Le Charme discret de la bourgeoisie — Wikipédia

Le Charme discret de la bourgeoisie

Réalisation Luis Buñuel
Scénario Luis Buñuel
Jean-Claude Carrière
Acteurs principaux
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Drapeau de l'Espagne Espagne
Genre Comédie surréaliste
Durée 102 minutes
Sortie 1972

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Charme discret de la bourgeoisie est un film français réalisé et coécrit par Luis Buñuel, sorti en 1972. Comédie surréaliste, le film suit un groupe de bourgeois qui tentent de dîner paisiblement, mais sont interrompus par des situations de plus en plus absurdes.

Coproduction franco-italo-espagnole, le long métrage est récompensé par l'Oscar du meilleur film international en 1973.

Synopsis[modifier | modifier le code]

Trois amis, bourgeois, impliqués dans un trafic d'héroïne grâce à la valise diplomatique de Rafael Dacosta, essaient de se réunir pour un repas, mais divers obstacles les en empêchent : la première fois, les invités se sont trompés de jour ; la deuxième, les invitants sont partis dans le jardin et reviennent trop tard ; puis des officiers en manœuvres qui viennent participer au repas ; interviennent ensuite des policiers qui arrêtent les trois amis et leurs épouses, mais sont contraints de les relâcher par le ministre de l'Intérieur.

Le film est ponctué par plusieurs scènes oniriques qui se révèlent seulement a posteriori comme telles, ainsi que par le récit d'un rêve par un militaire, à un moment tout à fait incongru. Dans une autres scène curieuse, un jeune officier aborde les trois femmes dans un salon de thé pour leur raconter un épisode (en partie onirique) de son enfance[1].

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

  • Fernando Rey : Rafael Dacosta, ambassadeur de la république de Miranda, amant de Simone
  • Maria Gabriella Maione : la militante qui cherche à assassiner Rafael et est enlevée par ses hommes de mains

Production[modifier | modifier le code]

Préproduction[modifier | modifier le code]

Buñuel, attiré par les actions et les paroles qui se répètent, cherchait un sujet sur cette thématique. Il partit pour cela d'une anecdote arrivée à son producteur, Serge Silberman, qui devint la première scène du film, et qu'il développa en imaginant diverses situations où un groupe d'amis cherche à dîner ensemble sans y parvenir[1].

Pour Buñuel, « il existe une habitude surréaliste du titre qui consiste à trouver un mot ou un groupe de mots inattendus qui donnent une vision nouvelle d'un tableau ou d'un livre[2]. » « En travaillant sur le scénario, nous n'avions jamais pensé à la bourgeoisie. Le dernier soir […] nous décidâmes de trouver un titre[2]. » Parmi les titres proposés, Le Charme de la Bourgeoisie fut retenu et, après que Jean-Claude Carrière a fait remarquer qu'il manquait un adjectif, « entre mille discret fut choisi »[2].

Tournage[modifier | modifier le code]

Le tournage s'est déroulé en région parisienne et notamment dans les Yvelines. La maison du couple Sénéchal se trouve à Clairefontaine-en-Yvelines, rue de Rochefort (villa La Chenaie)[3]. L'auberge au début du film est l'ancienne auberge de la Sabretache, à Louveciennes et en bordure du domaine national de Marly-le-Roi. La ferme où l'évêque donne l'extrême-onction est La Fillolière à Choisel.

Les scènes où les six personnages principaux marchent sur une route déserte ont été tournées sur la D40 à Boullay-les-Troux dans l'Essonne.

Rafael Dacosta vit au 2, rue de Franqueville, dans le 16e arrondissement de Paris.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Analyse[modifier | modifier le code]

Pour Buñuel, il lui « semblait qu'avec ce titre, Le Charme discret de la bourgeoisie, le film prenait une autre forme et presque un autre fond. On le regardait différemment[2]. »

Les conventions du cinéma sont elles-mêmes remises en cause, quand les acteurs-convives découvrent qu'ils sont au milieu d'une scène de théâtre[4].

Comme dans la plupart des films de Buñuel s'intéressant au sujet de la bourgeoisie, l’attaque faite à la culture bourgeoise dénonce des pratiques et des comportements sans dénoncer pour autant les fondements de la domination bourgeoise dans la société en général. Vue de l'intérieur, et sans mise en perspective, la bourgeoisie n'est pas confrontée aux autres classes[5], ce qui n'empêche pas un point de vue acerbe du réalisateur sur les us et coutumes de ce petit monde.

Le cinéaste Jean-Pierre Mocky apprécie le film. Dans une interview sur sa « cinémathèque imaginaire » donnée à la bibliothèque du film en 1999, il dit de Luis Buñuel : « En dehors de ses courts métrages, il n’a fait que deux films formidables Los Olvidados et, dans sa seconde période, Le Charme discret de la bourgeoisie. Dans ce film, Buñuel est devenu un des Marx Brothers. Toutes les scènes sont très bizarres[6]. »

Dans ses mémoires, Buñuel déclare : « […] je fus particulièrement satisfait de pouvoir donner dans ce film ma recette du dry-martini[2]. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Luis Buñuel, Mon dernier soupir, 1982, pages 305-307.
  2. a b c d et e Luis Buñuel, Mon dernier soupir, 1982, page 306.
  3. Le panneau à 14 min 12 se trouve à l'angle de la rue de Rochefort et de la route de Saint-Arnoult.
  4. Gérard Pauline 2010, p. 65.
  5. Gérard Pauline 2010, p. 60-61.
  6. Véronique Rossignol, « Jean-Pierre Mocky », La Bibliothèque du film,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]