1648 en France — Wikipédia


Cette page concerne l’année 1648 du calendrier grégorien.

Événements[modifier | modifier le code]

 Sommaire :  Haut - Janvier - Février - Mars - Avril - Mai - Juin - Juillet - Août - Septembre - Octobre - Novembre - Décembre 

Janvier[modifier | modifier le code]

  • 1er janvier : le roi « se laisse voir avec son visage bouffi et encore tout rouge de la petite vérole » (Dubuisson-Aubenay)[1].
  • 2 janvier : conseil de guerre et d’État devant la reine, on rappelle Longueville de Münster[2].
  • 7 janvier : révolte de huit cents marchands de Paris contre le rachat[3].
  • 11 janvier : agitations antifiscales à Paris, les contribuables refusent et se rendent en famille au Palais de Justice[4]. Ils crient : « « Main-levée, main-levée » Parfois aussi, « Naples ! » ». Le fils d’Emery, le président de Thoré (Particelli d’Émery, sieur de Thoré), est injurié et molesté.
  • 15 janvier : lit de justice du gouvernement instituant de nouvelles taxes et créant douze nouveaux offices de maîtres des requêtes. Le Parlement de Paris riposte par des remontrances prudentes[5]. L’avocat général Omer Talon, c’est d’ailleurs lui qui le dit, « prononce des paroles dont on remarque la hardiesse » : « vous êtes, Sire, notre souverain seigneur ; la puissance de Votre Majesté vient d’en haut, laquelle ne doit compte de ses actions, après Dieu, qu’à sa conscience ; mais, il importe à sa gloire que nous soyons des hommes libres et non pas des esclaves ; la grandeur de son État et la dignité de sa couronne se mesurent par la qualité de ceux qui obéissent » […] « Le roi a le commandement sur des hommes de cœur, sur des âmes libres et non pas sur des forçats qui obéissent par contrainte, qui craignent la main du comite [nom de l’officier des galères qui surveille les forçats], et maudissent tous les jours l’autorité qu’ils respectent… »[6].
  • 16 janvier : le Parlement annule le lit de justice[5]. Le Grand Conseil, la Chambre des comptes, la Cour des aides lui apportent leur soutien.
  • 25 janvier : Bossuet soutient sa première thèse, dite « tentative », en présence de Condé, ami de sa famille, à qui il l’avait dédiée[7].

Février[modifier | modifier le code]

  • 10 février : La Rochefoucauld lève un régiment d’infanterie de son nom, son régiment de cavalerie ayant été licencié[8]. Dans son gouvernement du Poitou, où il réside par ordre de la reine, La Rochefoucauld soutient la cause de la cour et de Mazarin.
  • 15 février : la reine Anne d’Autriche somme le Parlement de Paris de réponde à la question « le Parlement se croit-il en droit de limiter l’autorité du roi ? ». Celui-ci s’est arrogé le droit d’examiner à nouveau les lois enregistrées en lit de justice, empiétant ainsi sur le pouvoir législatif de la Couronne[9].

Mars[modifier | modifier le code]

  • 13 mars :
    • Anne d’Autriche et Mazarin, irrités par les remontrances, mettent en vigueur des mesures vexatoires telles que la suppression des gages d’officiers ou celui de la Paulette[5]. Début de l'affaire de la Paulette.
    • rappel du comte d’Avaux[10]. Abel Servien est seul négociateur à Münster pour la France, il a pour l’aider à Osnabrück Henri Groulart de la Court.
  • 18 mars : Condé est nommé commandant de l’armée de Flandre[11].

Avril[modifier | modifier le code]

Mai[modifier | modifier le code]

Louis XIV, 1648

Juin[modifier | modifier le code]

  • 1er juin : le duc de Beaufort s’évade du château de Vincennes[18].
  • 10 juin : arrêt du Conseil qui casse l’arrêt d’Union. Il est présenté au Parlement le 12 mai[23].
  • 15 juin : les Cours souveraines répondent par la Déclaration de la Chambre Saint-Louis, ébauche d’une constitution en vingt-sept articles, demandant, en particulier, des garanties de la liberté individuelle, la vérification par le Parlement des levées d’impôts, l’abolition des monopoles, la suppression des intendants[24].
  • 30 juin : trente-deux députés des cours souveraines parisiennes se réunissent dans la chambre Saint-Louis du palais de la Cité pour travailler à la réforme de l’État jusqu’au 10 juillet[24] Les magistrats mécontents publient un programme politique articulé en vingt-sept articles : abolition des intendances, des commissions extraordinaires et de l’évocation des affaires judiciaires par-devant les maîtres des requêtes, consentement à l’impôt des quatre cours souveraines, pas de créations d’offices nouveaux, pas d’atteinte au gages des officiers, réduction d’un quart des tailles, abolition des nouvelles redevances domaniales ou citadines comme le toisé, baisse des taux d’intérêts, création d’une Chambre de justice pour contrôler les financiers, etc.[20]

Juillet[modifier | modifier le code]

  • 1er juillet : deuxième séance pour la mise en œuvre du programme de la Fronde Parlementaire. Article 3 à 6 : entre autres, il est décidé l’interdiction des arrestations non suivies de jugement au-delà de vingt-quatre heures[24].
  • 4 juillet : arrêt du Parlement ordonnant la révocation des intendants[24].
  • 8 juillet : le surintendant des finances Particelli d’Emery est limogé et remplacé par La Meillerais[25].
  • 10 juillet : la Chambre Saint-Louis présente sa charte réformiste[26]. Mazarin et ses ministres, isolés (la force armée est aux frontières), se résignent à ratifier le renversement politique exigé, qui met fin au ministériat et à l’État absolutiste moderne, construit sur l’impôt.
  • 13 juillet : les intendants sont supprimés à l’exception de ceux des provinces frontières, où leur compétence sera strictement militaire[24]. Broussel apparaît désormais comme « le chef de l’opposition parlementaire ».
  • 18 juillet :
    • par ordonnance royale, les 17 intendants provinciaux sont rappelés, les innovations fiscales révoquées, les fermes d’impôts suspendues[27]. Les recouvrements s’interrompent et le pouvoir dans les provinces passe aux mains des gouverneurs et magistrats locaux.
    • le Parlement enregistre deux déclarations. La première sur la révocation des intendants. La seconde décide la création d’une chambre de justice habilitée à rechercher et à punir les abus commis par les intendants et les partisans dans le domaine fiscal[28].
  • 27 juillet : inauguration de l’église Sainte-Anne-la-Royale des théatins[29].
  • 31 juillet : la reine interdit toute réunion du Parlement avec d’autres cours souveraines, mais lui accorde le renouvellement du droit annuel. Enregistrement, le même jour, en lit de justice, d’une déclaration royale qui entérine presque toutes les réformes voulues par la Chambre Saint-Louis[18],[30]. Dès le 1er août, la reine veut sévir et emprisonner les conseillers rebelles. Gaston d’Orléans la dissuade en l’assurant qu’il mettra au pas Broussel et les jeunes conseillers. Le vieux parlementaires, les présidents à mortier essaient de leur côté de gagner du temps jusqu’aux vacances parlementaires.

Août[modifier | modifier le code]

20 août : bataille de Lens
Plan de Paris en 1648.
  • 27 août : journée des barricades à Paris[34]. Début de la Fronde parlementaire (Gondi, Beaufort, Châteauneuf, Charton, Broussel…), soulèvement contre Anne d’Autriche et Mazarin. Conduit par le premier président Molé, le Parlement se rend au Palais-Royal pour réclamer la libération de Broussel, "le père du peuple". Comme il n’a rien obtenu, la population le contraint, sous la menace, à une nouvelle démarche. L’insurrection gagne la rive gauche. Blancmesnil est libéré le 27 au soir, Broussel le lendemain matin[38].

Septembre[modifier | modifier le code]

  • Septembre : Bossuet est ordonné sous-diacre à Langres. Au cours de sa retraite, il écrit la Méditation sur la brièveté de la vie. Il commence à prêcher, à Metz et à Paris, en particulier pour la Confrérie du Rosaire dont il a été nommé directeur par Nicolas Cornet.

Octobre[modifier | modifier le code]

  • 14 octobre : émeute des cabaretiers et des marchands de vin parisiens qui envahissent le Palais pour réclamer aux parlementaires l’abaissement des droits sur les vins[44].
  • 22 octobre : la reine signe une déclaration rejoignant de façon atténuée le texte des vingt-sept articles[46]. Elle est enregistrée . Elle vise à donner le pouvoir d’un Parlement de régime parlementaire à un Parlement qui n’est pas élu. Les ordonnances du sont, entre autres très protectionnistes puisqu’elles prohibent l’entrée en France de marchandises étrangères[47].
24 octobre : Giromagny, monument commémoratif de la réunion de l'Alsace à la France en 1648

Novembre[modifier | modifier le code]

Décembre[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gustave Saige, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay : 1648-1652, H. Champion, (présentation en ligne)
  2. François Nicolas Baudot, Journal des guerres civiles de Dubuisson-Aubenay, 1648-1652, vol. 9, H. Champion, (présentation en ligne)
  3. Jean-Marie Constant, C'était la Fronde, Flammarion, , 400 p. (ISBN 978-2-08-138125-4, présentation en ligne)
  4. Michel Nassiet, La France au XVIIe siècle : société, politique, cultures, Belin, , 319 p. (ISBN 978-2-7011-4302-6, présentation en ligne)
  5. a b c et d Ernest-Désiré Glasson, Le Parlement de Paris, Slatkine (présentation en ligne)
  6. Omer Talon, Mémoires, vol. 4, La Haye, Gosse & Neaulme, (présentation en ligne)
  7. Aimé Richardt, Bossuet, conscience de l’Église de France, Francois-Xavier de Guibert, , 364 p. (ISBN 978-2-7554-0576-7, présentation en ligne)
  8. Jean B. Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume, et des maisons princières de l'Europe, vol. 8, Paris, Atrthus Bertrand, (présentation en ligne)
  9. Louis Clair Beaupoil Sainte-Aulaire, Histoire de la Fronde, Ducrocq, (présentation en ligne)
  10. Histoire du traité de Westphalie, vol. 6, Paris, Didot, (présentation en ligne)
  11. Jean-François-Paul de Gondi de Retz, Œuvres du Cardinal de Retz, vol. 1, Hachette, (présentation en ligne)
  12. a et b Jean Pinson de La Martinière, Estat et gouvernement de France : comme il est depuis la majorité du roy Louis XIV à présent régnant, vol. 1, Jean Ravestein, (présentation en ligne)
  13. (en) Vincent J. Pitts, Embezzlement and High Treason in Louis XIV's France : The Trial of Nicolas Fouquet, Baltimore, Md., JHU Press, (ISBN 978-1-4214-1824-7, présentation en ligne)
  14. Mémoires de Mlle de Montpensier, vol. 1, Charpentier, (présentation en ligne)
  15. Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des Français, vol. 6, Dumont, (présentation en ligne)
  16. Encyclopédie théologique : Dictionnaire de statistique religieuse et de l’art de vérifier les dates, vol. 59, Jacques-Paul Migne, (présentation en ligne)
  17. Françoise de Motteville, Mémoires de Mme de Motteville sur Anne d’Autriche et sa cour : d’après le manuscrit de Conrart, vol. 2, Charpentier, (présentation en ligne)
  18. a b c d et e Ludovic Lalanne, Dictionnaire historique de la France, vol. 1, Ayer Publishing (ISBN 978-0-8337-1983-6, présentation en ligne)
  19. Laurence Plazenet, Port-Royal, Flammarion, (présentation en ligne)
  20. a et b Jean-Charles-Léonard Simonde Sismondi, Histoire des Français, vol. 14, Wouters frères, (présentation en ligne)
  21. Philippe de Montjouvent, Les Beauharnais : Les grands ancêtres, 1390-1846, vol. 1, Éditions Christian, , 563 p. (ISBN 978-2-86496-126-0, présentation en ligne)
  22. Annales de la société académique de Nantes, vol. 24, Camille Mellinet, (présentation en ligne)
  23. Jérôme Janczukiewick, « Le renouvellement de la Paulette en 1648 », Dix-septième siècle, vol. 1, no 214,‎ (présentation en ligne)
  24. a b c d et e Decrusy, Recueil général des anciennes lois françaises depuis l'an 420 jusqu'à la Révolution de 1789, Belin-Le Prieur, (présentation en ligne)
  25. Jacques Brighelli, Le jeu politique, Éditions Sulliver, , 254 p. (ISBN 978-2-911199-87-5, présentation en ligne)
  26. Mustapha Hogga, Souveraineté, concept et conflit en occident, Paris, Éditions L'Harmattan, , 417 p. (ISBN 978-2-296-04541-5, présentation en ligne)
  27. Michel Biard, Les lilliputiens de la centralisation : des intendants aux préfets, les hésitations d'un modèle français, Seyssel, Éditions Champ Vallon, , 410 p. (ISBN 978-2-87673-462-3, présentation en ligne)
  28. Catalogue de l'histoire de France, vol. 2, Firmin Didot, (présentation en ligne)
  29. Louis Moreri, Le grand dictionnaire historique ou mélange curieux de l’histoire sacrée et profane, vol. 3, (présentation en ligne)
  30. Jean-Christian Petitfils, Les Rois de France : Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, EDI8, , 3684 p. (ISBN 978-2-262-05041-2, présentation en ligne)
  31. Alfred de Bonneau-Avenant, Marie de Beauharnais de Miramion, Madame de Beauharnais de Miramion, sa vie et ses œuvres charitables, 1629-1696, Paris, Poussielgue, (présentation en ligne)
  32. a et b Roland Mousnier, La plume, la faucille et le marteau : institutions et société en France, du Moyen Age à la Révolution, Presses universitaires de France, (présentation en ligne)
  33. Omer Talon, Mémoires, Paris, Didot Frères, (présentation en ligne)
  34. a b c et d Lucien Bély, Louis XIV : le plus grand roi du monde, Éditions Jean-paul Gisserot, , 279 p. (ISBN 978-2-87747-772-7, présentation en ligne)
  35. Chantal Grand, L'envers du décor : Le siècle de Louis XIV, Paris, BoD - Books on Demand, , 336 p. (ISBN 978-2-322-01382-1, présentation en ligne)
  36. Retz, vol. 2 op. cit, p. 11.
  37. Jean François Paul de Gondi de Retz, Mémoires, Gallimard, (présentation en ligne)
  38. Frédérique Pitou, Hommes de loi et politique : XVIe – XVIIIe siècles, Presses universitaires de Rennes, (ISBN 978-2-7535-2962-5, présentation en ligne)
  39. Roger Duchêne, Wolfgang Leiner et Pierre Ronzeaud, Correspondances : mélanges offerts à Roger Duchêne : études, Gunter Narr Verlag, , 545 p. (ISBN 978-3-8233-4603-6, présentation en ligne)
  40. Memoires de Mlle de Montpensier, vol. 1, Charpentier, (présentation en ligne)
  41. Françoise de Motteville, op. cit, p. 191.
  42. Chantal Grell et Robert Halleux, Sciences, techniques, pouvoirs et sociétés du XVe siècle au XVIIIe siècle : Capes-Agrégation Histoire-Géographie, Armand Colin, , 384 p. (ISBN 978-2-200-61670-0, présentation en ligne)
  43. Jean-François-Paul de Gondi de Retz, Œuvres du Cardinal de Retz, vol. 2, Hachette, (présentation en ligne)
  44. a b et c Henri Martin, Histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, vol. 12, Furne, (présentation en ligne)
  45. a et b Jean Charles Léonard Sismonde de Simondi, Histoire des Français, vol. 16, Société typographique belge, (présentation en ligne)
  46. a et b Pierre Adolphe Chéruel, Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, vol. 1, Paris, Charpentier, (présentation en ligne)
  47. Adolphe Chéruel, Histoire de la France pendant la minorité de Louis XIV, tome III (juil. 1648-18 janv. 1650), Hachette, Paris, 1879, p 91
  48. Jacques Bernard, Abraham-Nicolas Amelot de La Houssaie, Recueil des traitez, vol. 3, Amsterdam, Henry et la veuve de T. Boom, (présentation en ligne)
  49. Retz, vol. 2 op. cit, p. 95.
  50. Jean Baptiste Colbert et Pierre Clément, Lettres, instructions et mémoires de Colbert, vol. 7, Paris, Imprimerie nationale (présentation en ligne)
  51. François de La Rochefoucauld, Maximes, Le Livre de Poche, , 384 p. (ISBN 978-2-253-15873-8, présentation en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]