Dominique Kalifa — Wikipédia

Dominique Kalifa
Dominique Kalifa en 2017.
Fonction
Professeur des universités
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Dominique Prosper KalifaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Virginie Bloch-Lainé (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Institut universitaire de France ()
Comité d'histoire de la ville de Paris (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeurs de thèse
Distinctions

Dominique Kalifa, né le à Vichy (Allier) et mort le à Brugheas (Allier), est un enseignant-chercheur et historien français.

Professeur des universités, titulaire d'une chaire d'histoire contemporaine de l'université Panthéon-Sorbonne, où il co-dirige le Centre d’histoire du XIXe siècle, il enseigne également à l'Institut d'études politiques de Paris (Sciences Po) de 2008 à 2015, a été plusieurs fois Visiting professor à l'université de New York, professeur invité à l'université Keiō (Japon), à Brigham Young University (États-Unis), à l'UNESP (Brésil), à l'Instituto Mora (es) (Mexique) et Visiting Fellow à l'université de St Andrews. De 2015 jusqu'à sa mort, il est membre de l'Institut universitaire de France.

Spécialiste de l’histoire du crime, des marginalités, et des représentations de la criminalité du second XIXe siècle au début du XXe siècle, ses travaux portent également sur l'histoire des imaginaires sociaux, de la presse écrite, mais aussi sur la figure de Fantômas, l'histoire de l'érotisme parisien, et les chrononymes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et parcours universitaire initial[modifier | modifier le code]

Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud (LSC 1978)[1],[2] et agrégé d’histoire[3], Dominique Kalifa est un temps professeur dans le secondaire au lycée Lamarck[4] à Albert (Somme) et en banlieue parisienne, aux lycées Delacroix de Maisons-Alfort et Jules-Uhry de Creil[5]. Il rencontre Michelle Perrot au milieu des années 1980, qui sera par la suite la directrice de sa thèse soutenue à Paris-VII en 1994 (publiée en 1995 sous le titre L'Encre et le Sang)[5]. Plus tard, c'est l'historien des sensibilités Alain Corbin qui dirige son dossier d’habilitation ; Dominique Kalifa lui succède à la Sorbonne en 2002[6]. Il dirige le Centre d'histoire du XIXe siècle[7][Quand ?].

Histoire des représentations du crime, des imaginaires sociaux, et travaux sur la culture de masse[modifier | modifier le code]

Ses recherches portent initialement sur les récits de crimes et la crise sécuritaire du début du XXe siècle (L’Encre et le Sang, 1995)[3]. Il s'agit pour Dominique Kalifa de questionner les représentations et les imaginaires sociaux qui entourent le crime à la fin du XIXe siècle[5]. Il contribue alors à poser des jalons importants pour l'histoire des imaginaires sociaux[5],[8]. Dans la continuité de ces travaux, il écrit le premier livre consacré au métier de détective privé (Naissance de la police privée, 2000)[9]. Plus largement, Dominique Kalifa s'intéresse également à l’histoire de la culture de masse (La Culture de masse en France, 2001)[6], dans la lignée de ses travaux sur le crime et ses représentations, et sur le fait divers[5].

Avec l’historien Philippe Artières, son ami, il rédige en 2001 un ouvrage expérimental, Vidal, le tueur de femmes : une biographie sociale, entièrement composé d’extraits d'archives montés dans un récit biographique, autour du tueur français Henri Vidal (1867-1906)[3],[5].

Il codirige en 2011 La Civilisation du journal, qui fournit une analyse précise de l'histoire de la presse du XIXe siècle[10],[11].

Ses principaux articles sont réunis en 2005 dans un ouvrage intitulé Crime et culture au XIXe siècle[12].

Il s’intéresse plus tard aux questions de justice et pénalité militaire en publiant le premier travail scientifique sur Biribi, l'univers des bagnes et des sections de discipline de l'armée française (Biribi, 2009)[5],[13],[14].

Son ouvrage Les Bas-fonds : histoire d'un imaginaire (Le Seuil, 2013) remporte le prix Mauvais genres[15],[16] ainsi que le French Voices Award 2016[17].

Travaux historiographiques et réflexion sur la pratique historienne[modifier | modifier le code]

En 2005 est publié un ouvrage co-dirigé avec Anne-Emmanuelle Demartini, intitulé Imaginaire et sensibilités au XIXe siècle ; Dominique Kalifa a le désir de rendre hommage aux apports d'Alain Corbin à l'histoire culturelle et à l'histoire des sensibilités. Les deux directeurs chargent de nombreux anciens étudiants de ce dernier de réaliser les contributions de l'ouvrage[5],[18].

En 2009, il participe à l'ouvrage Le Dossier Bertrand, un travail collectif dirigé par Philippe Artières où cinq historiens (Philippe Artières, Anne-Emmanuelle Demartini, Dominique Kalifa, Stéphane Michonneau, et Sylvain Venayre) sont confrontés au même dossier d'archives, pour mettre en lumière une diversité d'approches[5],[19].

En 2017, il écrit La Véritable Histoire de la Belle Époque, une réflexion sur le temps, la nostalgie et l'écriture de l'histoire[20],[5], qui remporte le prix Eugène-Colas de l'Académie française la même année.

Ses réflexions sur la manière dont le temps est nommé, délimité, et pensé en des termes précis (par des chrononymes), aboutissent à la publication en 2020 de l'ouvrage collectif Les Noms d'époque : de « Restauration » à « années de plomb » qu'il a dirigé dans la collection « Bibliothèque des histoires », chez Gallimard[21].

Autres travaux[modifier | modifier le code]

Dominique Kalifa présentant son ouvrage Tu entreras dans le siècle en lisant Fantômas aux Rendez-vous de l'histoire à Blois en 2017.

Également spécialiste de Fantômas, il publie en 2017 un abécédaire pataphysique intitulé Tu entreras dans le siècle en lisant Fantômas, chez Vendémiaire, dans lequel il analyse les diverses facettes d'un personnage qui a passionné les poètes, les romanciers, les peintres ou les cinéastes tout au long du siècle dernier[5],[22],[23].

En 2018, il écrit un ouvrage consacré à l'histoire de l'érotisme dans la ville de Paris, intitulé Paris. Une histoire érotique, d'Offenbach aux Sixties[24].

Il est membre du Comité d'histoire de la ville de Paris[25], fondé en 2007, qui réunit des universitaires, des chercheurs et des représentants de grandes institutions, et dont l'objectif est de soutenir la recherche historique relative à Paris.

À partir de 1990, Dominique Kalifa est collaborateur du supplément littéraire du quotidien Libération[6].

Mort et postérité[modifier | modifier le code]

Il se donne la mort le jour de son 63e anniversaire, le , à Brugheas[6],[21],[26].

De nombreux hommages lui sont rendus dans le monde universitaire, particulièrement par ses collègues et anciens doctorants[27]. Son apport à la discipline historique, notamment au renouvellement des approches de l'histoire des imaginaires sociaux, est largement souligné[5],[28],[29],[30],[31],[32].

Le Centre d'histoire du XIXe siècle de la Sorbonne décide de rendre hommage à Dominique Kalifa dans un colloque intitulé : « Les belles époques de Dominique Kalifa. Retour sur une œuvre d'historien » qui a lieu les 9, 10 et 11 décembre 2021. Ce colloque donne lieu ensuite à une publication[33].

Publications[modifier | modifier le code]

Direction d'ouvrages[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Co-auteur avec Mathilde Damoisel du film Paris romantique, Paris érotique, France Télévision, 2021[34]
  • Co-auteur avec Hugues Nancy du film Une si belle époque : la France avant 14, CP&B/France 3, 2019
  • Direction (avec E. Blanchard) de la série Faits divers : l'histoire à la Une diffusée sur Arte, 2017
  • Chroniqueur dans Casque d'or et les Apaches (1902), un épisode de 52 min de la série documentaire télévisée Des crimes presque parfaits réalisée par Patrick Schmidt et Pauline Verdu, Planète+ CI, 2015
  • Arsène, documentaire de 55 min réalisé par Lucien Dirat et Nathan Miler, La Sept Arte, FRP, 2000
  • À la Belle Époque des mauvais garçons, documentaire de 52 min réalisé par Nicolas Lévy-Beff
  • Les Enfants du bagne, documentaire de 52 min réalisé par Nicolas Lévy-Beff
  • Faits divers ? Cézanne et le meurtre[35], interview de Dominique Kalifa et Philippe Comar, exposition « Cézanne et Paris » présentée au musée du Luxembourg, 2011-2012.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « AE ENS Login page », sur lyon-normalesup.org (consulté le ).
  2. CV de Dominique Kalifa daté de 2018
  3. a b et c Florent Georgesco, « L’historien Dominique Kalifa, spécialiste des imaginaires sociaux, est mort à l’âge de 63 ans », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Biographie Dominique Kalifa Universitaire », sur whoswho.fr (consulté le )
  5. a b c d e f g h i j k et l Xavier Mauduit, Michelle Perrot, Myriam Tsikounas, Sylvain Venayre et Anne-Emmanuelle Demartini, « Hommage à l'historien Dominique Kalifa », sur France Culture (consulté le ).
  6. a b c et d Claire Devarrieux, « L'historien Dominique Kalifa, historien et fidèle contributeur de Libération, est mort », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Marc-Olivier Lagadic, « Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne: CRHXIX - Centre d'histoire du XIXe siècle (EA 3550) », sur crhxix.univ-paris1.fr (consulté le ).
  8. Dominique Kalifa, « Du discours à l'imaginaire social », Publication du texte à l'occasion du décès de Dominique Kalifa, intervention écrite pour la journée « Autour de Marc Angenot. Témoignages, relectures, questionnements » tenue le 9 mai 2014,‎ (lire en ligne).
  9. Jean-Jacques Yvorel, « Dominique Kalifa, Naissance de la police privée. Détectives et agences de recherches en France 1832-1942, Paris, Plon, 2000, 334 p. », Revue d'histoire du XIXe siècle. Société d'histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, nos 20/21,‎ (ISSN 1265-1354, lire en ligne, consulté le ).
  10. « La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle : la France, née sous presse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. Sébastien Soulier, « Dominique Kalifa, Philippe Régnier, Marie-Ève Thérenty et Alain Vaillant [dir.], La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au XIXe siècle. Paris, Nouveau Monde éditions, 2011, 1762 p. (ISBN 978-2-84736-543-6) », Revue d'histoire du XIXe siècle. Société d'histoire de la révolution de 1848 et des révolutions du XIXe siècle, no 46,‎ , p. 237–239 (ISSN 1265-1354, lire en ligne, consulté le ).
  12. (en) Peter Becker, « Kalifa (Dominique), Crime et culture au XIXe siècle. Paris, Éditions Perrin, 2005, 331 p., (ISBN 2262020124) », Crime, Histoire & Sociétés, vol. 16, no 1,‎ , p. 123–125 (ISSN 1422-0857, lire en ligne, consulté le ).
  13. Jean-Lucien Sanchez, « Dominique Kalifa, Biribi. Les bagnes coloniaux de l'armée française. Paris, Perrin, 2009, 344 p. », Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines,‎ (ISSN 2108-6907, lire en ligne, consulté le ).
  14. « Biribi. Les bagnes coloniaux de l'armée française, de Dominique Kalifa : dans l'enfer de "Biribi" », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. Annie Leballeux, « Alexandre Mathis et Dominique Kalifa lauréats du 2e prix du livre Mauvais genres France Culture-Obsession », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. François Angelier, « Mauvais Genre - Les bas-fonds, histoire d'un imaginaire avec l'historien Dominique Kalifa », sur France Culture, (consulté le ).
  17. (en) « French Voices Award | 2016 Grantees », sur frenchculture.org.
  18. Frédéric Chauvaud, « Anne-Emmanuelle Demartini et Dominique Kalifa (dir.), Imaginaire et sensibilités au XIXe siècle, Études pour Alain Corbin », Histoire, économie & société, vol. 25, no 4,‎ , p. 165–165 (lire en ligne, consulté le ).
  19. Olivier Poncet, « Philippe Artières et al. Le dossier Bertrand. Jeux d’histoire. », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 167, no 1,‎ , p. 300–302 (lire en ligne, consulté le ).
  20. Romain Meyer, « Les diverses époques de la Belle Époque | Beau vers l'œil », sur bloglagruyere.ch, (consulté le ).
  21. a et b « L’historien du crime et des bas-fonds Dominique Kalifa a écrit la fin de son histoire », sur France Culture, (consulté le ).
  22. Macha Séry, « Fantômas, angoisses et audaces début de siècle », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  23. Marie Turcan, Joël Bassaget, Benjamin Campion, Amandine Prié et Jeoffroy Vincent, « Mise à l'honneur littéraire de Fantômas, le Génie du crime », Des séries… et des hommes, sur feuilletons.blogs.liberation.fr, (consulté le ).
  24. Bastien Robin, « Le Paris érotique ! », sur RTL.fr, (consulté le ).
  25. Comité d'histoire de la ville de Paris, « Les 49 membres du Comité d’histoire de la Ville de Paris, nommés pour la mandature » [PDF], sur api-site.paris.fr.
  26. Pierre Karila-Cohen, « La mort de l’historien Dominique Kalifa », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  27. « Hommage à Dominique Kalifa », sur pantheonsorbonne.fr (consulté le ).
  28. « Hommage à Dominique Kalifa | Sciences Po Centre d'histoire », sur hommage-dominique-kalifa.html, (consulté le ).
  29. Nicolas Gauthier, « Hommage à Dominique Kalifa », sur LPCM, (consulté le ).
  30. « Dominique Kalifa est mort », sur lhistoire.fr, (consulté le ).
  31. Marie-Ève Thérenty, « « C’est dans le jeu et le dialogue des temporalités que se trame le rapport à “nos chers disparus” ». Hommage à Dominique Kalifa (1957-2020) », Le Temps des médias, vol. n° 36, no 1,‎ , p. 5-12 (ISSN 1764-2507, DOI 10.3917/tdm.036.0005, lire en ligne, consulté le ).
  32. Tsikounas Myriam, « Kalifa (Dominique) », sur publictionnaire.huma-num.fr, Dictionnaire encyclopédique et critique des publics, .
  33. « "Les belles époques de Dominique Kalifa. Retour sur une œuvre d'historien", 9, 10 et 11 décembre 2021 », sur centrehistoire19esiecle.pantheonsorbonne.fr (consulté le ).
  34. Voir sur francetelevisions.fr.
  35. Voir sur museeduluxembourg.fr.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]