Giuseppe Pinelli — Wikipédia

Giuseppe Pinelli
Image illustrative de l’article Giuseppe Pinelli

Surnom Pino
Naissance
Milan
Décès (à 41 ans)
Milan
Origine Italie
Type de militance partisan dans les Brigades Bruzzi Malatesta pendant la Résistance
animateur du Cercle anarchiste Ponte della Ghisolfa
Cause défendue libertaire
antifascisme

Giuseppe Pinelli (Milan, - id. ) est un cheminot et militant anarchiste italien, membre du cercle anarchiste Pont Ghisolfa et pendant la Résistance, compte tenu de son jeune âge, estafette dans les brigades Bruzzi Malatesta.

Il meurt le , tombant d'une fenêtre du poste de police de Milan où il est détenu pour interrogatoire à la suite de l'explosion d'une bombe sur la Piazza Fontana le , un événement connu sous le nom du massacre de la piazza Fontana.

Les circonstances de sa mort, officiellement attribuée à un malaise, éveillent les soupçons en raison du climat politique tout à fait exceptionnel régnant à Milan à la suite de l'attentat.

Une partie de l'opinion soupçonne que Pinelli a pu être assassiné par des policiers. Toutefois, l'enquête conclue en 1975 par le juge d'instruction Gerardo D'Ambrosio exclut la possibilité d'un assassinat.

Durant ce que l'on appelle les années de plomb, marquées par la stratégie de la tension, l'affaire a suscité une longue controverse politique et judiciaire, tant de la part de ceux qui soutiennent l'idée d'un assassinat que du point de vue des autorités.

Les faits[modifier | modifier le code]

Giuseppe Pinelli à Gênes en 1955.

La nuit suivant l'attentat de la Piazza Fontana la police arrête 84 anarchistes, dont Pinelli. Trois jours après, alors que vient d'être arrêté Pietro Valpreda, considéré comme son complice, Pinelli se trouve à la préfecture de police, soumis à un interrogatoire de la part de Marcello Guida, du commissaire Luigi Calabresi et de quelques sous-officiers. Selon la version officielle, Pinelli se serait jeté de la fenêtre du quatrième étage et en mourut. Sa mort fut déclarée comme étant un suicide. Le motif de son geste aurait été les déclarations mises à sa charge, qui auraient démontré son implication dans l'attentat.

La détention de Pinelli était illégale parce qu'il fut retenu trop longtemps à la préfecture : elle n'aurait pas dû se prolonger plus de deux jours. Le (date de sa mort), il aurait dû se trouver, soit remis en liberté, soit en prison.

Selon certaines versions policières, jamais confirmées, Pinelli, en tombant, aurait crié la phrase désormais célèbre :

« È la fine dell'anarchia ! »[1]

Le contexte[modifier | modifier le code]

Giuseppe Pinelli.

Après Mai 1968 en France, 1969 fut l'année de la contestation de la jeunesse italienne. De nombreuses organisations politiques aux orientations très diverses entrèrent en activité, essentiellement dans le nord de l'Italie. Elles étaient opposées entre elles et hostiles à l'État et aux partis politiques traditionnels.

Du combat idéologique on passait souvent à l'affrontement physique, aux combats de rue contre les forces de l'ordre qui donnaient parfois naissance à de la guérilla urbaine. Il y eut notamment les échauffourées de Valle Giulia à Rome : les étudiants chargèrent pour la première fois les forces de l’ordre.

En novembre 1966, déjà militant anarchiste, il soutenait Gennaro De Miranda, Umberto Tiboni, Gunilla Hunger, Tella et les autres compagnons « aux cheveux longs » pour imprimer les premières copies de la revue Mondo Beat dans la section « Sacco et Vanzetti » de la rue Murilio à Milan.

La mort de Pinelli suivait de quelques jours l'attentat de la piazza Fontana (). Selon une partie du opinion publique[2], Pinelli a été assassiné et l'enquête a été baclée ou menée à charges. Une nouvelle enquête, menée en 1975 par le juge Gerardo D'Ambrosio, a écarté l'hypothèse de l'assassinat, considérée comme absolument inconsistante[2].

Le cas a suscité une polémique politique empreinte d'une forte animosité tant de la part de ceux qui soutiennent la thèse de l'homicide, que de la part des autorités. Il est difficile d'isoler cette polémique de celles relatives, entre autres, au carnage de la piazza Fontana, à la stratégie de la tension, au terrorisme d'État, à la répression des cercles anarchistes italiens et à l'assassinat du commissaire Luigi Calabresi.

Enquêtes du président Biotti sur la mort[modifier | modifier le code]

À la mort de Giuseppe Pinelli ouvert une enquête initiale qui a conduit à l'essai[Quoi ?], qui a débuté le , dont il présidait juge d'administration[Quoi ?] Carlo Biotti[3],[4],[5]. Audition des témoins par Biotti sur la mort de Pinelli présenté quelques divergences qui ont incité le ministère public de rouvrir le dossier Pinelli envoi d'une « alerte de crime » aux témoins et aux Calabresi[Quoi ?][6].

Sur ce processus Francesco Leonetti a réalisé le documentaire Processus politique, avec le Arnaldo Pomodoro aider et une photo de Carla Cerati[7].

Le président Carlo Biotti a ordonné l'exhumation du cadavre Pinelli et son autopsie[8], continue sur sa décision de renoncer à son salaire et un potentiel intérêt personnel[Quoi ?][9], peu de temps après il a été incroyablement contestée devant[Quoi ?][10], puis suspendu à chaque fonction[Quoi ?], et enfin dans un court laps de temps accusé à tort de divulgation verbale de secrets officiels (prétendant qu'il avait déjà communiqué à d'autres sa croyance de jugement)[Quoi ?], d'abord avec des procédures disciplinaires, puis avec un procès pénal[11], elle[Qui ?] a démissionné de bureau, de commencer le processus d'abord[Quoi ?], puis la sanction disciplinaire[12] qui a duré sept ans. « Un petit épisode est révélateur du climat de ces jours : Biotti allé au cinéma et reconnue par le public, a été très applaudi » pendant vingt minutes à partir de tous les spectateurs se levèrent[Quoi ?][13]. Le magistrat sera portée dans le dock[Quoi ?] à Florence et il sera demandé pour lui, en plus de la suspension de la retraite de dix-huit mois d'emprisonnement[14]. Biotti a continué pendant des années d'une longue bataille juridique qui l'a acquitté de toutes les accusations dans tous les tribunaux, en pleine formule[Quoi ?][15]. Les vieilles accusations, alors complètement réfutées, né sans aucun soutien de la preuve[Quoi ?] [16], ont été la révélation de secret et ont prévu, dans un entretien privé, sa conviction déjà déterminée sur le jugement que le Président Biotti donnerait confiance en l'avocat Michele Lener, il avait toujours refusé par le juge Biotti[Quoi ?]. Le soutien de poursuites était crucial comme preuve après une audience[Quoi ?], le président Biotti serré la main à un défendeur, Pio Baldelli (avertissement qui manquer la prochaine audience[Quoi ?] et le président Biotti "utilise toujours secouer main à ceux qui le lui a donné"[Quoi ?])[17].

Les indices sur la mort[modifier | modifier le code]

Reconstitution de la mort de Giuseppe Pinelli.

On ouvrit une enquête sur la mort de Giuseppe Pinelli. Le commissaire Calabresi soutenait ne pas être présent au moment de la chute, version confirmée par l'enquête de la magistrature, conduite par Gerardo D'Ambrosio, et par trois agents, mais contestée par un anarchiste présent dans les locaux, détenu dans une cellule voisine. La police affirma que Pinelli s'était suicidé parce qu'il avait été démontré son implication dans l'attentat, version sans plus aucun fondement. Les résultats de l'enquête sur la mort de Giuseppe Pinelli furent rendus publics en . Le juge d'Ambrosio écrivait dans son jugement : « L'instruction conclut indubitablement que le commissaire Calabresi n'était pas dans son bureau au moment de la mort de Pinelli. »[2] Le commissaire fut malgré tout l'objet d'une violente campagne dans la presse et assassiné en mai 1972[2]. Le jugement de d'Ambrosio fit date dans l'histoire surtout pour l'explication donnée pour la cause de la mort de Giuseppe Pinelli : ni un suicide, ni un homicide mais un malaise – au fil du temps les médias parlent de un « malaise actif »[18] – qui aurait provoqué un bond involontaire de Giuseppe Pinelli par la fenêtre de la préfecture.

La thèse de l'homicide[modifier | modifier le code]

Les faits étranges liés à la mort de Giuseppe Pinelli pousseront beaucoup de monde à parler, toujours plus ouvertement, d'homicide : il aurait été défenestré.

Les suspects[modifier | modifier le code]

Les motivations[modifier | modifier le code]

La première raison pour croire en la thèse de l'homicide serait l'incohérence de l'intention de se suicider avec le caractère de Giuseppe Pinelli: ceux qui le connaissaient soutiennent que la décision de se suicider était impensable pour la victime. Selon ces sources, Pinelli n'aurait jamais pris en considération l'hypothèse du suicide, ni même confronté au risque d'une condamnation à perpétuité pour attentat. Au moment de la mort, la condamnation n'était de toute façon pas envisagée, du fait du manque de preuves.

Les doutes sur la version officielle[modifier | modifier le code]

Les diffamations sur les personnes convoquées[modifier | modifier le code]

La seconde autopsie[modifier | modifier le code]

Autour de Pinelli[modifier | modifier le code]

Tombe de Pinelli.

La figure de Pinelli a été prise, dans les milieux anarchistes, comme un symbole de l'opposition au pouvoir constitué en général et au pouvoir policier en particulier.

Musique[modifier | modifier le code]

Diverses chansons ont été composées sur Pinelli, comme La Ballade de l'anarchiste Pinelli (titre original La ballata per anarchico Pinelli), écrite par G. Barozzi, F. Lazzarini, U. Zavanella, trois jeunes anarchistes mantouans, le soir même des funérailles, puis révisée et mise en musique par Joe Fallisi en 1970. Elle a, par la suite, été reprise par de nombreux chanteurs italiens ainsi que le groupe français Les Amis d'ta femme.

En février 1970, le chanteur Franco Trincale composa un Lamento en hommage à la mort de Pinelli, qui est devenu très populaire et a été repris dans plusieurs albums de cet artiste.

Ballata per l'anarchico Pinelli:

Quella sera a Milano era caldo

ma che caldo, che caldo faceva,

"Brigadiere, apri un po' la finestra!",

una spinta ... e Pinelli va giú.

"Sor questore, io gliel'ho giá detto,

le ripeto che sono innocente,

anarchia non vuol dire bombe,

ma uguaglianza nella libertá".

"Poche storie, confessa, Pinelli,

il tuo amico Valpreda ha parlato,

é l'autore di questo attentato

ed il complice certo sei tu".

"Impossibile!", grida Pinelli,

"Un compagno non puó averlo fatto

e l'autore di questo delitto

fra i padroni bisogna cercar".

"Stai attento, indiziato Pinelli,

questa stanza é giá piena di fumo,

se tu insisti, apriam la finestra,

quattro piani son duri da far".

C'e' una bara e tremila compagni,

stringevamo le nostre bandiere,

quella sera l'abbiamo giurato,

non finisce di certo cosí.

E tu Guida, e tu Calabresi,

se un compagno é stato ammazzato,

per coprire una strage di Stato,

questa lotta piú dura sará.

Quella sera a Milano era caldo

ma che caldo, che caldo faceva,

"Brigadiere, apri un po' la finestra!",

una spinta ... e Pinelli va giú.

Traduction :

Ce soir il faisait chaud à Milan

Si Chaud, il faisait tellement chaud.

"Brigadier, ouvrez la fenêtre!"

Une bousculade ... et Pinelli est tombé.

"Monsieur le commissaire, je vous l'ai déjà dit,

Je vous répète que je suis innocent,

L'anarchie ça ne veut pas dire les bombes,

mais l'égalité dans la liberté".

"Plus de fumisterie : confesse toi Pinelli !

Ton ami Valpreda a parlé,

Il est l'auteur de cet attentat,

et tu en es le complice !".

"Impossible!", S'écrit Pinelli.

"Un camarade n'aurait pas pu faire ça,

et l'auteur de ce crime

est à chercher parmi les puissants".

"Regarde, suspect Pinelli

Cette pièce est déjà pleine de fumée,

Si tu insistes, nous ouvrirons la fenêtre.

Et 4 étages, ça fait haut".

Il y a un cercueil et 3000 camarades,

Nous serrions fort nos drapeaux,

Cette nuit nous avons juré,

Que nous n'en resterons pas là.

Et toi Guida, toi Calabresi,

Si un camarade était tué

Pour couvrir un massacre d'Etat,

Ce combat n'en sera que plus dur.

Ce soir il faisait chaud à Milan,

Si chaud, il faisait tellement chaud.

"Brigadier, ouvrez la fenêtre!"

Une bousculade, Pinelli est tombé.

Théâtre[modifier | modifier le code]

Peinture[modifier | modifier le code]

L'œuvre picturale d'Enrico Baj, qui devait être exposée à Milan le même jour que l'homicide Calabresi, intitulée I Funerali di Pinelli[20], s'inspire, elle aussi de ces événements.

Audiovisuel[modifier | modifier le code]

Littérature et journalisme[modifier | modifier le code]

  • Pinelli. La finestra sulla strage (Pinelli. La fenêtre sur le massacre), de Camilla Cederna, journaliste de renom, qui s'occupa longtemps de l’affaire Pinelli. Édité en 1971 et republié en 2004.
  • Il Ferroviere (le cheminot) par Riccardo Mannerini un poète anarchiste génois.
  • La notte che Pinelli, d’Adriano Sofri (Sellerio Editore, 2009) : récit des événements relatifs à la mort de Giuseppe Pinelli (trad. fr. : Les ailes de plomb, éditions Verdier, 2010).
  • Gli anni della peggio gioventù (Les années de la pire jeunesse) de Giampierro Mughini, journaliste italien, publié Mondadori Editore, 2009.
  • Luciano Lanza, La ténébreuse affaire de la piazza Fontana, éditions CNT-Région parisienne, 2005, (ISBN 2-915731-03-9).
  • Simonetta Greggio, Dolce vita 1959-1979, Stock, 2010, extrait en ligne.
  • (it) Gabriele Fuga, Enrico Maltini, Pinelli : la finestra è ancora aperta, Colibri, Milan, 2016, 271 pages.

La question de la plaque[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative (12 décembre 2007).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « C'est la fin de l'anarchie ! »
  2. a b c et d (it) Indro Montanelli e Mario Cervi, L'Italia degli anni di piombo, Milano, Rizzoli, 1991.
  3. Camilla Cederna, Pinelli. Una finestra sulla strage, pagina 110
  4. Panorama, Edizioni 498-506, Mondadori, 1975
  5. Adalberto Baldoni, Sandro Provvisionato, Anni di piombo, Sperling & Kupfer, 2009
  6. Appunti per un glossario della recente storia nazionale (Sen. Athos De Luca) in Commissione parlamentare d'inchiesta sul terrorismo in Italia e sulle cause della mancata individuazione dei responsabili delle stragi, Doc. XXIII n. 64 Volume Primo Tomo IV.
  7. Cinema in La meglio gioventù Accadde in Italia 1965-1975 (Diario 5 Dic. 2003, Anno II, n. 5).
  8. Giornalismo Italiano di Franco Contorbia, Mondadori 2009.
  9. "Altro rinvio per la perizia su Pinelli...posizione del CSM sul caso Biotti" (D'autres se réfèrent à l'expertise de Pinelli... position de CSM sur le cas Biotti) L'Unità, Le 19 juin 1971
  10. Giovanni De Luna, « Le ragioni di un decennio. 1969-1979. Militanza, violenza, sconfitta, memoria », la ricusazione venne accolta il giorno 27 maggio 1971.
  11. Le fait est rapporté par Il Giornale, le 11 septembre 1977. Le président Biotti, sept ans plus tard, a été acquitté en pleine formule prévue au premier et au deuxième degré et de la condamnation a été confirmée[Quoi ?] en juin de la même année, la Cour suprême, environ deux mois après l'acquittement, il a subi un arrêt cardiaque sur la jetée Alassio[Quoi ?].
  12. « Procédure pénale contre le juge Biotti, omission d'actes officiels, le magistrat ne regardaient une audience pour discuter d'une question de procédure soulevée par l'avocat Lener, l'auteur de l'instance de récusation », Corriere della Sera du mercredi 28 juillet 1971.
  13. Aldo Gianulli, "a inchiostro", Bur Rizzoli, 2013.
  14. "Le magistrat sur le banc des accusés à Florence, au procès, l'accusation a demandé 18 mois" Corriere della Sera, le 15 novembre, 1974
  15. Camilla Cederna, "Pinelli. Una finestra sulla strage"
  16. Epoca, Vol. 22, « L'istanza con cui l'Avvocato Michele ha ottenuto la ricusazione del Presidente Biotti conferma la grave crisi della giustizia: la politicizzazione della magistratura trasforma ormai molti processi in un gioco d'azzardo », (« Le cas où l'avocat Michele a obtenu la récusation du président Biotti confirme la grave crise de la justice: la politisation de la magistrature a transformé de nombreux processus dans un jeu de hasard »), 1971.
  17. "Pinelli. Una finestra sulla strage" di Camilla Cederna
  18. (it) « D’Ambrosio, da Pinelli a Mani pulite l’uomo che indagò sulla nostra storia », sur Corriere della Sera (consulté le ).
  19. Éditions Pierre-Jean Oswald.
  20. Voir en ligne.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]