Coordonnées de Boyer-Lindquist — Wikipédia

Les coordonnées de Boyer-Lindquist[N 1] sont un système de coordonnées d'espace-temps utilisées pour écrire la métrique du trou noir de Kerr[2] ou d'un trou noir de Kerr-Newmann[3]. Elles généralisent les coordonnées de Schwarzschild[2],[3] : elles sont singulières à l'horizon des événements du trou noir[4]. Elles minimisent le nombre des composantes hors diagonale de la métrique[5],[6]. Elles sont adaptées aux symétries du trou noir : sa stationarité et sa symétrie axiale[7].

Présentation[modifier | modifier le code]

La notation usuelle des coordonnées est (t, r, θ, ϕ)[2],[8] ou (ct, r, θ, ϕ)[9],[10] avec[11] :

  • ,
  • ,
  • ,
  • .

La métrique de Kerr admet deux champs de vecteurs de Killing, notés et et respectivement associés à la stationnarité et à la symétrie axiale[12]. Les coordonnées de Boyer-Lindquist sont construites de sorte que les composantes et de et soient et [13].

Le changement de coordonnées des coordonnées de Boyer-Lindquist (r, θ, ϕ) vers les coordonnées cartésiennes (x, y, z), est donné par[14],[15] :

x = r2 + a2 sin θ cos ϕ,
y = r2 + a2 sin θ sin ϕ,
z = r cos θ,

a est le rapport entre le moment angulaire et la masse : a = J/M (voir trou noir de Kerr pour plus de détails).

Les coordonnées de Boyer-Linquist sont adaptées à un feuilletage 3 + 1 — dit feuilletage de Boyer-Linquist[N 2] — d'un espace-temps axisymétrique. Elles permettent d'exprimer la métrique sous la forme[18] :

.

La représentation matricielle des coefficients de la métrique est ainsi[18] :

est la fonction lapse[19]. est le vecteur shift[19].

Dans l'expression d'une métrique en coordonnées de Boyer-Lindquist, on trouve un paramètre et des fonctions.

est le paramètre de Kerr[20]. Il est défini par [21],[22] est la masse et est le moment cinétique[20] ; et est homogène à une longueur[20].

Deux principales fonctions[modifier | modifier le code]

et sont deux fonctions qui apparaissent dans l'expression d'une métrique en coordonnées de Boyer-Lindquist. Par construction de celles-ci, la métrique est singulière pour ou [2],[9].

est une fonction des deux coordonnées et  : [23],[24],[25]. Elle est donnée par : , tant pour la métrique de Kerr[26],[27] que pour celle de Kerr-Newman[28],[29]. Elle est définie de sorte que les composantes et s'annulent pour [30]. C'est le cas pour [2].

est une fonction de la coordonnée  : [23],[24],[31]. Elle est définie de sorte que la composante devienne singulière pour [30]. C'est le cas pour et [2]. Les surfaces de coordonnées sont deux horizons. La surface de coordonnée est l'horizon des événements du trou noir[32] ; celle de coordonnée est son horizon de Cauchy[32].

Troisième fonction[modifier | modifier le code]

Une troisième fonction apparaît souvent dans l'expression d'une métrique en coordonnées de Boyer-Lindquist. Elle est notée [33],[34],[35]. Dans le cas de la métrique de Kerr, elle est définie par[33],[34],[35] : . Il en est de même dans le cas de la métrique de Kerr-Newman[36].

Autres fonctions[modifier | modifier le code]

, et sont trois autres fonctions qui apparaissent dans l'expression d'une métrique en coordonnées de Boyer-Lindquist[37].

est la fonction lapse déjà rencontrée[38]. est le rayon cylindrique[38] : est la circonférence d'un cercle autour de l'axe de symétrie[39]. est la vitesse angulaire des ZAMOs[38] : . Dans le cas de la métrique de Kerr[37] :

[40] ;
[40] ;
 ;
.

Les composantes de la métrique sont reliées aux fonctions[39]. Dans le cas de la métrique de Kerr[41] :

[18] ;
[18],[42] ;
[42] ;
[42].
[18].

Histoire[modifier | modifier le code]

Les éponymes des coordonnées de Boyer-Lindquist[43] sont Robert H. Boyer (-) et Richard W. Lindquist[1],[3],[44].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En anglais : Boyer–Lindquist coordinates, abrégé en BL coordinates[1].
  2. En anglais : Boyer−Lindquist foliation[16],[17].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Meier 2012, 2e part., chap. 7, sec. 7.5, § 7.5.1, p. 235.
  2. a b c d e et f Maggiore 2018, chap. 12, sec. 12.5, § 12.5.1, p. 169.
  3. a b et c Misner, Thorne et Wheeler 1973, chap. 33, § 33.2, p. 877.
  4. Misner, Thorne et Wheeler 1973, chap. 33, § 33.2, encadré 33.2, II, E, 2, p. 880, col. 2.
  5. Rahaman 2021, chap. 10, sec. 10.7, p. 280.
  6. Romano et Furnari 2019, chap. 15, sec. 15.6, p. 423.
  7. Misner, Thorne et Wheeler 1973, chap. 33, § 33.4, p. 892.
  8. Thorne et Blandford 2021, chap. 26, sec. 26.5, § 26.5.1, p. 1278.
  9. a et b Lambourne 2010, chap. 6, sec. 6.3, § 6.3.1, p. 193.
  10. Soffel et Han 2019, chap. 6, sec. 6.3, § 6.3.1, p. 213.
  11. Gourgoulhon 2023, chap. 10, sec. 10.2, § 10.2.1, p. 312.
  12. Maggiore 2018, chap. 12, sec. 12.5, § 12.5.1, p. 171, n. 55.
  13. Maggiore 2018, chap. 12, sec. 12.5, § 12.5.1, p. 171,n. 55.
  14. Hobson, Efstathiou et Lasenby 2009, chap. 13, § 13.6, p. 316.
  15. Romano et Furnari 2019, 4e part., chap. 15, § 15.6, p. 423.
  16. Gajic 2017, sec. 1, § 1.3, no 1.3.3, p. 4015.
  17. Parfrey et Tchekhovskoy 2017, sec. 3, p. 2, col. 2.
  18. a b c d et e Menon et Dermer 2011, annexe A, A.1, p. 1103, col. 2.
  19. a et b Komissarov 2004, sec. 2, p. 429, col. 1.
  20. a b et c Maggiore 2018, § 15.5.1, p. 169.
  21. Lawrie 2013, § 4.5.3 (4.70), p. 125.
  22. Maggiore 2018, § 15.5.1 (12.286), p. 169.
  23. a et b Belgiorno, Cacciatori et Faccio 2018, § 1.2.2 (1.34), p. 10.
  24. a et b Lawrie 2013, § 4.5.3 (4.69), p. 125.
  25. Maggiore 2018, chap. 12, sec. 12.5, § 12.5.1 (12.287), p. 169.
  26. Deza et Deza 2014, IVe partie, chap. 26, sec. 26.2, s.v. Kerr metric, p. 578.
  27. Jetzer 2022, chap. 4, sec. 4.1, introduction, p. 113 (4.1).
  28. Deza et Deza 2014, IVe partie, chap. 26, sec. 26.2, s.v. Kerr-Newman metric, p. 579.
  29. Jetzer 2022, chap. 4, sec. 4.1, § 4.1.2, p. 115 (4.13).
  30. a et b Heinicke et Hehl 2017, sec. 3, § 3.4, introduction, p. 152.
  31. Maggiore 2018, chap. 12, sec. 12.5, § 12.5.1 (12.288), p. 169.
  32. a et b Heinicke et Hehl 2017, sec. 3, § 3.4, no 3.4.1, p. 152.
  33. a et b Chandrasekhar 1978, § 2, p. 406 (3).
  34. a et b Dermer et Menon 2009, chap. 15, sec. 15.3, introduction, p. 385.
  35. a et b Thorne et al. 1986, sec. A, § 1, p. 70 (3.5).
  36. Jetzer 2022, chap. 4, sec. 4.1, § 4.1.3, p. 115 (4.14).
  37. a et b Thorne et Blandford 2021, chap. 26, sec. 26.5, § 26.5.1, p. 1278 (26.70b).
  38. a b et c Cotopoulos 2014, sec. 9.3, p. 232.
  39. a et b Thorne et al. 1986, sec. A, § 1, p. 70.
  40. a et b Menon et Dermer 2011, annexe A, A.1, p. 1104, col. 1.
  41. Thorne et al. 1986, sec. A, § 1, p. 70 (3.6c).
  42. a b et c Dermer et Menon 2009, chap. 15, sec. 15.3, p. 385 (15.23).
  43. Gialis et Désert 2015, Formulaire abrégé de relativité générale, § 2.7, p. 336.
  44. Snygg 1997, chap. 9, § 9.1, p. 246.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Dictionnaires et encyclopédies[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]