Jaquette de Clause — Wikipédia

Jaquette de Clause
Naissance Vufflens-la-Ville, baronnie de Vaud

Jaquette de Clause, originaire de Vufflens-la-Ville, a été une des premières femmes jugée dans le cadre des procès de sorcellerie dans le Pays de Vaud. Elle sera enfermée au château d’Ouchy à Lausanne entre 1469 et 1470[1].

Déroulement du procès[modifier | modifier le code]

Sources[modifier | modifier le code]

Les procès pour sorcellerie dans le Pays de Vaud, dont celui de Jaquette de Clause, figurent dans le registre ACV, Ac 29 menés par l’Inquisition et marqués par l’imaginaire du Sabbat. En 2007, grâce à un séminaire mené à l’Université de Lausanne, cinq procès encore non examinés du registre sont publiés, dont celui de Jaquette de Clause[2]. Jaquette, veuve de Junod de Clause, est jugée pour sorcellerie entre la fin de 1469 et le début 1470, au château d’Ouchy[2],[3].

Spécificités du cas de Jaquette de Clause[modifier | modifier le code]

Après le décès de son mari Junod en 1469, Jaquette de Clause est dénoncée par ses beaux-fils, eux-mêmes inculpés pour sorcellerie. Elle est ensuite incarcérée au Château d’Ouchy où son procès débute en décembre 1469. Le procès finira en janvier 1470 par un non-lieu[3].

Le procès-verbal de son procès précise qu’elle garde le silence durant plusieurs audiences, la torture judiciaire est alors envisagée afin de lui soutirer des aveux. Cependant, le procès s’interrompt à ce moment rendant difficile pour les experts de déterminer si de Clause ait été condamnée ou relâchée, faute de preuves suffisantes[3].

Le cas de Jaquette de Clause s'inscrit dans la continuité des procès pour sorcellerie dans le Pays de Vaud menés par l’Inquisition dominicaine représentée par Ulric de Torrenté (1423-1442), dans les territoires épiscopaux de Lausanne vers 1460. Le village originaire de Jaquette, Vufflens-la-ville n’appartenait pas à l’évêque de Lausanne mais les membres de la famille de Clause étaient des vassaux du noble Amédée de Mayor, maire de Vufflens, lui-même vassal de l’évêque de Lausanne. De Mayor aurait remis la veuve de son ancien vassal Junod de Clause à l’Inquisition de Lausanne dans le but de renforcer la position de l’évêque et du tribunal inquisitorial de Lausanne dans les territoires périphériques. Ce type de procès était conduit par un tribunal confessionnel et bien que l’autorité de l’Inquisition n'était pas contestée, les bourgeois de Lausanne ne toléraient pas qu’un suspect soit détenu et torturé dans le château épiscopal d’Ouchy en absence de représentants civiques de Lausanne. Cet erreur de procédure pourrait avoir donné à Jaquette de Clause le droit d’être relâchée. Toutefois, entre 1477 et 1483, un grand nombre de sorcières présumées ont été incarcérées et torturées dans le château d’Ouchy[3].

Commémoration par la Ville de Lausanne[modifier | modifier le code]

Depuis plusieurs années, des mouvements féministes se revendiquent les « filles des sorcières que vous avez condamnés ». C’est par ce slogan que les autorités lausannoises décident en 2019 de rendre hommage à ces femmes « sorcières » qui sont devenues des icônes pour les collectifs de la cause féministe. Dans le cadre d'une campagne pour visibiliser les femmes dans l’espace public, une plaque est posée au Château d’Ouchy en l’honneur de Jaquette de Clause[4],[5].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, « Jaquette de Clause », base de données des personnalités vaudoises, sur Patrinum (consulté le )
  2. a et b Osotero M. et Tremp K., « Inquisition et sorcellerie en Suisse romande : Le registre Ac 29 des Archives cantonales vaudoises (1438-1528) », Cahiers lausannois d'histoire médiévale, Université de Lausanne « 562 »,‎
  3. a b c et d Kathrin Utz Tremp, « Witches’ Brooms and Magic Ointments: Twenty Years of Witchcraft Research at the University of Lausanne (1989–2009) », Magic, Ritual, and Witchcraft, vol. 5, no 2,‎ , p. 173–187 (ISSN 1940-5111, lire en ligne, consulté le )
  4. « Jaquette de Clause », sur Site officiel de la Ville de Lausanne, (consulté le )
  5. anne, « Un lieu de mémoire pour toutes les victimes de la «chasse aux sorcières» », sur Les VERT·E·S lausannois·es, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]