Liste des maires de Suresnes — Wikipédia

Maire de Suresnes
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Armoiries de Suresnes

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Titulaire actuel
Guillaume Boudy
depuis le

Création
Mandant Conseil municipal de Suresnes
Durée du mandat 6 ans
Premier titulaire Martin-François Bougault
Site internet https://www.suresnes.fr/
La mairie de Suresnes.
Henri Sellier, maire de 1919 à 1941.

Cet article présente la liste des maires de Suresnes, commune des Hauts-de-Seine dans la région Île-de-France.

Histoire de l'hôtel de ville[modifier | modifier le code]

Succession de mairies (1787-1889)[modifier | modifier le code]

Plaque commémorant le site de la première mairie de Suresnes.

En juin 1787, le roi Louis XVI crée les premières assemblées communales, à la tête desquelles préside un « syndic communal ». La Révolution entérine cette institution mais on parle désormais de « maire ». La première personnalité suresnoise à occuper cette fonction est Martin-François Bougault (1743-1809), un menuisier et épicier[1], élu en 1787 et réélu en 1790. Le conseil municipal se réunit alors dans sa maison, située au coin des actuelles place Henri-IV et rue Émile-Zola. Le bâtiment originel a été détruit mais une plaque commémorative rappelle cet évènement. En 1792, à la fin du mandat de Bougault, il doit déménager. Les sources manquant à ce sujet, on estime que sa localisation devait varier. Ainsi, un procès-verbal de 1794 précise que la municipalité « se trouvait obligée de changer de logement d’année en année »[2].

De fin 1794 à 1795, la mairie siège dans le presbytère. Mais le Directoire remplace les municipalités par des conseils cantonaux et le rétablissement la liberté de culte par le Consulat rend le presbytère au curé. Par la suite, la mairie cohabite avec l'école, dont une lettre de 1817 indique qu'elle se trouvait au lieu-dit « La Fouillée », près de l'ancien cimetière. Le bâtiment se révèle pourtant trop petit, une seule pièce située au premier étage servant tour à tour de lieu de réunion, de salle de mariage et de dépôt d'archives, alors que l'étage inférieur accueille la salle de classe. Il abrite également un petit poste de garde et un placard, qui fait office de prison. En 1833, l'édifice est agrandi, de même qu'en 1844, permettant au maire de bénéficier de son propre bureau. La mairie reste cependant inadaptée, si bien qu'en 1855, le conseil municipal décide d'acheter une maison pour la transformer en hôtel de ville. Celle-ci appartient alors à la famille Fizeau, là où le physicien Hippolyte Fizeau réalisa en 1849 une célèbre expérience de mesure de la vitesse de la lumière[2],[Note 1].

Mais elle est à son tour jugée trop petite ; ainsi, le bureau du maire ne permet pas de recevoir plus de deux personnes à la fois. Par ailleurs, la proximité avec un pressoir – Suresnes est encore une commune viticole – incommode. Elle dispose cependant d'une innovation majeure : un télégraphe, le premier de la ville. Lors de la guerre franco-prussienne de 1870, alors que des combats ont lieu près du mont Valérien, la mairie se délocalise 31 rue d'Anjou, à Paris, ville où se sont réfugiés une partie des Suresnois[2],[3].

L'actuel hôtel de ville de Suresnes (depuis 1889)[modifier | modifier le code]

En 1885, le conseil municipal décide de créer une nouvelle mairie, qui cette fois-ci serait construite uniquement à cette fin. Il s'agit de l'actuelle mairie de Suresnes. La municipalité acquiert donc le terrain de M. Grignon, pharmacien à Paris, détruit sa propriété et lance les travaux d'un édifice conçu par Jean Bréasson, qui remporte en 1886 le concours d'architecte auquel s'étaient présentés 78 candidats. Il avait déjà réalisé plusieurs hôtels de ville, dont celui de Neuilly-sur-Seine. Charles Garnier, qui a conçu l'opéra éponyme, préside le jury chargé de départager les projets qui avaient été présentés plus tôt à Paris, Suresnes ne disposant pas à l'époque d'une salle assez grande. Le , après deux ans de travaux qui auront coûté 465 000 francs, la mairie est inaugurée. Située dans une parcelle comprise entre la rue Berthelot, de celle du Mont-Valérien et la rue Carnot, elle est typique de la Troisième République par sa façade imposante de style néoclassique, sa grande entrée et sa décoration soignée. Deux statues de la Loi et la Justice ornent la façade[2]. Le bâtiment comporte aussi un escalier monumental à double révolution, ainsi que de hauts combles. La mairie est décorée par des toiles marouflées d'Henri Brémont (1911), qui a aussi réalisé les vitraux de la nouvelle église de Suresnes : il figure le lien entre Suresnes et la Seine, représentant notamment le barrage et l'écluse[4],[5].

La première pierre avait été posée le , le clergé n'étant pas invité à la cérémonie, signe de l'atmosphère anticléricale de l'époque. En 1889, l'inauguration donne lieu à une distribution de secours aux indigents, une kermesse, l'ascension d’un ballon, un banquet et un bal public. Le préfet de la Seine Eugène Poubelle est présent. La première séance du conseil municipal a lieu dans le nouveau bâtiment le [5],[6].

En 1893, les architectes Édouard Bauhain et Raymond Barbaud remportent le concours prévoyant la construction d'une salle des fêtes le long de la mairie, donnant également sur la rue Carnot et achevée en 1897 ; sa charpente est réalisée par la société Eiffel[4]. Ils conçoivent également un kiosque à musique, installé dans le square de la mairie[7]. Un bureau de bienfaisance est aussi érigé à proximité, devenu bureau de la justice de paix[8],[9],[4].

Le au début de la Seconde Guerre mondiale, 28 bombes touchent Suresnes, les sirènes étant déclenchées dix minutes après les explosions. Deux civils et un garde-civique d’îlot périssent et de nombreuses maisons sont détruites ou endommagées, comme la mairie (portes, fenêtres et cloisons sont arrachées et la verrière surplombant l'escalier central est détruite), ce qui conduit à la transférer provisoirement dans l'école Jules-Ferry, où les services du chômage, des prisonniers ou encore de l'alimentation (cartes de rationnement) sont particulièrement mobilisés pendant le conflit. Quant à la salle des mariages, elle est déplacée dans l'auditoire de la justice de paix. Il faut attendre 1945 pour que la mairie retrouve son bâtiment originel[10],[11].

Le , le maire Henri Sellier est destitué par Vichy, le décret signé par l'amiral François Darlan indiquant qu'il « a fait preuve d’hostilité manifeste à l'œuvre de rénovation nationale ». Dans son bureau, le maire avait affiché ce document, y rajoutant une citation de Maximilien de Robespierre : « La haine des ennemis du peuple est la récompense des bons citoyens ». Le , Louis Cucuat, inspecteur général des services administratifs et financiers de la préfecture de la Seine, est nommé maire par arrêté ministériel. Le , Henri Sellier est arrêté puis interné à Compiègne, avant d'être libéré, revenant à Suresnes le . Mais ces évènements, ainsi que la peur d'une nouvelle arrestation, affectent son état de santé[12]. Le , il est victime d’une attaque d'hémiplégie et meurt le . Il est inhumé dans le cimetière Carnot[13].

Le , un monument à la mémoire de l'ex-maire Henri Sellier est inauguré dans le parc de la mairie[14],[15], à l'emplacement de la statue La Source de d'Ambrosio, elle-même remplaçant l'ancien kiosque à musique. L'hôtel de ville est l'objet d'importants travaux de rénovation en 1970 et en 1992[4].

Dans la salle du conseil municipal de l'hôtel de ville, une plaque incrustée au sein d'une structure monumentale en bois sculpté liste les maires de Suresnes depuis la Révolution française.

Histoire électorale[modifier | modifier le code]

Lors des élections municipales de 1896, Arthème Genteur, plus à gauche, est élu contre le maire sortant Albert Caron. Seulement dix des vingt-trois conseillers municipaux sortants sont reconduits dans le conseil municipal[16].

Engagé sur le sujet de l'habitat social depuis le début des années 1910 et constatant que l'afflux d'ouvriers à Suresnes, où les usines côtoient de nombreux logements délabrés et insalubres, est mal géré, Henri Sellier décide de se présenter aux élections municipales de 1919. Sa liste, soutenue par la SFIO, est opposée à celle du maire sortant Victor Diederich, au pouvoir depuis 1905, dont le bilan est plutôt bon mais qui mène des combats jugés dépassés, alors que le tissu social de la ville a changé et que les notables ne représentent plus la nouvelle population ouvrière. Il présente un programme détaillé de seize pages sur de nombreux thèmes (urbanisme, éducation, santé, etc.), tandis que la liste Diederich se contente d'un tract recto-verso. Tourné vers l'avenir, il fait le constat implacable que le passé de Suresnes est révolu (« le vieux Suresnes viticole dont le "petit bleu" a excité tant de fois la verve des poètes, la ville des plaisirs et des villégiatures qui tirait toute sa prospérité du luxe parisien, a définitivement disparu ») et prône une transformation urbaine qui passe par l'assainissement et l'aménagement d'infrastructures. À l'issue de deux tours, la victoire est écrasante pour Henri Sellier, dont la liste décroche 20 places sur 28 sièges municipaux. Parallèlement, de nombreuses villes du département passent à gauche[17]. Il est réélu en 1925, en 1928 et en 1935.

Liste des maires[modifier | modifier le code]

Liste des maires successifs[18]
Période Identité Étiquette Qualité
1787 1792 Martin-François Bougault   Menuisier et épicier[1]
1792 1793 Marc Antoine Breton    
1793 1795 Pierre Lemoine    
1795 1800 Charles Descoins    
1800 1803 Martin-François Bougault   -
1803 1816 Simon François Bidart    
1816 1830 François Pierre Lefébure   Propriétaire
1830 1832 Auguste Pagès   Agent de change[19]
1832 1840 Pierre Marie Sentou   Propriétaire[20]
1840 Antoine Jeanne    
février 1847 Jacques Guillaume Lamarre    
février 1847 1850 Pierre Marie Sentou   -
1850 1860 Gabriel Philippe   Propriétaire[21]
1860 1870 Louis Alexandre Delaunay    
1870 1871 Jacques Louis Lecourt    
1871 1878 Antoine Louis Huché   Propriétaire[22]
1878 Jules Arthur Guillaumet   Industriel (teinturier)
Léonard Pouydebat    
1896 Albert Caron   Banquier[23]
1896 1900 Arthème Genteur
(1852-1913)
  Ingénieur[23]
1900 Albert Caron   -
Alphonse Huillard   Industriel[24],[25]
1919 Victor Diederich
(1854-1933)
  Employé de banque[26]
Henri Sellier
(1883-1943)
SFIO puis SFIC,
puis USC, puis SFIO
Employé de profession, président de l'OP-HBM de la Seine, sénateur et ministre
Révoqué par Vichy[27]
1941 1941 Louis Cucuat   Inspecteur général des services de la préfecture de la Seine
Maire du 20e arrondissement de Paris de 1941 à 1943
1941 1944 André Bertrand    
1944 avril 1945 Jules Courtin SFIO Ouvrier métallurgiste[28]
avril 1945 Paul Pagès
(1909-1957)
PCF Ouvrier métallurgiste puis visiteur médical[29]
Louis Bert
(1892-1968)
SFIO  
1956 Raymond Cosson
(1902-1956)
SFIO Fonctionnaire[30]
1956 1965 Marcel Legras
(1904-1989)
SFIO Directeur de la Caisse nationale de sécurité sociale[31]
Prisonnier en Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale[32]
1965 Robert Pontillon
(1921-1992)
SFIO, PS Journaliste, sénateur, conseiller général[33]
Christian Dupuy
(né en 1950)
RPR, UMP, LR Avocat, député
Vice-président du conseil départemental des Hauts-de-Seine[34]
En cours Guillaume Boudy
(né en 1964)
LR Haut-fonctionnaire[35]

Galerie[modifier | modifier le code]

Hommages (rues, plaques) et images (tombes et photo)

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La maison était située en bas des coteaux du mont Valérien, sur l'ancienne place du marché, là où se trouvent de nos jours les fontaines de la place du 8-Mai-1945, à l'intersection des rues Émile-Zola et Desbassayns-de-Richemont. De trois étages, sans vis-à-vis, elle comprend à son sommet un clocheton, où Fizeau réalise son expérience. Rachetée par la municipalité, elle accueille l'hôte de ville de 1855 à 1889. En 1878, une partie de l'édifice, comprenant le clocheton, est détruit, afin d'agrandir la rue de Rueil. Le reste, tombant en ruines, disparaît par la suite.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 33.
  2. a b c et d Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « Les 7 mairies de Suresnes », Suresnes Mag no 316,‎ , p. 40-41 (lire en ligne).
  3. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 401-403.
  4. a b c et d Le patrimoine des communes des Hauts-de-Seine, Flohic éditions, 1994, p. 383-384.
  5. a et b René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 453-455.
  6. Michel Hebert et Guy Noël, Suresnes. Mémoire en images, t. 1, Éditions Alan Sutton, 1995, p. 16.
  7. « Les + du MUS », Suresnes Mag no 306, avril 2019, p. 45.
  8. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 458-459.
  9. Michel Hebert et Guy Noël, Suresnes. Mémoire en images, t. 1, Éditions Alan Sutton, 1995, p. 16 et 34.
  10. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 578-579.
  11. Le patrimoine des communes des Hauts-de-Seine, Flohic éditions, 1994, p. 383.
  12. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 585-586.
  13. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 592.
  14. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 543.
  15. Francis Prévost, Histoires de Suresnes, Suresnes Information, 1989, p. 182-183 et 228-229.
  16. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 458.
  17. Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « Décembre 1919 : Henri Sellier, acte un », Suresnes Mag no 313,‎ , p. 36-37 (lire en ligne).
  18. « Les maires de Suresnes », francegenweb.org, consulté le 21 avril 2020.
  19. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 38.
  20. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 44.
  21. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 23.
  22. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 27.
  23. a et b Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 9.
  24. René Sordes, Histoire de Suresnes : Des origines à 1945, Société historique de Suresnes, 1965, p. 477-478.
  25. Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « 5 août 1905 : le jour où... Suresnes initia le premier jumelage », Suresnes Mag no 303,‎ , p. 38-39 (lire en ligne).
  26. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 47.
  27. Renaud Payre, « Une république des communes : Henri Sellier et la réforme municipale en avril 1942 », Genèses, no 41, décembre 2000, p. 143.
  28. Claude Pennetier, « COURTIN Jules [Suresnes] », sur maitron.fr, (consulté le ).
  29. « PAGÈS Paul », sur maitron.fr, (consulté le ).
  30. Suresnes, ses lieux dits et ses rues vous parlent, Société historique de Suresnes, 1968, p. 42.
  31. Gilles Morin, Philippe Nivet et Claude Pennetier, « LEGRAS Marcel, Gaston », sur maitron.fr, (consulté le ).
  32. Matthieu Frachon, avec le concours de la Société d'histoire de Suresnes, « 2 octobre 1959 : le jour où… Suresnes et Hann. Münden se jumellent », Suresnes Mag no 311, octobre 2019, p. 41.
  33. Judith Bonnin, « PONTILLON Robert, Eugène », sur maitron.fr, (consulté le ).
  34. « Liste des maires des Hauts-de-Seine » [PDF], Préfecture des Hauts-de-Seine, (consulté le ).
  35. « Suresnes : Guillaume Boudy prend l’écharpe de maire de Christian Dupuy », leparisien.fr, (consulté le ).

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]