Figaro 2019 », sur nicolaslunven.com (consulté le 9 mai 2022).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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