Georges Meurant — Wikipédia

Georges Meurant
Georges Meurant en 2004 par Vincent Everarts.
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Conjoint
Anne Kellens (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata

Georges Meurant, né à Etterbeek le et mort le à Bruxelles[1], est un peintre et essayiste[2] belge.

Biographie[modifier | modifier le code]

Georges Meurant naît en 1948 à Etterbeek[3]. Il est le fils cadet du poète et ethnographe René Meurant (1905-1977) et de l’illustratrice Élisabeth Ivanovsky (1910-2006)[3]. Son frère Serge Meurant (1946-2021) est poète, sa sœur Anne Meurant-Magnus (1944) est historienne d'art et musicologue[4].

Tout en poursuivant des études secondaires en humanités anciennes latin-grec à l'Athénée Robert Catteau (1960-1966) puis les cours de peinture d’après nature et de gravure de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles (1966-1969), il fréquente les cours de dessin (1961-1970), de peinture (1963-1970), de gravure et lithographie (1966-1971) de l'Académie de Watermael-Boitsfort, la commune bruxelloise où il est domicilié depuis sa naissance. Il dessine et grave.

Il enseigne la gravure à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles et la lithographie à l’École des Arts d’Ixelles.

En 1985, il épouse le peintre Anne Kellens (Etterbeek 1954) qui lui donne un fils, Arthur Meurant, en 1986[5]. Les Meurant-Kellens acquièrent une maison à Ixelles.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Meurant peint une dramaturgie des sentiments (1966-1975) puis des invocations de la présence sous l’apparence, prétextes à l'invention picturale (1976-1986). Il expose des dessins d’après nature (1966-1986). De 1971 à 1980 il tente par ailleurs à la plume une rythmique abstraite mimétique de mouvements naturels, en quête de tension par la multiplication d'élisions et de débordements. Il la trace en public au rétroprojecteur, notamment à l'Institut supérieur pour l’Étude du Langage plastique (Bruxelles: ISELP, 22/5/1973). Ces graphes aboutissent à des livres-objets créés notamment avec le poète Serge Meurant (1946) et le philosophe Georges Miedzianagora (1930-2003).

Après vingt ans de figuration des apparences, Meurant se défait de la représentation pour se livrer à la couleur. « Il se sert de dispositifs mobiles. Il peint de petites surfaces montées sur des plots aimantés qu'il peut déplacer et recomposer à sa guise. Il se ménage ainsi la possibilité de combinaisons multiples et de commutations quasi indéfinies, mais qui ne sont encore que le fait de l'artiste (ou d'un intervenant) et non celui de l'œuvre »[6]. En 1988, Meurant se débarrasse des courbes et des obliques, sa peinture devient un patchwork de rectangles colorés par lequel il expérimente les interactions entre les tons. Il peint à l’huile, sur bois, dans des formats généralement carrés de 15 x 15 cm à 240 x 240 cm, toujours signés et datés au dos, destinés aux particuliers, certains entrés dans des collections publiques. L’esthéticien Jean Guiraud étudie sa peinture de 1988 à 2009. Il lui reconnaît l’invention d’un mode nouveau de tension spatiale fondé sur une combinatoire contraignante qui met en œuvre l’ensemble des facteurs constitutifs du champ pictural. Il la nomme champ figural ou induction figurale[7]. L’induction figurale réalise la transmutation discontinue mais inépuisable de l’espace perceptif par les enchaînements imprévisibles d’agrégations et de désagrégations d’ensembles de formes selon une dynamique de réattribution des contours de figures rectangulaires hautement colorées en aplats. « Meurant n’appuie la forme que pour la transmuter. La couleur qui sert à la renforcer sert à la déstabiliser. Du fait qu’ils coïncident, se confondent, se superposent, contrastes et contours sont en rivalité à la limite des formes, ce qui permet au peintre d’obtenir ce qui semblerait impossible, qui est de dissocier la forme de son contour pour pouvoir le réattribuer à toute autre forme ou groupe de formes. »[8]

Les rectangles, placés par Meurant de manière algorithmique, illustrent (avec ceux de Mondrian et de Malevitch) la recherche d'innovation dans le domaine de l'intelligence artificielle, à laquelle travaille l'ingénieur Jacques Lefèvre[9]. Selon Guiraud, « Meurant exploite le cœur du mécanisme qui pourrait commander et l'agrégation [spatiale] des formes et les enchaînements [séquentiels] du langage, ce qui pourrait bien être son apport à la fois le plus mystérieux et le plus important. »[10] Le poète Bernard Noël s'interroge à propos de l’induction figurale : « Comment nommer la qualité de ce qui s'appuie sur le silence pour parler ? »[11] Le sociologue et psychothérapeute gestaltiste Gerhard Stemberger (en) étudie les effets de l'induction figurale sur des personnes souffrant de divers problèmes mentaux[12] The international Society for Gestalt Theory and its Applications (GTA) publie sur sa page web l'intégralité des écrits de Guiraud consacrés à Meurant ainsi que des commentaires de Alberto Argenton et de Akiyoshi Kitaoka (en) sur les rapports entre l'induction figurale et la Psychologie de la Forme[13]. Meurant ne reconnaît aucun emprunt à l’art moderne ou post-moderne. Il voit des similitudes entre ce qu’il peint et des œuvres géométriques traditionnelles d’Afrique subsaharienne, qu’il a collectionnées et étudiées: le dessin de peuples Kubas (Kasaï, RDC) et celui des pygmées Mbuti (Ituri, RDC). Il s'est également intéressé aux sculptures tanzanienne et oubanguienne. Il a abordé des thèmes asiatiques, tibétain et chinois notamment, présenté des analogies entre des œuvres d'arts traditionnels d'Afrique centrale et de notre art moderne[14], traité de sujets généraux tels que l'enseignement artistique, l'art des femmes, les œuvres d'artistes enfants ou la marginalité des créateurs, ou encore écrit sur quelques artistes contemporains (notamment Pierre Cordier, Kitty Crowther, Camille De Taeye, Christian Dotremont, Elisabeth Ivanovsky, Anne Kellens, Stéphane Mandelbaum, Jean-Luc Moerman, Thierry Mortiaux, Anna Staritsky, Pierre Radisic).

The mint - Brussels - Photo Thierry Henrard

Meurant adapte l’induction figurale à l'édification de décors monumentaux depuis 2010. Dix-sept projets ont été conçus en collaboration avec l’architecte et ingénieur Philippe Samyn[15], quatre sont réalisés. Le siège d’AGC Glass Europe (Louvain-la-Neuve, 2014) présente 400 m2 de fresques polychromes et un jeu de deux cents vitrages[16]. À l'entrée d'un parc culturel se dresse, sur une île en face de Zhoushan à 400 km au sud de Shanghai, une tour de 60 m dont les quatre façades portent, peinte sur acier en usine, une composition plus taoïste que confucianiste (Lujiashi, 2010-2016). Le décor du Bâtiment Europa, le siège principal du Conseil européen et du Conseil de l’Union européenne (Bruxelles, 2010-2017) comprend 7 560 m2 de plafonds polychromes en dalles de feutres teintées dans la masse distribués en treize étages de salles et de salons, 1 350 m2 de tapis polychromes pour quatre salles, 2 500 m2 de polychromies verticales pour quatorze trémies d’ascenseurs, des compositions à forte dominante rouge ou verte et d’autres polychromes pour un millier de portes. Une composition de 91 m2 est imprimée pour le lobby de la K-Tower, un immeuble d'appartements (Kortrijk, 2018). Par ailleurs le chantier de rénovation de The Mint Brussels, un bâtiment de AG Real Estate en centre ville, fut masqué durant neuf mois par trois fresques, imprimées sur bâches, totalisant 1 045 m2 (2015-2016). Un bus électrique de 24 m de long de la Société d'économie mixte des transports en commun de l'agglomération nantaise (Semitan) circulant en site propre porte depuis 2019 et pour dix ans un décor commandé par la société publique Le Voyage à Nantes. Conçue sans émotion, vide d’intention, ouverte à toute projection en elle en regard du lieu d’exposition de sa fonction combinatoire, l’induction figurale se prête à illustrer métaphoriquement tout processus d’interactions multiples et en constante évolution – par exemple celles entre les états et régions d'Europe dans leurs diversités culturelles – par des dynamiques de croissances et de mutations en accord avec l’idée d’un effort, d'un travail, d'un devenir : activité, positivité, énergie.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le peintre Georges Meurant est parti rejoindre l'Eternité
  2. « Georges Meurant : Je peins et j'écris », sur bon-a-tirer.com (consulté le ).
  3. a et b (en) « Meurant, Georges », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit Accès payant, sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787)
  4. Anne Meurant est auteure ou co-auteure d'articles publiés en revues (1968-1969), de critiques (1984, 1987), de catalogues d'expositions (1986, 2003) et, au titre de documentaliste et responsable de collection au MIM, Musée des instruments de musique de Bruxelles (1986-2009), de quinze publications parues en français, anglais et néerlandais de 1986 à 2001. http://data.bnf.fr/fr/12487043/anne_meurant/
  5. Thomas Romanacce, « Arthur Meurant, à la découverte du Youtuber masqué », Le Figaro,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  6. Jean Guiraud, L'Œuvre active, Bruxelles: Galerie Didier Devillez, 2003. Expositions de combinatoires non contraignantes à Bruxelles Galerie Alexandra Monett (1985) et Galerie Rabier (1986), à Gand Galerij V.G.K. (collective, 1986).
  7. Le Champ figural : un regard sur l'œuvre de Georges Meurant / The figure-field: looking at Georges Meurant's paintings. Jean Guiraud, Georges Meurant, Michael Novy. Bruxelles : Didier Devillez, 1994. (OCLC 883709921)
  8. Transparences, transpositions, transmutations, Luxembourg: Toxic Art Gallery, 2009, http://georgesmeurant.aeroplastics.net/press_fr.pdf.
  9. Jacques Lefèvre, L'algorithmique évolutive in : Bernard Yannou et Philippe Deshayes, Intelligence et Innovation en conception de produits et services (part 2), Paris : L'Harmattan, 2006, p. 141-186, (OCLC 470230830)
  10. Jean Guiraud, [Sans titre], Grand Rechain: Keuninckx, 2004.
  11. Bernard Noël, carte postale du 30/7/1998. La correspondance de Noël à Meurant (1992–2009) est conservée aux Archives et Musée de la littérature, Bruxelles AML MLT 05335/0003.
  12. Le rapport de recherche peut être lu à l'adresse suivante: https://www.researchgate.net/publication/352197931.
  13. (en) « Georges Meurant Page », sur gestalttheory.net (consulté le ).
  14. Études d'arts traditionnels d'Afrique subsaharienne et d'Asie: Dessin Shoowa: textiles africains du Royaume Kuba, Bruxelles: Crédit communal, 1986 (OCLC 461913348) / Shoowa motieven: Afrikaans textiel van het Kuba-rijk, Brussel : Gemeentekrediet, 1986 (OCLC 64343453), Art kuba, Bruxelles: Crédit Communal, 1986 (OCLC 491037949) / Kubakunst, Brussel: Gemeentekrediet, 1986 (OCLC 64454685), Shoowa design : African textiles from the kingdom of Kuba, London / New York, N.Y.: Thames and Hudson, 1986 reprint 1995 (OCLC 15145445), Abstractions aux royaumes des Kuba, Paris: Éditions Dapper, 1987, 1988 (OCLC 495995617), Initiation à la culture tibétaine in : Mimi Lipton, Les tapis-tigres du Tibet, Bruxelles: Crédit communal, 1988 (OCLC 496238070) / De tijgertapijten uit Tibet, Brussel: Gemeentekrediet, 1988 (OCLC 902441780), Shoowa-Abstraktionen : Textilkunst aus dem afrikanischen Königreich Kuba, Stuttgart : Hansjörg Mayer Edition, 1988 (OCLC 46071241), Dessins des Ntshak de Fête Kuba in: Au royaume du signe: appliqués sur toile des Kuba, Zaïre, Paris: Adam Biro / Fondation Dapper, 1988 (OCLC 24375477), Traumzeichen: Raphiagewebe des Königreichs Bakuba, Berlin: Haus der Kulturen der Welt / Munich: Verlag Fred Jahn, 1989. (OCLC 22745390), La sculpture tanzanienne traditionnelle révélée par le marché de l'art primitif in: Créer en Afrique, musée national des arts d'Afrique et d'Océanie, Arnouville [France]: Arts d'Afrique noire, p. 33-42, 1993 (OCLC 35364468), Ton- und Holzskulpturen aus Nordost-Tanzania / Vinyago vya udongo na mti kutoka mashariki kaskazini ya Tanzania, (OCLC 58809172); Die Bildhauerkunst der Nyamwezi / Sanaa ya uchongaji ya Wanyamwezi, (OCLC 40182823) In: Tanzania: Meisterwerke afrikanischer Skulptur / Sanaa za mabingwa wa kiafrika, 1994 Berlin: Haus der Kulturen der Welt / Munich, Verlag Fred Jahn, p. 154-215, 522-526, Pierres de rêve, Province de Namur - Service de la Culture, 1995, Mbuti design : paintings by Pygmy women of the Ituri forest, Georges Meurant et Robert Farris Thompson, Thames and Hudson: London, 1995, 1996 / New York, N.Y. 1996 (OCLC 35318334), La sculpture oubanguienne in: J-L Grootaers, Ubangi : art et cultures au cœur de l'Afrique, Bruxelles: Mercator, 2007, p. 140-233 / Ubangian sculpture in : J-L Grootaers, Ubangi: art and cultures from the African heartland, Brussels: Mercatorfonds, p. 140-233 (OCLC 901477507), Painted or embroidered drawings by women of Equatorial Africa in: Out of Africa: an important selection of historic African ceramics and textiles from private collections in Europe and Texas, [S.l.]: Alfred Kren, 2010 (OCLC 709594732)}.
  15. SAI 01-494 New Headquarters of the Council of the European Union Brussels 2010–2017, SAI 01-510 K-Tower Kortrijk 2013/2018, SAI 01-527 De Groene Linde Sint-Genesius-Rode 2011-2012, SAI 01-569 Caserne de pompiers Charleroi 2010, SAI 01-571 Extension du siège de Jan De Nul Alost 2015, SAI 01-573 Maison de l’Histoire européenne Bruxelles 2010, SAI 01-574-1c Lujiazi Cultural Creativity Garden Zhoushan 2010-2016, SAI 01-577 Asahi Glass Corporation Headquarter Louvain-la-Neuve 2013, SAI 01-578 New Administrative Building Jean Monnet 2 for the European Commission Luxembourg 2010, SAI 01-581 Centre de Congrès Mons 2011, SAI 01-585 Provinciehuis Oost Vlaanderen Gent 2011, SAI 01-593 Ores Charleroi 2013, SAI 01-597 CVOK Kortrijk 2012, SAI 01-598 Operations Centre For Brutele-VOO Charleroi Airport 2012, SAI 01-604 BNP Fortis Montagne de la Cour Bruxelles 2013, SAI 01-626 Trivium KUL Leuven 2015, SAI 01-633 Les Villas de Ganshoren Bruxelles 2016. Sélection de projets construits / études et concours: https://samynandpartners.com/fr/
  16. AGC Glass Building, Philippe Samyn, architect and engineer, and Jan De Coninck. 2014 Bruxelles: Racine, 2014. Meurant p. 80, 87, 203, 216-217 et 224-239. (OCLC 904547262)

Liens externes[modifier | modifier le code]