Gajra — Wikipédia

Dames indiennes coiffées de gajras, pendant une célébration religieuse.

Le Gajra (hindi : गजरा ou ourdou : گجرا ; bengali : গজরা (gôjôrā) ; marathi : गजरा) est une guirlande de fleurs et un élément de coiffure portée par les femmes du sous-continent indien lors d'occasions festives, de mariages ou dans le cadre de tenues traditionnelles de tous les jours. Il est habituellement constitué de différentes variétés de fleurs de jasmin, mais la rose, les fleurs de crossandra (Crossandra infundibuliformis) et les fleurs de barleria sont également largement utilisés, ainsi que les fleurs de magnolia champak, de tubéreuse et d'orchidée (Rhynchostylis retusa) entre autres[1],[2],[3]. Il peut être porté aussi bien sur le chignon qu'avec le lovage de la tresse. Le gajra est constitutif de la toilette traditionnelle des femmes d'Inde méridionale[1],[4],[5] et moins couramment du Gujarat, qui le portent généralement avec des vêtements traditionnels. Ailleurs, il est occasionnel, porté principalement lors de festivités et de mariages, durant lesquels il peut également être porté au poignet.

La confection de gajra suscite et absorbe une part importante de la production floricole indienne. En 1976, il était estimé que 50 % du volume de fleurs en vente à Madras, Bangalore et Bombay était destiné à la production de gajras et de venis[1]. Un chiffre révélateur d'une prépondérance sudiste dans la demande en gajra, qui est devenu un élément stéréotypique de la femme sud-indienne dans l'imaginaire populaire indien. Cette régionalisation des habitudes de consommation est due à la place du gajra dans les normes socio-culturelles et les croyances liées à la féminité en Inde du Sud[4],[5].

En Inde septentrionale et au Pakistan, le gajra a pu être associé à la culture des tawaif, des courtisanes maîtresses des beaux-arts et de l'étiquette, dont les mécènes avaient la coutume d'arborer un gajra au poignet lorsqu'ils leur rendaient visite au kotha (maison close)[6]. Le port masculin du gajra peut être aussi observé en Inde du Sud, dans le contexte religieux des temples, où peuvent être remis aux dévots des gajras en tant que prasada. Ainsi les hommes qui reçoivent ce prasada l'arborent à l'arrière de l'oreille.

Apparenté au gajra, la veni est une coiffe propre au sud de l'Inde, un arrangement floral couvrant la tresse et l'arrière de la tête, communément employé pour certaines cérémonies comme le mariage ou par les danseuses lors de représentations de danses classiques indiennes[1],[3]. C'est une structure en forme de tresse, qui peut être faite de carton dur ou de feuilles coriaces, généralement longue de 90 cm pour 7 à 10 cm de largeur, sur laquelle repose des fleurs et des ornements (bijoux, etc.), qui en couvrent complètement l'ossature[1].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (en) G. S. Randhawa et Amitabha Mukhopadhyay, Floriculture in India, Allied Publishers, (ISBN 978-81-7023-057-1, OCLC 14948934), p. 607, 6
  2. (en) James E. Faust (dir.) et John M. Dole (dir.), Cut flowers and foliages, Wallingford, CAB International, coll. « Crop production science in horticulture », (ISBN 978-1-78924-760-2, OCLC 1226072754), chap. 1 (« The global cut flower and foliage marketplace. »), p. 32-33
  3. a et b (en) M. S. Mebakerlin, S. Chakravorty, Amit Baran Sharangi (dir.) et Suchand Datta (dir.), Value Addition of Horticultural Crops: Recent Trends and Future Directions, New Delhi, Springer India, (ISBN 978-81-322-2262-0, OCLC 1264893255), chap. 5 (« Value Addition in flowers »), p. 84
  4. a et b (en) Shailaja Paik, The vulgarity of caste : Dalits, sexuality, and humanity in modern India, Stanford, Stanford University Press, coll. « South Asia in motion », (ISBN 978-1-5036-3238-7 et 978-1-5036-3408-4, OCLC 1390590860), chap. 5 (« Claiming Authenticity and Becoming Marathi, Post-1960 »)
  5. a et b (en) Ranjani Krishnakumar, « Of marriages and families : clothing the marriageable Tamil women », The South Asianist, Édimbourg, University of Edinburgh, vol. 2, no 3 « Celebrating a century of Indian cinema : passions, pleasures and perceptions »,‎ , p. 74-99 (ISSN 2050-487X, OCLC 9456353130, lire en ligne Accès libre)
  6. (en) Ruth Vanita, Dancing with the Nation : Courtesans in Bombay Cinema, New York, Bloomsbury Publishing, coll. « Bloomsbury Academic », (ISBN 9781501357268, OCLC 1131907852), chap. 2 (« Eros »), p. 67, 211

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]