Jean Colonna d'Ornano — Wikipédia

Jean Colonna d'Ornano
Jean Colonna d'Ornano
Timbre émis en Algérie en 1951

Naissance
Alger, France
Décès (à 45 ans)
Mourzouq, Libye
Mort au combat
Allégeance Armée française de la Libération
Arme Compagnies méharistes
Unité Tirailleurs sénégalais
Grade Lieutenant-colonel
Années de service
Commandement Commandant militaire des territoires du Tchad
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Syrie, Sénégal, Mauritanie, Sahara, Soudan

Jean Colonna d'Ornano, né le à Alger et mort le à Mourzouq, est un militaire français, compagnon de la Libération.

Cet officier français se distingua au cours de la Première Guerre mondiale. Il appuie, en , le ralliement du Tchad à la France libre par le gouverneur Félix Éboué et, en janvier 1941 accomplit sous les ordres du colonel Leclerc un raid, à la tête de neuf hommes du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad, qui le mena jusqu'à Mourzouq où il est mortellement blessé durant le combat.

Première Guerre mondiale et entre-deux-guerres[modifier | modifier le code]

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

À 19 ans, à la déclaration de la Première Guerre mondiale, il s’engage au 1er régiment de spahis à Médéah (Algérie), et rejoint le front après avoir été muté au 6e bataillon de tirailleurs sénégalais et nommé sergent[1].

Il obtient sa première citation le au cours d’une contre-attaque qu’il mène à la tête de sa section. Six mois après, il est à nouveau cité et le il est nommé sous-lieutenant.

Moyen-Orient et Afrique[modifier | modifier le code]

Dès 1920, le lieutenant Colonna d’Ornano part en Syrie, et, une fois de plus, il est cité pour son action dans la région de Mersine. Deux ans après, il est au Sénégal où il reste très peu de temps, car il va exercer pendant deux ans ses fonctions dans le désert mauritanien.

Le , il est nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Le méhariste administrateur[modifier | modifier le code]

Les longues randonnées dans le désert, les rencontres avec les populations nomades, le commandement de ses hommes lui font prendre conscience de l’ampleur de sa mission et de son caractère noble. Il va suivre un cours aux «Affaires indigènes ». Il retourne de 1925 à 1927 au Sahara où il prend le commandement de la compagnie méhariste de la Saoura. Le , il est nommé capitaine et affecté au Soudan. En 1930, il dirige le cercle militaire de Nema Oualata à la frontière sud de la Mauritanie. Il allie alors ses fonctions militaires aux fonctions civiles des commandants de cercle. Il commande également pendant deux ans la 7e compagnie du 2e régiment de tirailleurs sénégalais.

De 1932 à 1936, le capitaine Colonna d’Ornano appartient aux Affaires indigènes du Maroc et il est affecté dans les confins du Sud, où la pacification n’est pas complètement achevée. Il est volontaire pour prendre le commandement d’une harka, et en février et les résultats des opérations qu’il mène lui valent encore une citation à l’ordre de l’armée.

Chef de bataillon[modifier | modifier le code]

Le , il est nommé chef de bataillon et quelques mois plus tard, il est désigné pour servir en Afrique-Équatoriale française (AEF).

En , il arrive au Tchad, prend le commandement du groupe III du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) et dirige le département du Borkou-Ennedi-Tibesti (BET) avec son PC à Faya-Largeau.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Engagement dans la France libre[modifier | modifier le code]

La débâcle de le surprend à Brazzaville en instance d’embarquement. Il n’admet pas l’idée de la défaite et de l’abandon. Il adhère sans hésiter à l’Appel du général de Gaulle. Il répond le à la demande du colonel Edgard de Larminat : il se rend à Lagos, où il retrouve Leclerc, Hettier de Boislambert et Pleven, arrivés d’Angleterre.

Le , accompagné de Pleven, il atterrit à Fort-Lamy où le gouverneur Félix Éboué proclame le rattachement du Tchad à la France libre. Au même moment, Leclerc et Hettier de Boislambert débarquent à Douala et apportent la contribution du Cameroun au grand mouvement libérateur de l’Afrique.

Avec le grade de lieutenant-colonel, Colonna d’Ornano devient l’adjoint du chef de corps du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad.

Le combat[modifier | modifier le code]

Les troupes italiennes, alliées des Allemands, sont en Libye, au nord du Tchad.

Le , le colonel Leclerc est nommé commandant militaire du Tchad et chef de corps du RTST. Il trouve, chez son adjoint d'Ornano, un méhariste confirmé qu’il ne manquera pas d’écouter. Il lui laissera la direction complète de ce raid sur Mourzouq dont il a préparé la participation française. En effet, le colonel Ralph A. Bagnold a tenu parole. Quand le Leclerc et d’Ornano atterrissent à Zouar, la patrouille du Long Range Desert Group aux ordres du major Clayton (en) a déjà commencé la traversée du désert libyen d’Égypte vers le Tibesti. Au nord d’Aozou, à Kayougue, le , les chameaux transportant l’essence et l’eau nécessaires à l’opération sont à pied d’œuvre avec trois officiers (d'Ornano, Massu et Eggenspiller), deux sous-officiers et cinq goumiers[2]. Ce sont 25 voitures (camionnettes non blindées, découvertes, équipées de pneus basse pression et de compas solaires pour la navigation) qui sont au rendez-vous.

Mort au champ d'honneur[modifier | modifier le code]

Le , le lieutenant-colonel Colonna d'Ornano reçoit du général Leclerc l'ordre de se porter sur Mourzouq[3],[4]. Un raid est organisé avec le Long Range Desert Group. Dans la voiture du major Clayton, le , d’Ornano est mortellement touché par une rafale de mitrailleuse en attaquant le terrain d’aviation de Mourzouk. Il se fait littéralement couper en deux par une rafale de mitrailleuse italienne en convoyant un prisonnier italien, lui aussi tué. Lors de ce combat, le capitaine Jacques Massu est blessé à la jambe. D'Ornano sera inhumé près du poste de Mourzouk, dans la palmeraie.

Sépulture[modifier | modifier le code]

Le (au début de la campagne de Tunisie), à Mourzouk, l'armée française libre prend tout de même le temps de faire une solennelle prise d’armes devant sa sépulture. Les Italiens, dans un geste noble, lui ont édifié une tombe décente dans leur cimetière militaire. À l'issue d'une prise d'armes, une croix de Lorraine garnie de fleurs est déposée sur la tombe du colonel d’Ornano, accompagnée du message suivant : « Le général Leclerc, les troupes en opérations, la population militaire et civile du Tchad. À la mémoire du colonel d’Ornano, cette humble croix de Lorraine faite avec des fleurs du Tchad. Signé : colonel Ingold, intendant Dupin, commandant Bonnafe ».

Sa famille fera exhumer les restes mortels. Il repose maintenant dans la chapelle familiale du « Canicciu » à Ajaccio (Cimetière marin).

Épilogue[modifier | modifier le code]

L'opération sur Mourzouk fut pleinement réussie[réf. nécessaire] : le hangar et 3 avions incendiés, l'organisation radio détruite. Les Italiens ont eu neuf tués dont le Commandant du Poste et ont avoué dix blessés. Le 12, le poste de Gatroun fut attaqué le 13 et en même temps un djich à chameau fut mené par les méharistes du Tibesti (Capitaine Sarazac) sur le poste de Tedjeri.

Collaborations scientifiques[modifier | modifier le code]

Le lieutenant Jean Colonna d'Ornano a collaboré avec le Docteur Maire (botaniste) de la Faculté des Sciences d'Alger. Le Docteur Maire est l'auteur, entre autres, d'une flore d'Afrique du Nord.

Fragment d'une lettre du Lieutenant d'Ornano adressée le au Dr Maire à l'Herbier d'Alger (trouvée à l'Herbier de Montpellier avec un rameau d'olivier de Laperrine)

Hommages[modifier | modifier le code]

Décorations[modifier | modifier le code]

Lieux nommés[modifier | modifier le code]

Plaque de rue de la voie parisienne.

Autres hommages[modifier | modifier le code]

  • Un réseau de résistance : le « maillon d’Ornano » à Gap, en hommage au lieutenant-colonel Jean Colonna d'Ornano tombé en Libye en janvier 1941 lors du raid sur Mourzouk, lancé par le colonel Leclerc Réseau de résistance.

Sources[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. op. cit. Site France-Libre
  2. Jean-Noël Vincent, Les Forces françaises libres en Afrique, 1940-1943, Ministère de la défense, Etat-major de l'Armée de terre, Service historique, (ISBN 978-2-86323-017-6, lire en ligne), p. 241
  3. op. cit. Destrem 1984, p. 119-120
  4. Free French' camel troops raid italians sur le Chicago Tribune du 29 janvier 1941

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Maja Destrem, L’aventure de Leclerc, Paris, Fayard, , 447 p., 14,5 x 23,5 (ISBN 2-213-01419-1)
  • Raymond Dronne (préf. éditeur), Leclerc et le serment de Koufra, Paris, Editions J’ai lu, coll. « J’ai lu leur aventure / A239 », , 321 p., poche
  • Michel Marie d'Ornano, Les Ornano : un lignage féodal corse dans l'Histoire de France, Ajaccio, Albiana, 2009, 456 p.

Sites internet[modifier | modifier le code]

Légende : Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Lien externe[modifier | modifier le code]