Germaine Veyret-Verner — Wikipédia

Germaine Veyret-Verner
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 59 ans)
La Tronche (Isère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Germaine Henriette VernerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Paul Veyret (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Université de Grenoble (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeur de thèse
Vue de la sépulture.

Germaine Veyret-Verner, née Germaine Verner le à Saint-Thibaud-de-Couz (Savoie) et morte le à La Tronche (Isère)[1], est une géographe française. Elle est une des premières femmes professeure d'université en France et est reconnue pour son travail conséquent sur les Alpes et leurs mutations, ainsi que pour son rôle dans le développement de la géographie et sa reconnaissance internationale autour de l'Institut de géographie alpine à Grenoble et de la Revue de géographie alpine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Germaine Verner est la fille unique d'un ménage d'instituteurs savoyards ; elle étudie au lycée de jeunes filles de Chambéry de 1924 à 1931 sous la houlette de Anne Dorne, qui entretient des liens avec l'Institut de Géographie Alpine[2]. Elle l'incite à rentrer à la Faculté des Lettres de Grenoble[3],[4],[5], où elle devient l'« élève et fille spirituelle de Blanchard »[4].

En 1932, Germaine Verner intègre l'Institut de Géographie Alpine[5].

En 1937, elle réalise pour son DES une étude sur « l'Agriculture du Grésivaudan », publiée dans la Revue de Géographie Alpine (R.G.A)[2]. Elle enseigne ensuite en lycée à Valence, Gap et Chambéry, avant d'entrer en 1940 au CNRS en tant que chercheuse[2],[6]. Elle obtient alors un financement pour sa recherche doctorale[5].

En 1948 elle soutient une thèse portant sur « L'Industrie des Alpes françaises », devant un jury qui comprend les recteurs André Allix (son directeur de thèse[4],[6]) et Jules Blache, les doyens Raoul Blanchard (géographe), Jean-Marcel Jeanneney (économiste), Robert Latouche (historien), et Maurice Pardé[2],[5]. Elle est la deuxième femme en France, peu après Jacqueline Beaujeu-Garnier, à obtenir un doctorat d’État en géographie[5]. Raoul Blanchard dit à son sujet : « On ne peut que louer toute sorte de brillantes qualités : la sûreté de l'information, le caractère judicieux, raisonnable, des idées directrices, la sobriété des développements, la vigueur des formules et des expressions... la souplesse du plan dans l'ensemble comme dans le détail. Au total tout cela fait un beau livre, qui fait honneur à la maison, qui sera utile aux géographes et même, rare mérite, sera à même d'intéresser le plus moyen des Français »[2],[7].

La Bastille à Grenoble sur le massif montagneux de la Chartreuse, avec au centre, les anciens bâtiments universitaires du Rabot et la résidence étudiante du même nom.

En 1949 elle reprend le poste de Max Derruau, parti à Clermont-Ferrand[5], et est nommée professeure de géographie à la faculté des lettres de Grenoble[6], ce qui en fait la seconde femme, à la suite de Jacqueline Beaujeu-Garnier à Lille, à accéder à cette fonction[8]. D'après Paul Veyret, « dans l'essor que l'Institut de Géographie Alpine a connu pendant cette période, une part considérable revient à son enseignement, appuyé sur des recherches originales en Géographie humaine et régionale. »[2]. Elle est promue en 1953 en obtenant une chair personnelle[5].

En 1954, Germaine Veyret-Verner et Paul Veyret prennent la direction de la Revue de Géographie Alpine (R.G.A)[9], à la suite de Raoul Blanchard, rôle que Germaine Veyret-Verner prend particulièrement à cœur[5]. Elle oriente la revue vers des questions économiques, démographiques et politiques. D'après Anne Sgard, « l'objectif est clair : le géographe est dans la cité, il doit expliquer, suggérer, conseiller, se faire entendre ; et Germaine Veyret s'y emploie activement, conservant par ailleurs les relations avec le monde politique et industriel nouées par Blanchard » [10].

Germaine Veyret-Verner est présidente de la Commission du Comité national français de géographie (CNFG) de géographie industrielle de 1961 à 1968, puis présidente de la Commission de Géographie urbaine du Comité national de géographie de 1969 à 1972[2],[6],[5]. Elle participe également activement aux travaux et aux congrès de l'Association Internationale des Experts Scientifiques du Tourisme, dont elle préside la section française[2].

Réputée pour sa grande compétence et son engagement envers ses étudiants[2],[11],[3], elle est avec son mari à l'origine de la création de l’Institut de Géographie Alpine sur le flan du Rabot (versant de la Bastille) en 1961[12]. Elle est étroitement associée au rayonnement de l'Institut et de la Revue de Géographie Alpine[11],[12],[3].

Germaine Veyret-Verner est membre du groupe de Grenoble de l'Association française des femmes diplômées des Universités[13],[14].

Travaux[modifier | modifier le code]

Germaine Veyret-Verner travaille tout d'abord sur les questions alpines en géographie régionale avant d'étendre ses réflexions à l'ensemble des territoires. Elle travaille ainsi sur les questions d'agriculture et d'industrie, avant de se spécialiser sur les questions de population, d'urbanisme, de tourisme et d'aménagement[2].

La géographie de la population, à la fois dans les Alpes et de manière générale, constitue une part importante de ses travaux. Elle analyse ainsi dans les Alpes l'exode rural qui paraît mener à l'abandon de la montagne; dans le monde, l'extraordinaire croissance de population qui suit la Seconde Guerre mondiale[2]. Elle crée un indice, l'indice de vitalité, qui met l'accent sur la composition de la population par tranches d'âges et la fécondité rectifiée[2].

Vue d'une télécabine au premier plan et du village enneigé au second
La station de Val-d'Isère

Germaine Veyret-Verner s'intéresse également à la question du tourisme dès 1956, où elle publie « Le tourisme au secours de la montagne : l'exemple de Val-d'Isère »[2]. En 1959, dans son article « La deuxième révolution économique et démographique des Alpes du Nord : les sports d'hiver. », elle théorise les liens entre tourisme de sport d'hiver et démographie des territoires de montagne : pour elle, le tourisme est moins une activité indépendante que le moyen de maintenir ou de rappeler en montagne les hommes qui la désertent, en leur assurant une vie décente[2].

Dans les années 1960, la croissance urbaine généralisée l'amène à s'intéresser à la géographie urbaine[2]. S'appuyant sur les exemples alpins, Germaine Veyret-Verner remet en cause l'idée d'une généralisation hâtive du phénomène et prend la défense des petites et moyennes villes contre un excès de métropolisation[2].

Ces réflexions l'amènent à s'impliquer dans les questions d'aménagement du territoire[2]. Elle s'investit ainsi dans l'organisation du IIe Congrès d’Économie Alpine, tenu à l'Institut de Géographie Alpine du 18 au 21 avril 1963, participe au Comité d'Expansion économique de l'Isère et au bureau du Comité régional, et prend une part active à la préparation des Ve et VIe plans en matière de tourisme[2]. L'article « Aménager les Alpes : Mythes et réalités » synthétise son apport théorique sur le sujet[15].

Vie familiale et fin de vie[modifier | modifier le code]

Germaine Veyret-Verner épouse en 1938 à Challes-les-Eaux[3] Paul Veyret, également géographe (1912-1988), doyen de la faculté des Lettres de Grenoble de 1963 à 1968, et directeur de l'Institut de Géographie alpine jusqu'au décès de son épouse[2]. Germaine Veyret-Verner est reconnue comme étant indissociable de toutes les réalisations associées aux mandats de son mari (construction de l'IGA, du campus de Saint-Martin d'Hères, rayonnement de la RGA)[2],[12], ayant apporté « le sens de l'organisation et de l'initiative qui leur a permis de mener à terme de grandes réalisations, cet art de la relation publique qui a tant contribué au rayonnement de la géographie grenobloise »[12].

Atteinte d'une affection cardiaque, elle meurt à 59 ans[2]. Elle est enterrée au cimetière de Saint-Thibaut-de-Couz[3].

Publications principales[modifier | modifier le code]

  • L'industrie des Alpes françaises, étude géographique, Grenoble, Arthaud, , 371 p.
  • Population. Mouvements, structures, répartition, Grenoble, Arthaud, , 266 p.
  • Grenoble et ses Alpes... (ill. Samivel), Grenoble, Arthaud, , 298 p.
  • Moyennes et petites villes des Alpes, Grenoble, Impr. Allier, , 131 p.
  • Au coeur de l'Europe, les Alpes, Paris, Flammarion, , 548 p.
  • Félix Germain, Paul Veyret et Germaine Veyret-Verner, Grenoble, capitale alpine, Grenoble, Arthaud, , 247 p.
  • Germaine Veyret-Verner et Paul Veyret, Les Grandes Alpes ensoleillées, Paris, Arthaud, , 131 p.
  • Germaine Veyret-Verner et Paul Veyret, Atlas et géographie des Alpes françaises, Genève-Paris, Famot - Flammarion, , 316 p.

Références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t et u Paul Veyret, « Germaine Veyret-Verner (1913-1973) », Revue de Géographie Alpine, vol. 62, no 1,‎ , p. 7–16 (DOI 10.3406/rga.1974.1354, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d et e Paul Silvestre, « Germaine Veyret-Verner (1913-1973) », Historiens et Géographes,‎
  4. a b et c Nicolas Ginsburger, « Portrait en groupe de femmes-géographes. La féminisation du champ disciplinaire au milieu du xxe siècle, entre effets de contexte et de structure (1938-1960): », Annales de géographie, vol. N° 713, no 1,‎ , p. 107–133 (ISSN 0003-4010, DOI 10.3917/ag.713.0107, lire en ligne, consulté le )
  5. a b c d e f g h et i (en) Elizabeth Baigent, André Reyes Novaes et Hugh Clout (auteur du chapitre), Geographers : biobibliographical studies. Volume 37, (ISBN 978-1-350-08551-0 et 1-350-08551-0, OCLC 1054627070, lire en ligne), chap. 5 (« Paul Veyret (1912-1988) and Germaine Veyret-Verner (1913-1973) »)
  6. a b c et d Yann Richard, Olivier Ninot et Jean Bastié, Dictionnaire biographique de géographes français du XXe siècle, aujourd'hui disparus, vol. Hors série, (ISBN 978-2-901560-83-8 et 2-901560-83-0, OCLC 863973866, lire en ligne), « Veyret-Verner (Germaine) »
  7. Raoul Blanchard, « Bulletin bibliographique des Alpes françaises pour 1947 », Revue de géographie alpine,‎ , p. 438
  8. Nicolas Ginsburger, « Le quart féminin des géographes : dynamiques et limites de la féminisation dans la géographie universitaire française et internationale (1928-1938) », Revue d’histoire des sciences humaines, no 29,‎ , p. 213–248 (ISSN 1622-468X, DOI 10.4000/rhsh.641, lire en ligne, consulté le )
  9. Catherine Gonguet-Mestre, « De la Revue de Géographie Alpine à l’International Journal of Mountain Research : des universitaires écrivent la montagne », Babel. Littératures plurielles, no 20,‎ , p. 130–146 (ISSN 1277-7897, DOI 10.4000/babel.668, lire en ligne, consulté le )
  10. Marie-Christine Fourny et Anne Sgard, Ces géographes qui écrivent les Alpes. Une relecture de la Revue de Géographie Alpine à travers le siècle, vol. 2007, Revue de géographie alpine, (ISBN 978-2-903095-53-6 et 2-903095-53-1, OCLC 494763380, lire en ligne), chap. 1 (« La montagne: objet scientifique ? Objet politique? »)
  11. a et b Jean Billet, « Madame Germaine Veyret-Verner (1913-1973) », Le Monde alpin et rhodanien. Revue régionale d’ethnologie, vol. 1, no 3,‎ , p. 161–161 (lire en ligne, consulté le )
  12. a b c et d « In memoriam. Paul Veyret (1912-1988) », Revue de Géographie Alpine, vol. 76, no 2,‎ , p. 110-112 (lire en ligne, consulté le )
  13. Jeanne Germain, « Germaine Veyret-Verner », Femmes Diplômées, vol. 89, no 1,‎ , p. 48–49 (lire en ligne, consulté le )
  14. « Rapport moral de la présidente », Femmes Diplômées, vol. 90, no 1,‎ , p. 91–102 (lire en ligne, consulté le )
  15. Germaine Veyret-Verner, « Aménager les Alpes : mythes et réalités », Revue de Géographie Alpine, vol. 59, no 1,‎ , p. 5–62 (DOI 10.3406/rga.1971.1211, lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Une bibliographie complète de Germaine Veyret-Verner est citée dans : Paul Veyret, « Germaine Veyret-Verner (1913-1973) », Revue de Géographie Alpine, vol. 62, no 1, 1974, p. 7–16, lire en ligne