Attaque du 25 septembre 2020 à Paris — Wikipédia

Attaque du à Paris
Localisation Rue Nicolas-Appert, 11e arrondissement de Paris, Drapeau de la France France
Cible Civils
Coordonnées 48° 51′ 33″ nord, 2° 22′ 13″ est
Date
Vers 11 h 33 (UTC+2)
Type Attaque à l'arme blanche
Armes Feuille de boucher
Morts 0
Blessés 2
Auteurs Zaheer Hassan Mehmood
Mouvance Terrorisme islamiste

Carte

L'attaque du à Paris est une attaque terroriste islamiste commise à proximité des anciens locaux de Charlie Hebdo où deux personnes sont gravement blessées à l'arme blanche par un Pakistanais, fanatisé, qui affirme avoir agi en représailles de la récente republication par le journal des caricatures de Mahomet.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le mercredi s'ouvre le procès des attentats de janvier 2015 à Paris, qui ont notamment visé la rédaction du magazine satirique Charlie Hebdo. À cette occasion, le , Charlie Hebdo republie les caricatures qui furent le prétexte à l'attaque terroriste le visant[1].

Le gouvernement pakistanais et la TV d'État condamnent le jour même cette réédition. Le , une manifestation monstre a lieu à Muzaffarabad et voit le drapeau français piétiné, puis incendié, sans violence[2]. La France ne convoque pas l'ambassadeur du Pakistan en France pour s'expliquer et rendre des comptes.

Le matin même des attentats, le Figaro publie une tribune de Jean-Charles Brisard et de Thibault de Montbrial, où ceux-ci estiment que « l'hypothèse d'actions violentes ciblées contre des personnalités […] engagées dans la lutte contre le terrorisme ou contre l'islamisme en général nous paraît devoir être sérieusement envisagée »[3], « cette situation étant d'autant plus marquée dans le contexte du procès des attentats de janvier 2015 »[3].

Ils rappellent qu'al-Qaida dans la péninsule arabique a publié le un communiqué appelant à prendre pour cible le personnel du journal. D'autres appels ont été publiés par des sources proches d'al-Qaida[3].

Attaque[modifier | modifier le code]

Le dans la matinée, une attaque au tranchoir de boucher près des anciens locaux de l'hebdomadaire Charlie Hebdo rue Nicolas-Appert fait deux blessés[4] — dont le pronostic vital ne serait plus engagé le soir de l'attaque[5] — appartenant à l'équipe de production de Premières Lignes télévision[6].

Enquête[modifier | modifier le code]

Zaheer Hassan Mehmood
Terroriste islamiste
Information
Naissance (29 ans)
Mandi Bahauddin (Pakistan)
Nationalité Drapeau du Pakistan Pakistanais
Idéologie Islamisme Barelvisme
Actions criminelles Attentat
Attentats Attaque du 25 septembre 2020 à Paris
Victimes 2 blessés
Arrestation

Un premier individu est rapidement arrêté place de la Bastille. Un second suspect, un Algérien de 33 ans aux vêtements tachés de sang, est arrêté près de la station de métro Richard-Lenoir ; il est totalement mis hors de cause quelques heures plus tard, l'enquête montrant qu'il a au contraire essayé de retrouver et d'immobiliser l'auteur de l'attaque[7],[8],[9], dans une démarche que le procureur antiterroriste Jean-François Ricard qualifie de « grand courage »[10].

Dans la journée du , cinq autres personnes, les colocataires du premier suspect, sont interpellées à Pantin[5],[6].

Le parquet antiterroriste est immédiatement saisi[6] et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin évoque « un acte de terrorisme islamiste »[4]. Le parquet ouvre une enquête pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle »[11].

Le premier suspect s'est présenté comme étant Hassan A., supposément âgé de 18 ans (en fait, de 25 ans), né à Mandi Bahauddin au Pakistan[12]. Cette identité correspond à celle d’un jeune homme entré en France encore mineur trois ans auparavant, et déjà connu pour des faits de droit commun[13],[14].

Placé en garde à vue, selon ses déclarations, il « assume son acte qu’il situe dans le contexte de la republication des caricatures [de Charlie Hebdo] qu'il n'a pas supportée »[15],[16].

En , trois mois plus tôt, il avait juste écopé d'un rappel à la loi, gare du Nord, alors qu'il transportait déjà avec lui une feuille de boucher, considérée comme une arme dangereuse, de catégorie D[17].

L'analyse du téléphone portable de l'attaquant dévoile une pièce d'identité au nom de Zaheer Hassan Mehmood, né le , donc réellement âgé de 25 ans au moment des faits, ainsi qu'une vidéo[n 1], diffusée sur les réseaux sociaux, peu avant l'attaque, dans laquelle il annonce partir « sur le chemin du prophète », soutenant la thèse de la préméditation[17].

Mehmood revendique également agir au nom des idées de Khadim Hussain Rizvi, fondateur et chef du parti politique pakistanais Tehreek-e-Labbaik Pakistan, un parti islamiste sunnite et d'extrême-droite pakistanaise, et qui s'est prononcé en faveur de l'application systématique de la peine de mort pour les cas de blasphème au Pakistan et même pour certaines critiques de cette loi anti-blasphème[18]. Mehmood indique également suivre les idées d'Ilyas Qadri, fondateur et directeur de la Dawat-e-Islami, un mouvement sunnite barelvi apolitique, et qui rejette les actions violentes — l'un de ses porte-paroles se désolidarisera de l'attentat et le condamnera[18] — mais dont certains membres n'hésitent pas à recourir à une variante islamiste du vigilantisme de leur propre initiative[18].

Mehmood précise toutefois qu'il ne fait partie d'aucun des deux groupes[18]. Dans son village de Kothli Qazi, ses agissements suscitent la sympathie, voire l'admiration[19],[20].

Le , le suspect est mis en examen pour tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Il reconnaît avoir menti sur son identité, et il confirme que son nom et son âge sont ceux de la pièce d'identité trouvée dans son téléphone, et explique avoir voulu initialement incendier les locaux qu'il pensait être ceux de Charlie Hebdo, ne décidant d'agresser des personnes qu'une fois arrivé sur place[10].

Les dix autres personnes placées en garde à vue depuis le début de l'affaire ont toutes été relâchées.

Le 25 mars 2024, Mehmood est renvoyé devant la cour d'assises des mineurs spéciale pour tentatives d'assassinats terroristes et association de malfaiteurs terroriste criminelle, aux côtés de 5 coaccusés[21].

Analyse[modifier | modifier le code]

Selon Marc Hecker, chercheur à l'Institut français des relations internationales (Ifri) et spécialiste du terrorisme, qui analyse l'attentat de Nice le 29 octobre, celui devant les anciens locaux de Charlie Hebdo et de Éragny le , « la recrudescence de ces dernières semaines est très probablement liée au procès Charlie Hebdo et à la republication des caricatures, qui a suscité de fortes réactions dans la djihadosphère »[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Vidéo d'une durée de min 55 s.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « « Charlie Hebdo » republie les caricatures du prophète Mahomet qui avaient fait du journal la cible des djihadistes », sur Le Monde, .
  2. « La réédition des caricatures de Mahomet par « Charlie Hebdo » provoque une manifestation au Pakistan », sur Le Monde, .
  3. a b et c Jean-Charles Brisard et Thibault de Montbrial, « Ces faits qui font craindre de nouveaux attentats islamistes en France », sur Le Figaro, .
  4. a et b « Attaque à Paris: Darmanin évoque "un acte de terrorisme islamiste" », sur Le Huffpost, .
  5. a et b Jean-Michel Décugis, Jérémie Pham-Lê et Carole Sterlé, « Attaque près des anciens locaux de Charlie Hebdo : ce que l’on sait », sur Le Parisien, .
  6. a b et c « DIRECT. Attaque près des anciens locaux de Charlie Hebdo : le parquet antiterroriste saisi », sur Le Parisien, (consulté le ).
  7. « Attaque à Paris: la garde à vue du deuxième suspect levée, un autre homme en garde à vue », Challenges, .
  8. « Attaque à Paris : Youssef, le « deuxième suspect », mis hors de cause, raconte comment il a tenté d’arrêter l’assaillant », Le Monde, (consulté le ).
  9. « Attaque à Paris : les enquêteurs cherchent à authentifier une vidéo de l’assaillant », sur Le Monde, (consulté le ).
  10. a et b « Attaque devant les ex-locaux de « Charlie » : le suspect mis en examen pour « tentatives d’assassinats » terroristes », Le Monde, (consulté le ).
  11. « Enquête. Attaque à Paris : sept personnes en garde à vue, le principal suspect reconnaît les faits », Le Républicain lorrain, (consulté le ).
  12. « Attaque à Paris : huit gardes à vue en cours, les enquêteurs cherchent à authentifier une vidéo », sur Le Monde, .
  13. Christophe Cornevin, « Attaque près de l'ex-siège de Charlie Hebdo : la piste islamiste », Le Figaro, .
  14. « Attaque devant l'ancien siège de Charlie Hebdo à Paris : deux blessés, deux interpellations », actu.fr (consulté le ).
  15. « Attaque à l'arme blanche à Paris : le principal suspect « assume son acte » », sur 20 minutes, .
  16. « Attaque de Paris : Ali H., le principal suspect en garde à vue "assume" et "reconnaît" son acte », sur Midi libre, .
  17. a et b « Une vidéo de l’assaillant de l’attaque de Paris intrigue les enquêteurs », Le Monde, .
  18. a b c et d Yann Thompson, « Attentat près des anciens locaux de Charlie Hebdo : que sait-on des groupes pakistanais qui ont influencé le suspect ? », Francetvinfo.fr, .
  19. Anthony Favalli, « Attaque à Paris : le père du terroriste «fier de son fils» », CNews, (consulté le ).
  20. « Attaque au hachoir à Paris : au Pakistan, "la fierté" des proches de l'assaillant », LeProgrès, (consulté le ).
  21. « Attentat près des anciens locaux de "Charlie Hebdo" : six hommes seront jugés aux assises des mineurs pour l'attaque au hachoir de 2020 », sur Franceinfo, (consulté le )
  22. Louis de Briant, « Attentat de Nice : pourquoi une telle succession d'attaques depuis un mois? », Le Journal du dimanche, (consulté le )