Grèves dans le carburant en France en 2022 — Wikipédia

Les grèves dans le carburant en France en 2022 sont un mouvement social lié à l'inflation importante dans le pays. À l’automne 2022, des ouvriers des raffineries et des dépôts de carburants de France métropolitaine se mettent en grève afin d’obtenir des augmentations de salaires.

Contexte[modifier | modifier le code]

L’année 2022 est marquée en France par une inflation de 6,4 % alors que les salaires n’ont progressé que de 3,3%  en moyenne[1].

La situation est similaire pour les salariés du secteur pétrolier en France. TotalEnergies, première entreprise française, qui a affiché des résultats records en 2021, a augmenté le salaire de son PDG ainsi que les dividendes versés aux actionnaires[2]. La rémunération annuelle de Patrick Pouyanné est ainsi passée de 3,918 millions d’euros en 2020 (une rémunération diminuée de 36,4 % par rapport à 2019 liée à un variable affecté par les mauvais résultats du groupe et une amputation volontaire de son salaire[3]) à 5,944 millions d’euros en 2021[4] (soit -3,45% par rapport à 2019). La situation est similaire chez ExxonMobil. L’origine directe du mouvement est le refus des directions d’indexer l’augmentation des salaires sur l’inflation[5].

Effets de la grève[modifier | modifier le code]

Pénurie de carburant dans une station TotalEnergies de Toulouse.

En quelques jours, le nombre de stations-services en tension, puis en rupture d'un ou plusieurs produits augmente[6]. L'action des grévistes touche de nombreux secteurs économiques, forçant le gouvernement d'Elisabeth Borne à intervenir dans un conflit au sein d’entreprises privées[7].

En Belgique, le nombre de Français allant acheter de l'essence augmente sensiblement jusqu'à faire craindre une pénurie[8].

Réactions gouvernementales[modifier | modifier le code]

Le gouvernement français, à la recherche d’une résolution rapide au conflit, demande à Total d’accepter des augmentations de salaire plus importantes, ce que l’entreprise refuse en proposant une prime exceptionnelle[9].

Alors que la situation des pompes à essence s’aggrave, le gouvernement ordonne des réquisitions de salariés malgré le fait que l’État français ait été condamné pour cette même pratique en 2010 lors du mouvement social contre la réforme des retraites Sarkozy-Fillon[10],[11].

Réaction de l’opinion publique[modifier | modifier le code]

Les grévistes sont peu soutenus par les Français[12]. La Tribune décrit une « opinion publique exaspérée de ne pas trouver de carburant. »[13], la réaction du gouvernement de réquisitionner étant présentée comme le résultat d’une « situation trop éruptive dans l’opinion publique »[14].

Selon un sondage, la gestion de la crise par le gouvernement est très sévèrement critiquée par les Français, les réquisitions étant approuvées à une faible majorité des sondés[12]. Selon un autre sondage, la majorité des sondés soutiennent la possibilité d'un recours aux forces de l'ordre pour débloquer les dépôts de carburants. Les sympathisants de tous les mouvements politiques valident ces réquisitions, à l'exception de ceux de la France insoumise, qui s'y opposent à 52 %[15].

Élargissement du mouvement  [modifier | modifier le code]

Une journée de grève et de manifestations interprofessionnelles a lieu le 18 octobre à l’appel de la CGT, de FO, de Solidaires, de la FSU et d’organisations de jeunesse et étudiantes[16].

Les cortèges rassemblent 300 000 personnes selon les syndicats, 107 000 selon la police[17].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Inflation: quelles augmentations de salaires en 2022 et 2023? », sur BFM BUSINESS (consulté le )
  2. « TotalEnergies publie des résultats en nette hausse au 1er trimestre grâce aux prix de l'énergie », sur Investir (consulté le )
  3. TotalEnergies, Publication des éléments de rémunération des dirigeants mandataires sociaux effectuée en application du Code AFEP-MEDEF de Gouvernement d’entreprise des sociétés cotées., 21 p. (lire en ligne), page 1
  4. Louis Nadau, « "Ferme" avec la CGT, mou avec Pouyanné : Bruno Le Maire, du bonhomme au boloss », sur www.marianne.net,
  5. Reporterre, « Grève chez Total et Exxon contre les « salaires dégueulasses » », sur Reporterre, le quotidien de l'écologie (consulté le )
  6. « Pénurie de carburant. Un tiers des stations touchées en France, la grève s’étend chez TotalEnergies », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  7. Ju M. ; F. P. ; C. Br et P. Dew, « Essence: priorité à l’activité économique, la préfecture appelle à ne pas faire le plein », sur La Voix du Nord, (consulté le )
  8. « La Belgique, dernier recours pour les automobilistes en quête d’essence », sur www.20minutes.fr, (consulté le ).
  9. « Bruno Le Maire appelle à une hausse des salaires, Total propose un bonus et 6 % d’augmentation », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  10. « Le gouvernement français réquisitionne des grévistes pour débloquer des stocks de carburant », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  11. « Réquisitions dans les dépôts de carburant, un précédent en 2010 contesté en justice », sur BFM BUSINESS (consulté le )
  12. a et b Grégoire Poussielgue, Pénurie de carburants : les grévistes peu soutenus par les Français, lesechos.fr, 12 octobre 2022
  13. Fanny Guinochet, Grèves dans les raffineries : la réquisition des personnels, l’aveu de faiblesse du gouvernement, latribune.fr, 11 octobre 2022
  14. Claire Gatinois, Matthieu Goar et Ivanne Trippenbach, Pénurie de carburants : l’exécutif fait pression pour éviter l’enlisement, lemonde.fr, 11 octobre 2022
  15. Jean Cittone, Carburants : les deux tiers des Français approuvent la réquisition des grévistes, selon un sondage, lefigaro.fr, 13 octobre 2022
  16. « Salaires : la CGT, FO, Solidaires et FSU appellent à une journée de grève interprofessionnelle mardi », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
  17. « Grève du 18 octobre : entre 107.000 et 300.000 manifestants à travers la France », sur TF1 INFO, (consulté le )