Assassinat de David Amess — Wikipédia

Assassinat de David Amess
Image illustrative de l’article Assassinat de David Amess
Église méthodiste Belfairs, à Leigh-on-Sea, où a été attaqué Amess.

Localisation Église méthodiste Belfairs, Leigh-on-Sea, Essex, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Cible David Amess
Coordonnées 51° 33′ 35″ nord, 0° 39′ 03″ est
Date
12 h 5
Type Assassinat
Armes Couteau
Morts 1 (David Amess)
Auteurs Ali Harbi Ali
Organisations Drapeau de l'État islamique État islamique (inspiré)[1],[2]
Mouvance Terrorisme islamiste

Carte

L'assassinat de David Amess a lieu le , lorsque le député du Parti conservateur de Southend West est poignardé au cours d'une réunion de circonscription à Leigh-on-Sea. Un homme de 25 ans, apparemment un Britannique d'« origine somalienne », a été arrêté sur les lieux. En , il est reconnu coupable de meurtre et de terrorisme et condamné à la prison à vie. La police a déclaré qu'elle traitait l'attaque comme un incident terroriste aux motivations potentiellement liées à l'extrémisme islamique.

Contexte[modifier | modifier le code]

Un homme d'âge moyen en costume-cravate pose pour la photo.
Portrait officiel de Sir David Amess.

Sir David Amess est un homme politique de longue date, entré au Parlement en 1983 en tant que député de Basildon. Il n'occupe aucun poste de responsabilité, mais est un membre « immédiatement reconnaissable »[Selon qui ?] du Parti conservateur, fait chevalier pour son engagement dans le service public. Perçu comme modéré[Par qui ?], il s'est opposé à l'avortement, a fait campagne en faveur du Brexit, a prôné des protections plus strictes en matière de bien-être animal et a fait campagne pour l'attribution du statut de cité à la ville de Southend-on-Sea[3],[4],[5],[6].

À la suite du meurtre de Jo Cox lors d'une réunion de circonscription en 2016, Amess a mentionné dans sa biographie de 2020 que les craintes d'attaques similaires « ont plutôt gâché la grande tradition britannique selon laquelle les gens rencontrent ouvertement leurs élus », et il a déclaré qu'il avait été victime de harcèlement et d'insécurité à son domicile[3],[6],[7]. Les députés sont protégés par la police armée lorsqu'ils sont à l'intérieur du Parlement, la sécurité étant renforcée après l'attaque de Westminster en 2017, mais ils ne bénéficient généralement pas d'une protection policière pendant les réunions de circonscription[8],[9],[10].

Le Figaro note que l'assassinat de David Amess intervient dans un contexte d'augmentation des actes de délinquance contre les parlementaires (+126 % entre 2017 et 2018 et +90 % sur les quatre premiers mois de 2019, selon des chiffres de la police)[11].

Attaque[modifier | modifier le code]

Le , Amess était dans une réunion de circonscription à l'église méthodiste Belfairs à Leigh-on-Sea, une ville côtière située à environ 48 km à l'est de Londres, où il devait rencontrer les électeurs de 10 h à 19 h[12],[13],[14]. Vers 12 h 5, il a été poignardé à 17 reprises[15],[16]. La police a été alertée de l'attaque peu de temps après ; des policiers armés ainsi que des hélicoptères médicaux et policiers sont intervenus. Le député a été soigné par des médecins sur les lieux mais est décédé peu de temps après des suites de ses blessures[6],[12],[15],[17]. Un prêtre catholique s'est vu interdire l'entrée sur le lieu du crime ; Amess (lui-même de cette confession) n’a donc pas pu en recevoir les derniers sacrements[18].

Enquête[modifier | modifier le code]

Des agents de la police antiterroriste sont impliqués dans les premières étapes de l'enquête[19]. La police d'Essex (en) a déclaré qu'un « homme de 25 ans a été rapidement arrêté après que des policiers sont arrivés sur les lieux, soupçonné de meurtre et qu'un couteau a été récupéré »[19],[20],[21]. Vers 18 h 32, le 15 octobre, la police d'Essex a annoncé que l'enquête avait été confiée à la lutte contre le terrorisme[22]. Plus tard dans la journée, la BBC a rapporté qu'une source gouvernementale a déclaré que le suspect était un ressortissant britannique d'« origine somalienne »[6]. L'auteur présumé, Ali Harbi Ali, est le fils d'un ancien conseiller en communication du gouvernement somalien[11]. Il avait déjà été inclus dans un programme de déradicalisation[23].

Vers h 30 le , la police a déclaré que l'attaque au couteau était un incident terroriste. L'attaque avait « une motivation potentielle liée à l'extrémisme islamique », selon des officiers[9],[24].

Réponse[modifier | modifier le code]

Le Premier ministre Boris Johnson est retourné à Westminster à la suite de l'attaque, où les drapeaux ont été mis en berne[25]. Divers groupes parlementaires et personnalités politiques britanniques, actuelles et anciennes, de tous les horizons politiques, ont exprimé leur choc et présenté leurs condoléances, tout comme les proches de Jo Cox[26]. Une veillée pour Amess doit avoir lieu dans sa circonscription à 18 h le . Le président de la Chambre des communes, Sir Lindsay Hoyle, a annoncé que la sécurité des députés sera revue[14],[22],[27]. Le député conservateur et président Oliver Dowden a annoncé qu'à la lumière de la mort d'Amess, les activités de campagne au nom du Parti conservateur seraient suspendues dans tout le pays jusqu'à nouvel ordre. Un porte-parole de l'Organisation des Nations unies a déclaré que les personnalités politiques devraient être en mesure d'accomplir leurs devoirs sans craindre d'être attaqués en réponse à la mort d'Amess.

Procès et condamnation[modifier | modifier le code]

Durant son procès à la cour londonienne de l'Old Bailey en avril 2022, l'accusé, Ali Harbi Ali, déclare devant la cour criminelle que frustré de ne pouvoir aller combattre lui-même en Syrie avec le groupe État islamique, il s'était dit qu'il devait « essayer de faire quelque chose ici pour aider les musulmans là-bas »[28]. Il avait aussi envisagé de tuer le ministre Michael Gove. Se considérant comme « un musulman modéré », l'accusé a assuré n'avoir pas de regret[28].

Le 11 avril, Ali Harbi Ali est reconnu coupable de meurtre et de terrorisme par les jurés[29]. Il n'a fallu que 18 minutes aux jurés pour délibérer et le condamner. « Je l'ai tué parce qu'il faisait du mal aux musulmans », avait-il déclaré. « J'avais le sentiment que si je pouvais tuer quelqu'un qui décidait de tuer des musulmans, cela pourrait empêcher que plus de mal soit fait à ces musulmans », avait-il poursuivi[30]. Le 13 avril, Ali Harbi Ali fut condamné à la prison à vie pour le meurtre. Le juge souligne qu'Ali n'avait « aucun remords ou aucune honte, au contraire », et il continue : « Il s'agit d'un meurtre qui a frappé le cœur de notre démocratie ». Selon un membre de la Metropolitan Police, « l'homme qui commence aujourd'hui une peine de prison à vie est un individu froid, calculé et dangereux »[31].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Aaron Taylor, « Prosecutors say man charged with killing U.K. lawmaker considered himself affiliated with ISIS », The Washington Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Phoebe Southworth, Martin Evans et Gareth Davies, « Ali Harbi Ali 'plotted to kill an MP for two years after being inspired by Islamic State' », sur The Daily Telegraph, (consulté le ).
  3. a et b Aditi Sangal, Meg Wagner, Melissa Macaya et Melissa Mahtani, « Amess was not a man "who voiced extremist opinions," CNN reporter says », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Caroline Davies, « Sir David Amess profile: Eurosceptic MP with a passion for animal welfare », sur The Guardian, (consulté le ).
  5. James Landale et Brian Wheeler, « Sir David Amess: Fun, friendly and always outspoken », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. a b c et d Joseph Lee, « Sir David Amess: Conservative MP stabbed to death », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Lizzie Dearden, « David Amess: Stabbed MP wrote in book that attacks 'could happen to any of us' », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Jo Kearney et Jill Lawless, « Authorities call fatal stabbing of UK lawmaker terrorist act », Associated Press,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b (en-US) Megan Specia, Mark Landler et Stephen Castle, « Longtime U.K. Lawmaker Stabbed to Death in Attack Labeled Terrorism », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne Accès limité, consulté le ).
  10. Jamie Ross, « Stabbing Murder of British Politician Declared Terrorist Act », sur The Daily Best, (consulté le ).
  11. a et b Amandine Alexandre, Mort du député David Amess au Royaume-Uni: la piste islamiste, lefigaro.fr, 18 octobre 2021.
  12. a et b Peter Walker et Vikram Dodd, « Conservative MP David Amess stabbed in Essex attack », The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Toby Emes, « Police presence near Belfairs Methodist Church, Leigh », Echo News (en),‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b Alexander Smith et Segilola Arisekola, « U.K. lawmaker stabbed to death while meeting with voters; incident declared terrorism », NBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. a et b Matt Murphy et Dominic Casciani, « Sir David Amess: How a tragic day unfolded », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. Alan McGuinness, « Conservative MP Sir David Amess stabbed multiple times in incident at constituency surgery », Sky News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. « Sir David Amess stabbing: What we know so far », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) Henry Bodkin, Ewan Somerville et Tim Stanley, « Catholic priest wanting to give MP the last rites was denied entry to the crime scene », sur The Daily Telegraph, (consulté le ).
  19. a et b Lizzie Dearden et Holly Bancroft, « Sir David Amess death: Conservative MP dies after being stabbed at constituency surgery », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. Nic Robertson, Rob Picheta et Jo Shelley, « Fatal stabbing of British lawmaker David Amess called terrorist incident by UK police », CNN,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. « Sir David Amess: Latest after Conservative MP killed in stabbing attack », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. a et b Nadeem Badshah et Kevin Rawlinson, « David Amess: home secretary asks police to review security measures after MP's stabbing– as it happened », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
  23. « Meurtre du député britannique David Amess : le suspect avait suivi un programme de déradicalisation », sur ladepeche.fr (consulté le ).
  24. Doug Faulkner, « Sir David Amess killing was terrorist incident, say police », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. « Flags flown at half mast in tribute to murdered British lawmaker », sur www.reuters.com, (consulté le ).
  26. (en) Keir Starmer, « Sir David Amess », sur Twitter, (consulté le ).
  27. « Colleagues, royals and PMs remember David Amess », CBC News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  28. a et b Royaume-Uni : le tueur présumé d'un député voulait l'empêcher de «faire du mal» aux musulmans, lefigaro.fr, 7 avril 2022.
  29. « Le tueur du député David Amess reconnu coupable de meurtre », lematin.ch,‎ (lire en ligne).
  30. Député britannique poignardé : l'accusé reconnu coupable de meurtre et de terrorisme lefigaro.fr, 12 avril 2022.
  31. Le Figaro avec AFP, « Député britannique poignardé : un homme radicalisé condamné à la prison à vie », sur lefigaro.fr, (consulté le ).