Louis Duthoit — Wikipédia

Joseph Edmond Louis Duthoit (né le à Amiens et décédé le ) est un architecte du XXe siècle et le fils de Edmond Duthoit lui aussi architecte[1], petit-fils et petit-neveu d'Aimé et Louis Duthoit, sculpteurs.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Louis Duthoit est issu d'une famille de dessinateurs, de sculpteurs et d'architectes amiénois. Son grand-père était Aimé Duthoit dessinateur et sculpteur, restaurateur avec son frère Louis Duthoit de la cathédrale d'Amiens. Son père était l'architecte Edmond Duthoit qui dirigea la construction de la basilique d'Albert. Il est le cousin de Pierre Ansart, architecte décorateur et de Gérard Ansart.

Louis Duthoit fit de solides et brillantes études au collège amiénois La Providence, puis au collège anglais de Canterbury. Ayant obtenu le baccalauréat lettres, il embrassa la profession d’architecte et travailla aux côtés de son père qui le forma. Il participa à ses côtés à la construction de la basilique Notre-Dame de Brebières d'Albert. Mais la mort brutale d’Edmond Duthoit, à 52 ans mit fin à l’éducation sur le tas de Louis Duthoit à l'âge de 20 ans.

Tout comme son maître Viollet-le-Duc, Edmond Duthoit se défiait de l’académisme régnant de l’École nationale supérieure des beaux-arts . Pendant quelques mois, Louis Duthoit poursuivit son apprentissage à Compiègne chez Henri Bernard qui, principal collaborateur d’Edmond Duthoit, achevait la construction de la basilique d’Albert. Le prestige grandissant du diplôme d’architecte, incita Louis Duthoit à se présenter au concours d’entrée à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 1891. Admis, il entra dans l’atelier de Constant Moyaux et obtint son diplôme d'architecte en juin 1898.

Un architecte Art Nouveau et rationaliste[modifier | modifier le code]

Par l’intermédiaire de son frère aîné Adrien, artiste peintre, il fréquenta divers milieux artistiques, notamment la Société de Saint-Jean pour le développement de l'art chrétien dont il devint membre. Ainsi, les « Frères Duthoit Juniors »[2] souhaitent participer à la défense d'un idéal artistique pour « la propagation de la Foi catholique par l'art et les artistes »[3] entre 1896 et 1903. En 1898, Louis Duthoit remporte le troisième prix pour le concours organisé par la Société Saint Jean pour la sculpture de R. Pierre Olivaint, placée dans le jardin du parloir du collège de l'Immaculée-Conception, à Paris. En 1903, il présente les projets d'agrandissement pour l'église de Malesherbes (Loiret), lors de l'exposition annuelle de la Société Saint-Jean. Adrien et Louis Duthoit continuerons de travailler ensemble sur de nombreux projets.

En 1898, il ouvrit un cabinet d'architecte à Orléans où de vastes opérations d’urbanisme étaient en cours. Louis Duthoit construisit en 1898 et 1907 différents types de programmes architecturaux dans l'Orléanais[4]:

Des immeubles de rapport, rue de la République:

  • n°10, pour M. Guillemeau (1900)
  • n°11, pour M. Juranville (1898): sujet de concours pour le diplôme d'architecte DPLG
  • n°14, pour M. Laurent (1900)
  • n°31, pour M. Pezon (1904)
  • n°36, pour M. Yanka (1904)
  • un projet de banque (deuxième prix)

Des hôtels et restaurants:

  • Hôtel moderne, 37 rue de la République (1902)
  • Hôtel Jeanne d'Arc, Place du Martroi (1900)

On retrouve dans ces immeubles orléanais une influence néogothique avec une ornementation épurée et une ouverture aux décorations végétales du Modern Style alors en vogue. Les hôtels de voyageurs ont le standing et l'allure des hôtels parisiens avec des décors du mouvement Art nouveau, progressivement intégré dans les villes de France.

Des maisons individuelles:

  • n°50 rue Alsace-Lorraine, pour M. Leplat (1907)
  • n°58 rue Alsace-Lorraine, pour M. E. Leplat (1907)
  • n°21 rue Alsace-Lorraine, pour M. Salmon (1912)
  • rue Alsace-Lorraine, pour M. Séjourné (1907)
  • 48 rue de la Bretonnerie, pour Maître Berlancourt (1905)
  • rue de l'Ecole Normale, pour Mme Juranville (1908)

Louis Duthoit a également construit une villa à Chécy en 1905 pour le médecin militaire Henri Debienne, médecin-chef du sanatorium pour hommes de Chécy et celui de Mardié, réservé au femmes. Le plan bipartite de cette grande maison est pensé pour accueillir les espaces d’habitations pour sa famille et le cabinet médical avec une salle d’attente, un grand bureau et une salle d’auscultation. L’architecte emploie les caractéristiques de l’architecture balnéaire néo-normande et du mouvement régionaliste avec l’usage du bois peint en façade, une toiture complexe et très découpée ainsi qu’un recouvrement en ardoise[4].

L'architecte travaille également en Sologne, notamment pour la construction du siège du Comité central agricole de la Sologne, construit en 1908 à Lamotte-Beuvron. Il s'agit d'un petit pavillon ouvert sur le canal de la Sauldre, dont l'allure se rapproche de l'orangerie, construit à partir des matériaux du château de Chéreau à Montrieux en Sologne (démoli en 1901). Le siège du Comité est utilisé par les membres du comité comme un lieu de rassemblement lors de réunions et des concours, mais également comme lieu de conservation de ses archives et de sa bibliothèque. Louis Duthoit aurait également travailler pour la famille Dhorboit, propriétaire du château d'Ortie à Salbris, à partir de 1906, pour construire un agrandissement du château à la suite d'un incendie survenu en 1901.

Pour cette même année, il épouse Louise Girard (1876-1964), petite fille de l’architecte parisien Simon Girard (1805-1900)[5]. Le couple s'installa ensuite à Paris. Louis Duthoit étendit son activité d’Orléans à Paris, à Pontoise et à Troyes. Il expose alors au Salon des artistes français dès 1905 et y obtient une mention honorable cette année-là puis une médaille de bronze en 1913[6]. En 1907, le couple Bouctot-Vagniez lui passa commande pour la construction de leur hôtel particulier du centre ville d’Amiens. Cette œuvre représente la synthèse de son corpus orléanais par l'utilisation des éléments maîtrisés et appréciés pour le programme de l'hôtel particulier, mais il est avant tout considéré comme son chef-d'œuvre[4]. Fidèle à l’enseignement de Viollet-le-Duc, il fut un architecte rationaliste à la technique rigoureuse subordonnant le décor à la structure du bâtiment, inspiré par l'héritage de la cellule familiale.

Reconstructeur et urbaniste[modifier | modifier le code]

La Basilique Notre-Dame de Brebières

La Grande Guerre mit fin pour un temps à son activité d’architecte. Il devint pendant deux ans directeur d’une usine de fabrication d’obus.

En 1917, il rejoignit un groupe d’architectes qui préparait la reconstruction des régions dévastées. À partir de mars 1919 en compagnie de son cousin Pierre Ansart et de Joseph Mallet, il prépara un plan de rénovation urbaine pour la ville d’Amiens. Jugé trop onéreux par les édiles picards, ce plan fut revu à la baisse et réduit à un simple projet de redressement de voirie, de reconstruction et d’alignement d’immeubles.

Il consacra les dernières années de sa vie à la reconstruction à l’identique de la basilique Notre-Dame de Brebières d’Albert, détruite pendant la guerre. Il mourut le (à 63 ans) avant d’avoir terminé son œuvre.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Galerie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. INHA - Institut National d'Histoire de l'Art, « Les orientalismes en architecture » (consulté le )
  2. Raphaële Delas, « Les frères Duthoit, « derniers imagiers du Moyen Âge » ? », Marges, no 07,‎ , p. 74–89 (ISSN 1767-7114 et 2416-8742, DOI 10.4000/marges.603, lire en ligne, consulté le )
  3. E. Bailly, Règlement de la confrérie de Saint Jean l'Evangéliste, Paris, 1840, p.339.
  4. a b et c Renaud Héloïse, Louis Duthoit, un architecte-décorateur face à l’Art nouveau à Orléans (1898-1912), Université de Tours, dirigé par Audrey Jeanroy,, , 190 p.
  5. « site généalogique »
  6. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 450
  7. « École des Beaux-Arts et conservatoire de Musique d'Amiens », notice no PA00116058, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture (consulté le=15 décembre 2007)
  8. Xavier Bailly et Jean-Bernard Dupont (son la direction de) Histoire d'une ville: Amiens, Amiens, SCEREN CNDP-CRDP, 2013
  9. Notice no PA80000002, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. culture.gouv.fr/.../merimee_fr