Raymond Legueult — Wikipédia

Raymond Legueult
Raymond Legueult et sa fille Anne en 1955, à Glos.
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Raymond Jean LegueultVoir et modifier les données sur Wikidata
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Raymond Legueult, né le à Paris et mort le à Paris[1], est un peintre français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Avant 1920[modifier | modifier le code]

Raymond Legueult est issu d'une famille bourgeoise installée à Paris, 28, boulevard Magenta. Son père, Albert Legueult, travaille dans la banque.

En 1914, il prépare le concours d'entrée aux Arts-Déco. Il y sera élève entre 1916 et 1923, dans l'atelier d'Eugène Morand (le père de Paul Morand, l'écrivain). Il y rencontre tout d'abord Roland Oudot, puis, notamment, Joseph Inguimberty, François Desnoyer, et Maurice Brianchon, avec qui il sera très étroitement lié pendant plus de 10 ans, au point qu'ils sont surnommés « les inséparables ».

Une interruption de ses études lui est imposée entre 1917 et 1920 par l'obligation d'effectuer, malgré une santé fragile, son service militaire, puis par sa mobilisation pour la Grande Guerre[2].

De 1920 à 1929[modifier | modifier le code]

Son œuvre de peintre commence vraiment en 1921 par quelques portraits et des paysages. Noémie Lair, qu'il a connu en 1917, est son égérie et son modèle quasi-exclusif jusqu'en 1939. Mais ils n'habitent jamais ensemble, sauf pendant leurs escapades franc-comtoises ou normandes.

En 1921, ses envois au Salon de la Nationale des beaux-arts sont appréciés, il obtient une bourse d'État pour un voyage d'étude qu'il effectue en Espagne, deux ans plus tard. Il visite le musée du Prado et copie des œuvres de Gréco et Vélazquez, avant de découvrir l'Andalousie.

En 1922, toujours au même salon, ses envois de cartons de tapisserie sont remarqués[3], elles lui valent une commande de la manufacture des Gobelins pour le carton de tapisserie La Franche-Comté. Ce choix géographique lui fait découvrir cette région, où il retourne chaque année, jusqu'en 1938, généralement avec Noémie.

Raymond Legueult loue avec son ami Brianchon un atelier, 54 avenue du Maine, en 1922. Ils réalisent ensemble les costumes pour Grisélidis à l'Opéra de Paris, puis les décors pour le ballet de La Naissance de la lyre en 1925. Ils participent ensemble ou séparément aux principaux salons parisiens, Salon des Tuileries — il participe, en 1923, à la première édition de ce salon — et Salon d'automne, dont il devient sociétaire dès 1924.

En 1925, il lui est confié un poste de professeur de dessin à l'École nationale supérieure des arts décoratifs à Paris ; il y enseigne pendant 20 ans.

En 1926 se crée la « Société Belfortaine des Beaux-Arts » qui organise chaque année jusqu'à la Seconde Guerre mondiale des expositions importantes aux musées de Belfort auxquelles Raymond Legueult participe en compagnie de Georges Fréset, René-Xavier Prinet, Jacques-Émile Blanche, Jean-Eugène Bersier, Anders Osterlind, Henry de Waroquier, Jules-Émile Zingg[4].

En 1927, il découvre la galerie Le Portique, 99 boulevard Raspail, où il expose fréquemment, notamment en 1929, où Marcelle Berr de Turique, lui organise sa première exposition particulière[2].

De 1930 à 1938[modifier | modifier le code]

Il obtient le grand prix Darnétal de la peinture en 1933[5]. S'ensuit une grande exposition particulière à la galerie Berheim.

En 1934, Brianchon quitte leur « atelier de bois » de l'avenue du Maine, pour se marier.

En 1938, une grande exposition particulière[6] lui est consacré à la galerie Druet, rue Royale, à Paris.

Il vend plusieurs œuvres à l'État, à la suite de cet évènement.

Il est à l'origine, avec Maurice Brianchon et Roland Oudot du groupe des « peintres de la réalité poétique », appellation qui remonte à 1935[2].

De 1939 à 1948[modifier | modifier le code]

Il est mobilisé, et se retrouve incorporé, en 1940, à la section de camouflage, où il retrouve Brianchon, et fait connaissance avec Jean-Louis Barrault, André Marchand, Pierre Delbée...

Démobilisé à Marseille, après la débâcle, il remonte à Paris, rapidement, pour travailler. Noémie est malade, son nouveau modèle, présenté par Desnoyer, se prénomme Andrée.

En 1941, il participe à la fameuse exposition galerie Braun « Vingt jeunes peintres de tradition française ». Il expose aussi pour la première fois à la galerie Louis Carré, avenue de Messine.

Il réalise le carton de tapisserie L'Atelier pour Jacques Adnet.

Il emménage dans un atelier rue Boissonade. Il y rencontre rapidement un nouveau modèle, qui s'appelle Émilienne Amand (1923-2019). Présentée par son ami Terechkovitch, en 1943, il l'épouse en 1953, et ils ont une fille, Anne, en . Ils habitent durant toute leur vie commune dans cet atelier de la rue Boissonade, à Montparnasse.

Ils voyagent ensemble, dès la Libération, en Bourgogne, Provence et Franche-Comté ; sans oublier la Normandie.

En 1945, il se lie d'amitié avec Maurice Estève. Ils le restent et il en résulte beaucoup d'échanges sur la peinture.

En juin 1946, le Comité national d'épuration des artistes peintres, dessinateurs, sculpteurs et graveurs institué par les pouvoirs publics le frappe d'une interdiction professionnelle d'exposer, de vendre et de publier pendant un an à compter, rétroactivement, du 1er septembre 1944[7].

En 1948, Louis Carré lui consacre une grande exposition particulière présentant 21 de ses œuvres, huiles sur toile, peintes entre 1941 et 1948[8]. Les critiques l'encensent et voient en lui le digne successeur de Matisse et Bonnard[2].

De 1949 à 1958[modifier | modifier le code]

En 1949, Raymond Legueult participe à de grandes expositions en France, mais aussi à Londres et Pittsburg. L'Amérique s'intéresse à lui au travers de Gary Cooper et de la famille de sa femme. Gisèle d'Assailly sort son livre qui ouvre la Réalité poétique à 5 nouveaux venus : Terechkovitch, Cavaillès, Limouse, Planson et Caillard. Le groupe informel est créé, du moins sur le papier.

L'audience de Legueult ne cesse d'augmenter, en France, mais aussi à l'étranger : Kunsthalle de Bâle et Royal Academy de Londres, en 1951, puis l'année suivante au Japon. Pendant ce temps l'État continue ses emplettes.

Il est nommé professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 1953, et le reste jusqu'en 1968, en qualité de Chef d'atelier peinture.

En 1954 naît « petite Anne ». La famille Legueult, outre le séjour pascal dans l'île de Porquerolles, investit alors dans une auto, et louer un petit chalet, dans un grand parc : Les Sorbiers à Glos, près de Lisieux (14). Cette même année, Raymond Nacenta l'intègre à l'École de Paris, lors d'expositions galerie Charpentier.

En 1957, c'est la grande exposition des Peintres de la Réalité Poétique, en Suisse, à Vevey. Il y est convié en qualité de quasi-chef de file.

La période se termine en apothéose avec la Biennale de Venise, où une salle complète lui est consacrée. Il y expose 23 huiles sur toile, provenant essentiellement de collectionneurs privés[2].

De 1959 à 1971[modifier | modifier le code]

En 1961, Raymond Legueult participe à la monographie que lui consacre Marcel Zahar, aux éditions Flammarion[9].

Il cède au mirage de l'Amérique, vend ses toiles à des collectionneurs américains, des banquiers de Wall Street qui l'implorent pour tenter d'obtenir l'œuvre convoitée, tel Robert Lehman. Il prépare activement une dernière exposition particulière qui se profile à New York, fin 1968, mais en attendant survient Mai 68, qui met un terme brutal à sa longue carrière d'enseignant, trois mois avant sa retraite prévue.

Il tombe gravement malade en 1969, au retour de New York. On ne le voit quasiment plus apparaître en public.

Œuvres (extrait)[modifier | modifier le code]

Pour la scène[modifier | modifier le code]

Pour la décoration[modifier | modifier le code]

  • Divers projets de cartons de tapisserie et de vitraux présentés sans les salons de la Société Nationale des Beaux-Arts, alors qu'il est élève aux Arts-Déco (1921-1923).
  • La Franche-Comté“, carton de tapisserie destiné à la Manufacture des Gobelins, sera exposé au Salon des Tuileries de 1926, avant d'être livré aux Gobelins.
  • Panneau de décoration pour la salle d'honneur du Lycée de Jeunes Filles de Fontainebleau, en 1937.
  • Carton de tapisserie “L'atelier“, pour Jacques Adnet, directeur de la Compagnie des Arts Français, en 1941.
  • "Le repos des modèles", décoration murale pour l'appartement tribord de luxe du paquebot Jean Laborde des Messageries maritimes, décoré par Arbus.

Œuvres variées[modifier | modifier le code]

  • Quelque 500 tableaux réalisés entre 1920 et 1970, souvent moins de 5 par an dans le dernier tiers de sa carrière, parfois plus de 25 au début.
  • Plusieurs milliers de dessins au crayon, beaucoup de paysages.
  • De nombreuses aquarelles, surtout à partir des années 40.
  • Une vingtaine d' œuvres acquises par l'État, dont 10 entre 1933 et 1941, particulièrement par le choix de Robert Rey. De nombreuses sont en dépôt dans des musées de Paris et de province.

Œuvres dans les collections publiques à l'étranger[modifier | modifier le code]

  • Ambassade de France à Canberra, 1 toile
  • Ambassade de France à Bucarest, 1 toile
  • Ambassade de France à New-Delhi, 1 toile
  • Musée d'Alger, 1 toile
  • New Walk Museum and Art Gallery, à Leicester, 1 toile
  • Musée HAM, à Helsinki, Finlande, 4 toiles
  • Musée Atenum, à Helsinki, Finlande, 1 toile
  • Metropolitan Museum of Art (MET), New York, 1 toile, provenant de la donation Robert Lehman

Œuvres dans les collections publiques en France[10][modifier | modifier le code]

Principaux lieux où il a peint[modifier | modifier le code]

  • Espagne, Andalousie, en 1923
  • Franche-Comté, de 1922 à 1946, plus de 100 toiles
  • Granville, ses environs et le Cotentin, de 1920 à 1941
  • Marseille, les calanques et Sormiou, en 1929
  • Touraine, autour de la Mothe à Yzeures, entre 1928 et 1938
  • Lisieux, Glos et la région, à partir de 1945
  • Trevilly et Avallon, la Cure, en Bourgogne, entre 1943 et 1946
  • Bretagne du côté de Bénodet, en 1947
  • Eygalières, Fontvieille et la Provence, en 1947 et 1954
  • les Maures, entre 1948 et 1952, au moins 6 toiles
  • Porquerolles, à partir de 1953

Expositions notables (sélection)[11][modifier | modifier le code]

  • 1921-1922, Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts,Paris
  • à partir de 1923, Salon d'automne, il deviendra sociétaire à partir de 1924, Paris
  • à partir de 1923, Salon des Tuileries, il deviendra sociétaire à partir de 1933, Paris
  • à partir de 1927, galerie Le Portique, de Marcelle Berr de Turique, 99 boulevard Raspail, Paris, dont exposition particulière en 1929, avec 30 œuvres
  • à partir de 1927, galerie Art Contemporain Lévy-Alvares, Paris
  • à partir de 1930, galerie Katia Granoff, Paris
  • 1933, Galerie Georges Bernheim, Paris, exposition particulière
  • à partir de 1934, galerie Charpentier, Paris
  • du au , Carnegie Institute, à Pittsburg
  • 1936, biennale de Venise
  • à partir de 1938, « Chez Bäcksbacka », Helsinki, Finlande
  • 1938, galerie Druet, rue Royale à Paris, exposition particulière avec 34 toiles et 4 dessins
  • -, pavillon français à l'exposition universelle de New York
  • à partir de 1941, galerie Louis Carré, à Paris
  • , galerie Braun, « Vingt jeunes peintres de tradition française », Paris
  • , inauguration de la Galerie Friedland à Paris
  • 1942, Paris, Galerie Charpentier, « Le Paysage de Corot à nos jours »
  • 1948, Paris, Galerie Louis Carré[8], exposition particulière avec 21 toiles
  • à partir de 1954, École de Paris, galerie Charpentier
  • 1957, La Tour-de-Peilz, Vevey, en Suisse, « Les Peintres de la réalité poétique »
  • -, pavillon français à l'exposition universelle de Bruxelles,
  • 1958, biennale de Venise
  • 1962, « Cent ans de peinture française », musée d'art moderne, Mexico
  • -, galerie Tooth à Londres, exposition particulière
  • -, pavillon français à l'exposition universelle de Montréal
  • -, galerie Nicolas Acquavella, New York, exposition particulière avec 45 œuvres, dont 23 toiles
  • -, galerie Vokaer, Bruxelles, exposition particulière
  • -, « Hommage à Legueult », Palais de l'Europe à Menton
  • -, « Hommage à Legueult » au Salon d'automne
  • été 1998, « Hommage à Raymond Legueult », exposition particulière, musée Gustave Courbet à Ornans
  • -, Hummage aux peintres Brayer et Legueult, Salon 2000 de la Société Nationale des Beaux-Arts au Carrousel du Louvre
  • -, “les huit de la Réalité Poétique“, musée des Beaux-Arts de Gaillac
  • -, "les peintres de la Réalité Poétique", musée de l'Abbaye à Saint-Claude
  • -, "les peintres de la Réalité Poétique", Château de Laroquebrou
  • juillet-, exposition de tapisseries modernes au musée Dom Robert à Sorèze
  • , « Un air de Paris », musée HAM à Helsinki, Finlande

Élèves notoires[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d et e Leviel-Legueult 2019.
  3. Louis Leon-Martin, « Salon Nationale des Beaux-Arts », le Crapouillot,‎
  4. « Archives départementales du territoire de Belfort », Sous-série 4T, 4 t 36, p. 5.
  5. Maximilien Gauthier, « Le grand prix de la peinture », L'Art Vivant,‎
  6. Charles Fegdal, « Legueult, Galerie Druet », La Semaine à Paris,‎
  7. France-Soir, 27 juin 1946, p.1
  8. a et b Pierre du Colombier, « Raymond LEGUEULT », Présence de la France,‎
  9. Zahar 1961.
  10. « Base Arcade », sur culture.gouv.fr (consulté le )
  11. « EXPOSITIONS », sur legueult.com.
  12. Peintre et enseignant à Montpellier, ayant exposé avec le groupe Supports/Surfaces (1970-1972).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • , article de Robert Rey dans Le Crapouillot
  • Pierre Ladoué, « Raymond Legueult », L'Art et les artistes,‎
  • , article de Pierre du Colombier dans Art et décoration
  • 1933, article de Maximilien Gauthier dans L'Art vivant n° 174
  • , articles dans Comoedia , Excelsior, L'intransigeant, sur le lauréat du grand prix de la peinture
  • , grand article de 6 pages de Maximilien Gauthier dans Art et décoration
  • René-Jean, RAYMOND LEGUEULT, SEQUANA, coll. « Les Maîtres de Demain »,
  • , grand article de 8 pages de Pierre Guéguin "Legueult ou l'ivresse des couleurs" dans Formes et couleurs, n° 6
  • , grand article de 2 pages de Jean-Louis Vaudoyer dans Plaisir de France
  • , grand article de 5 pages de Pierre du Colombier dans La Revue française
  • Gisèle d'Assailly (préf. Claude Roger-Marx), Avec les peintres de la Réalité poétique, René Julliard,
  • (en) Barnett D. Conlan, « Raymond Legueult : maker of subtle colour chords », Daily Mail,‎
  • , "Painters at work : Legueult", article de Corsaint-Dorvyne dans Daily Mail,
  • , "Dans l'atelier de Raymond Legueult", grand article de Robert Rey dans Les Nouvelles Littéraires
  • 1957, Les Peintres de la réalité poétique, catalogue de l'exposition à La Tour de Peilz, Vevey en Suisse,
  • Marcel Zahar, LEGUEULT, FLAMMARION,
  • , grand article de 6 pages de Marcel Zahar dans Connaissance des Arts
  • André Bourin, « Chez Legueult », Les Nouvelles littéraires,‎
  • , catalogue de l'exposition Legueult, galerie Tooth à Londres,
  • , grand article de 4 pages de Raymond Cogniat dans Galerie des arts
  • , grand article de 5 pages de Georges Hilaire dans Le Spectacle du Monde
  • Georges Hilaire, « Comment Raymond Legueult a fait avancer la peinture », Le spectacle du monde,‎
  • René Barotte, « Raymond Legueult », Terre d'Europe,‎
  • , grand article de 5 pages de Guy Mornet dans la revue Télécommunications
  • 1989, Legueult : Dessins d'un chef d'atelier 1952-1968 École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, 63.p. (ISBN 2-903-63962-0)
  • 1998, monographie par Jean-Jacques Fernier pour le catalogue de l'exposition du centenaire à Ornans,
  • Christian Leviel-Legueult, Raymond Legueult (1898-1971) : Catalogue raisonné biographique, Paris, Marval-Ruevisconti, , 274 p. (ISBN 978-2-86234-463-8 et 286234463X, OCLC 1110064471). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]