Le Libertaire — Wikipédia

Le Libertaire (1858-1861)
Image illustrative de l’article Le Libertaire

Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Langue Français
Périodicité Irrégulière
Genre Presse écrite
Presse anarchiste
Prix au numéro 1 sou, puis 5 cents
Date de fondation
Date du dernier numéro 1861
Ville d’édition New York

Le Libertaire (1892)
Image illustrative de l’article Le Libertaire

Pays Algérie française
Langue Français
Périodicité irrégulière
Genre Presse écrite
Presse anarchiste
Fondateur Jean Faure
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Alger

Le Libertaire (1893-1894)
Image illustrative de l’article Le Libertaire

Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Langue Français
Périodicité Bimensuelle
Genre Presse écrite
Presse anarchiste
Fondateur Henri Willems
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Bruxelles

Le Libertaire (1895-)
Image illustrative de l’article Le Libertaire

Pays Drapeau de la France France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire
Genre Presse écrite
Presse anarchiste
Fondateur Sébastien Faure
Date de fondation
Ville d’édition Paris
Marseille
Paris

Le Libertaire est un journal anarchiste fondé à New York en 1858 par Joseph Déjacque. Le titre disparaît en 1861. Il reparaît en 1892 à Alger, puis de 1893 à 1894 à Saint-Josse-ten-Noode, en Belgique[1]. Le , Sébastien Faure et Louise Michel lancent en France Le Libertaire, hebdomadaire qui deviendra l'un des titres principaux de la presse anarchiste de l'époque avec Les Temps nouveaux et La Sociale[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Libertaire (New York 1858-1861)[modifier | modifier le code]

Le Libertaire (1858-1861)

Le premier numéro du journal Le Libertaire parait à New York le . Son unique animateur est Joseph Déjacque, écrivain et journaliste anarchiste.

Il est poursuivi en France pour « excitations à la haine et au mépris du gouvernement de la République, à la haine et au mépris des citoyens les uns contre les autres, enfin l'apologie de faits qualifiés de crimes par la loi pénale » par le gouvernement de Louis-Napoléon Bonaparte. La Cour d'assises de la Seine prononce le la destruction de son recueil de poésies, Les Lazaréennes, fables et poésies sociales, et le condamne à deux ans de prison et 2 000 francs d'amende[3]. Pour échapper à cette condamnation, il se réfugie d'abord à Bruxelles, puis à Londres, avant de rejoindre Jersey et enfin les États-Unis[4], où il est réfugié à partir de 1854.

Républicain socialiste, brisé par les massacres de juin 1848, Joseph Déjacque ne tarde pas à radicaliser ses positions et à rejeter toute forme d'autorité, d'exploitation et de privilège économique. Dans La Question révolutionnaire, ouvrage publié en 1854, il attaque la religion, la famille, la propriété, le gouvernement, et s'efforce de démontrer leurs « effets dévastateurs »[4].

Le Libertaire, journal du mouvement social, lui permet d'exposer ce qu'il considère comme la « vraie anarchie », l'« anarchie radicale » fondée sur la « liberté absolue »[4]. Dans le premier numéro, il précise le programme du Libertaire : « Il a pour principe, un et supérieur : La liberté et en tout et pour tous. Il ne reconnaît d’autorité que l’autorité du progrès. En tout et pour tous, il veut l’abolition de tous les esclavages sous toutes les formes, l’affranchissement de toutes les chairs et de toutes les intelligences »[5].

Le titre parait jusqu'en janvier ou .

Le Libertaire (Alger 1892)[modifier | modifier le code]

Le à Alger, Jean Faure publie Le Libertaire[6],[7], « organe algérien communiste anarchiste ». Sept numéros sont publiés et diffusés sur tout le littoral africain, d’Oran à Sfax[8],[9]. Mise à part l'annonce de quelques réunions publiques, très peu d'articles traitent de l'Algérie ou du mouvement social local. Les textes concernent essentiellement l'antimilitarisme, les inégalités sociales, l'exploitation salariale, la Commune de Paris[10].

Le Libertaire (Bruxelles 1893-1894)[modifier | modifier le code]

Le paraît à Bruxelles (Belgique), le bimensuel Le Libertaire sous-titré Organe socialiste-révolutionnaire des groupes de St-Josse-ten-Noode. Fondé par Henri Willems (administrateur) et Charles Herkelboeck (imprimeur), il fait suite au journal L'Antipatriote (1892-1894) des mêmes auteurs. Poursuivi le pour « délit de presse » à la suite d'un article à la mémoire d’Auguste Vaillant dans L’Antipatriote, Henri Willems et Charles Herkelboeck sont condamnés par contumace à quatre ans de prison et 1 000 francs d’amende par la Cour d’assises du Brabant[11]. Le journal cesse de paraître après le onzième numéro daté du [1].

Le Libertaire (1895-1914)[modifier | modifier le code]

Le Libertaire du 31 octobre 1909, dénonçant l'assassinat de Francisco Ferrer.
Sébastien Faure
Le Libertaire du 1er août 1914, ultime numéro avant la Première guerre mondiale.

Le , Sébastien Faure lance Le Libertaire. Contrairement à une idée répandue, Louise Michel n'est pas cofondatrice du journal[12]. Celui-ci est d'ailleurs sous-titré « Fondé par S.Faure » jusqu'à son trente-troisième numéro[1]. Le journal paraît de 1895 à 1914, avec une parenthèse de février à décembre 1899, période où l'hebdomadaire est remplacé par le quotidien Le Journal du peuple. À partir d'août 1899, paraît Le Libertaire « illustré » en supplément du quotidien. Il continuera sa vie jusqu'à l'arrêt de ce dernier, en août 1914, où ses positions antimilitaristes l'obligent à cesser sa parution, après 960 numéros.

Le Libertaire (1919-1939)[modifier | modifier le code]

Après une tentative réfractaire en 1917[13], la parution reprend en 1919 et sans interruption jusqu'en 1939, la parution doit s'arrêter avec la guerre. Elle sera, de décembre 1923 à mars 1925, une nouvelle fois quotidienne pour 479 numéros.

Le Libertaire soutient alors la minorité libertaire au sein de la nouvelle CGTU.

Germaine Berton y est brièvement employée en 1921[14].

Le Libertaire (1944-1956)[modifier | modifier le code]

Le , Le Libertaire[15] reparaît d'abord suivant une parution irrégulière puis bimensuelle due aux restrictions de papier. Du premier au onzième numéro il est sous-titré « Organe fédéraliste du Mouvement libertaire ». À partir du douzième numéro, il devient l'organe de la Fédération anarchiste. Il reprend sa forme hebdomadaire à partir d'avril 1946. C'est l'âge d'or du Libertaire, où collaborent alors entre autres Georges Brassens – qui sera même un des permanents du journal –, Léo Ferré, André Breton, Armand Robin et Albert Camus.

En , à la suite de la prise de pouvoir de l'OPB et de l'exclusion ou du départ des opposants, la Fédération anarchiste se transforme en Fédération communiste libertaire (FCL) qui détient désormais le titre Le Libertaire. À partir du numéro 378 du , Le Libertaire est sous-titré, « Organe de la Fédération Communiste Libertaire ». La FCL soutient alors les indépendantistes algériens et accumule les dettes dues aux procès intentés par le gouvernement français[16]. Lors du conseil national du , la FCL se résout à « suspendre » la parution du Libertaire. Le 486e et dernier numéro du Libertaire paraît le . Va naître ensuite Le Monde libertaire, publié par une nouvelle Fédération anarchiste reconstituée qui reprendra le flambeau du Libertaire.

Le Libertaire (1968 à nos jours)[modifier | modifier le code]

Entre 1968 et 1972, l'Union fédérale des anarchistes reprend le titre l'espace de dix numéros.

En 1977 le titre est repris pour un numéro (ronéoté) par le groupe Fresnes-Antony de la Fédération anarchiste.

En , Le Libertaire reparaît, il est alors édité par des membres de la Fédération anarchiste en rupture avec cette dernière. En 1979, le rédacteur du Libertaire, Jean-Pierre Jacquinot quitte cette organisation et fonde avec Maurice Laisant et d'autres groupes (groupe Germinal, groupe Ni dieux ni maîtresetc.) l'Union des anarchistes au congrès de Nevers (). Le Libertaire sera alors l'organe — non officiel — de cette organisation. Peu à peu, la part rédactionnelle du Groupe Jules Durand devient prépondérante (le sous-titre traduisant cette évolution : d'abord revue éditée par les groupes Jules Durand, Atelier du Soir, Germinal, puis Jules Durand et Atelier du soir, puis par le groupe Jules Durand et des militants de l'Union des Anarchistes).

Au congrès de Dijon (1993) de l'Union des anarchistes, Jean-Pierre Jacquinot — absent — est exclu. Au congrès de l'année suivante — Saint Léger-les-Vignes, 1994 — la rupture est consommée, le groupe Jules Durand se retire alors de l'Union des anarchistes, emportant Le Libertaire avec lui. L'année suivante (Assemblée générale du Havre, ) le groupe éditeur et d'autres militants (anciens membres de l'Union des anarchistes, entre autres) fondent la Coordination anarchiste, Le Libertaire en devient l'organe, toujours non officiel. En 2001 devant le constat d'échec de cette organisation, le groupe Jules Durand décide de la mettre en sommeil (mais continue de s'en réclamer).

En , les difficultés financières contraignent le groupe à cesser la publication papier. Le journal continue sa parution via Internet jusqu'en 2011 puis devient l'« espace internet » du groupe libertaire Jules Durand[17].

Publications[modifier | modifier le code]

Bibliographie et sources[modifier | modifier le code]

  • Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724980) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, Aix-Marseille, 1987 [lire en ligne] Document utilisé pour la rédaction de l’article.
  • Fabrice Magnone, Le Libertaire (1917-1956) Autopsie d'un organe anarchiste, doctorat en histoire, Université de Nice, 1998, lire en ligne.

Sources primaires[modifier | modifier le code]

Notices[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Contributeurs[modifier | modifier le code]

Il existe une catégorie consacrée à ce sujet : Collaborateur du Libertaire.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c René Bianco, Répertoire des périodiques anarchistes de langue française : un siècle de presse anarchiste d’expression française, 1880-1983, Aix-Marseille, 1987
  2. Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (ISBN 2070724980)
  3. Fernand Drujon, Catalogue des ouvrages écrits et dessins de toute nature poursuivis, supprimés ou condamnés depuis le 21 octobre 1814 jusqu'au 31 juillet 1877, E. Rouveyre, Paris, 1879, p. 218-219
  4. a b et c Gaetano Manfredonia, La chanson anarchiste en France des origines à 1914, Paris, L'Harmattan, 1997 p. 82-94
  5. Joseph Déjacque, « Le Libertaire », Le Libertaire, New York, 9 juin 1858
  6. L'Éphéméride anarchiste : Le Libertaire - Organe algérien communiste anarchiste.
  7. René Bianco, 100 ans de presse anarchiste : notice.
  8. Le Libertaire, (1892), La presse anarchiste, texte intégral.
  9. Flor O'Squarr, Les coulisses de l'anarchie, Nouvelle Librairie Parisienne, Albert Savine, éditeur, 1892, page 99.
  10. Philippe Bouba, Le mouvement anarchiste en Algérie de 1887 à 1926 : presse de propagande et de combat, activités militantes et positions politiques face au fait colonial, Université d'Oran Es-Sénia, CRASC, Université de Perpignan, CRHiSM, 2011, texte intégral.
  11. R.D, Charles Herkelboeck, Dictionnaire international des militants anarchistes, sur militants-anarchistes.info, 2007
  12. Louis Louvet, « Les Origines de notre journal, II », Le Monde libertaire, sur federation-anarchiste.org, 1965
  13. Pour l'histoire à partir de 1917 : voir le site de Fabrice Magnone sur Le Libertaire (1917-1956) : autopsie d'un organe anarchiste, lire en ligne.
  14. « Germaine Berton, anarchiste et meurtrière - France Culture », sur France Culture (consulté le )
  15. Numéros du journal Le Libertaire (1944-1956), Archives Autonomies, 2013, lire en ligne.
  16. L'hebdomadaire disparait en juillet 1956, trois ans après une scission-exclusion en 1953 qui a vu naître la FCL qui garde le titre.
  17. Le Libertaire, espace internet du groupe libertaire Jules Durand et du journal Le Libertaire, site web.
  18. Claude Maignien et Charles Sowerwine, Madeleine Pelletier : une féministe dans l'arène politique, Paris, Les Éditions ouvrières, (lire en ligne), p. 127