Attentat du pont de Bir-Hakeim — Wikipédia

Attentat du pont de Bir-Hakeim
Image illustrative de l’article Attentat du pont de Bir-Hakeim
Le pont de Bir-Hakeim en 2018.


Localisation Pont de Bir-Hakeim et Avenue du Président-Kennedy, 15e et 16e arrondissement de Paris, Drapeau de la France France
Cible Civils
Coordonnées 48° 51′ 17″ nord, 2° 17′ 19″ est
Date
21 h 15 (UTC+1)
Type Attaque à l'arme blanche
Armes Couteau, Marteau
Morts 1
Blessés 2
Auteurs Armand Rajabpour-Miyandoab[1]
Organisations Drapeau de l'État islamique État islamique (allégeance)
Mouvance Terrorisme islamiste

L'attentat du pont de Bir-Hakeim est une attaque au couteau et au marteau perpétrée le , sur et à proximité du pont de Bir-Hakeim, à Paris. Le suspect est Armand Rajabpour-Miyandoab, un Iranien naturalisé français en 2002, connu des services de renseignement et déjà condamné pour un projet d'attentat terroriste. Il est arrêté après les faits.

Les victimes sont un homme ayant la double nationalité allemande et philippine, tué à coups de couteau, ainsi qu'un expatrié britannique et un Français, blessés à coups de marteau.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'attentat a lieu dans un contexte de tensions élevées en France et à Paris en particulier ; suite de la guerre entre l'État d'Israël et le Hamas, conséquence des attaques de celui-ci contre Israël le , un des motifs cités par le terroriste pour justifier son attaque[2].

Déroulement des faits[modifier | modifier le code]

Le 2 décembre 2023, à 21 h 02 (UTC+1), Armand Rajbpour-Miyandoab publie sur son compte Twitter une vidéo de revendication, dans laquelle il déclare son allégeance à l’Etat islamique[3].

Quelques minutes après, il passe à l'acte en agressant un groupe de trois touristes d'origine philippine, poignardant l'un d'entre eux au dos et à l'épaule[4],[5]. Il menace ensuite la petite amie de celui-ci mais un chauffeur de taxi intervient, provoquant sa fuite de l'autre côté du pont de Bir-Hakeim.

À 21 h 15, la police nationale est prévenue par une automobiliste ayant constaté un important mouvement de foule à proximité de la scène de crime[6]. Deux équipages de police secours des commissariats des 15e et 7e arrondissements de Paris partent alors à la poursuite du terroriste[7]. Sur l'autre rive de la Seine, il agresse une famille d'expatriés britanniques, assénant un violent coup de marteau à l'œil droit du patriarche sexagénaire[7],[8].

À 21 h 28, les policiers localisent l'assaillant au niveau du 14, rue d'Ankara. Pris en chasse, celui-ci fait alors demi-tour, agressant au passage un sexagénaire français, qui reçoit un coup de marteau à la pommette gauche[6],[7].

À 21 h 30, Armand Rajbpour-Miyandoab se retrouve coincé par plusieurs policiers en bas de l'avenue du Parc-de-Passy. Selon Le Parisien, il les menace avec son marteau et crie « Allāhu ʾakbar »[9]. Il déclare également être porteur d'une ceinture explosive, ce qui n'est pas vrai[7].

À 21 h 31, il est immobilisé par le second tir de taser du brigadier-chef Gérard avant d'être menotté[10],[11],[12].

Selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, il aurait « simplement dit aux policiers qui venaient de l'interpeller qu'il ne pouvait plus supporter […] que les musulmans meurent, tant en Afghanistan qu'en Palestine »[13].

Suspect[modifier | modifier le code]

Armand Rajabpour-Miyandoab
Terroriste islamiste[réf. nécessaire]
Image illustrative de l’article Attentat du pont de Bir-Hakeim
Information
Nom de naissance Iman Rajabpour-Miyandoab
Naissance (27 ans)
Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine (France)
Nationalité Iranienne
Française (depuis 2002)
Allégeance Drapeau de l'État islamique État islamique[14]
Idéologie Salafisme djihadiste
Surnom Amine[15]
Abou Talha al-Khorassani[16]
Condamnation
Sentence 5 ans de prison (libéré le )[14]
Actions criminelles Attentat
Attentats Attentat du pont de Bir-Hakeim
Victimes 1 mort et 2 blessés
Arrestation
[15]
Avocat Clémentine Perros[17]

Le suspect est connu des services de renseignement[18]. Armand Rajabpour-Miyandoab (se prénommant Iman jusqu'en 2003)[1], fiché S, de nationalité franco-iranienne[19],[20], né le à Neuilly-sur-Seine de parents iraniens non musulmans[1],[21]. Il résidait au domicile de ses parents à Puteaux (Hauts-de-Seine) ou dans l'Essonne[22],[23].

Il s'est converti à l'islam en 2015 et il a déjà été interpellé par la DGSI le , alors qu'il est soupçonné de vouloir commettre une action violente à La Défense. Il est condamné, en 2018, à cinq ans de prison ferme dont un an avec sursis pour association de malfaiteurs terroriste, une peine qu’il a purgée[19]. L'enquête avait déterminé qu'il communiquait également beaucoup en ligne avec d'autres islamistes, dont Maximilien Thibaut, un djihadiste du groupe Forsane Alizza qui a ensuite rejoint Daech et est depuis mort, et deux autres terroristes ayant commis des attentats en France : Larossi Abballa auteur du double meurtre du 13 juin 2016 à Magnanville, et Adel Kermiche l'un des deux hommes qui a perpétré l'attentat de l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray, sans pour autant être proches d'eux[2].

Selon Gérald Darmanin, Armand Rajabpour-Miyandoab est sorti de prison en 2020, il était « suivi administrativement par la DGSI », il souffrait de « troubles psychologiques » et était « sous traitement »[24].

Victimes[modifier | modifier le code]

La victime décédée est un jeune touriste allemand né en 1999, indique le ministre de l'Intérieur[25]. Les deux blessés sont un Français, âgé d'une soixantaine d'années, et un touriste britannique, blessés au marteau[25],[26].

Le lendemain de l'attaque, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau déclare que les deux victimes blessées sont hors de danger : « Elles ont des traumatismes superficiels, par contre elles auront des traumatismes psychologiques qui vont être immenses[24] ».

Nom Situation Âge Infos
Collin Christian Bröter Décédé 23 ans Ressortissant germano-philippin. Originaire de la province de La Union, où il a effectué ses études d'infirmier, il travaillait depuis dans une maison de retraite à Uelzen en Allemagne. Au moment de l'attaque, il était en voyage à Paris depuis deux semaines et prévoyait d'y fêter son 24e anniversaire le [4],[5],[27],[28],[29].
Melvyn J. Cummings Blessé 65 ans
Thierry Blessé 60 ans

Enquête[modifier | modifier le code]

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'assaillant a prononcé les mots « Allah akbar » pendant qu'il passait à l'acte[30]. « Il a déclaré aux policiers qu'il ne supportait plus que des musulmans meurent, tant en Afghanistan qu'en Palestine », explique Gérald Darmanin lors d'un point presse[31]. Il aurait aussi déclaré qu'il « en voulait » pour « ce qui se passait à Gaza » et que la France serait « complice de ce que faisait Israël »[32].

Le parquet national antiterroriste (PNAT) indique à l’Agence France-Presse (AFP) avoir ouvert une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et pour association de malfaiteurs terroriste criminelle[19].

Le parquet fédéral allemand annonce le ouvrir une enquête[33]. L'enquête allemande, justifiée par la nationalité allemande de la victime, se déroulera parallèlement à l'enquête française[33].

Réactions[modifier | modifier le code]

En France[modifier | modifier le code]

Emmanuel Macron a adressé toutes ses « condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé ce soir lors de l’attaque terroriste survenue à Paris et pense avec émotion aux personnes actuellement blessées et prises en charge »[19].

« Soutien aux victimes de l’attaque au couteau qui vient de se produire à Paris. Merci à nos courageux policiers qui ont interpellé l’individu qui s’en prenait à des passants », a commenté Éric Ciotti[19].

Jordan Bardella s’est interrogé sur le parcours du suspect : « Demain matin, les Français se demanderont comment un homme fiché, déjà condamné pour avoir planifié un attentat, cas psychiatrique notoire, dans le contexte actuel, ait pu se promener librement et armé un samedi soir dans les rues de Paris. Et ils auront raison de s’interroger. »[19].

Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, demande à « ne pas donner de signification politique générale » à cet acte « d'une personne qui est manifestement déséquilibrée »[34].

Selon Aurelien Breeden du New York Times, l'affaire a ravivé les craintes d'une recrudescence des attaques terroristes islamistes en France[35].

À l'étranger[modifier | modifier le code]

Nancy Faeser, ministre allemande de l'Intérieur, dénonce « un crime abominable » et ajoute que « l'Allemagne lutte côte à côte avec la France contre le terrorisme islamiste. Nos services de sécurité travaillent en étroite collaboration. »[36]

Le chancelier Olaf Scholz se dit « bouleversé par l'attaque terroriste à Paris qui a tué un Allemand et blessé plusieurs personnes. »[37]

Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères, adresse ses condoléances à la famille de Collin Christian Bröter, ressortissant allemand tué dans l'attentat[38].

Selon Christophe Bourdoiseau, correspondant à Berlin pour Libération, la mort d'un citoyen allemand ravive les craintes du terrorisme en Allemagne, à la suite de l’attentat meurtrier du marché de Noël de Berlin du 19 décembre 2016 et à l'arrestation en novembre 2023 de deux hommes soupçonnés d’avoir planifié un attentat sur un marché de Noël à Leverkusen[38].

Ylva Johansson, commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, déclare avant le début d’une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE à Bruxelles le mardi 5 décembre : « Avec la guerre entre Israël et le Hamas et la polarisation qu'elle provoque dans notre société, avec la période des fêtes qui approche, le risque d'attaques terroristes dans l'Union européenne est énorme ». Elle annonce « débloquer 30 millions d'euros supplémentaires pour renforcer la protection, par exemple, des lieux de culte »[39],[40].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Attaque à Paris : le terroriste Armand Rajabpour-Miyandoab se prénommait Iman jusqu’en 2003 », sur Le Figaro, (consulté le )
  2. a et b « Ce que l'on sait de l'attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés samedi soir à Paris, et du suspect placé en garde à vue », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  3. Fabien Leboucq et Willy Le Devin, « Attentat à Paris : le profil du terroriste intrigue », La Libre Belgique, (consulté le )
  4. a et b « Conférence de presse du procureur de la République antiterroriste après l’attaque au couteau à Paris », sur Figaro Live, (consulté le )
  5. a et b L.D. et Elsa Mari, « Attaque à Paris : un touriste germano-philippin tué et un Britannique blessé… ce que l’on sait des victimes », Le Parisien, (consulté le )
  6. a et b Elie Julien, J-M D, E.M et J.C, « Attaque au couteau à Paris : le récit minute par minute », Le Parisien, (consulté le )
  7. a b c et d Antoine Albertini, « Attentat à Paris : récit d’un « périple meurtrier » », Le Monde, (consulté le )
  8. (en) Neil Sears, « Brit hit in the eye with a hammer by Islamist fanatic was a grandfather, 65, visiting his daughter and grandchildren in Paris », Daily Mail, (consulté le )
  9. « Un mort et deux blessés dans une attaque à Paris, l’assaillant aurait crié « Allah akbar » », Le Télégramme, (consulté le )
  10. « Homme tué à Paris: le point presse de Gérald Darmanin en intégralité », BFM TV, (consulté le )
  11. V. F, « VIDÉO - Attentat à Paris : le témoignage des policiers qui ont neutralisé l'assaillant », TF1, (consulté le )
  12. Damien Delseny et Jean-Michel Décugis, « Attaque à Paris : pour les policiers, trente minutes de traque et de sauvetage », Le Parisien, (consulté le )
  13. Dinah Cohen et Muriel Motte, « Attaque terroriste à Paris: avant les JO, la sécurité en question », L'Opinion, (consulté le )
  14. a et b Cécile Soulé, Isabelle Lassalle et Flavien Groyer, « Attaque au couteau à Paris : fiché S, radicalisé, troubles psychiatriques, ce que l'on sait de l'assaillant », France Bleu, (consulté le )
  15. a et b Mathieu Delahousse, « Attaque au couteau à Paris : Armand R., un terroriste déjà condamné qui jurait être devenu « anti-islamiste radical » », L'Obs, (consulté le )
  16. (ar) Tahar Hani, « فرنسا: من هو المشتبه به في قتل سائح ألماني مساء السبت في باريس؟ » [« France : Qui est le suspect dans le meurtre d'un touriste allemand samedi soir à Paris ? »], France 24,‎ (consulté le )
  17. « Attentat près de la tour Eiffel: le suspect inculpé et incarcéré par un juge antiterroriste », Le Point, (consulté le )
  18. (en) « One dead, two injured in Paris knife and hammer attack near Eiffel Tower, French interior minister says », sur cnnphilippines.com (consulté le ).
  19. a b c d e et f « Attentat à Paris : le parquet antiterroriste ouvre une enquête pour assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. « Attaque à Paris : l'assaillant, un converti qui assurait ne "plus être musulman" », sur france24.com, (consulté le ).
  21. « Un mort après une attaque au couteau à Paris : un assaillant fiché S et suivi pour "troubles psychiatriques très importants" », sur TF1 INFO, (consulté le )
  22. « Attaque à Paris : Le terroriste était en lien avec le tueur de Magnanville et l'assassin de Samuel Paty », sur actu17.fr, (consulté le )
  23. Julien Constant, Damien Delseny, Jérémie Pham-Lê et Marius Veillerot, « Attaque à Paris : fiché S, islamisme radical, troubles psy… Ce que l’on sait de l’assaillant Armand R.-M. », Le Parisien, (consulté le )
  24. a et b « Attaque à Paris : un touriste étranger tué et deux passants blessés, l’assaillant suivi par la DGSI », sur Libération, (consulté le )
  25. a et b Julien Ricotta, AFP, « Paris : un mort et deux blessés dans une attaque au couteau, l'assaillant interpellé », sur rtl.fr, 2 décembre 2023, mis à jour le 3 décembre 2023 (consulté le ).
  26. Paméla Rougerie, Julien Constant et Damien Delseny, « Paris : un mort et deux blessés dans une attaque au couteau et au marteau, un assaillant fiché S interpellé », Le Parisien, (consulté le )
  27. (en) Robert Kogon, « Did Paris Assailant Deliberately Attack a Group of Filipino Tourists and Why Are the Media Covering It Up? », sur The Daily Sceptic (en), (consulté le )
  28. Elsa Mari et Jean-Michel Décugis, « Attaque à Paris : Collin, le jeune infirmier tué par le terroriste, était en vacances avec sa petite amie », Le Parisien, (consulté le )
  29. « L'édito de Laurence Ferrari : «Il s'appelait Collin, il devait fêter ses 24 ans, ce mercredi 6 décembre» », CNews, (consulté le )
  30. « Paris : un mort et deux blessés après une attaque au couteau et au marteau, l'assaillant interpellé », sur francetvinfo.fr, 2 décembre 2023, mis à jour le 3 décembre 2023 (consulté le ).
  31. Flavien Groyer, « Paris : un mort et deux blessés dans une attaque au couteau, le parquet antiterroriste se saisit de l'enquête », sur francebleu.fr, 2 décembre 2023, mis à jour le 3 décembre 2023 (consulté le ).
  32. « Attaque mortelle près de la Tour Eiffel: le parquet antiterroriste saisi, l'assaillant en garde à vue », sur notretemps.com, (consulté le ).
  33. a et b « Après l'attaque au couteau à Paris, l’Allemagne ouvre une enquête judiciaire à son tour », sur letemps.ch, (consulté le ).
  34. « Attaque au couteau à Paris: Bompard appelle à «ne pas donner de signification politique générale» », sur Le Figaro.fr,
  35. (en) Aurelien Breeden, « Deadly Paris Knife Attack Revives Terrorism Concerns », sur nytimes.com (consulté le ) : « The case stirred fears of renewed Islamist terror attacks in a nation already on edge. ».
  36. Attaque au couteau à Paris : Berlin dénonce un «crime abominable» après la mort du ressortissant allemand, Europe 1, 3 décembre 2023.
  37. Attaque au couteau à Paris : "bouleversé", le chancelier Olaf Scholz réagit après la mort d'un ressortissant allemand, TF1, 3 décembre 2023.
  38. a et b Attentat à Paris : choquée après la mort d’un de ses ressortissants, l’Allemagne redoute la contagion terroriste, Christophe Bourdoiseau, 3 décembre 2023.
  39. Il y a un "risque important" d'attentats terroristes dans l'UE, selon la Commission européenne , Mared Gwyn Jones, euronews.com, 5 décembre 2023.
  40. Terrorisme: une commissaire européenne alerte sur un risque "élevé" d'attentats pour la période de Noël, Salomé Robles, bfmtv.com, 5 décembre 2023.

Article connexe[modifier | modifier le code]