Giovanni Leone — Wikipédia

Giovanni Leone
Illustration.
Giovanni Leone en 1976.
Fonctions
Sénateur à vie

(23 ans, 4 mois et 25 jours)
Législature VIIe, VIIIe, IXe, Xe, XIe,
XIIe, XIIIe et XIVe
Groupe politique Mixte

(4 ans, 4 mois et 2 jours)
Législature IVe et Ve
Groupe politique Mixte
Président de la République italienne

(6 ans, 5 mois et 17 jours)
Élection 24 décembre 1971
Président du Conseil Emilio Colombo
Giulio Andreotti
Mariano Rumor
Aldo Moro
Giulio Andreotti
Prédécesseur Giuseppe Saragat
Successeur Amintore Fanfani (intérim)
Sandro Pertini
Président du Conseil des ministres italien

(5 mois et 18 jours)
Président Giuseppe Saragat
Gouvernement Leone II
Législature Ve
Coalition DC
Prédécesseur Aldo Moro
Successeur Mariano Rumor

(5 mois et 13 jours)
Président Antonio Segni
Gouvernement Leone I
Législature IVe
Coalition DC
Prédécesseur Amintore Fanfani
Successeur Aldo Moro
Président de la Chambre des députés

(8 ans, 1 mois et 11 jours)
Législature IIe, IIIe et IVe
Prédécesseur Giovanni Gronchi
Successeur Brunetto Bucciarelli-Ducci
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Naples, Italie
Date de décès (à 93 ans)
Lieu de décès Rome, Italie
Nationalité Italienne
Parti politique Démocratie chrétienne
(1945-1994)
Indépendant
(1994-2001)
Conjoint Vittoria Michitto
Diplômé de Université Federico II
de Naples
Religion Catholicisme

Giovanni Leone
Président du Conseil des ministres d'Italie
Présidents de la République italienne

Giovanni Leone, né le à Naples et mort le à Rome, est un avocat, juriste et homme d'État italien, longtemps membre de la Démocratie chrétienne (DC) et président de la République italienne de 1971 à 1978.

Professeur de droit à partir de 1936, il entre en politique huit ans plus tard, en fréquentant activement les démocrates-chrétiens, qu'il rejoint ensuite. Membre de l'Assemblée constituante à partir de 1946, il concourt à la rédaction du texte préliminaire de la Constitution. Entre 1955 et 1963, il est président de la Chambre des députés, avant de diriger brièvement, à deux reprises non-consécutives, un gouvernement transitoire comme président du Conseil.

Nommé sénateur à vie par le président Giuseppe Saragat en 1967, il est élu, le , président de la République italienne, à l'issue de la plus longue élection présidentielle de l'histoire du pays, pour un mandat de sept ans. Il veille alors, durant sa présidence, à ce que la Constitution soit strictement respectée, s'en tenant toutefois à une attitude plutôt effacée tout au long de son septennat.

Soupçonné d'être impliqué dans l'affaire Lockheed, il se défend de toute compromission mais préfère démissionner le , quelques mois avant l'échéance naturelle de son mandat, retrouvant la fonction de sénateur à vie qu'il garde jusqu'à sa mort, en 2001.

Biographie[modifier | modifier le code]

Vie familiale et carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Fis d'un avocat napolitain originaire de Pomigliano d'Arco et comptant parmi les fondateurs du Parti populaire en Campanie, Giovanni Leone décide, dès ses jeunes années, de suivre l'exemple de son père dans le domaine juridique[1]. Âgé, en 1929, de vingt-et-un ans, il est déjà diplômé d'État en droit et en science politique. Deux ans plus tard, une fois son diplôme obtenu, Leone devient pour quelques mois le président de la section napolitaine de la Fédération des universitaires catholiques italiens, puis travaille à l'étude de l'avocat Enrico De Nicola.

Il complète son cursus universitaire en obtenant, en 1935, une licence libre en droit et en procédure pénale au sein de l'université de Camerino, deux ans après s'y être inscrit ; par la suite, il réussit brillamment lors d'un concours ouvert pour le professorat[2]. Entre 1935 et 1940, il enseigne à l'université de Messine, puis travaille, de 1940 à 1948, à l'université de Bari, où il rencontre Aldo Moro. Ses compétences juridiques reconnues par ses pairs lui valent de faire partie, en 1942, de la commission chargée de rédiger le Code de la navigation, pour lequel il a pu traiter, presque exclusivement, de la partie relative au droit pénal. Dans le même temps, il est enrôlé comme officier auxiliaire et juge au tribunal militaire de Naples ; à ce titre, il refuse, au mois de , d'approuver l'ordre d'exécution d'une quarantaine de prisonniers antifacistes détenus à la prison de Poggioreale, une action courageuse qui lui vaudra une reconnaissance officielle de l'État plusieurs décennies plus tard, en 1998[3].

En 1945, il rencontre Vittoria Michitto, fille d'un notable de Caserte, qu'il épouse quelques mois plus tard, le . De ce mariage naissent trois enfants, dont le deuxième meurt peu de temps après sa naissance[4].

Il poursuit une remarquable carrière d'avocat, défendant notamment Bruno Milanesi, soupçonné de haute trahison pour avoir vendu du matériel militaire inefficace et finalement acquitté grâce aux grands efforts de son conseil ; plusieurs années plus tard, il se fait l'avocat du démocrate-chrétien Bernardo Mattarella contre Danilo Dolci et Franco Alasia, tous deux jugés coupables de diffamation envers Mattarella après l'avoir soupçonné de collusion avec la mafia. Entre 1955 et 1965, il est l'avocat défenseur de quatre mafieux siciliens dans un procès intenté par Francesca Serio, la mère de Salvatore Carnevale (it), syndicaliste assassiné en 1955 par la mafia. Les accusés sont d'abord condamnés, puis absous en appel et en cassation[5].

Parallèlement à ses activités menées au barreau, Giovanni Leone poursuit sa carrière universitaire, comme enseignant à l'université de Naples - Frédéric-II de 1948 à 1956, puis à La Sapienza de Rome, de cette dernière date jusqu'à sa retraite d'enseignant, en 1972. Sa production universitaire est particulièrement abondante, Leone étant l'auteur de très nombreuses publications faisant encore autorité, dont un manuel de procédure pénale prisé par plusieurs générations d'étudiants, la dernière édition de ce manuel datant de 1985.

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Premières responsabilités[modifier | modifier le code]

Giovanni Leone, alors député, en 1963.

Afin de pouvoir exercer professeur à l'université, Leone a été contraint d'adhérer au Parti national fasciste. Après la Libération, en 1944, il rejoint les démocrates-chrétiens puis est désigné, moins d'un an plus tard, comme secrétaire politique de la section napolitaine du parti. Le , du fait des élections constituantes, il entame une longue carrière parlementaire en entrant à l'Assemblée constituante, au sein de laquelle il représente le collège électoral de Naples-Caserte ; sa réputation de brillant juriste l'amène à faire partie de la « Commissione dei 75 », organe parlementaire chargée des travaux préparatoires de la rédaction de la Constitution.

Après les élections générales du , Giovanni Leone devient, pour la première fois, député pour la circonscription de Naples-Caserte ; deux ans plus tard, le , il est élu vice-président de la Chambre avant d'être désigné rapporteur des modifications législatives du code procédure pénale, nouvelle version remplaçant un tiers du texte original qui reste en vigueur jusqu'en 1989.

Après l'élection, le , de Giovanni Gronchi à la présidence de la République, la présidence de la Chambre des députés est laissée vacante ; respecté par l'ensemble de ses collègues qui lui reconnaissent des qualités d'écoute et d'impartialité quand il devait, comme vice-président, présider certaines séances plénières, Giovanni Leone est conduit au « perchoir » de la chambre basse par 311 voix contre 213 pour le socialiste Ferdinando Targetti.

Fort d'un certain consensus, il est réélu trois ans plus tard, le , par 320 voix, puis le , par 346 voix contre 148 pour le communiste Girolamo Li Causi.

Président du Conseil[modifier | modifier le code]

Le , le président du Conseil Amintore Fanfani, figure de la Démocratie chrétienne, démissionne après les élections générales du , à l'issue desquelles la DC a perdu plusieurs sièges. Le secrétaire du parti, Aldo Moro, est alors pressenti pour lui succéder, mais l'opposition du bureau politique du Parti socialiste conduit celui-ci à renoncer.

Après une série de consultations, le chef de l'État Antonio Segni, soucieux de dénouer la crise au plus vite, confère à Leone, alors président de la Chambre des députés, la charge de former un gouvernement. Après plusieurs jours d'intenses tractations, Leone parvient finalement à constituer un gouvernement démocrate-chrétien, obtenant la promesse du soutien de trois partis — le Parti républicain italien, le Parti social-démocrate italien et le Parti socialiste italien. Le , le premier gouvernement Leone prête serment devant le président Segni, au palais du Quirinal.

La presse présente cet exécutif comme un « gouvernement balnéaire » (governo balneare), un cabinet tout à fait transitoire juste pour arriver à la session automnale du parlement et permettre ainsi la formation d'un nouveau gouvernement. C'est la première fois, depuis l'instauration de la République, que l'exécutif est dirigé par le président sortant de la Chambre des députés.

Président de la République[modifier | modifier le code]

Président de la République italienne de décembre 1971 à juin 1978, il démissionna de son poste six mois avant la fin de son mandat, à la suite des pressions du Parti communiste italien (PCI) en raison d'une campagne de presse virulente qui l'accusait de corruption. À partir de , il devient sénateur à vie en tant qu'ancien président de la République.

En 2005 son fils, Giancarlo Leone, a été nommé vice-directeur général de la chaîne publique italienne RAI.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (it) « Il Leone che conquistò Napoli », sur La Repubblica (consulté le ).
  2. « la biografia del Presidente Leone », sur presidenti.quirinale.it (consulté le ).
  3. Gazzetta Ufficiale, Serie Generale, n. 142, del 20 giugno 1998
  4. Ritratto di Vittoria Leone sul Corriere della Sera del 10 novembre 2001
  5. (it) « Rubriche 3 febbraio 1965 Omicidio Carnevale, la Cassazione conferma le assoluzioni », sur ilmessaggero.it, (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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